Discours par
L'honorable Lucienne Robillard
Présidente du Conseil du Trésor, Ministre responsable de l'Infrastructure
et députée de Westmount-Ville-Marie
le 29 mars 2001
Ottawa
Gouvernement en direct : les progrès réalisés et les défis
à venir
1. Introduction : l'engagement de passer à l'action
Permettez-moi tout d'abord de vous dire à quel point je suis heureuse
d'être parmi vous ce midi.
J'aimerais débuter en félicitant Reg Alcock, Jean-Guy Finn et Don
Lenihan d'avoir organisé non seulement cette conférence, mais également
les discussions pancanadiennes sur le gouvernement électronique qui ont
eu lieu au printemps et à l'automne 2000.
Le document de réflexion issu de ces tables rondes décrit un certain
nombre de défis auxquels sont confrontées toutes les administrations
publiques au moment où elles embarquent dans l'aventure du gouvernement
électronique. Des activités comme celle-ci -
où nous pouvons échanger des idées - sont
essentielles si nous voulons tirer pleinement profit de la révolution
technologique qui se manifeste au Canada et partout dans le monde.
Le gouvernement du Canada a pris un engagement clair et sans équivoque
à ce chapitre : faire en sorte que l'administration fédérale soit
parmi les plus branchées avec ses citoyens en offrant d'ici 2004 nos
services et nos renseignements sur Internet.
Pourquoi cet objectif? Pourquoi maintenant?
Parce que notre vision de l'administration publique au XXIe
siècle consiste à mettre les citoyens au centre de la prestation des
services et de l'information. Comment? En ayant recours à la technologie pour réduire les obstacles, étendre la disponibilité
des services et l'accès à ceux-ci pour tous les citoyens, accroître la
pertinence du processus décisionnel et rendre le gouvernement plus
efficace et plus transparent.
Pour y arriver, nous mettons l'accent sur trois grands volets.
D'abord, nous utilisons la technologie pour améliorer la façon dont
nous fournissons des services aux Canadiens. Nous avons analysé nos modes
de prestation de services et nos avons les avons actualisé de manière à
mieux répondre aux besoins exprimés par les Canadiens, pour faciliter
leurs transactions avec leur gouvernement.
Ensuite, nous favorisons le commerce électronique et nous aidons les
sociétés canadiennes à se positionner de manière à être
concurrentielles au sein de la nouvelle économie du savoir. Mon collègue,
le ministre des Finances, a déjà discuté de cet aspect important.
Enfin, nous utilisons les technologies pour établir un meilleur
contact avec les Canadiens et les Canadiennes - pour revigorer notre
démocratie déjà fort dynamique.
2. Gouvernement en direct : les progrès réalisés jusqu'ici
Comme vous le savez, nous travaillons à l'initiative du Gouvernement
en direct depuis un certain temps déjà.
Nous avons déjà accompli des progrès très tangibles.
Nous nous sommes efforcés d'instaurer les cadres législatif et
réglementaire qui nous permettront d'assurer la protection de la vie
privée ainsi que la sécurité des renseignements et des opérations,
pour les citoyens comme pour les entreprises.
Les Canadiens ont le droit de savoir que les opérations qu'ils
effectuent en direct sont à l'abri des regards inquisiteurs. Ils ont le
droit de traiter avec leur gouvernement dans un environnement protégé.
Ils ont aussi le droit de savoir que les renseignements qui les concernent
personnellement sont traités avec toute la discrétion qui s'impose.
Dans cette optique, nous avons déjà promulgué des lois sur la
protection de la vie privée et sur les signatures numériques dans le
secteur privé. De plus, nous avons mis au point un des meilleurs cadres
stratégiques au monde pour ce qui est de l'utilisation d'une
infrastructure à clé publique.
Nous avons instauré des lignes directrices relatives à la protection
des consommateurs sur l'Internet.
Nous avons élaboré une politique en vertu de laquelle nous sommes en
mesure de mieux utiliser la cryptographie.
Nous nous apprêtons à mettre au point, de concert avec un consortium
du secteur privé, un canal protégé, ou courtier de services, qui
assurera la sécurité et la confidentialité des opérations effectuées
en direct.
Ces mesures sont essentielles pour instaurer la confiance du public à
l'égard du gouvernement électronique.
