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Bannière : Premier parmi ses pairs : Le premier ministre dans la vie et la politique au Canada
Bannière : William Lyon Mackenzie King

Le Canada et la guerre : ressources humaines et effort de guerre total : service sélectif national, le 19 août 1942


Je vous adresse la parole en un jour mémorable. Vous avez appris qu'après de longs mois d'entraînement des soldats canadiens en Grande-Bretagne sont entrès en action contre l'ennemi. Nous savons combien notre armée outre-mer était anxieuse de participer à des combats réels avec ses camarades de la marine et de l'aviation. Nous avons été fiers d'apprendre que nos troupes ont occupé une place d'honneur dans le raid sur Dieppe.

La nouvelle d'une action quelconque ne doit pas altérer notre sens de la perspective devant ce conflit mondial. Nous sommes arrivés à l'une des heures les plus graves de l'histoire. Cette observation est vraie qu'elles que soient les apparences contraires à un moment donné.

Les Allemands continuent d'avancer dans les riches provinces de la Russie méridionale. Leur avance menace de couper les communications soviétiques avec les forces des Nations Unies en Perse, ou en Iran, comme on a pris l'habitude de dire, et avec leurs forces du Moyen Orient. L'avance nazie menace la Perse et, plus loin encore, les Indes.

En Extrême Orient, l'avance japonaise vers l'Ouest atteint la frontière des Indes. Les Japonais renforcent leurs troupes en Birmanie, en vue d'envahir les Indes mêmes.

Grandeur du danger

Il est plus évident que jamais que l'Allemagne et le Japon sont en train d'effectuer le plus grand mouvement de tenailles de l'histoire militaire du monde. Leur but est d'envelopper la masse des territoires russes et chinois, en opérant leur. jonction aux Indes.

Les Indes elles-mêmes sont divisées et menacées de désordre. Tous les peuples libres éprouvent de la sympathie pour les aspirations des Indes à l'autonomie. Mais, si vivement que nous puissions regretter les occasions perdues, nous ne pouvons éprouver aucune sympathie envers une conduite qui met en danger la liberté de l'humanité. L'affaiblissement de la capacité de résistance des Indes ne peut aider que l'Axe; il ne saurait aider les Indes.

Les perspectives ne sont pas sombres seulement sur terre. Sur les sept mers, la suprématie navale des Nations Unies est gravement menacée. Les puissances de l'Axe accomplissent un effort gigantesque pour couper des approvisionnements essentiels à leur source, et pour isoler ainsi l'Amérique du Nord du vieux monde. Les débarquements japonais en Alaska, et les attaques déjà lancées contre les deux côtes de notre pays, ont amené le danger à nos portes.

Nécessité d'un effort accru

Les Nations Unies n.'ont pas encore commencé à gagner cette guerre. Le danger n'est pas seulement plus évident que jamais, il est plus grave que jamais. Nous ne gagnerons rien en refusant d'envisager la gravité de la situation. Il n'y a pas lieu de désespérer, mais plutôt d'affermir notre résolution. Plus que jamais il est clair que, seul, l'effort maximum de toutes les Nations Unies pourra sauver la liberté du monde, et avec elle celle de notre propre continent, celle de notre propre pays.

Par bonheur, tout n'est pas sombre dans la situation actuelle. La Russie et la Chine sont gravement affaiblies, mais leurs peuples luttent encore avec un héroïsme incomparable. En dépit de ses pertes, la Russie dispose encore d'immenses ressources en effectifs et en matériaux, dans un vaste territoire inviolé. En Egypte, l'ennemi a été arrêté, et tenu en échec au moment même où tout paraissait perdu. La Méditerranée n'a pas été fermée. La Grande-Bretagne reste une forteresse de la liberté universelle. De la base britannique, l'action offensive s'est régulièrement accrue. Les nations du Commonwealth britannique continuent de combiner leurs forces et de s'unir dans la lutte. Chaque semaine qui s'écoule, les forces canadiennes et américaines, sur mer, sur terre et dans les airs, augmentent la puissance des Nations Unies sur tous les théâtres de guerre. Dans l'Océan Pacifique, de rudes coups ont été portés à la puissance japonaise. La force immense des Etats-Unis se fait sentir sur tous les continents. Un accord complet préside à l'élaboration des plans de campagne, actuels et futurs, des nations alliées.

