Comparution du Président du Conseil du Trésor
devant
le Comité permanent des comptes publics
Le mardi 25 octobre 2005
Le texte prononcé fait foi
Introduction
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui en compagnie du greffier du Conseil
Privé, M. Himelfarb, afin de répondre à vos questions au sujet de la réponse
du gouvernement au dixième rapport de votre Comité.
J'aimerais d'abord féliciter le Comité pour son engagement à améliorer la
gestion du secteur public. Le Comité a déposé une foule de rapports
renfermant des analyses détaillées des questions qui préoccupent tous ceux
qui, comme nous, s'intéressent à la gouvernance, à la responsabilisation et
à la gestion du secteur public.
Le gouvernement, et plus précisément le portefeuille du Conseil du Trésor,
a soigneusement examiné le travail que vous avez effectué pour élaborer vos
propositions en vue d'améliorer la gestion.
Réponse au dixième rapport du Comité permanent des comptes publics
Passons directement à l'objet du dixième rapport du Comité, intitulé La
gouvernance dans la fonction publique du Canada : obligation ministérielle
et sous‑ministérielle de rendre des comptes.
Le Comité recommande que le Canada adopte une variante du modèle des agents
comptables de Grande Bretagne, en vertu duquel les sous‑ministres seraient
tenus de rendre des comptes sur leur rendement, dans l'exercice de leurs
fonctions et des pouvoirs qui leur sont conférés par la loi, devant le Comité.
Ce dernier recommandait en outre une procédure précise pour régler les désaccords
entre le ministre et le sous‑ministre concernant l'administration et le
fonctionnement de leur ministère. Enfin, le Comité recommande de maintenir les
sous‑ministres en poste pendant trois ans au moins, ceux‑ci
demeurant toujours responsables de toute négligence et de tout acte répréhensible
même après leur départ.
Dans sa réponse, le gouvernement a reporté l'examen de certaines questions
clés, estimant qu'elles devaient être replacées dans le contexte plus large
du programme gouvernemental d'amélioration de la gestion.
Je suis heureux de soumettre aujourd'hui des réponses plus complètes et
plus directes aux questions soulevées dans votre rapport, de même que le texte
du programme gouvernemental d'amélioration de la gestion dans le but de fournir
le contexte nécessaire.
Vendredi dernier, j'ai procédé à plusieurs annonces au sujet du programme
de gestion – par exemple, j'ai annoncé des mesures visant à renforcer l'intégrité
de la vérification et de la surveillance, y compris une nouvelle Politique
sur la vérification interne.
J'ai aussi annoncé d'importantes mesures pour améliorer les rapports destinés
au Parlement et aux Canadiennes et Canadiens. En outre, j'ai annoncé que je
mettrai sur pied un comité de supervision externe qui sera chargé de fournir
des conseils sur la mise en œuvre des réformes de la gestion de la fonction
publique et de rendre compte de nos progrès. Les parlementaires et la
population canadienne pourront constater par eux‑mêmes nos progrès en
regard de nos objectifs de gestion.
Hier, j'ai fait une importante annonce à l'École de la fonction publique du
Canada au sujet de l'investissement qui sera effectué dans l'apprentissage
continu des fonctionnaires. Cette initiative développera le professionnalisme
et renforcera le leadership au sein de la fonction publique, ce qui nous aidera
à réaliser l'objectif – que nous poursuivons de concert avec les
fonctionnaires – d'être la meilleure fonction publique au monde.
Cela m'amène à vous parler des documents que j'ai avec moi.
Survol des documents clés et du programme de gestion
D'abord, je suis heureux de vous soumettre les deux derniers de la série de
trois rapports d'examen annoncés le 10 février 2004.
Vous vous souviendrez que le premier de ces rapports, intitulé Examen du
cadre de gouvernance des sociétés d'État du Canada, a déposé devant le
Parlement le 17 février 2005. Ce rapport renfermait 31 mesures
destinées à renforcer la responsabilisation des sociétés d'État, et
d'aucuns l'ont qualité de net progrès en vue de moderniser la gouvernance dans
ce secteur.
Aujourd'hui, par le biais de votre Comité, je dépose devant le Parlement l'Examen
des responsabilités et des responsabilisations des ministres et des hauts
fonctionnaires et La Loi sur la gestion des finances publiques :
Pour réagir face à la non-conformité. Je sais que le Comité était
impatient que ces documents soient déposés. Ces rapports sont le résultat de
nombreuses études qui ont débouché sur bon nombre des mesures décrites dans
le troisième document que j'ai avec moi; il s'agit d'un document de travail
intitulé L'amélioration constante de la gestion au sein du gouvernement du
Canada – Notre engagement.
J'ai également soumis cet ensemble de documents au juge Gomery. Nous serons
heureux de prendre connaissance de vos commentaires et de celles du juge Gomery
à l'égard des mesures proposées dans ce document et au besoin, d'ajuster
notre plan d'action.
