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Anciens Combattants Canada - Ministère

Notes pour une allocution de

L'honorable

Greg Thompson, P.C., M.P.

Ministre des Anciens Combattants

Déclaration du ministre à l’occasion de la Semaine des anciens combattants

à la Chambre des communes, Ottawa
2/11/2006

Comparer au discours prononcé

Merci, monsieur le Président.

Monsieur le Président, il y a quelques semaines, le premier ministre a déclaré que le service militaire constitue la forme suprême de service public.

On nous le rappelle tous les jours à la Chambre. Nous savons tous que nous devons notre présence dans cette Chambre aux anciens combattants qui ont servi sous les drapeaux. C'est en effet grâce à eux que nous vivons aujourd'hui dans un pays libre et démocratique. L'explication est aussi simple que cela.

Nous profitons directement de leurs sacrifices et de leurs exploits. C'est donc animé d'un sentiment d'humilité et de fierté que je prends la parole en Chambre aujourd'hui, à la veille de la Semaine des anciens combattants.

Nos hommes et nos femmes en uniforme ont forgé l'identité de notre pays sur des champs de bataille éloignés au siècle passé. Au cours des deux guerres mondiales, de la guerre de Corée, dans des opérations militaires et dans des missions de maintien de la paix partout dans le monde, nos militaires ont été une source de fierté pour le Canada. Et nous sommes fiers d'eux.

Monsieur le Président, personne dans cette Chambre ne doute des exploits de nos anciens combattants et de leurs collègues plus jeunes et de l'honneur qui rejaillit sur eux. Regardez partout dans cette Chambre : vous y voyez des coquelicots fièrement arborés. Nos anciens combattants sont une rare force unificatrice.

Peu importe notre allégeance politique ou nos origines, je crois que nous conviendrons tous que nos militaires sont les meilleurs au monde. Ils sont les mieux formés, les plus professionnels et les plus disciplinés. Et ils se sont toujours engagés à fond dans leurs missions.

Mais Monsieur le Président, nous savons que notre liberté a un prix. Elle n'a jamais été gratuite. Les libertés que nous tenons souvent pour acquises, notre pays les a chèrement payées. Non seulement notre pays, mais aussi nos familles, et nous tous ici réunis.

Nous avons perdu beaucoup trop d'excellents jeunes hommes et femmes.

Comme l'a écrit notre célèbre poète de guerre John McCrae, en chaque soldat tombé au combat, nous avons perdu un Canadien qui songeait « à ses parents, à ses amis ».

Monsieur le Président, nous le savons. Et nous le ressentons profondément, dans nos cœurs. Nous sommes conscients que ce grand pays dont nous avons hérité a été bâti par des hommes et des femmes ordinaires qui ont réalisé des exploits extraordinaires.

Ils l'ont fait pour leur pays. Ils l'ont fait l'un pour l'autre. Ils l'ont fait pour vous et moi. Et surtout, ils l'ont fait en tant que sacrifice pour eux-mêmes.

Nos anciens combattants ont de leur plein gré combattu l'oppression et la tyrannie pour protéger les valeurs que chérissent tous les Canadiens et Canadiennes : la liberté, la démocratie et la primauté du droit.

Voilà autant de raisons pour lesquelles nous ne devons pas oublier. Voilà ce que nous sommes engagés à léguer aux générations futures.

C'est le même flambeau du Souvenir que nous brandissons bien haut chaque année, pendant la Semaine des anciens combattants. Le thème choisi pour cette année, Partageons l'histoire, tombe à point nommé.

Non seulement nous encourageons les anciens combattants à raconter leurs expériences, mais nous prions aussi instamment les Canadiens et les Canadiennes de toutes les régions du pays à prendre le temps d'écouter ces histoires.

Monsieur le Président, comme vous le savez, il y a beaucoup d'histoires à raconter, et il y en a encore bien d'autres qui ne sont pas encore connues – une pour chacun de nos anciens combattants honorés.

J'aimerais vous raconter une de ces histoires inédites qui m'a été racontée l'été dernier. Cela s'est passé alors que je me trouvais sur les côtes de Normandie en compagnie de mon fils aîné. Il a commencé à me raconter l'expérience qu'a vécue son grand-père – mon beau-père – lors du débarquement du jour J, il y a environ 50 ans.