La grande force des Nations Unies nous donne le courage nécessaire pour transformer nos espérances en un succès réel. L'ampleur du danger doit fortifier notre résolution. Une organisation très complète de tous nos efforts est plus essentielle que jamais pour gagner la guerre. Dans ce but, le Canada doit rendre sa contribution aussi complète et aussi efficace que possible. Tous les citoyens doivent servir de la manière la plus utile.

But de la politique des ressources humaines

Le but et les moyens du Gouvernement pour diriger les services de tous les hommes et de toutes les femmes dans les voies les plus utiles constituent sa politique en matière de ressources humaines. La politique du Gouvernement en matière de ressources humaines a déjà modifié l'existence de millions de Canadiens, mais il en reste un grand nombre qui peuvent rendre beaucoup plus de services qu'ils n'ont fait jusqu'ici.

Le principe suivi par le Gouvernement est de veiller à ce que tout homme et toute femme capable d'accomplir quelque forme de service de guerre, remplisse les fonctions les mieux adaptées à ses aptitudes et aux besoins de guerre. L'application de ce principe touchera évidemment et nécessairement tout le monde, sauf les vieillards, les enfants et les invalides. L'effort total pour la guerre totale est le but dont le Gouvernement se rapproche regulièrement. Des résultats sont déjà obtenus, mais l'heure est arrivée d'employer de toutes parts tous les moyens nécessaires pour atteindre notre but. La politique du Gouvernement est positive, non pas négative. Elle sera appliquée sans crainte et sans faveur, sans considération de race, de croyance ou de classe. Il faut reconnaître que la sécurité de chaque individu est solidaire de la sécurité nationale. Chacun doit considérer ses services comme essentiels à l'effort collectif. De plus, tout le monde doit comprendre que la vie de nos combattants sur mer, sur terre et dans les airs, dépend des renforts en hommes qu'ils recevront et du travail incessant qui s'accomplit sur la ferme, dans les mines, dans la forêt, au moulin, dans les usines et sur les navires marchands. La conscience plus nette que nous avons du danger nous aidera tous à accepter la direction imprimée à nos efforts.

Tous doivent servir

Je vous ai dit que nous avions besoin des services de tout le monde. Cela comprend les services des femmes aussi bien que des hommes; les services de toutes les personnes jeunes et vieilles; les services, comme je l'ai dit, de tout le monde excepté des très jeunes, des très vieux et des invalides. Nous appelons l'ensemble de tout cela "le. total des ressources humaines". Comme vous le voyez, elles comprennent les ressourses féminines ainsi que celles de la jeunesse.

Le Gouvernement est déterminé, autant que cela est humainement possible, à faire en sorte que les services de tous les hommes et de toutes les femmes soient efficacement employés et que tout homme valide entreprenne une forme quelconque de service essentiel, dans les forces armées, dans la production de guerre ou dans un emploi civil indispensable. En cas de besoin, l'Etat prendra les mesures nécessaires à ces fins. Le nom donné à cette méthode de sélection forcée est celui de service sélectif national.

Je n'ai pas besoin de vous dire que pour arriver à l'effort total de guerre que nous avons en vue, ce ne sont pas seulement les services de tous qui sont essentiels, mais, ce qui a une importance égale sinon plus grande, l'emploi efficace de ces services.

L'emploi efficace des services des hommes et des femmes pour les besoins de la guerre exige deux choses. Premièrement, les services de toutes les personnes qui ne sont pas nécessaires au maintien de la santé et de l'efficacité.nationale doivent être employés directement aux besoins de guerre. En langage mobilitaire, c'est ce qu'on appelle "mobiliser" les ressources humaines. Deuxièmement, les services des personnes ainsi "mobilisées" doivent être utilisés de la meilleure manière possible.

Les services volontaires des hommes et des femmes sont nécessaires pour les forces armées; cependant, tout le monde ne peut pas être employé dans les forces armées. Par exemple, il ne serait pas possible de réaliser un effort total si l'effectif de la flotte devenait si nombreux qu'il ne restât plus d'hommes pour construire des navires. Nous ne pourrions pas avoir d'effort total si l'armée prenait tous les hommes et n'en laissait pas suffisamment pour fabriquer des chars d'assaut, des canons et des obus. Je pourrais vous donner des centaines d'exemples de ce genre, mais ils vous viendront naturellement à l'esprit. Ceux dont les services sont essentiels au maintien de la santé et de l'efficacité nationale n'auront pas à s'imaginer qu'ils ne contribuent pas à l'effort de guerre s'ils font leur devoir dans leur domaine respectif.

