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À propos des photographes militaires canadiens

À la fin de 1939, Frank Badgley, commissaire du Bureau de cinématographie du gouvernement canadien, a rédigé un rapport recommandant à l'Armée canadienne de mettre sur pied une unité spéciale de film et de photographie dont les objectifs seraient les suivants :

… consigner, au moyen de films et de photographies, les activités quotidiennes et les réalisations des… unités qui sont au front, non seulement pour produire des documents historiques, mais pour transmettre des images qui donneront de l'information et seront une inspiration afin de… maintenir le moral du public et favoriser le recrutement… [et] … de produire des images qui seront transmises au monde entier par le biais des actualités filmées, des compagnies de photographies d'actualités, de la presse et d'autres diffuseurs… afin que non seulement les Canadiens, mais le monde entier, puisse être témoin de l'effort de guerre du Canada. [traduction]

En 1940, une section photographique de relations publiques a été mise sur pied au Quartier général de l'Armée canadienne à Londres, en Angleterre. Cette section allait être le prédécesseur de l'Unité de film et de photo de l'Armée canadienne créée en septembre 1941. Au Canada, la section photographique de la Direction générale des relations publiques de l'Armée a été établie à Ottawa en 1942.

Photo du lieutenant Frank L. Dubervill de l’Unité de film et de photo de l’Armée canadienne, tenant un appareil-photo Anniversary Speed Graphic. Angleterre, 11 mai 1944. Photographe inconnu

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Le lieutenant Frank L. Dubervill, de l’Unité de film et de photo de l’Armée canadienne, tient un appareil-photo Anniversary Speed Graphic. Angleterre, 11 mai 1944. Photographe inconnu.

En mars 1940, le lieutenant d'aviation Fergus Grant, officier de liaison avec la presse de l'Aviation royale du Canada (ARC), a demandé que l'Établissement photographique de l'ARC crée une « Section de la presse photographique » afin « d'obtenir des photographies des activités de l'Aviation qui pourraient être distribuées à la presse du Canada, de la Grande-Bretagne, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de Terre-Neuve et d'autres pays. » [traduction] Grant précisait que les « photographies devaient être de bonne qualité et d'actualité. » [traduction] C'est à la suite de sa demande que la Section de liaison avec la presse a été formée et a commencé ses opérations au printemps de 1940. Un an plus tard, le Quartier général de l'ARC outre-mer à Londres établissait une section photographique équivalente.

En mai 1940, la Marine royale du Canada (MRC) a commencé à envisager l'utilité de la photographie. Le directeur de l'information navale, le lieutenant John Farrow, écrivait dans une éloquente note de service : « La compilation du Journal de guerre devrait être accompagnée de documentation photographique… il y a des hommes qui meurent, des navires qui coulent, des villes et des ports dont les contours se transforment, et sans l'aide de l'appareil-photo, les images sont laissées à la mémoire humaine, pas toujours fiable, ou oubliées dans des passages arides de dossiers poussiéreux. » [traduction] De plus, ajoutait-il, « en tout temps, le quartier général pourrait, à son bon gré, remettre à la presse des photographies d'événements ou de personnes qui pourraient être considérées d'intérêt particulier. » [traduction] Un ordre de routine daté du 10 juillet 1940 annonçait la nouvelle :

Une Section photographique a maintenant été créée au sein de la MRC afin de produire un dossier plus complet des progrès et des événements susceptibles de constituer de la documentation, d'intéresser la presse et de servir à des fins de propagande… Le rôle principal des photographes consistera à produire une documentation exhaustive de tous les aspects du travail et des activités de la MRC, particulièrement les opérations spéciales et toute autre affectation à des fins historiques, d'actualités ou de propagande. [traduction]

Photo de trois photographes de l’Unité de film et de photo de l’Armée canadienne affectés au 1er Bataillon canadien de parachutistes. Wiesel, Allemagne, 27 mars 1945. Photo prise par le lieutenant Barney J. Gloster

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Des photographes de l’Unité de film et de photo de l’Armée canadienne affectés au 1er Bataillon canadien de parachutistes. Wissel, Allemagne, 27 mars 1945. (De gauche à droite) Le sergent C.M.G. « Mike » Lattion, le sergent A.H. Calder, le lieutenant Charles H. Richer. Photo prise par le lieutenant Barney J. Gloster.

