Discours par
L'honorable Lucienne Robillard
Présidente du Conseil du Trésor, Ministre responsable de l'Infrastructure
et députée de Westmount-Ville-Marie
le 15 octobre 2001
Ottawa
Introduction
Bonjour. Je suis heureuse d'être ici parmi vous à l'occasion de l'ouverture
de la neuvième édition de la Semaine de la technologie dans l'administration
publique.
Jamais les organisateurs, qui ont consacré des mois à la
planification de cette conférence, n'auraient pu imaginer le climat
dans lequel elle aurait lieu. Je profite de l'occasion pour vous
remercier tout un chacun d'être présents ici aujourd'hui. Je tiens
à remercier tout particulièrement ceux qui sont venus de différents
coins du pays et du monde pour partager leurs connaissances et leurs
expériences avec nous. Il est vrai que la technologie transcende les
distances et le temps et même parfois les différences linguistiques,
mais c'est souvent par les rencontres face à face, le contact humain,
les échanges à bâtons rompus et le partage d'idées et de pratiques
que nous enrichissons vraiment nos expériences et nos vies.
Et c'est précisément ce que nous sommes venus faire ici cette
semaine - apprendre et comprendre et peut-être même trouver de nouveaux
moyens d'utiliser la technologie pour accroître l'efficacité de l'appareil
gouvernemental et améliorer notre qualité de vie.
Notre engagement à l'égard de Gouvernement en direct (GeD)
Comme bon nombre d'entre vous le savent, notre gouvernement a pris le
ferme engagement d'étendre l'utilisation des technologies de l'information
et des communications à tous les secteurs de la société canadienne.
Nous avons d'ailleurs presque fait une marque de commerce de cet
engagement - faire du Canada l'un des pays les plus branchés au monde.
Un de ces engagements est de faire en sorte que notre gouvernement soit
parmi les mieux branchés en offrant à ses citoyens de l'information et
des services en direct d'ici 2004.
En tant que ministre responsable de l'initiative du Gouvernement en
Direct, je tiens à vous dire que je suis bien consciente du défi que
présente la création d'un cybergouvernement. Je suis persuadée que
nous pourrons relever ce défi, mais je sais également qu'il s'agit d'un
projet très vaste, complexe et ambitieux.
Pourquoi donc avoir entrepris une telle aventure?
Parce que nous n'avions pas le choix et qu'il importe donc de bien
faire les choses. Parce que le projet est au coeur même du renouvellement
de notre fonction publique et est le gage d'une démocratie forte et
bien adaptée.
Le Canada est reconnu de par le monde pour son leadership en matière
de GeD et il faut maintenir cette place de choix
Les Canadiens et les Canadiennes sont parmi les plus grands
utilisateurs d'Internet au monde. Il est donc inévitable qu'ils
exigent que nous leur fournissions électroniquement les informations et
les services du gouvernement du Canada. Nous répondrons avec succès à
leurs attentes seulement si nous utilisons les qualités inhérentes d'Internet
- soit le réseautage, la rapidité et l'organisation intuitive, sans
frontières - pour transformer nos modes de prestation de services,
repenser nos processus administratifs et orienter entièrement nos
programmes et services vers les utilisateurs.
C'est l'approche que nous avons adoptée, et nos premières
initiatives dans ce sens ont porté fruit. En janvier dernier (il y a
seulement neuf mois de cela) nous avons affiché le site du gouvernement
du Canada entièrement refait, avec trois nouvelles passerelles d'accès
desservant trois groupes d'utilisateurs - les individus, les entreprises
et les utilisateurs à l'extérieur du pays.
Tous les renseignements et services pertinents sont regroupés sous ces
trois passerelles, qui sont munies de puissants engins de recherche.
Depuis son lancement au début de l'année, les visites sur le site
du Canada ont doublé alors que les courriels abondent. Les améliorations
sont constantes, largement dirigées par la rétroaction des utilisateurs.