Nous travaillons aussi dans d'autres domaines. Nous sommes à mettre au
point de solides structures de gestion de l'information visant à assurer
le caractère opportun, l'exactitude et la transparence des renseignements
provenant du gouvernement. À mon avis, on ne saurait surestimer
l'importance de l'accès et de la transparence.
Nous avons accompli de réels progrès en faisant en sorte que la
prestation de nos services soit davantage axée sur le citoyen. Le site
Web du gouvernement du Canada, entièrement repensé et lancé en janvier
dernier, en est un bon exemple.
Les personnes qui se rendent sur le site du Canada y trouveront de
nombreuses nouvelles caractéristiques. Parmi celles-ci, mentionnons
l'ajout de trois passerelles vers l'information et les services : une
qui s'adresse aux Canadiens et aux Canadiennes; une autre pour les
entreprises et une dernière destinée aux visiteurs de l'étranger. Cette
nouvelle façon d'organiser l'information traduit les besoins qui ont
été exprimés par les utilisateurs du site.
Comme vous pouvez le constater, nous avons été passablement occupés.
J'estime que les Canadiens et les Canadiennes ont de bonnes raisons
d'être fiers du fait que ce pays est désormais un chef de file dans le
domaine des services gouvernementaux offerts par la voie électronique.
Cela dit, il reste manifestement de grands problèmes à régler et
d'importants défis à relever.
3. Investissements stratégiques
Par exemple, le financement demeure une préoccupation centrale. Un
changement de cette ampleur, même s'il entraînera des gains d'efficience
au fil des ans, requiert un investissement initial important.
Le Budget 2000 consacrait 160 millions de dollars échelonnés sur deux
exercices au lancement et au développement du Gouvernement en direct.
Même s'il s'agit là d'une importante affectation de fonds, l'initiative
Gouvernement en direct a une telle ampleur qu'il faudra y investir
davantage.
C'est la raison pour laquelle je suis très heureuse d'annoncer cet
après-midi qu'un montant additionnel de 120 millions de dollars a été
prévu au titre du Gouvernement en direct pour l'exercice 2001-2002. Cet
investissement stratégique est essentiel à la réussite à long terme
des initiatives du Gouvernement en direct - et c'est pourquoi
il sera consacré à la mise en oeuvre des principaux services en direct
et à l'établissement de l'infrastructure de base nécessaire au soutien
d'un système d'exploitation électronique pour le gouvernement du Canada.
Toutefois, l'argent ne suffira pas à lui seul à relever les défis à
venir.
Il est également impérieux d'avoir une vision, de l'enthousiasme, des
compétences et la volonté de penser et de travailler différemment.
Je crois que nous atteindrons notre objectif d'offrir des services et
des renseignements en direct d'ici 2004.
Nous devons toutefois adopter un point de vue plus global - qui
va au-delà de l'approche progressive - pour couvrir la transformation
de toutes les activités et tous les programmes gouvernementaux, de toutes
les politiques et les consultations publiques, de tous les services axés
sur le savoir, et de tous les services internes offerts aux employés et
aux gestionnaires du gouvernement.
Pour y parvenir, nous devrons procéder par discussion et par
consultation, comme nous le faisons aujourd'hui. Nous aurons aussi besoin
de la contribution des citoyens et d'un débat éclairé avec eux. C'est
la raison pour laquelle je mettrai sur pied dans les semaines à venir un
comité consultatif externe qui nous aidera, moi et mes collègues, à
orienter le programme des services gouvernementaux en direct.
Il y a, après tout, comme je l'ai mentionné, les nombreuses questions
qui restent à aborder.
4. Les défis : tournés vers l'avenir
Par exemple, certains ont avancé que la structure du gouvernement
devait être fondamentalement repensée dans les prochaines décennies. On
pense que les structures intégrées sur le plan vertical qui ont
caractérisé jusqu'ici les institutions du secteur public sont
anachroniques et qu'elles ne conviennent pas à l'ère numérique. Je ne
sais pas si j'irais aussi loin, mais j'estime que nous devons à tout le
moins améliorer la façon dont nous coordonnons et intégrons
l'information si nous voulons fournir aux Canadiens les outils en direct
dont ils ont besoin pour prendre des décisions au sujet de leur vie de
tous les jours et pour accroître l'efficacité et l'efficience de nos
services.