Monsieur le Président, je suis resté là fasciné à écouter le récit de mon fils. J'étais curieux de connaître les détails, la douleur, la violence dont mon beau-père avait rarement parlé.

À la fin du récit, j'ai demandé à mon fils comment il se faisait que je ne connaissais pas cette histoire. « Pourquoi Grand-papa ne m'en a-t-il jamais parlé? »

Mon fils m'a répondu, en me regardant : « Parce que tu ne le lui as jamais demandé. »

Monsieur le Président, je sais maintenant qu'il est temps de le demander. Il est temps d'apprendre ce qu'ont vécu des soldats comme Harold Roderick.

Nous qui n'avons jamais servi, nous qui n'avons jamais revêtu l'uniforme du Canada, nous devons prendre le temps de comprendre – avant qu'il ne soit trop tard.

Nous n'avons qu'à regarder dehors, alors que les dernières feuilles d'automne s'agrippent aux arbres. La moindre petite brise soufflerait et elles pourraient disparaître d'ici l'aube.

Nous le reconnaissons. Nous savons qu'il ne reste plus que trois survivants canadiens connus de la Première Guerre mondiale. Nous devons apprendre les histoires de ces hommes remarquables qui ont tous plus de cent ans aujourd'hui. J'ai eu le privilège de les rencontrer, ils sont tout aussi dévoués envers le Canada aujourd'hui qu'ils l'étaient lorsqu'ils portaient l'uniforme. Ils sont notre dernier lien à notre « meilleure génération ». Nous ne pouvons pas les laisser emporter leurs histoires avec eux.

Sinon, nous ne pourrons que spéculer sur les difficultés qu'ont supportées les anciens combattants pour nous, sur ce qu'ils ont réalisé pour vous et moi.

Nous ne pouvons que nous étonner des émotions saisies sur ces vieilles pellicules granuleuses et ces vieilles photos en noir et blanc, dans des scènes où des soldats canadiens déambulent au pas sur nos rues principales ou agitent la main en guise d'au revoir sur des navires qui s'éloignent du port.

Nous avons tous vu des photographies de soldats à bord de convois ferroviaires de troupes. Nous voyons dans leur visage, à travers les vitres des wagons, un mélange de tristesse et d'enthousiasme. Ils étirent les bras, essayant de toucher pour une dernière fois un être cher. Malheureusement, pour beaucoup d'entre eux, ce sera le dernier contact. Il est compréhensible que leurs histoires nous émeuvent encore aujourd'hui.

Nous ne pouvons écouter ces récits personnels sans nous demander si nous – si vous et moi, Monsieur le Président –aurions répondu de la même manière que l'ont fait nos anciens combattants.

Si nous avions été à leur place, aurions-nous été animés du même courage?

Où ont-ils trouvé la force de laisser derrière eux les gens qu'ils aimaient, leurs propres rêves, pour se jeter tête première dans le danger?

Tout en cherchant des réponses à ces épineuses questions, nous devons penser aux hommes et aux femmes qui revêtent encore fièrement l'uniforme de nos jours. De braves Canadiens et Canadiennes qui servent leur pays partout dans le monde et dans des zones de conflit telles que l'Afghanistan. Ils savent que les menaces qui nous guettent aujourd'hui sont réelles, et que la cause qu'ils défendent est juste.

Et tout comme au cours des décennies passées, nos militaires, hommes et femmes, devraient savoir qu'ils méritent les remerciements et les louanges d'un peuple reconnaissant. Aujourd'hui et pour toujours.

Monsieur le Président, dans quelques jours, nous quitterons tous et toutes la colline parlementaire et nous retournerons dans nos circonscriptions, vers les gens que nous représentons. Là, nous nous rassemblerons, dans nos grandes villes comme dans nos petits villages, côte à côte, pour déposer des couronnes et pour nous souvenir.

Dans ces moments de silence profond, nous réitérerons notre promesse d'honorer à tout jamais les hommes et les femmes qui nous ont tant donné, qui nous ont donné le meilleur d'eux-mêmes.

N'oublions jamais.

Merci, Monsieur le Président.

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Mise à jour : 2003-12-8