La convivialité du site, ainsi que sa navigation, ses passerelles et
les informations et services disponibles ont mérité au Canada une
reconnaissance internationale. Je tiens à féliciter tous ceux et celles
qui ont contribué à faire du Canada un chef de file mondial pour le
Gouvernement en direct.
Maintenant que nous avons acquis un statut de chef de file mondial pour
nos réalisations à ce jour dans le cadre du GeD, demeurer au premier
rang ne pose aucun problème !
C'est pourquoi nous avons pris des mesures pour accélérer la
prestation des services en direct. Plus particulièrement, nous avons
procédé à des investissements stratégiques en créant un fonds central
pour financer des « projets phares » qui innoveront
dans le domaine de la prestation électronique des services à l'échelle
de l'administration fédérale. Plus de 80 projets phares sont en cours.
Ils favorisent la prestation de services interactifs clés, le
regroupement de l'information par sujets et la mise à l'essai de
technologies.
Grâce à certains de ces projets phares et aux projets ministériels
de prestation électronique des services, nous avons commencé à offrir
des services interactifs en direct, ce qui nous donne une idée des
avantages et des problèmes associés à la prestation électronique des
services.
Par exemple, l'Agence des douanes et du revenu du Canada a été l'un
des premiers ministères à permettre aux Canadiens et aux Canadiennes d'effectuer
des transactions en direct- je ne sais pas pourquoi, mais il semble,
quelle que soit l'administration, que le service fiscal soit toujours
parmi les premiers à offrir des services en direct. C'est peut-être
une question de perception efficace des impôts.
Quoi qu'il en soit, le lancement, cette année, de NetFile a permis
aux Canadiens et aux Canadiennes de produire leurs déclarations de
revenus par voie électronique. Nous avons tiré deux leçons de cette
expérience : premièrement, que la prestation des services en direct
procure des avantages - pour les utilisateurs (plus facile et plus
pratique) et pour le gouvernement (plus précis); deuxièmement, que la
prestation d'un soutien téléphonique est essentielle à la mise en oeuvre réussie et à l'utilisation d'un nouveau service en direct -
il faut absolument assurer une gestion et un soutien intersectoriels. Par
exemple, alors qu'environ 1,5 million de Canadiens se sont servis de
NetFile pour produire leur déclaration de revenus, le nombre d'appels
des citoyens a augmenté et la nature des appels a changé - outre les
questions habituelles concernant la façon de remplir sa déclaration et
les règles fiscales, les Canadiens qui souhaitaient produire leur
déclaration par voie électronique appelaient pour savoir comment allumer
leur ordinateur et comment installer les logiciels nécessaires!
La mise en place d'une infrastructure de communication et de service
commune, intégrée et protégée constitue un autre élément essentiel
du plan que nous avons conçu pour maintenir notre statut de chef de fil
en matière de cybergouvernement.
Le « canal protégé », comme l'a si justement baptisé Bell Nexxia, le consortium du secteur
privé chargé de sa mise en place, offrira l'infrastructure dans l'ensemble
du gouvernement nécessaire pour assurer la sécurité et l'efficacité
des transactions électroniques avec le gouvernement du Canada. Il offrira
des services d'identification, d'authentification, de signature
numérique et de certification en direct - et tous les autres éléments d'une
infrastructure à clé publique à l'intention de tous les Canadiens et
les Canadiennes. En outre, il jouera le rôle de courtier en services
chargé d'acheminer les demandes et les transactions au bon endroit et
offrira un système de messagerie protégée et des répertoires communs.
Le concept du canal protégé et son mode de mise en oeuvre seront uniques
au monde.
Tous ces éléments de notre initiative du Gouvernement en direct
reposent sur des consultations approfondies et soutenues auprès des
citoyens et des entreprises, ce qui nous permet de mieux comprendre leurs
attentes et leurs préoccupations pour pouvoir réorienter nos services et
nos processus administratifs et mieux utiliser les technologies et
techniques de pointe.