Ensemble, ces rapports et ce document de travail traitent de l'énorme
quantité de travail effectué depuis que le gouvernement actuel a été porté
au pouvoir, en décembre 2003.
Par suite de vastes consultations auprès de spécialistes du secteur public,
de politiciens, de fonctionnaires à tous les échelons et de Canadiens de
partout au pays, nous avons articulé un plan d'amélioration de la gestion du
secteur public autour de trois thèmes : responsabilisation, réceptivité
et innovation.
Dans un gouvernement responsable, les gens et les organisations
rendent clairement compte de leur rendement. Ils ont le courage de faire ce qui
est juste, d'admettre leurs erreurs et de corriger les problèmes lorsqu'ils
surviennent. Je reviendrai sur des aspects clés de ce thème dans un instant.
Par souci de réceptivité, le gouvernement continuera de répondre
aux attentes de service accru et de veiller à mettre en place les processus
internes requis afin de permettre aux Canadiens d'avoir aisément accès à
l'information et aux programmes gouvernementaux. Avant tout, le gouvernement
veillera à fournir des résultats aux Canadiens et à s'administrer à titre
d'organisation unifiée et intégrée.
Dotés des outils et des systèmes nécessaires, les gens sont au cœur d'un gouvernement
innovateur. Grâce à leur professionnalisme et à leur dévouement, les
fonctionnaires veillent à ce que les Canadiens soient bien servis. Le
gouvernement fournira à ses employés la formation et les outils dont ils ont
besoin pour faire leur travail, et il mettra en place les systèmes qui
conviennent pour aider à générer une information propice à la prise de décisions
réfléchies.
Préciser et renforcer les responsabilités des ministres et
des sous‑ministres
Dans ce contexte, permettez‑moi de décrire brièvement ce qui sera
fait pour préciser et renforcer les responsabilités des ministres et des
sous‑ministres.
Nous avons deux objectifs primordiaux.
En premier lieu, nous souhaitons renforcer la reddition de compte des
ministres auprès du Parlement et du Conseil du Trésor en matière de gestion.
Pour les aider à atteindre cet objectif, nous voulons les sensibiliser à ces
questions et les éveiller aux défis qui se présentent au sein de leurs ministères.
Nous voulons aussi leur donner l'assurance que les mécanismes de gestion et de
contrôle ont été bel et bien instaurés et qu'ils sont efficaces.
Par ailleurs, nous voulons apporter des précisions aux responsabilités de
gestion des sous-ministres dans le fonctionnement quotidien de leurs ministères.
Nous voulons souligner auprès d'eux l'importance de mettre l'accent sur
l'aspect gestion de leurs responsabilités. Nous voulons aussi clarifier qui est
responsable de quoi et mettre en œuvre un processus qui permettra de voir clair
dans les différentes interprétations des politiques de gestion du Conseil du
Trésor, afin que ces dernières respectent en tout point le rôle de ce
dernier.
Permettez-moi de vous donner un bref aperçu de la façon dont nous entendons
atteindre ces objectifs.
De manière à mieux rendre compte au Parlement, les ministres prendront part
à davantage de réunions de comités parlementaires pour fournir des
explications et rendre des comptes au sujet des résultats associés aux activités
de gestion. De même, afin de resserrer la surveillance des enjeux relatifs à
la gestion, les ministres et leurs sous‑ministres seront tenus par le
Conseil du Trésor de rendre compte plus souvent au sujet de leurs plans stratégiques
en matière de gestion et de dépenses, de leurs résultats, des principaux défis
sous l'angle de la gestion et des problèmes éventuels dans leur ministère.
Bien que les recommandations de votre rapport soient largement muettes à ce
sujet, diverses mesures aideront les ministres à exercer un leadership au
chapitre de l'orientation et de la gestion d'ensemble de leur organisation.
Certaines de ces mesures constituent déjà des pratiques exemplaires dans les
ministères et organismes.
Par exemple, dès la nomination d'un ministre, le sous‑ministre lui
certifiera que des systèmes de contrôle de gestion sont prévus pour garantir
que les pouvoirs délégués aux fonctionnaires seront exercés comme il se
doit. Le sous‑ministre dressera le calendrier de séances périodiques de
responsabilisation pour discuter des questions de gestion et passer en revue les
progrès du ministère en regard des priorités établies.
Finalement, les sous-ministres seront appelés, sur une base annuelle, à
rencontrer le Comité de vérification interne à huis clos afin de discuter de
la gestion du risque, des mesures de contrôle et des systèmes de vérification.
Permettez-moi maintenant de vous exposer de quelle façon nous entendons
clarifier la reddition de compte des sous-ministres en matière de gestion.
