L'utilisation de plus en plus répandue d'Internet en
milieu scolaire soulève la question du respect des droits d'auteur dans cet environnement
informatique. Plusieurs enseignants et enseignantes s'interrogent sur la légalité
de certaines pratiques ayant trait à Internet. Dans ce contexte, il importe de
rappeler quelques notions fondamentales relatives au droit d'auteur et de préciser
certains points.
La Loi sur le droit d'auteur accorde
des droits exclusifs aux auteurs et auteures
La Loi sur le droit dauteur accorde des droits exclusifs au
créateur ou à la créatrice dune uvre ou au titulaire ou à la titulaire du
droit dauteur sur celle-ci, notamment les droits suivants : le droit de
reproduire luvre, le droit dexécuter ou de représenter celle-ci en
public, le droit de la transformer ou de ladapter, le droit de la traduire, le droit
de la publier, le droit de faire un support permettant de reproduire luvre, le
droit de la communiquer au public par télécommunication, etc. Ces droits exclusifs sont
qualifiés d« économiques ». La Loi accorde aussi au créateur ou à la
créatrice de luvre ou au titulaire ou à la titulaire du droit dauteur
le droit dautoriser les actes qui viennent dêtre mentionnés.
En plus de ces droits économiques qui appartiennent à lauteur ou
à lauteure dune uvre ou au titulaire ou à la titulaire du droit
dauteur sur celle-ci, la Loi accorde des droits moraux à lauteur ou à
lauteure, à savoir les droits suivants : le droit à la paternité de
luvre, cest-à-dire le droit dêtre reconnu comme lauteur ou
lauteure de luvre, ainsi que le droit à lintégrité de
luvre, cest-à-dire le droit dempêcher que luvre ne
soit déformée, mutilée ou autrement modifiée et le droit dempêcher
lutilisation de luvre en relation avec un produit, une cause, un service
ou une institution, si cette modification ou cette utilisation est préjudiciable à
lhonneur ou à la réputation de lauteur ou lauteure.
Quiconque utilise une uvre protégée par le droit dauteur,
que ce soit pour la reproduire, lexécuter en public, la communiquer au public par
télécommunication, etc., ou encore pour la modifier de quelque façon que ce soit, sans
lautorisation de lauteur ou de lauteure ou du titulaire ou de la
titulaire du droit dauteur, commet une violation du droit dauteur. Cette
infraction peut avoir trait aussi bien à une uvre fixée sur un support
conventionnel ou analogique (livre, bande sonore, vidéocassette, etc.) quà une
uvre fixée sur un support numérique (cédérom, disquette, disque dur, etc.) ou
accessible sur Internet.
Les exceptions à la Loi
pour les établissements d'enseignement
ne s'appliquent pas à Internet
La Loi sur le droit dauteur prévoit quelques exceptions pour
les établissements denseignement, cest-à-dire des situations précises dans
lesquelles lexercice dun des droits exclusifs attribués à lauteur ou
à lauteure dune uvre ou au titulaire ou à la titulaire du droit
dauteur, sans son consentement, ne constitue pas une violation du droit
dauteur. Toutefois, aucune de ces exceptions ne sapplique à Internet. La Loi
ne fait pas allusion non plus à Internet, du moins explicitement, mais cela importe peu
puisquelle protège par ailleurs le droit de communiquer une uvre au public
par télécommunication et que cest ce droit qui vise la mise en circulation des
uvres sur les autoroutes de linformation tel Internet.
Ainsi, si un utilisateur ou une utilisatrice dInternet
reproduit sans autorisation une uvre accessible dans un site Web (par exemple, un
article de revue ou un texte littéraire, une photo ou une illustration, une chanson ou
une pièce musicale, etc.), il ou elle viole le droit dauteur, à moins quun
avis ou une mention quelconque dans le site consulté 1
nautorise explicitement une telle utilisation. De la même manière, si
quelquun reproduit sans autorisation une uvre protégée par le droit
dauteur et la met en circulation sur Internet (par exemple, à loccasion de la
création dune page Web ou dun site Web), il y a, là encore, violation du
droit dauteur tout simplement parce que la reproduction et la communication au
public par télécommunication sont deux droits exclusifs du créateur ou de la créatrice
de luvre ou du titulaire ou de la titulaire du droit dauteur sur
celle-ci.
Les ententes entre le ministère de l'Éducation
et les sociétés de gestion de droits d'auteur
ne s'appliquent pas à Internet
Il semble quune interprétation erronée
ait cours présentement dans certains milieux selon laquelle les enseignants et les
enseignantes, ainsi que leurs élèves, bénéficieraient dune mesure
dexception leur permettant dutiliser 10 p. 100 ou même jusquà
25 p. 100 dune uvre à des fins pédagogiques. Il sagit
dune confusion qui sexplique sans doute par le fait quune entente entre
le ministère de lÉducation et COPIBEC2 permet aux enseignants et enseignantes de léducation préscolaire et
de lenseignement primaire et secondaire de reproduire les uvres imprimées
(livres, journaux, revues, etc.) faisant partie du répertoire de COPIBEC, et ce, à
lintérieur de certaines limites, soit le moindre de 10 p. 100 ou de 25 pages. Il y
a lieu de rappeler toutefois que cette entente ne permet que la copie sur papier ou
acétate; elle nautorise daucune façon la reproduction à partir
dInternet ou encore la reproduction dune uvre imprimée afin de la
communiquer par Internet.
