Les années cinquante
En 1950, le ministère des Affaires des anciens combattants racheta aux administrateurs de
l'Université McGill le terrain sur lequel l'Hôpital Sainte-Anne était bâti. À cette époque, le
terrain de l'hôpital comptait environ deux douzaines de bâtiments. Les pavillons "A" à
"G" s'étendaient de chaque côté du bâtiment administratif central et de l'aile de chirurgie.
Derrière celle-ci, une construction imposante de béton était accessible par le couloir
principal. Le bâtiment "H", un bloc d'isolement, le centre de loisirs et celui d'ergothérapie
étaient tous alignés sur le côté nord-ouest du groupe des pavillons principaux. Les maisons
des médecins étaient situées près du portail.
Sur le côté sud-est, le long de la voie ferrée, se trouvaient la centrale principale, la
blanchisserie, les garages, les écuries ainsi que des magasins. Les appartements du
personnel et les résidences des infirmières se trouvaient du côté nord, ainsi qu'une serre, un
garage et les ateliers de menuiserie et de peinture. Plus loin se dressait l'aile psychiatrique.
L'hôpital avait une capacité de 1 100 lits et comptait 1 062 patients : 105 en médecine
générale, 448 en psychiatrie, 7 tuberculeux et 502 anciens combattants (chiffres de 1952).
Bientôt allaient commencer à arriver les anciens combattants de la guerre de Corée.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le ministère des Affaires des anciens combattants
avait entamé la fermeture de quelques-uns de ses établissements et à en transférer les
patients ailleurs. Au mois de février, les patients atteints de tuberculose internés à
l'Hôpital de Saint-Hyacinthe furent transférés à Sainte-Anne. Pour les accueillir, on
rénova les étages supérieurs de trois bâtiments. C'est ainsi que fut constituée l'annexe
Saint-Hyacinthe de l'Hôpital Sainte-Anne.
Vers le milieu des années 50, le nombre de patients en psychiatrie commença à rattraper
celui des patients en médecine générale. Des 1 078 patients de l'hôpital, 350 patients en
psychiatrie se trouvaient dans l'aile psychiatrique. Deux cents autres étaient logés dans
cinq salles du pavillon principal et vingt autres avec les tuberculeux. À partir de 1955, la
vocation psychiatrique commença à s'imposer graduellement à Sainte-Anne et l'hôpital
était à la fine pointe de la recherche dans le domaine.
Parallèlement, on commença à réduire le nombre de patients internés en psychiatrie.
Grâce à l'administration de nouveaux médicaments, leur état pouvait être stabilisé et ils
avaient alors accès aux soins ambulatoires et pouvaient s'intégrer dans la communauté.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le ministère des Affaires des anciens combattants
souffrait d'un problème d'image. Les meilleurs spécialistes et administrateurs n'étaient pas
attirés par la perspective d'y travailler. Pour résoudre ce problème, le Ministère
commença à investir dans la recherche médicale. Avec les crédits nécessaires, le Ministère
et l'Hôpital Sainte-Anne devinrent d'importants foyers de recherche. L'Hôpital
Sainte-Anne et l'Hôpital Queen Mary pour anciens combattants étaient dorénavant des
centres d'étude et de soins pour la rééducation des paraplégiques et des quadriplégiques.
Le docteur Gustave Gingras, jeune médecin talentueux qui avait collaboré avec le
neurochirurgien Wilder Penfield pendant la guerre, vint, avec l'encouragement de ce
dernier, travailler aux Hôpitaux Sainte-Anne et Queen Mary sur la rééducation des
paralytiques. Ses travaux lui valurent une renommée mondiale. De nombreux autres
médecins ont généreusement contribué, par leur travail à l'Hôpital Sainte-Anne, à la
recherche sur l'alcoolisme et la gériatrie.
Dans les rapports annuels de l'Hôpital Sainte-Anne qui datent de la fin des années
cinquante, on note que les médecins de l'époque se penchaient sur les conséquences
malheureuses de la guerre. Un comité coordonnait la projection régulière de
documentaires portant entre autres sur l'utilisation de nouveaux médicaments ou de
nouvelles techniques de traitement et de réhabilitation.
Au 1er janvier 1958, les statistiques montrent que l'hôpital hébergeait 1 139 anciens
combattants alors que la capacité réelle était de 1 130. Un nombre croissant de patients
âgés était admis alors que les cas de tuberculose admis étaient de moins en moins
nombreux. Il fallait donc réorganiser les unités de soins. À l'époque, on faisait surtout état
de nombreux cas d'artériosclérose. On ne parlait pas encore de la maladie d'Alzheimer,
pour ne nommer que l'une des affections qui touchent les personnes âgées.
Toujours en 1958, le Foyer Senneville a vu naître un Comité des résidents ayant pour
mandat d'accueillir les nouveaux venus. Le service d'ergothérapie organisait diverses
activités et on mentionne entre autres qu'un débat a été préparé sur le projet de la Voie
maritime du Saint-Laurent. Afin de mieux connaître le sujet, on avait organisé un voyage à
Cornwall. Un jeu-questionnaire permettait ensuite aux anciens combattants de vérifier
leurs connaissances. Le Foyer comptait 241 résidents.
La fin des années cinquante a aussi été marquée par la diminution du nombre de patients
psychiatriques alors que les maladies physiques augmentaient.
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