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Festivals de films à Montréal

Wayne Clarkson fait le point sur la situation des festivals de Montréal

Extrait de l'allocution de Wayne Clarkson prononcée dans le cadre d'un déjeuner-causerie à l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision à Montréal, le 14 octobre 2005.

Au cours des derniers mois, on a beaucoup parlé de la confusion suscitée par la tenue à Montréal de trois festivals - des festivals espacés de quelques mois seulement. On a critiqué Téléfilm, et on m'a critiqué en tant que directeur général pour ne pas avoir trouvé une solution aux problèmes. Je tiens d'abord à signaler que si je ne me suis pas impliqué directement, c'est pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, ce dossier date de bien longtemps avant mon arrivée et il était bien géré par Charles Bélanger, président du conseil d'administration de Téléfilm. Deuxièmement : j'avais des défis et des responsabilités dans l'immédiat : un nouveau travail extrêmement exigeant, et la négociation d'une nouvelle collaboration avec le Fonds canadien de télévision. Troisièmement : j'avais occupé le poste de directeur du festival de Toronto pendant huit ans (1978-1985), période durant laquelle j'ai eu plusieurs confrontations avec le Festival des films du monde de Montréal (FFM). Et j'ai continué de siéger au conseil du Festival de Toronto jusqu'à l'annonce de ma nomination comme directeur général de Téléfilm en novembre 2004, où j'ai alors démissionné du conseil.

Après neuf mois dans mes nouvelles fonctions et avec la saison des festivals qui tire à sa fin (Montréal, Toronto, Halifax, Vancouver et quelques festivals de Sudbury à Calgary et jusqu'en Abitibi), il est temps de faire le point.

J'appuie totalement la décision de Téléfilm et de la Société de développement des industries culturelles (SODEC) de retirer leur soutien financier au Festival des films du monde de Montréal.

Il y avait des inquiétudes légitimes au sujet de la gouvernance et de l'imputabilité financière du FFM. Des professionnels du cinéma québécois et des journalistes s'inquiétaient aussi parce que le FFM était en perte de vitesse sur les scènes nationale et internationale.

En tant qu'administrateur de fonds publics et de partenaire de l'industrie, Téléfilm avait l'obligation d'agir. Nous ne pouvions pas rester là à ne rien faire alors que nous connaissions la gravité des problèmes.

Téléfilm et la SODEC ont donc commandé une évaluation indépendante des quatre grands festivals internationaux du Canada (festival de Toronto; FFM; festival de Vancouver et festival de l'Atlantique). Le FFM a pris la décision de ne pas coopérer.

L'étude indépendante de Secor a révélé que le FFM ne répondait plus aux critères d'un festival moderne, transparent et imputable.

Téléfilm et la SODEC ont donc lancé un appel de propositions auprès de professionnels intéressés à relever le défi d'organiser un nouveau festival international du film à Montréal. Le FFM ne fut pas exclu du processus, mais encore une fois, il a décidé de ne pas y participer.

Le projet du regroupement pour un festival de cinéma à Montréal, appuyé par Alain Simard de l'équipe Spectra et Daniel Langlois, s'est imposé au comité de sélection de Téléfilm et de la SODEC comme le plus prometteur.

Ce plan initial, ne l'oublions pas, impliquait une collaboration entre le nouvel événement et le Festival du nouveau cinéma. Malheureusement, à ce jour, ce partenariat ne s'est pas encore concrétisé.

Mais cela n'affecte en rien le raisonnement qui a mené à la décision de retirer tout soutien financier au FFM.

Comme je l'ai déjà dit, j'ai été le premier directeur du Festival international du film de Toronto, et je sais très bien qu'un nouveau festival a de la difficulté à acquérir de bons films et à attirer le public. Je me souviens que le public des premières éditions du Festival de Toronto s'est parfois limité à une poignée de gens -- dans une salle de 600 sièges - et en présence d'un cinéaste qui aurait bien voulu être ailleurs. À ses débuts, le Festival de Toronto a été la cible de critiques cinglantes de la part des médias du canada et du monde entier.

Je devine très bien les sentiments et la frustration des organisateurs du Festival international de films de Montréal en cette première année d'existence. Mais j'ai été impressionné par ce qu'ils ont réussi à accomplir en si peu de temps. Il y a eu des ratés et des déceptions - comme c'était une première édition, rien de ça ne m'a surpris.

La sélection des films doit être améliorée. Il faut un mélange de premières mondiales et des meilleurs films des autres grands festivals du film. On ne bâti pas sa crédibilité auprès des cinéastes et des distributeurs en un an. C'est quelque chose qui s'établit avec le temps.

C'est la même chose avec les cinéphiles. Il faut gagner leur confiance.

Il y aura des changements positifs au cours des prochains mois - il le faut - et téléfilm jouera un rôle constructif - au besoin.


Wayne Clarkson
Directeur général