Au cours des prochains mois, nous allons commencer à utiliser un autre
mécanisme de rétroaction constante - soit un panel d'utilisateurs
Internet, ou si vous préférez, des groupes témoins virtuels, qui nous
répondront en direct et nous permettront de tester de nouvelles fonctions,
techniques et structures de services. Largement composé d'utilisateurs
Internet chevronnés, ce panel nous permettra d'être à la fine pointe
des tendances d'utilisation d'Internet et de mettre à niveau
régulièrement nos sites, services et fonctions électroniques.
De plus, le 26 septembre dernier, je participais à la première
rencontre du Groupe conseil sur le GeD. Celui-ci regroupe des
représentants de divers secteurs d'activités de la société
canadienne - des citoyens ordinaires, des entrepreneurs du secteur privé,
des universitaires, et des représentants de groupes bénévoles et
communautaires. Le groupe conseil qui est co-présidé par M. Guy Savard,
vice-président du conseil et président du conseil des opérations du
Québec de Merrill Lynch Canada et Mme Barbara Stymiest,
présidente et chef de la direction de la Bourse de Toronto, nous fournira
de précieux conseils pour faire en sorte que les services gouvernementaux
répondent aux besoins des citoyens et des entreprises canadiennes
Dans les prochaines semaines, les 28 ministères du GeD afficheront
leurs plans en matière de prestation de services en direct. Ces plans
permettront aux Canadiens et aux Canadiennes d'anticiper ce qui leur
sera possible de faire en direct avec le gouvernement du Canada d'ici
2004. Il est acquis que ces plans seront appelés à évoluer au fils des
trois prochaines années, et au fur et à mesure que nous vivrons l'expérience
de la transformation électronique.
Le GeD - un nouveau moyen d'assurer le service au public
J'ai mentionné au début que notre projet de mise en oeuvre d'un
cybergouvernement a été conçu dès le départ afin d'être axé sur
les utilisateurs ou les citoyens. Notre structure de gouvernance pour le
GeD s'articule donc également autour de cette approche. Dans chaque
ministère, il y a un responsable du GeD chargé de diriger le passage au
cybergouvernement à l'échelle du ministère et d'en faire rapport.
Des cadres supérieurs jouent aussi le rôle de champions pour chacun des
trois portails et chacun des groupes pluricellulaires.
On a créé des conseils interministériels responsables de l'architecture
fédérée, de l'infrastructure commune et des principaux secteurs d'intervention.
Il existe également des chefs de fil chargés de l'élaboration de
procédés administratifs communs à l'échelle de l'administration
fédérale.
Il en résulte un gouvernement horizontal ou, en d'autres termes, un
gouvernement sans frontières. Des collectivités fonctionnelles voient le
jour et collaborent entre elles. On assiste à la création de réseaux
qui visent un objectif commun - servir le citoyen en tenant compte de ses
besoins.
Alors que les programmes, les services et les responsabilités des
ministères restent bien définis, la capacité et la volonté de
regrouper ces programmes et services et de fournir des services homogènes
d'un ministère à l'autre sont de plus en plus manifestes. Il suffit
de constater le travail collectif des fonctionnaires pour mettre en place
le cybergouvernement. Le GeD et, de façon générale, l'utilisation de
la technologie à l'échelle de l'administration fédérale sont en
train de transformer radicalement la façon dont les fonctionnaires sont
appelés à assurer des services améliorés, à bien réfléchir aux
politiques gouvernementales, à conseiller les ministres et à tracer
leurs plans de carrière.
À cet égard, le GeD s'avère être un élément clé de nos efforts
destinés à attirer les employés les plus talentueux et les plus
prometteurs et à les maintenir en poste de sorte que la fonction publique
canadienne demeure l'une des meilleures au monde. Les citoyens ne
veulent rien de moins - nous n'exigeons rien de moins.
