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L’équilibre fiscal au Canada : les faits
Octobre 2004
L’équilibre fiscal au Canada
Les transferts fédéraux et les pressions financières qui pèsent sur le gouvernement fédéral et sur les administrations provinciales et territoriales suscitent un intérêt considérable, particulièrement dans la mesure où ces facteurs touchent les soins de santé. D’aucuns soutiennent qu’il pourrait exister un « déséquilibre fiscal » entre les provinces (c.-à-d. un déséquilibre fiscal horizontal) ou entre le gouvernement fédéral et les provinces (c.-à-d. un déséquilibre fiscal vertical).
Comme beaucoup d’autres fédérations, le Canada utilise des transferts intergouvernementaux pour corriger le déséquilibre fiscal horizontal et pour appuyer d’importants programmes nationaux. Le programme de péréquation et la formule de financement des territoires (FFT) corrigent le déséquilibre fiscal horizontal. Les principaux transferts fédéraux en espèces, c’est-à-dire le Transfert canadien en matière de santé, le Transfert visant la réforme des soins de santé et le Transfert canadien en matière de programmes sociaux, aident les provinces et les territoires à financer les programmes sociaux qui constituent la principale composante de leurs dépenses.
Or, contrairement à ce qui se produit dans la plupart des autres fédérations, les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada ont accès à toutes les sources principales de revenus. Une étude de Norrie et Wilson[1] montre que la répartition des pouvoirs d'imposition au Canada est unique : les deux paliers de gouvernement ont en effet pleinement accès à toutes les sources principales de revenus, de sorte qu’il est difficile de prouver l’existence d’un déséquilibre fiscal vertical.
En affirmant qu’il existe un déséquilibre fiscal vertical, certains disent que tout l’argent est à Ottawa alors que les dépenses incombent uniquement aux provinces et aux territoires. Le présent document démontre que ce n’est pas le cas, comme l’indiquent les faits suivants :
- Les gouvernements fédéral et provinciaux ont accès aux mêmes
grandes sources de revenus.
- Les revenus des provinces et des territoires sont supérieurs à
ceux du gouvernement fédéral depuis des années.
- Les transferts intergouvernementaux servent à appuyer d’importants
programmes nationaux et à corriger les disparités fiscales entre les
régions.
- Le fardeau de la dette fédérale, plus élevé que celui des
provinces et des territoires, limite la capacité du gouvernement
fédéral de consacrer de nouvelles dépenses aux priorités des
Canadiennes et des Canadiens.
- Les deux paliers de gouvernement doivent faire face à des pressions
en matière de dépenses tout en ayant des ressources limitées.
Ottawa détient-il vraiment les cordons
de la bourse?
Fait no 1 : Les gouvernements fédéral et provinciaux ont accès aux mêmes grandes sources de revenus.
- Les gouvernements fédéral et provinciaux ont accès à toutes les
sources principales de revenus fiscaux. Les provinces ont également
un accès exclusif à certaines sources de revenus en croissance
rapide, comme les ressources naturelles et les jeux de hasard
(tableau 1).
- L’accès semblable des deux paliers de gouvernement aux sources
principales de revenus et l’accès exclusif des provinces à d’autres
sources de revenus font en sorte que les revenus autonomes des
provinces et des territoires et les revenus fédéraux ont augmenté,
en moyenne, à peu près au même rythme depuis le début des
années 1980.
Tableau 1 Accès à des sources diversifiées de revenus
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Gouvernement fédéral |
Provinces |
|
Sources de revenus communes |
|
|
Impôt sur le revenu des particuliers |
ü |
ü |
Impôt sur les bénéfices des sociétés |
ü |
ü |
Taxes de vente |
ü |
ü |
Charges sociales |
ü |
ü |
Sources de revenus propres aux provinces |
|
|
Redevances sur les ressources naturelles sous administration
provinciale |
|
ü | Jeux de hasard et vente d’alcool |
|
ü |
Impôts fonciers |
|
ü |
Sources de revenus propres au gouvernement fédéral |
|
|
Droits de douane à l’importation |
ü |
|
Impôt des non-résidents |
ü |
|
|
- Les comparaisons internationales montrent que le Canada est l’une
des fédérations les plus décentralisées au monde. Les provinces
ont toute latitude pour établir leurs politiques fiscales afin de
faire face aux pressions en matière de dépenses découlant de leurs
responsabilités (graphique 1).
