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Le pèlerinage du raid de Dieppe : 1942-2002
 
 
 
 
 
 
 
Soldiers on Landing Craft at Dieppe
 
Article documentaire

Jubilee, nom de code du raid allié de Dieppe, débuta aux petites heures le 19 août 1942. Les troupes engagées avaient reçu pour objectif de prendre brièvement le port de Dieppe occupé par les ennemis, de détruire certaines cibles prédéterminées, puis de revenir aussitôt en Angleterre. On espérait ainsi inciter les ennemis à renforcer leur défense du littoral au détriment d'autres secteurs des côtes de la Manche.

Le raid

Puisque l'heure n'est pas encore venue d'entreprendre l'opération Overlord, la grande invasion de l'Europe de l'Ouest, les Alliés conviennent d'organiser un raid important contre le port français de Dieppe. Il s'agit d'entretenir chez l'ennemi la peur d'une attaque à l'ouest et de les pousser à renforcer les défenses de la Manche aux dépens des autres fronts; le raid donne également une occasion de mettre à l'essai un nouveau matériel et de nouvelles techniques et fournit l'expérience et les connaissances nécessaires pour préparer la grande attaque amphibie.

On prépare donc les plans d'un raid à grande échelle qui aura lieu en juillet 1942 et que l'on appelle l'opération Rutter. Le Canada fournit le gros des troupes d'attaque, et le 20 mai les troupes de la 2e Division d'infanterie canadienne entreprennent à l'île de Wight un entraînement intensif en vue des opérations amphibies. En juillet, le mauvais temps empêche de déclencher l'opération Rutter et certains soutiennent qu'il faut renoncer à l'idée d'un raid. Le plan d'action est néanmoins repris sous le nouveau nom de code Jubilee. L'objectif demeure toujours le port de Dieppe sur la côte française.

L'attaque à Dieppe a lieu le 19 août 1942. En tout, 6 100 hommes y participent, dont quelque 5 000 Canadiens, les autres étant des commandos britanniques et 50 American Rangers. Les forces d'appui comprennent huit destroyers alliés et 74 escadrilles aériennes alliées, dont huit appartiennent au CARC. Le major général J.H. Roberts, officier général commandant de la 2e Division canadienne, est nommé chef de l'armée, le commandant J. Hughes Hallett, de la Royal Navy, chef des forces navales et le vicemaréchal de l'air T.L. Leigh Mallory, chef des forces aériennes.

Le plan prévoit des attaques en cinq points différents, sur un front d'environ 16 kilomètres. Quatre débarquements de flanc simultanés doivent avoir lieu juste avant l'aurore, suivis une demi-heure plus tard de l'attaque principale contre la ville de Dieppe elle-même. Ce sont les Canadiens qui sont chargés de l'attaque de front; ils doivent également débarquer dans des brèches sur les falaises à Pourville, à quatre kilomètres à l'ouest, et à Puys à l'est. Les commandos britanniques doivent détruire les batteries côtières à Berneval, sur le flanc est, et à Varengeville à l'ouest.

À Pourville, les Canadiens ont le bonheur de réussir une certaine surprise; en débarquant sur les plages, le South Saskatchewan Regiment et le Queen's Own Cameron Highlanders of Canada ne rencontrent qu'une légère résistance. Celle-ci s'affermit cependant au moment où ils traversent la rivière Scie et se lancent en direction de Dieppe. De durs combats s'engagent alors; les soldats du South Saskatchewan et ceux du Cameron qui les appuient sont arrêtés bien avant d'atteindre la ville. Entre-temps, le gros des Camerons s'avance vers son objectif, un aérodrome intérieur, et franchit environ trois kilomètres avant d'être obligé lui aussi de s'arrêter.

Les Canadiens subissent de lourdes pertes pendant la retraite, l'ennemi faisant porter un feu nourri sur la plage à partir des hauteurs à l'est et à l'ouest de Pourville. Cependant, les péniches de débarquement bravent l'enfer de feu pour venir au rendez-vous; grâce à l'appui d'une vaillante arrière-garde, le gros des deux unités réussit à rejoindre les péniches, bien que bon nombre des hommes soient blessés. Il sera malheureusement impossible de ramener l'arrière-garde; les munitions faisant défaut et toute autre évacuation étant impossible, elle se rendra.