Nos autres initiatives, telles la modernisation de la gestion des
ressources humaines et du cadre législatif, constituent également des
éléments clés du changement et du renouvellement de la fonction
publique fédérale. Cependant, le GeD a une incidence immédiate et
directe sur la culture de la fonction publique et sur votre capacité de
travailler en équipe, de prendre des décisions et de gérer.
En ma qualité de ministre responsable de veiller à la modernisation
du cadre de gestion des ressources humaines dans la fonction publique, je
suis persuadée que les modifications envisagées seront
plus efficaces en raison des changements très pratiques qui ont été
apportés par suite de la mise en oeuvre du projet GeD. La prestation de
services en direct réduit les formalités administratives, favorise le
renouvellement des procédés opérationnels et la rationalisation des
services administratifs, permet le regroupement des services
administratifs au sein de l'administration fédérale, vous offre plus d'avantages
et de pouvoirs et vous donne plus d'occasions de prendre des décisions
en direct.
Le GeD - catalyseur du changement démocratique
Un des meilleurs exemples récents du changement de culture qui s'opère
dans la fonction publique est la création sur le site du Canada, dans les
heures qui ont suivi les attentats contre les États-Unis, le 11 septembre
dernier, d'un lien électronique à un site américain sur la gestion de
la crise.
Grâce aux réseaux établis pour livrer l'initiative du Gouvernement
en direct, les fonctionnaires de différents ministères fédéraux ont
monté de leur propre initiative, un site Internet pour répondre
instantanément aux demandes d'information des citoyens concernant le
transport aérien, les postes-frontaliers, l'aide à fournir aux
victimes, etc. Ainsi des informations sont venues automatiquement des
Affaires étrangères, du ministère des Transports, de l'Agence de
douanes et de revenus, de la Défense nationale, du ministère de la
Santé, de la Justice, etc. Ce qui est fascinant, c'est qu'il n'y a
pas 20 sites qui ont été montés - ce qui aurait été le réflexe
normal - mais un seul, pour répondre justement aux demandes des citoyens
- des citoyens qui voulaient avoir un point de repère instantané,
intégré et facile d'accès.
Imaginez ce que pourrait représenter cette capacité collective de
travailler sur un plan panministériel, sur l'ensemble des services et
activités gouvernementales, et ce pour servir le citoyen ou la citoyenne
selon ses besoins.
Imaginez ce que pourrait être la relation directe entre la citoyenne
et le citoyen et son gouvernement. Une relation qui permet d'influencer
l'orientation des politiques, qui facilite l'accès aux services quand
on le veut, où qu'on vive, dans la langue officielle de son choix et
qui permet d'avoir une vue d'ensemble sur le gouvernement. C'est à
ce point nommé que nous aurons réalisé les bénéfices démocratiques
du GeD.
Nous vivons cette transformation majeure. Nous la vivons par étapes,
en pièces détachées, mais en bout de piste, nous aurons, vous aurez,
changé et modernisé le gouvernement dans son ensemble.
Conclusion
Ce soir, vous aurez l'occasion de reconnaître et de récompenser
ceux et celles qui ont contribué à la transformation électronique des
administrations publiques à tous les niveaux.
Ce soir, alors que nous célébrons l'excellence et les réalisations
de fonctionnaires dans la gestion de l'information et de la technologie
dans le secteur public, prenez quelques instants pour réfléchir aux
changements qui ont été opérés par les candidats, par les finalistes
et par les lauréats. Chacun d'entre eux est un élément essentiel d'un
projet vaste et complexe de renouvellement des administrations publiques
afin de les rendre mieux adaptées aux réalités du XXIe
siècle.
C'est un objectif que je partage avec vous tous et qui est au coeur même
du cybergouvernement. Je suis persuadée que, ensemble, nous pourrons
relever le défi.
Merci de votre attention.
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