Un programme équilibré

Le Parlement, comme vous le savez, a donné au Gouverrnement d'immenses pouvoirs pour contrôler et diriger les services des hommes et des femmes en vue des besoins de la guerre. Je me propose de vous dire comment certains de ces pouvoirs ont été exerces. Je vais vous parler également d'un certain nombre de mesures que le Gouvernement a l'intention d'employer.

Je crois que vous comprendrez mieux le programme des ressources humaines si je réponds à quelques questions que la plupart de vous ont déjà posées.

La première de ces questions est celle-ci: Quelles sont les tâches pour lesquelles on a besoin d'hommes et de femmes en temps de guerre? Il faut recruter des hommes  --  et aussi des femmes  --  pour les forces combattantes. Et pour réaliser un effort de guerre total, il ne faut pas seulement recruter, mais être prêt à entretenir autant de soldats, de marins et d'aviateurs que le Canada sera capable de maintenir au cours d'une longue guerre.

Il faut des hommes et des femmes pour fabriquer les machines, les munitions et les armes de guerre pour nos soldats, et pour leur fournir des vivres, des vêtements et des abris.

Il faut également des hommes et des femmes pour fabriquer des machines et des munitions de guerre pour nos alliés. Il faut encore des hommes et des femmes pour fournir des vivres à la population civile et aux armées de nos alliés dans les zones du front.

En temps de guerre, comme en temps de paix, il faut continuer à nourrir, habiller et loger la population canadienne; il faut instruire les jeunes; soigner les vieux et 1es malades; avoir une police et des pompiers; maintenir les services de transport  --  ce qui n'est pas une petite affaire dans un pays aussi vaste que le nôtre. Vous penserez vous-même à une foule d'autres choses qu'il est impossible de négliger. Tous les services civils doivent naturellement être réduits au minimum. Mais même alors, ils exigent encore l'emploi d'un très grand nombre d'hommes et de femmes.

Il est également de la plus grande importance que l'emploi des services de nos hommes et de nos femmes soit parfaitement équilibré. Si nous employons trop de personnes à un certain travail, un autre travail en souffrira. Il existe peu de problèmes plus difficiles que celui de décider exactement le nombre d'hommes et de femmes à affecter à chaque tâche. Il faut ajouter à cela le problème de décider la proportion de soldats, d'approvisionnements, de matériel, de vivres, etc., à envoyer outre-mer et celle qu'il est sage et nécessaire de conserver chez nous.

Administration du programme des ressources humaines

J'arrive maintenant à la question : Qui administre le programme d'utilisation des ressources humaines en temps de guerre?

C'est le directeur du Service sélectif national, M. Elliott Little, qui est principalement chargé d'administrer le programme d'utilisation des ressources humaines. Il rend compte de son administration au ministre du Travail. Quant à l'administration locale, les bureaux de placement de la Commission d'assurance-chômage constituent un rouage administratif tout trouvé qui grandit rapidement.

L'enrôlement des hommes dans la marine, l'aviation et l'armée active relèvera comme auparavant des trois ministères de la Défense. Pour le présent immédiat, le ministère des Services nationaux de guerre gardera la responsabilité de la conscription des hommes pour service au Canada. On se propose de remettre, dans un avenir prochain, au directeur du Service sélectif national la tâche d'appeler les hommes pour le service militaire. En prévision de ce changement, le ministère des Services nationaux de guerre et l'administration du Service sélectif national vont travailler en coordination étroite. Cela permettra d'éviter une désorganisation exagérée des industries de guerre par l'appel des hommes au service militaire.

Dans l'exercice de son immense autorité sur les services des hommes et des femmes, nous comprenons que l'administration du Service sélectif national pourra prendre parfois des décisions qu'il faudra reviser pour éviter de causer d'inutiles souffrances. Nous conserverons donc les commissions des services nationaux de guerre, qui entendront les appels qui seront faits des décisions des officiers du service sélectif.

L'emploi de la coaction pour le service sélectif

Un mot maintenant pour dire si le service sélectif national doit nécessairement être entièrement obligatoire.