Graphique 1 Contrôle des administrations infranationales sur leurs assiettes fiscales et leurs taux d’imposition
![Graphique 1 Contrôle des administrations infranationales sur leurs assiettes fiscales et leurs taux d’imposition](/web/20061129203018im_/http://www.fin.gc.ca/facts/images/fbcfact9_1f.gif)
Sources : Calculs du ministère des Finances; Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Pouvoirs de taxation des gouvernements des États et des administrations locales (Paris : OCDE, 1999)
Fait no 2 : Les revenus des provinces et des territoires sont supérieurs à ceux du gouvernement fédéral depuis des années.
- Si l’on tient compte de l’aide fédérale au titre des programmes
sociaux des provinces, les revenus totaux des provinces et des
territoires – c’est-à-dire la somme de leurs revenus autonomes
et des transferts fédéraux en espèces – dépassent de beaucoup
les revenus fédéraux depuis plus de 20 ans (graphique 2).
- Les revenus totaux des provinces et des territoires continueront
vraisemblablement de dépasser les revenus fédéraux dans un avenir
prévisible.
Graphique 2 Revenus fédéraux et provinciaux-territoriaux[2]
![Graphique 2 - Revenus fédéraux et provinciaux-territoriaux](/web/20061129203018im_/http://www.fin.gc.ca/facts/images/fbcfact9_2f.gif)
Fait no 3 : Les transferts intergouvernementaux servent à appuyer d’importants programmes nationaux et à corriger les disparités fiscales entre les régions.
- En 2003-2004, les provinces et les territoires ont reçu quelque
37,4 milliards de dollars en transferts en espèces du gouvernement
du Canada. Ils ont également bénéficié de revenus additionnels de
16,5 milliards par le biais des points d’impôt liés au
Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux (TCSPS)[3],
qui ont augmenté au fil du temps. Au total, les transferts fédéraux
ont atteint quelque 54 milliards de dollars en 2003-2004
(graphique 3).
Graphique 3 Évolution des transferts fédéraux en espèces et en points d’impôt
![Graphique 3 - Évolution des transferts fédéraux en espèces et en points d’impôt](/web/20061129203018im_/http://www.fin.gc.ca/facts/images/fbcfact9_3f.gif)
La majeure partie des transferts fédéraux aux provinces et aux
territoires appuie d’importants programmes nationaux. Jusqu’en
2003-2004, le TCSPS aidait à financer les soins de santé, l’éducation
postsecondaire, l’aide sociale et les services sociaux (y compris le
développement de la petite enfance, de même que l’apprentissage et
la garde des jeunes enfants). Le Transfert visant la réforme des soins
de santé fournissait une aide additionnelle pour les réformes visant
les soins de santé primaires, les soins à domicile et la couverture
des médicaments onéreux. Les transferts en espèces en vertu de ces
programmes ont totalisé 21,8 milliards de dollars en 2003-2004.
- Depuis 2004-2005, le TCSPS est réparti entre :
- Les paiements de péréquation, en place depuis 1957, corrigent les
disparités fiscales horizontales entre les provinces en faisant en
sorte que les provinces moins prospères puissent offrir des niveaux
de services publics raisonnablement comparables à ceux des autres
provinces, à des niveaux d’imposition raisonnablement comparables.
Les droits à péréquation sont établis au moyen d’une formule qui
reflète l’évolution des disparités fiscales entre les provinces.
En 2003-2004, les droits à péréquation ont totalisé
8,7 milliards de dollars (graphique 4).
Graphique 4 Évolution des droits à péréquation
![Graphique 4 - Évolution des droits à péréquation](/web/20061129203018im_/http://www.fin.gc.ca/facts/images/fbcfact9_4f.gif)
- Pour les territoires, la FFT joue le même rôle que la
péréquation, tout en tenant compte des coûts plus élevés de la
prestation des services dans le Nord.
Nouveau plan décennal de financement pour les provinces et les territoires
- Le 16 septembre 2004, les premiers ministres du Canada ont
signé le Plan décennal pour consolider les soins de santé, en vertu
duquel le gouvernement du Canada fournira 41,3 milliards de dollars
d’argent neuf pour les soins de santé au cours des dix prochaines
années[4]. Le Plan
prévoit :
- la bonification du TCS pour combler l’« écart Romanow »
de 3 milliards de dollars et établir un nouveau plancher de
19 milliards de dollars pour le TCS en 2005-2006;
- un facteur de progression qui fera augmenter le TCS de 6 %
par année à compter de 2006-2007;
- des fonds de 5,5 milliards sur dix ans pour réduire les
temps d’attente;
- des fonds de 500 millions en 2004-2005 pour du matériel
médical.