Qui étaient les photographes qui ont porté l'uniforme des trois branches des forces armées? Certains étaient d'anciens photographes commerciaux ou des photographes de presse qui ont continué à faire de la photographie pendant qu'ils servaient leur pays. D'autres ont appris le métier, soit lors du recrutement ou durant leur service dans les forces armées. Trois des photographes originaux qui exerçaient leur métier en 1940 étaient Laurie Audrain, de l'Armée de terre, Gerry Richardson, de la Marine, et Norman Drolet, de l'Armée de l'air.

Parmi ceux qui ont suivi les traces d'Audrain en tant que photographes de l'Armée canadienne, on compte Gordon Aikman, Ken Bell, Ted Bonter, Art Cole, Mickey Dean, Ernie DeGuire, Dwight Dolan, Frank Dubervill, Barry Gilroy, Barney Gloster, Don Grant, Dan Guravich, Ken Hand, Karen Hermiston, Bud Nye, Charlie Richer, Harold Robinson, Terry Rowe, Frank Royal, Jack Smith, Strathy Smith, Alex Stirton, Fred Whitcombe et Chris Woods.

Au nombre de leurs collègues dans l'Aviation royale du Canada se trouvaient Stu Barfoot, M.J. Bent, G.T. Berry, Roly Boulianne, Lorne Burkell, Ken Coleman, J.H. Crump, Jack Dalgleish, Burt Johnson, Ron Laidlaw, J.F. Mailer, W.A. McMurdo, Harry Price, Cecil Southward, Norma Thorne, A.E. Trotter et Stan Wimble.

Photo du sergent Karen M. Hermiston, du Service féminin de l’Armée canadienne, tenant un appareil-photo Rolleiflex. Ottawa (Ontario), 5 octobre 1944. Photographe inconnu

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Le sergent Karen M. Hermiston, du Service féminin de l’Armée canadienne, tient un appareil-photo Rolleiflex. Ottawa (Ontario), 5 octobre 1944. Photographe inconnu.

Les photographes de la Marine royale du Canada étaient, entre autres, Richard Arless, Herbert Black, Dinny Dinsmore, Ken Fosbery, Glen Frankfurter, Guy Goulet, Jack Hawes, Roy Kemp, Jack Kempster, George Lawrence, Gar Lunney, Jack Mahoney, John Merriman, Gib Milne, Gerry Moses, Gerry Murison, Herb Nott, Ed Pryor, Gerry Richardson, Dennis Sullivan, Alf Tate, Don Thorndick et Jacques Trepanier.

L'appareil-photo de presse Speed Graphic 4 x 5, surnommé « Old Reliable » (« le bon vieux appareil sur lequel on peut compter »), était vastement utilisé. Certains photographes ne juraient que par lui, tandis que d'autres le détestaient. Cet appareil-photo était très performant pourvu que le sujet soit relativement immobile et que les conditions soient stables. Par conséquent, des photographes comme Ken Bell, Alex Stirton et Gerry Moses préféraient utiliser le Rolleiflex 2 1/4 x 2 1/4 dans des situations de combat; cet appareil était plus petit, plus facile à manier et le photographe pouvait le protéger sous sa tunique. L'accessoire le plus important qui manquait aux photographes était le téléobjectif; sans téléobjectif, Gerry Moses, par exemple, qui prenait des photos à bord du NCSM Uganda, était incapable de zoomer sur une attaque kamikaze japonaise qui se déroulait au loin contre la British Pacific Fleet, ce qui aurait produit des photographies extraordinaires. Des photographes comme Bell, Stirton, Milne et Moses prenaient des photos dans toutes sortes de conditions : l'air rempli d'embrun salé et la lumière grise fade de l'Atlantique Nord, des conditions souvent froides et pluvieuses en Grande-Bretagne, les terrains boueux et la lumière grise plate du nord-ouest de l'Europe, la lumière éclatante et le climat extrême en Italie et en Méditerranée, et dans le Pacifique, la lumière tout aussi éblouissante et le climat humide.