Le but du service sélectif national est, comme je l'ai dit, de réglementer et de distribuer les services des hommes et des femmes de la manière qui servira le mieux l'intérêt national du temps de guerre. Il n'est pas nécessaire que la réglementation et la distribution en soient entièrement obligatoires. La coaction, en elle-même, à peu de valeur. Pour tous ceux, et ils sont nombreux, qui consentent à servir, il n'y a aucun besoin de l'employer. Mais il est nécessaire, cependant, d'obtenir par coaction les services de ceux qui autrement ne consentiraient pas à servir. L'emploi de la coaction demande des hommes pour l'appliquer et l'administrer. Toute coaction qui n'est pas nécessaire équivaut à une perte de temps, de personnel et d'argent. Les méthodes volontaires, là où elles donnent satisfaction, représentent une économie immense de ce que l'on appelle communément Ia "paperasserie". En temps de paix, on peut n'avoir recours qu'à un minimum de coaction ; mais en temps de guerre son emploi devient de plus en plus indispensable à un effort total.

Le service obligatoire, autrement dit la conscription, pour tout le Canada, dans tout le Canada, fait partie des lois du pays depuis 1940. On a souvent oublié cela, si on ne l'a pas délibérément ignoré.

La base du service sélectif

Sans des renseignemente exacts et parfaitement à jour sur nos ressources humaines, il est impossible de réussir une mobilisation totale. Il est impossible de réglementer et de distribuer les services des hommes et des femmes sans savoir combien d'entre eux sont disponibles et ce que sont leurs capacités. Tenter une chose semblable, ce serait agir comme un tailleur qui voudrait faire un habit sans savoir de combien d'étoffe il dispose. Alors, demanderez-vous, comment obtient-on des renseignements exacts sur les ressources humaines, et comment les tient-on à jour?

L'inscription nationale de 1940 a fourni des renseignements fondamentaux qui nous ont été d'une grande utilité. Les relevés de la Commission d'assurance-chômage nous ont donné des connaissances plus scientifiques sur la population industrielle du Canada. On a réuni ces deux systèmes de renseignements en un seul bureau central, au ministère du Travail. A cause des déplacements constants de la population durant la guerre, c'est une immense entreprise que de tenir à jour ces systèmes. Et il faut les tenir de la sorte pour pouvoir distribuer les ressources humaines équitablement ou avec efficacité. C'est le ministère du Travail qui assume actuellement cette tâche.

On fera de temps à autre, quand ce sera nécessaire, des relevés et des enregistrements spéciaux des ressources humaines. On entreprendra sous peu un enregistrement spécial des ressources feminines. Dans un avenir rapproché, on demandera aussi aux employeurs de faire rapport sur toutes les arrivées et tous les départs d'employés, dans leur personnel, depuis le 1er avril. Je demanderais à tous ceux que cela concerne de collaborer avec le gouvernement en lui fournissant ces renseignements indispensables.

Augmentation des ressources humaines

L'utilisation efficace des ressources humaines a deux aspects. L'un consiste à rendre disponibles pour le travail de guerre les services d'un plus grand nombre de personnes; l'autre consiste à diriger les hommes et les femmes vers les formes de services qui leur conviennent le mieux.

Comment, demandera-t-on, se fait l'augmentation des ressources humaincs totales qui sont disponibles pour le travail de guerre?

L'embauchage de femmes qui n'avaient pas travaillé auparavant augmente le total de la main-d'oeuvre. En plus de la nouvelle génération de jeunes gens qui devient disponible chaque année, les ressources humaines totales pour les besoins essentiels ne peuvent recevoir d'augmentation que par l'embauchage plus général des femmes. Les femmes remplacent actuellement les hommes dans de multiples occupations civiles essentielles, parfois presque complètement. Les femmes font beaucoup de travaux dans la production de guerre. Elles remplacent aussi les hommes dans plusieurs fonctions, à l'intérieur des forces armées. Dans tous ces cas, les hommes remplacés deviennent disponibles pour des fonctions plus dures ou plus dangereuses.

On s'est alarmé du résultat que pouvait avoir pour le bien-être de la famille le travail des femmes. Le Gouvernement partage entièrement cette inquiétude. Toutefois, nous ne devons pas oublier que notre effort de guerre doit être entier pour la protection de tout ce qui nous est cher, y compris la famille et la vie de famille, et que le travail des femmes est essentiel à un effort de guerre absolu. Nous n'avons qu'à nous rappeler le sort de la famille soumise à l'esclavage en Pologne pour comprendre ce qu'il adviendra de la famille canadienne si nous ne gagnons pas la guerre.

