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Mi-avril, sur la baie des Ha! Ha!, au Saguenay. Sur la berge, l'équipage du Calanus 2 s'apprête à lever l'ancre. La fonte des glaces a sonné le départ, il y a quelques jours, d'une autre mission de pêche au poisson de fond. Le bateau de Pêches et Océans Canada sillonne chaque printemps le fjord du Saguenay, entre Saint-Fulgence et l'Anse-Saint-Jean. Sa mission: suivre les stocks de poissons de ce cours d'eau unique au pays. Les premiers filets sont bien en vue, la journée peut commencer. Jean Denis Lambert est le chef de cette mission. Depuis 10 ans, il suit les stocks de ce fjord. Mais depuis quelques années, le chercheur n'a jamais été aussi inquiet. Le poisson de fond n'en finit plus de décliner.
Rapidement, on a constaté un déclin. Par exemple, l'espèce la plus pêchée sur le fjord, le sébaste, a diminué de 50 % depuis 1999. Le flétan du Groenland, qu'on appelle aussi le turbot, est en chute libre depuis 1995. Quant à la morue franche, on frôle la catastrophe. Les faibles captures, année après année, font craindre le pire pour cette espèce. Devant cet essoufflement, on en est presque arrivé à ordonner la fermeture de cette pêche.
Mission 2004 Pendant cinq jours, l'équipage a répété les mêmes gestes. Ils ont relevé une vingtaine de filets, dispersés un peu partout sur le Saguenay. Chaque levée, Jean Denis Lambert espérait des signes d'un rétablissement. Mais, encore une fois, la récolte a été décevante. Au premier filet, la seule prise était une morue franche. Au deuxième filet, le sébaste était au rendez-vous, mais en quantité restreinte. On est très loin de la pêche miraculeuse de l'an dernier. Les biologistes ont imposé de nouvelles limites de captures dès les premiers signes de déclin. En 3 ans, les quotas sont passés de 25 à 15 poissons de fond, puis à seulement 5 l'an dernier. À ce rythme, plusieurs se demandent s'il y aura une pêche blanche l'an prochain.
Jean Denis Lambert s'accroche à ses données. «Les
calculs et les graphiques que nous construisons, à mon avis, reflètent
ce qui se passe vraiment», se défend le biologiste. Le
chercheur compte effectuer l'analyse complète de ses données
avant de statuer sur le sort de la pêche l'an prochain. |
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