Ce fait est reconnu à grande échelle au sein de l'administration
fédérale ainsi que par nos homologues provinciaux et territoriaux. On
constate un peu partout une plus grande volonté de collaboration. Le
groupement des services, comme sur le site Web du Canada, est un très bon
exemple de cette collaboration. Nous constatons un enthousiasme beaucoup
plus grand, de la part des différents paliers d'administration, pour la
colocalisation des services et le partage des responsabilités en matière
de prestation des services. Cette collaboration donne lieu à une plus
grande coordination des efforts - et à l'établissement d'un guichet
d'accès unique pour les Canadiens.
On constate aussi une grande tendance à la coordination au-delà de
nos frontières. Il y a deux semaines, je prenais la parole, à Naples, à
une conférence de l'OCDE sur le gouvernement électronique. Plus d'une
centaine de pays étaient représentés. J'ai pu constater chez mes
homologues du monde entier un véritable intérêt pour la collaboration
et le partage des leçons tirées de l'expérience pratique.
Manifestement, la transformation des attentes du public apporte un
grand vent de changement. La technologie révolutionne les rapports entre
les citoyens et les fonctionnaires de première ligne, ainsi qu'entre les
décideurs et les élus.
Il suffit d'appuyer sur un bouton pour transmettre directement à ses
correspondants ses pensées, ses idées et ses observations à peu près
partout dans le monde - instantanément. Or, la communication
instantanée requiert une réponse immédiate. C'est certainement une
chose que j'ai été à même de constater à titre de députée.
Les commettants considèrent souvent leur député comme un médiateur
entre eux-mêmes et le gouvernement. Quand ils ont un problème qui
concerne un ministère, ils communiquent avec leur député. Avec le
courrier électronique, ce processus est devenu beaucoup plus facile -
c'est une bonne chose - mais peut parfois ajouter à la tâche du
député.
Évidemment, nos commettants ne sont pas tous branchés. Seulement
44 % des Canadiens utilisent le Web pour avoir accès aux services
gouvernementaux. Tous les citoyens ne sont pas aussi à l'aise devant un
clavier d'ordinateur. Dans notre ferveur pour le gouvernement numérique,
nous ne devons pas perdre de vue cette réalité. Au moment où nous
réinventons le gouvernement, il ne faut laisser personne pour compte. Les
sondages ont révélé que les Canadiens veulent continuer d'avoir le
choix dans la façon dont ils traitent avec le gouvernement - et nous
allons leur donner ce choix. La prestation des services par l'Internet
doit être liée au service en personne et au service téléphonique, et
coordonnée avec ceux-ci. Nous devons en outre assurer la cohérence des
trois voies de prestation des services. Je suis heureuse de dire que notre
initiative Service Canada relève ce défi.
Tous ces changements auront manifestement une profonde incidence sur la
fonction publique du Canada. Aux fonctionnaires ici présents aujourd'hui,
je réaffirme un engagement que j'ai déjà pris : nous veillerons à
ce que vous disposiez des outils et du soutien dont vous avez besoin pour
assurer la transition vers le gouvernement électronique. La fonction
publique est l'une des grandes forces de ce pays, et notre gouvernement
s'est engagé à faire en sorte qu'elle soit prête à relever les défis
du XXIe siècle. Je sais que le greffier du Conseil privé
approfondira plus tard cet aspect.
5. Conclusion
Mesdames et Messieurs, j'aimerais que vous reteniez de ma présentation
d'aujourd'hui que nous nous sommes dotés d'une fondation solide pour le
gouvernement électronique sur laquelle nous continuons à bâtir. Nous ne
pouvons prédire l'avenir - mais nous pouvons néanmoins nous
positionner de manière à faire face aux surprises que l'avenir nous
réserve. C'est l'essence même de l'adoption d'une approche responsable
en matière de gestion publique.
Nous ne pourrons réaliser toutes les promesses du gouvernement
électronique du jour au lendemain - le processus sera long et ardu.
Heureusement, nous sommes déjà bien engagés, et nous ne ferons pas
marche arrière.
Nous sommes privilégiés de pouvoir compter sur des compétences
inouïes ainsi que sur un engagement et un enthousiasme incomparables. De
plus, nous avons une idée très claire de ce que nous voulons accomplir.
J'estime pour ma part que le meilleur est encore à venir.
Merci.
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