Pour aider à la sauvegarde du bien-être de la famille, des ponponnières ont été établies pour le soin des enfants des mères qui travaillent, en coopération avec les autorités provinciales, dans les deux grandes provinces industrielles. D'autres activités sociales sont stimulées avec vigueur pour la protection de la santé et du bien-être des travailleuses et de leurs familles.

Restrictions dans les occupations civiles

L'ensemble des ressources humaines dont nous disposons pour le travail de guerre est aussi augmenté en enlevant les hommes et les femmes à des occupations civiles moins importantes pour assumer des tâches essentielles.

Jusqu'à présent le déplacement des ressources humaines des forces armées ou de la production de guerre a été le résultat accidentel d'une diminution des productions qui n'étaient pas essentielles. La cause de la réduction a été la préservation des matériaux rares. Mais la principale raison de nouvelles restrictions dans les activités civiles est la nécessité de préserver les ressources humaines pour les besoins immédiats de la guerre.

Dans les conditions imposées par une guerre complète, certaines industries sont considérées entièrement comme non-essentielles. Plusieurs industries de ce genre ont déjà été transformées pour les productions de guerre, ou fermées dans le but de conserver les matériaux. Dans d'autres domaines de l'activité civile, un minimum de production est indispensable au maintien de la santé et du bien-être public dont dépend tout notre effort de guerre. Dans une certaine mesure, la production de ces industries n'est pas moins nécessaire à notre complet effort de guerre que la production des industries de guerre elles-mêmes. A part de satisfaire aux besoins élémentaires, leur production n'est toutefois pas essentielle.

Le Gouvernement a décidé en conséquence que toute activité civile non essentielle doit être interrompue ou supprimée. La Commission des prix en temps de guerre, qui exerce un contrôle sur le commerce et l'industrie civile, a reçu l'ordre d'appliquer cette politique en prenant les mesures jugées nécessaires à ces fins. De cette façon, nous disposerons le plus tôt possible d'un supplément de ressources humaines pour les travaux de guerre. En plus de suspendre et de supprimer par la suite toutes espèces d'activités non essentielles, des mesures seront prises pour s'assurer que le plus petit nombre possible des ressources humaines sera employé à satisfaire le minimum des besoins essentiels de matériaux, de machinerie, d'énergie conbutible et de transport. Dans l'application de ces restrictions aux activités civiles, la Commission des prix en temps de guerre agira en collaboration très étroite avec le directeur des Services nationaux de guerre dont les fonctions consistent à diriger les ressources humaines déchargées des activités civiles non essentielles dans les voies les plus propices.

Moyens pris pour améliorer la main-d'oeuvre

À l'aide d'une meilleure organisation et du progrès de la spécialisation, une même tâche exige le concours d'un moins grand nombre d'hommes et de femmes. La compétence de la main-d'oeuvre, hommes et femmes, au Canada, a été beaucoup améliorée par les enseignements donnés dans nos écoles techniques et dans les établissements industriels. Cette formation va se poursuivre sur une plus haute échelle.

Des dispositions pour le logement, le soin des inaptes, le maintien du niveau de la santé et l'organisation de la direction du personnel, sont également favorisées par le Gouvernement. Toutes ces dispositions contribuent à amener l'emploi complet des ressources humaines au Canada.

Direction des ressources humaines

En considérant l'emploi que nous faisons des services des hommes et des femmes, vous demanderezi sans doute: comment peut-on guider les personnes vers les services de guerre qui leur conviennent?

Les hommes font du service obliegatoire ou ils sont conscrits dans l'armée. Le service oblirgatoire d'instruction militaire a commencé en 1940; et pour le service militaire au Canada, en 1941. Dès le début, tous les hommes qui pouvaient être entraînés et équipés ont été appelés. On a développé sans cesse les installations et le matériel d'entraînement. Par suite, en ces derniers mois, le nombre.d'hommes appelés sous les drapeaux s'est doublé plusieurs fois.