Le ministère de lÉducation a aussi conclu des ententes avec
dautres sociétés de gestion de droits dauteur (avec lAQAD 3, avec la SOCAN4, avec la SODRAC5 et avec la SOPROQ6), mais aucune de
ces ententes ne permet dutiliser des uvres protégées accessibles sur
Internet ou encore dutiliser des uvres protégées pour les rendre accessibles
sur Internet.
La notion problématique de l'utilisation équitable
Il se peut également que des enseignants et des enseignantes
sestiment justifiés de reproduire ou dutiliser de toute autre manière des
uvres protégées accessibles sur Internet, ou encore de les rendre accessibles sur
Internet, en se réclamant du principe de l« utilisation équitable ». En effet,
la Loi sur le droit dauteur contient une exception qui stipule que
lutilisation équitable dune uvre aux fins détude privée ou de
recherche, de même quaux fins de critique ou de compte rendu, ne constitue pas une
violation du droit dauteur. Dabord, il faut mentionner que ces fins ne sont
pas forcément celles auxquelles on pourrait vouloir utiliser des uvres protégées
accessibles sur Internet ou rendre accessibles des uvres protégées sur Internet.
Il faut savoir aussi que, dans les cas dune utilisation présumée équitable
dune uvre pour une critique ou un compte rendu, la source et le nom de
lauteur ou de lauteure, sil figure dans la source, doivent être
mentionnés par lutilisateur ou lutilisatrice.
Dautre part, les tribunaux canadiens ont statué sur le fait que
lutilisation de la totalité dune uvre ne pouvait être considérée
comme équitable. Lutilisation dune uvre ne peut être réputée
équitable que si elle porte sur une partie de celle-ci, qui peut être importante
quantitativement. Mais la situation se complique ici du fait que la jurisprudence a
également établi que lutilisation dune partie dune uvre pouvait
être inéquitable si cette partie était jugée qualitativement trop importante, ce qui
équivaudrait à sapproprier la substance ou une portion essentielle de
luvre et pourrait sapparenter à lutilisation de la totalité de
celle-ci. Ainsi, une utilisation quantitativement peu importante dune uvre
pourrait malgré tout constituer une violation du droit dauteur si cette utilisation
était par ailleurs jugée qualitativement trop importante. Compte tenu de la difficulté
de juger si lutilisation dune partie dune uvre peut être
qualitativement équitable, le recours à lexception relative à lutilisation
équitable comporte une grande part de risques de violation du droit dauteur. Dans
ce contexte, il vaudrait peut-être mieux ne pas se prévaloir de cette mesure
dexception, que la jurisprudence, du reste, a toujours considérée comme
un motif de défense plutôt que comme un passe-droit.
Avertissement
Il y a lieu de rappeler en terminant que, en cas de
violation de ses droits, lauteur ou lauteure ou le titulaire ou la titulaire
du droit dauteur peut exercer des recours civils (injonction, dommages-intérêts,
reddition de comptes, etc.) ou, si le droit dauteur est violé afin de faire un
profit ou dans un but commercial ou encore de façon à porter préjudice, des recours de
nature criminelle (poursuites pouvant donner lieu à des amendes ou à des peines
demprisonnement).
Demandes d'information
Pour de plus amples renseignements sur les droits
dauteur, on peut sadresser à M. Jacques Laurendeau, responsable de ce
dossier à la Direction des ressources didactiques du ministère de lÉducation, au
(514) 873-7685.
Pour une information plus substantielle sur la Loi sur le droit
dauteur, on peut également se procurer le document intitulé Principes
généraux de la Loi sur le droit dauteur, rédigé par Me Marc
Baribeau, en sadressant aux Publications du Québec, au (418) 644-3836. On peut
aussi avoir accès à ce document à ladresse électronique suivante : http://doc.gouv.qc.ca/droitauteur/html/principes_generaux.html
.
Note : Étant donné que les
choses évoluent rapidement dans ce domaine, le présent document pourra faire
lobjet dune mise à jour si des changements sont apportés à la Loi sur le
droit dauteur ou aux ententes conclues avec des sociétés de gestion de droits
dauteur.
Jacques Laurendeau
Janvier 2000
![pdf.gif (420 octets)](/web/20061215192711im_/http://www.meq.gouv.qc.ca/drd/img/pdf.gif)
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The Internet and Copyright |
Notes
- Dans certains sites, en cliquant sur le signe ou le mot « copyright
» (©), on peut obtenir de l'information relative au droit d'auteur ou à certaines
autorisations accordées par les auteurs ou auteures. Retour au
texte.
- Société québécoise de gestion collective des droits de
reproduction Retour au texte.
- Association québécoise des auteurs dramatiques Retour au texte.
- Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de
musique Retour au texte.
- Société dudroit de reproduction des auteurs, compositeurs et
éditeurs au Canada Retour au texte.
- Société de gestion collective des droits des producteurs de
phonogrammes et de vidéogrammes du Québec Retour au texte.
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