- Cela signifie que les fonds consacrés aux soins de santé passeront
de quelque 18,5 milliards en 2004-2005 à 30,5 milliards en
2013-2014 (graphique 5), sans tenir compte de l’appui important
fourni au moyen des transferts de points d’impôt.
Graphique 5 Investissements fédéraux en matière de soins de santé
![Investissements fédéraux en maitère de soisns de santé](/web/20061129203018im_/http://www.fin.gc.ca/facts/images/fbcfact9_5f.gif)
- En outre, grâce au nouveau cadre pour la péréquation et la FFT
proposé par le gouvernement du Canada, les paiements aux provinces et
aux territoires augmenteront de 33 milliards sur dix ans par
rapport aux sommes prévues pour 2004-2005 dans le budget de 2004 du
gouvernement du Canada.
- Le budget de la péréquation sera fixé à 10 milliards pour
2004-2005; il passera à 10,9 milliards en 2005-2006 pour
ensuite augmenter de 3,5 % par année.
- Le budget de la FFT passera à 2,0 milliards en 2005-2006,
puis il augmentera de 3,5 % par année. Le facteur de
progression sera revu après cinq ans.
- Le tableau 2 résume les investissements fédéraux cumulatifs
pour les provinces et les territoires en vertu du nouveau Plan
décennal pour consolider les soins de santé, qui inclut de nouveaux
fonds pour les soins de santé, la péréquation et la FFT.
Tableau 2 Investissements à l’appui d’un Plan décennal pour consolider les soins de santé et de nouveaux cadres pour la péréquation et la formule de financement des territoires : 2004-2005 à 2013-2014
|
Programme |
Investissements cumulatifs sur
10 ans |
|
|
(G$) |
Bonification du TCS |
35,3 |
Fonds pour la réduction des temps d’attente |
5,5 |
Matériel médical |
0,5 |
Total – Nouveaux fonds pour les
soins de santé |
41,3 |
Nouveau cadre de la péréquation |
28,8 |
Nouveau cadre de la FFT |
4,6 |
Total – Nouveaux fonds pour la
péréquation et la FFT |
33,4 |
|
Ce nouveau plan décennal permettra aux provinces et aux territoires
de compter sur une source de financement croissant et prévisible.
- Outre ces principaux transferts, le gouvernement du Canada accorde
également une aide continue aux provinces et aux territoires en vertu
de plusieurs autres programmes de transfert plus modestes, notamment
pour la formation de la main-d’œuvre, les personnes handicapées,
les langues officielles, l’aide aux agriculteurs et l’infrastructure.
- Le gouvernement du Canada verse aussi d’importantes contributions
directes en matière de soins de santé et d’éducation
postsecondaire, en plus du soutien qu’il fournit grâce aux
transferts fédéraux en espèces et en points d’impôt. Cela
comprend le financement de la recherche en santé, de l’innovation
et de programmes comme les chaires de recherche du Canada et le
Programme canadien de prêts aux étudiants, de même que les mesures
fiscales destinées aux étudiants. Les dépenses directes du
gouvernement fédéral au titre de ces programmes totalisent plus de
10 milliards de dollars par année.
Les pressions financières et relatives aux dépenses se
font-elles surtout sentir dans les provinces et les territoires?
Fait no 4 : Le fardeau de la dette fédérale, plus élevé que celui des provinces et des territoires, limite la capacité du gouvernement fédéral de consacrer de nouvelles dépenses aux priorités des Canadiennes et des Canadiens.
- La dette fédérale demeure nettement plus élevée que les dettes
combinées des provinces et des territoires (graphique 6). Un
endettement plus lourd rend le gouvernement du Canada plus vulnérable
aux fluctuations imprévues des taux d’intérêt. Il limite
également le montant des nouvelles dépenses que le gouvernement
fédéral peut se permettre.
Graphique 6 Évolution du fardeau de la dette
![Graphique 6 - Évolution du fardeau de la dette](/web/20061129203018im_/http://www.fin.gc.ca/facts/images/fbcfact9_6f.gif)
- Par exemple, malgré les récents progrès au chapitre de la
réduction de la dette, les frais de la dette publique du gouvernement
fédéral en 2003-2004 (35,8 milliards) ont été presque aussi
élevés que les transferts en espèces reçus par les provinces et les
territoires (environ 37,4 milliards). En 2003-2004, les frais de la
dette représentaient plus de 19 cents pour chaque dollar de
revenus fédéraux, contre environ 10 cents en moyenne pour les
provinces et les territoires. Cela étant, le paiement de l’intérêt
sur la dette demeure un grand défi pour le gouvernement du Canada
(graphique 7).