Photo du lieutenant H. Gordon Aikman, de l’Unité de film et de photo de l’Armée canadienne, tenant un appareil-photo Anniversary Speed Graphic. Vught, Pays-Bas, 1er février 1945. Photographe inconnu

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Le lieutenant H. Gordon Aikman, de l’Unité de film et de photo de l’Armée canadienne, tient un appareil-photo Anniversary Speed Graphic. Vught, Pays-Bas, 1er février 1945. Photographe inconnu.

Pourtant, les moments les plus exigeants pour le photographe étaient les longues heures d'inactivité relative, caractéristiques de la vie militaire en temps de guerre, durant lesquelles l'appareil-photo ne pouvait se pointer que sur des sujets qui, de premier abord, paraissaient peu intéressants. Cependant, aux mains d'un bon photographe, même les affectations les plus ordinaires pouvaient donner lieu à des photographies mémorables. Les photographes trouvaient ce genre de travail plus satisfaisant que tout autre, parce qu'ils avaient la chance d'observer le visage humain de la guerre. Les photographes de guerre ont capté et créé des images permanentes des visages des soldats : la tension visible dans le visage des aviateurs durant une séance de debriefing après un bombardement, la fortitude des marins marchands rescapés de leur navire torpillé, l'épuisement sur le visage de soldats d'infanterie au repos après des périodes de combat intenses et, aussi, les visages heureux des enfants libérés lors d'une fête de Noël dans les Pays-Bas.

Les pertes de vie et les blessures, ainsi que les décorations qu'on leur a décernées, témoignent des risques que les photographes de guerre prenaient. Deux d'entre eux sont morts au combat : Terry Rowe a été tué à Anzio, en Italie, au début de l'année 1944, et Jack Mahoney a perdu la vie la même année lorsque le NCSM Athabaskan a coulé. Guy Goulet a survécu à une attaque de torpille contre le NCSM Nabob en 1944. Lorsqu' Alex Stirton a été nommé membre de l'Ordre de l'Empire britannique (MBE), sa citation se lisait comme suit :

Lorsque nous avons pris d'assaut la ligne gothique… le capitaine Stirton, un photographe de relations publiques canadien, nous a accompagnés pour documenter à l'aide de son appareil-photo… la bravoure des soldats canadiens… Au cours d'étapes précédentes de la campagne d'Italie, notamment la bataille d'Ortona et l'avancée vers la ligne Gustav et la ligne Hitler, le capitaine Stirton a fait preuve d'une habileté, d'un courage et d'une audace extraordinaires en s'acquittant de son devoir de photographe. À maintes reprises, il a risqué sa vie afin de capter des gestes héroïques sur la ligne de front… Le travail de photographe du capitaine Stirton, en Italie et en Sicile, a été extraordinaire, et constitue une contribution inestimable aux publications canadiennes, britanniques et américaines, ainsi qu'aux dossiers de guerre officiels. [traduction]

Voici la citation de Don Grant lorsqu'on lui a décerné la Croix militaire :

Le lieutenant D.I. Grant, un officier photographe de l'Unité de film et de photo de l'Armée canadienne, a débarqué avec nous à 00 h 15 le Jour J avec une compagnie d'assaut des Royal Winnipeg Rifles. Son engin d'assaut a été frappé par un tir de mitraillettes intense pendant qu'il s'approchait de la grève. Le lieutenant Grant… a courageusement continué à photographier le débarquement des troupes d'assaut. Lorsque les troupes ont avancé vers les terres, il les a accompagnées, prenant des photos et s'acquittant de ses fonctions avec un sang-froid remarquable en plein milieu d'une attaque de l'ennemi. Plus tard dans la journée, il a aidé à transporter les blessés au poste de secours de campagne… En tout temps, cet officier s'est acquitté de ses fonctions avec courage, habileté et détermination… Son grand calme n'a cessé de servir d'exemple et d'inspiration pour les autres membres de l'Unité de film et de photo de l'Armée canadienne. [traduction]