Alors que les ministres doivent s'assurer de la qualité globale
de la gestion ministérielle, c'est le sous‑ministre qui s'acquitte des
responsabilités courantes liées à la gestion du ministère. Afin de renforcer
leur rôle de gestion, la Loi sur la gestion des finances publiques sera
modifiée pour autoriser le sous‑ministre à assumer davantage de
responsabilités précises de gestion à ce titre, sous la gouverne du ministre,
dont la signature des comptes. Puisqu'il s'agit d'une mesure législative, la
proposition du gouvernement va en fait plus loin que celle du Comité.
Le sous‑ministre devra rendre des comptes au ministre et au Conseil du
Trésor précisément pour s'assurer que les ressources sont organisées, entre
autres choses, pour réaliser les objectifs ministériels de la façon la plus
économique, efficiente et efficace, grâce à des systèmes efficaces de contrôle
interne et conformément aux politiques et aux procédures financières. Ici,
nos mesures reprennent l'essentiel des propositions du Comité.
De plus, nous entendons modifier et réorienter les politiques du Conseil du
Trésor en matière de gestion, de sorte à clarifier les responsabilités des
sous-ministres. Le Cadre de responsabilisation de gestion sera utilisé pour
mesurer la capacité de gestion au sein des ministères et dans l'ensemble du
gouvernement.
J'ajouterai simplement une importante réserve : en accord avec la
proposition du Comité, les sous‑ministres rendront compte non pas au
Parlement mais aux comités parlementaires dans la mesure où ils devront
informer et expliquer. Ils rendront compte à leur ministre, au premier ministre
et au Conseil du Trésor, par le biais du Greffier. Les ministres rendent des
comptes au Parlement.
Empruntant le modèle britannique des agents comptables, le Comité a proposé
que le sous‑ministre signifier son désaccord au ministre dans une lettre
qui précise les motifs du désaccord concernant l'administration et le
fonctionnement de leur ministère.
Je crois que nous avons une meilleure proposition qui souligne justement le rôle
clé du Conseil du Trésor dans la supervision des politiques de gestion. Elle
fait en sorte que le Secrétariat du Conseil du Trésor joue un rôle de premier
plan pour faciliter le règlement des questions avant qu'elles ne deviennent
problématiques, non seulement entre le ministre et le sous‑ministre mais
aussi, par exemple, entre les sous‑ministres et les chefs des finances ou
entre les ministères et le Secrétariat du Conseil du Trésor.
Puisque le Conseil du Trésor est responsable des normes et des politiques de
gestion pangouvernementales et que le Secrétariat doit travailler avec les
ministères pour assurer leur conformité, ce dernier joue un rôle important
pour communiquer, en temps opportun, la bonne interprétation des politiques et
des normes de gestion aux ministères. Si des différends persistent au sujet de
l'interprétation des normes et des politiques, les ministères doivent demander
au Secrétariat de fournir une interprétation anticipée afin de préciser la
question. Cela évitera les litiges sur l'interprétation des normes et des
politiques de gestion du Conseil du Trésor qui obligeraient ce dernier à
trancher. Si la question demeure en suspens, le ministre peut demander au
Conseil du Trésor de se prononcer au sujet de l'interprétation et de
l'application de la norme ou de la politique. Les décisions du Conseil du Trésor
sont communiquées au Bureau du vérificateur général du Canada.
Il s'agit d'un processus très rigoureux qui indiquera clairement qui est
responsable de quoi et constituera un net progrès par rapport à la pratique établie.
Conclusion
Voilà qui met un terme à mon survol des propositions que nous formulons
pour préciser et renforcer les responsabilités des ministres et des
sous‑ministres. Je serai heureux de fournir des précisions au cours de la
période des questions. Il me fera plaisir de vous entretenir plus avant
d'autres éléments de nos propositions, comme celles visant à renforcer les
systèmes ministériels de contrôle de la gestion par le biais de la vérification
interne, la modernisation de la supervision exercée par le Conseil du Trésor,
le renforcement de la conformité ou la promotion d'un rendement de qualité.
Je reconnais que cela représente un fort volume d'information que vous
devrez parcourir et assimiler. Je ne m'attends donc pas à ce que nous puissions
en discuter en détail dès aujourd'hui. Je serai donc très heureux de revenir
ici autant de fois que vous le souhaiterez pour répondre à vos questions au
sujet des initiatives contenues dans ce plan d'action. Je serai heureux de
prendre connaissance de vos réactions et suggestions sur les façons d'améliorer
ce plan. Comme je l'ai dit, il s'agit d'un document de discussion, et nos sommes
tout à fait disposés à tenir compte de suggestions valables. J'ajoute que
nous entendons respecter pleinement les conclusions du juge Gomery en ajustant
les plans en fonction des recommandations de son rapport final.
Je me ferai un plaisir de répondre aux questions que vous
voudrez me poser. Je vous remercie.
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