En mars dernier, on a étendu l'obligation et la direction à un champ beaucoup plus vaste que celui du service militaire. On a radicalement restreint l'admission des hommes dans un grand nombre d'occupations. Par suite, ceux qui recherchaient de l'emploi étaient automatiquement dirigés vers les services concernant plus immédiatement la guerre. Pour préserver la main-d'oeuvre essentielle dans les exploitations agricoles, on a stabilisé le travail agricole. On a établi un plan pour diriger les ingénieurs et les autres techniciens vers le service direct de guerre. En annonçant ce plan, on indiqua que des directives semblables pourraient être données plus tard concernant les services des ouvriers exercés. C'est en juin dernier qu'on a commencé à diriger les services des ouvriers exercés. Tous les emplois industriels ont été à cette époque placés sous le contrôle des bureaux de placements. Il faut maintenant une direction et un contrôle beaucoup plus complete du placement.

Le contrôle du placement

Sous l'empire des mesures de contrôle qui seront adoptées prochainement, aucun patron ne pourra congédier un employé, sauf quelques exceptions prescrites par le bon sens, et aucun employé ne pourra quitter son travail sans donner par écrit un avis raisonnable. Cet avis s'intitulera: "Avis de congé". Une copie de cet avis devra être transmise au bureau de placement le plus proche. Aucun patron ne pourra engager un postulant qui n'aura pas obtenu un permis d'un bureau de placement; il ne pourra pas non plus traiter en vue d'un tel engagement. La permission de rechercher de l'emploi pourra être restreinte à un endroit, une industrie, une occupation ou un établissement donnés. Un contrôle va s'établir sur les annonces "on demande des employés" et " on demande des emplois".

Après une période donnée, les personnes inemployées pourront être tenues d'accepter tout travail convenable disponible, et les personnes employées durant moins que le plein temps normal pourront être obligées de permuter vers du travail convenable et disponible à plein temps qui sera particulièrement nécessaire ou, en d'autres termes, qui sera désigné comme du travail "de haute priorité".

Un employé qui sera invité par un agent du service sé1ectif national à accepter un nouvel emploi dans lequel il pourra contribuer plus efficacement à la poursuite de la guerre aura, lors de l'achèvement de ce travail essentiel, le même droit de rengagement à son ancien emploi que celui qu'on accorde aux hommes provenant des forces armées.

Un patron, un employé ou un syndicat ouvrier, qui se croira lésé aura le droit d'en appeler de la décision ou des directives d'un agent du service sélectif national.

L'application progressive du service sélectifs a un double effet. De l'élimination des travaux civils inutiles résulte la disparition des articles de luxe et de nombreuses commodités. Il peut en résulter des embarras pour un grand nombre et de la détresse pour quelques-uns. Mais cela signifie aussi que l'efftif des ressources humaines pour le combat et la fabrication des armes de combat est maintenu ou accru. C'est le but vers lequel tend le service sélectif national.

Nécessité de la coopération

Mais quelles que soient les mesures promulguées par le Gouvernement, le service sélectif national ne peut réussir à moins que le directeur et ses subordonnés n'obtiennent la coopération entière de tous les citoyens canadiens. Je demande donc à chacun de vous votre coopération et votre appui pour ce grand effort national. Qu'on ne puisse jamais dire que vous favolisez le service sélectif national pour un autre, mais que vous voulez vous-même y échapper.

Pendant les quelques minutes qui m'ont été accordées, j'ai essayé de vous faire comprendre la grandeur du danger et le pressant besoin d'un effort sans ménagement de la part de tous. On ne saurait repéter trop souvent que la conservation de la liberté dans le monde est en jeu. On ne peut insister trop fortement sur le fait que l'existence de notre propre liberté est liée à la liberté du monde. Aucours de la présente guerre des millions de vies humaines ont été sacrifiées "pour que la liberté ne disparaisse pas de la terre". A une heure des plus critiques pour le monde, je demande à chaque homme et à chaque femme du Canada d'accepter volontairement et avec joie la réglementation et la conduite de ses services selon l'intérêt national. C'est la somme des contributions individuelles qui constitue le pouvoir de l'ensemble de la nation. Aucun service bien accompli n'est trop insignifiant afin de faire pencher la balance vers la victoire définitive. Soyez inspirés par la croyance que le sacrifice que votre service de guerre peut comporter est essentiel à la conservation non seulement de votre propre liberté mais de celle de notre pays, et de l'humanité.


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Source : King, William Lyon Mackenzie. Le Canada et la guerre : ressources humaines et effort de guerre total : service sélectif national. Ottawa : Edmond Cloutier, 1942. 13 p.


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