L'attaque principale doit avoir lieu à travers la plage de galets devant Dieppe une demi-heure après les débarquements sur les flancs. Embusqués sur la falaise et dans les bâtiments qui surplombent la promenade, les soldats ennemis attendent. Dès que les hommes du Essex Scottish Regiment attaquent le secteur est, l'ennemi balaie la plage d'un feu de mitrailleuses. Toutes les tentatives de franchir la digue sont repoussées avec de lourdes pertes. Un petit groupe ayant réussi à s'infiltrer dans la ville, et à la suite de rapports trompeurs reçus à bord du navire de commandement, à l'effet que le Essex Scottish avançait, on fait entrer en action le bataillon de réserve des Fusiliers Mont-Royal. Comme leurs camarades débarqués plus tôt, ils se trouvent immobilisés sur la plage et exposés au feu nourri de l'ennemi.

Le Royal Hamilton Light Infantry débarque à l'extrémité ouest de la promenade, vis-à-vis un grand casino isolé. Ils réussissent à dégager ce bâtiment, pourtant fortement défendu, ainsi que les abris de mitrailleuses; certains des hommes de ce bataillon traversent le boulevard, sous une pluie de balles, et pénètrent dans la ville où ils livrent de violents combats de rue.

Au début de l'après-midi, l'opération Jubilee est terminée. On continue jusqu'à ce jour à débattre la valeur de ce raid. Selon certains, ce fut un carnage inutile; selon d'autres, l'opération était nécessaire au succès de l'invasion du continent deux ans plus tard lors du jour J. Le raid à Dieppe fit l'objet, par la suite, d'une étude minutieuse de la part de ceux qui étaient chargés de dresser les plans des opérations destinées à enfoncer les défenses ennemies, érigées le long des côtes de France. De cette étude résultèrent des améliorations sensibles en matière de tactique et de tir de soutien qui réduisirent les pertes du jour J à un minimum inespéré. À vrai dire, ceux qui périrent à Dieppe en ce jour d'été 1942 contribuèrent à sauver des milliers de vies humaines en cet autre jour d'été historique que fut le 6 juin 1944. Il ne fait aucun doute que l'on a pu tirer des leçons précieuses de ce terrible matin du 19 août 1942, mais à quel prix! Sur les 4 963 Canadiens qui se sont embarqués pour cette opération, seuls 2 210 sont revenus en Angleterre, et bon nombre d'entre eux étaient blessés. Les pertes s'élevaient à 3 367, dont 1 946 prisonniers de guerre; 907 Canadiens ont donné leur vie à Dieppe.

Les récipiendaires de la Croix de Victoria

Deux Canadiens ont reçu la Croix de Victoria, la plus haute décoration du Commonwealth, pour la bravoure dont ils ont fait preuve au cours du raid de Dieppe.

Alors qu'il avançait vers Dieppe avec le South Saskatchewan Regiment, le lieutenant-colonel (Charles) Cecil Merritt assuma le commandement de la traversée d'un pont sur la rivière Scie. Conservant son sang froid malgré le feu ennemi et par la simple force de son exemple, il entraîna les hommes, groupe après groupe, à franchir le pont. Malgré ses efforts, l'avance du régiment fut stoppée et il dut se replier. Bien que blessé à deux reprises, Merritt mena avec son arrière garde une vigoureuse action défensive qui permit à la plupart des unités de rembarquer. Il fut fait prisonnier de guerre avec le reste de l'arrière garde.

Feu le chanoine John Weir Foote fut le premier aumônier des Forces armées canadiennes à recevoir la Croix de Victoria. Pendant les huit heures que dura le combat, le chanoine Foote, aumônier du Royal Hamilton Light Infantry, aida sans relâche à évacuer les blessés sur un poste d'infirmerie, sauvant par sa bravoure de nombreuses vies. Au moment du rembarquement, il descendit de l'embarcation qui devait le rapatrier pour se constituer prisonnier afin de partager la captivité de ses compagnons et de pourvoir à leurs besoins spirituels durant trois années.

 
 
Mise à jour : 2003-1-29