Graphique 7 Frais de la dette du gouvernement fédéral et des provinces et territoires
![Graphique 7 - Frais de la dette du gouvernement fédéral et des provinces et territoires](/web/20061129203018im_/http://www.fin.gc.ca/facts/images/fbcfact9_7f.gif)
L’assainissement soutenu de la situation budgétaire du gouvernement
donne un coup de pouce à l’économie et fait en sorte que les
générations futures n’hériteront pas injustement d’un lourd
fardeau fiscal.
- En fait, il est essentiel que toutes les administrations réduisent
leur dette, surtout en raison des pressions financières qu’entraînera
le vieillissement de la population.
Fait no 5 : Les deux paliers de gouvernement doivent faire face à des pressions en matière de dépenses tout en ayant des ressources limitées.
- Les provinces et les territoires font face à des pressions en
maitère de dépenses, surtout dans le domaine des soins de santé.
- En effet, le gouvernement du Canada a reconnu l’existence de ces
pressions financières croissantes. Le Plan décennal pour renforcer
les soins de santé et le nouveau cadre de la péréquation et de
la FFT prévoient quelque 75 milliards de dollars de plus sur
dix ans pour les provinces et les territoires. Les facteurs de
progression intégrés à ces programmes font en sorte que
les provinces et les territoires peuvent compter sur des revenus
croissants et prévisibles.
- Toutefois, l’accroissement des transferts ne réglera pas à lui
seul le problème de l’augmentation du coût des soins de santé.
Comme l’indique le Plan décennal, il faut réformer le système de
soins de santé pour assurer un meilleur accès aux soins et rendre
leur prestation plus efficace et plus abordable pour l’ensemble des
Canadiennes et des Canadiens.
- En outre, le gouvernement du Canada est de plus en plus appelé à
intervenir dans d’autres domaines comme la sécurité et la
défense, l’environnement, les collectivités, les prestations
aux aînés, le renforcement des collectivités autochtones, la
recherche et le développement, la garde des jeunes enfants, les
compétences et l’apprentissage.
- Par ailleurs, le gouvernement du Canada doit disposer des ressources
financières nécessaires pour accorder son aide en cas d’urgence
nationale ou de désastre naturel. Par exemple, il a versé près de
2 milliards de dollars en 2003-2004 pour donner suite aux
situations d’urgence engendrées par la maladie de la vache
folle et le syndrome respiratoire aigu sévère.
- Une planification prudente et une situation budgétaire nettement
améliorée ont permis au gouvernement du Canada de prendre des
engagements à long terme concernant les soins de santé et la
péréquation, tout en faisant face à des imprévus. Le gouvernement
du Canada a été en mesure d’effectuer ces investissements tout en
présentant des budgets équilibrés ou excédentaires, sans devoir
faire marche arrière.
[1] Kenneth Norrie et L.S. Wilson, « On Re-Balancing Canadian Fiscal Federalism », dans Toward a New Mission Statement for Canadian Fiscal Federalism, sous la direction de H. Lazar, Institut des relations intergouvernementales (Montréal et Kingston : McGill-Queen’s University Press, 2000), pp. 79-98. [retour]
[2] Dans le présent document, les données contenues dans les graphiques pour le gouvernement fédéral sont tirées des Comptes publics et du Rapport financier annuel du gouvernement du Canada pour l’exercice 2003-2004. Les données concernant les provinces et les territoires sont extraites des Comptes publics et des mises à jour budgétaires les plus récentes des provinces et des territoires. [retour]
[3] Un transfert de points d’impôt confère le même soutien qu’un transfert en espèces. Le transfert de points d’impôt a été utilisé la première fois en 1977 lorsque le gouvernement du Canada a réduit ses taux de l’impôt sur le revenu des particuliers et de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, permettant alors aux provinces et aux territoires de majorer d’autant leurs propres taux d’imposition. C’est ainsi que les gouvernements provinciaux et territoriaux ont commencé à toucher directement des revenus qui auraient été versés au gouvernement du Canada. [retour]
[4] L’octroi de ces fonds dépend de l’adoption d’une loi par le Parlement. [retour] |