Photo du lieutenant Gilbert A. Milne, de la Réserve des Volontaires de la Marine royale du Canada, tenant un appareil-photo Fairchild K20. Angleterre, 2 juin 1944. Photo prise par le lieutenant Richard G. Arless

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Le lieutenant Gilbert A. Milne, de la Réserve des Volontaires de la Marine royale du Canada, tient un appareil-photo Fairchild K20. Angleterre, 2 juin 1944. Photo prise par le lieutenant Richard G. Arless.

Les Canadiens se fiaient aux photographies pour obtenir de l'information durant la guerre. Les photographies de guerre étaient transmises rapidement et régulièrement aux journaux nationaux et locaux, et un nombre considérable de lecteurs les regardaient dans des publications à grande diffusion comme le Standard de Montréal, le Star Weekly de Toronto et la revue Maclean's Magazine. Sachant que leur travail était utile et apprécié, les photographes se sentaient responsables envers le peuple canadien, et ce sentiment les poussait à être les premiers à documenter les événements importants de la guerre.

Photo du lieutenant John D. Mahoney, de la Réserve des Volontaires de la Marine royale du Canada, tenant un appareil-photo Anniversary Speed Graphic et un Rolleiflex. Angleterre, 1944. Photo prise par le lieutenant Richard G. Arless

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Le lieutenant John D. Mahoney, de la Réserve des Volontaires de la Marine royale du Canada, tient un appareil-photo Anniversary Speed Graphic et un Rolleiflex. Angleterre, 1944. Photo prise par le lieutenant Richard G. Arless.

Les photographies de l'invasion de la Sicile, le 10 juillet 1943, prises par Frank Royal, ont été les premières à être diffusées. Gib Milne et Frank Dubervill ont pris les premières photographies publiées dans les journaux alliés montrant le débarquement du Jour J en Normandie le 6 juin 1944. Don Grant a photographié le major David Currie au moment même où il recevait la Croix de Victoria le 19 août 1944. Dubervill a aussi photographié la libération de Paris le 26 août 1944, et a ensuite documenté la jonction des troupes américaines et russes à Torgau, près de la rivière Elbe, en Allemagne, en avril 1945. Enfin, Alex Stirton a photographié la capitulation historique des troupes allemandes à Wageningen aux Pays-Bas, le 5 mai 1945.

Photo des sergents Burt Johnson et Jack Dalgleish, tous deux membres de la Section de liaison avec la presse de l’Aviation royale, qui ont en main des appareils-photo Anniversary Speed Graphic. Rockcliffe (Ontario), 27 octobre 1940. Photographe inconnu

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Les sergents Burt Johnson et Jack Dalgleish, tous deux membres de la Section de liaison avec la presse de l’Aviation royale, ont en main des appareils-photo Anniversary Speed Graphic. Rockcliffe (Ontario), 27 octobre 1940. Photographe inconnu.

Le soldat René Corby appartenait au Régiment de la Chaudière, une des unités canadiennes qui s'étaient emparées du terrain d'aviation à Carpiquet après quatre journées du combat le plus intense et le plus meurtrier de toute la campagne de Normandie. Le lieutenant Mickey Dean, le photographe qui a pris des portraits individuels de Corby et des autres soldats d'infanterie, écrivait : « Ces hommes font face à l'ennemi, sans répit, depuis le mardi 4 juillet. Les photos ont été prises entre les bombardements... J'ai bien l'impression d'avoir capté en photo des personnages bien extraordinaires. » [traduction] Et il avait raison. Les photographes militaires canadiens ont bel et bien saisi les visages de la guerre, et les ont immortalisés dans les milliers de photographies qui documentent les forces armées canadiennes au cœur de l'action de 1939 à 1945.

 

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