Morue : pêche en sursis
Reporter : Rachel Brillant
Réalisateur : Bernard Laroche
30 mars 2003

«Le stock de morue est très faible. Il est aussi faible qu'au premier moratoire. Même s'il n'y a pas de pêche, on prévoit un déclin de la population pour les cinq prochaines années.»
Alain Fréchet, biologiste à Pêches et Océans


La fin d'un règne...

L'Atlantique nord n'est plus le plus grand réservoir de morue au monde. Dix ans après l'effondrement des stocks et la fermeture de la pêche, l'espèce est toujours en danger.

Depuis 20 ans, la morue subit sans répit toutes sortes de pressions. Les principaux facteurs qui ont provoqué l'effondrement des stocks sont maintenant connus: la surpêche, le refroidissement de l'eau et la prédation.

Trop de pêche...

Après le moratoire de 1993, la pêche a été partiellement ouverte en 1997. On ne pêche presque plus de morue: à peine 7 000 tonnes. Pourtant, c'est encore trop. 22% des morues capables de se reproduire sont capturées.

«Il faudrait réduire ce taux d'exploitation. On est au point de dire que toutes les pêches de plus de 1 500 tonnes pourraient affecter le segment adulte. C'est beaucoup plus pessimiste que ce qu'on avait l'année dernière.» Alain Fréchet

Si une pêche comparable se poursuit pendant encore cinq ans, 36% des morues auront disparu.

«Les phoques font partie du portrait. C'est un problème de plus en plus grandissant. On a des photos de populations de phoques énormes.»
Alain Fréchet, biologiste de Pêches et Océans


La prédation

La prédation empêche aussi le rétablissement du stock de morue. Le nombre de femelles prêtes à frayer est à son plus bas depuis 1974.

Les scientifiques n'hésitent plus à affirmer que de plus en plus de prédateurs mangent les jeunes morues avant qu'elles puissent reconstruire le stock. Selon M. Fréchet, 35% du stock meurt de façon naturelle par année, contre 15% dans le passé.

«Les phoques font partie du portrait. C'est un problème de plus en plus grandissant. On a des photos de populations de phoques énormes.» Alain Fréchet

Actuellement, le tiers des morues de plus de trois ans est mangé par les phoques. Et c'est principalement sur les morues de cet âge que l'on compte pour renouveler la population.

 





HYPERLIENS

Institut Maurice-Lamontagne

 




Refroidissement de l'eau...

Dans le nord du golfe, le changement de température de l'eau a poussé les stocks vers le déclin.

Une série de 15 hivers très rigoureux a refroidi l'eau et a transformé la couche du milieu en une masse d'eau glaciale.

La morue, habituée à visiter cette couche intermédiaire pour manger, s'est retrouvée en conditions extrêmes.

Ainsi, l'effort que la morue met pour monter manger dans la couche intermédiaire la fait souffrir.

La survie des oeufs est compromise et la mortalité des jeunes augmente.

À partir de 1984, le poids de la morue commerciale a diminué graduellement, et ce, jusqu'à ce que l'environnement du golfe change complètement.

Mais depuis trois ou quatre ans, la température est revenue à la normale.

Les hivers sont moins froids et la santé de la morue s'est rétablie. Le poisson s'est remis à engraisser.

Pourtant, la morue ne revient toujours pas...

 

Visionnez notre reportage «Une pêche en sursis».