Discours par
L'honorable Lucienne Robillard
Présidente du Conseil du Trésor, Ministre responsable de l'Infrastructure
et députée de Westmount-Ville-Marie
le 29 octobre 2001
Ottawa
Mesdames et Messieurs, bon après-midi.
C'est un réel plaisir d'être ici aujourd'hui parmi vous et j'aimerais
remercier M. Awad Loubani et le comité exécutif du Conseil national des
minorités visibles de la fonction publique fédérale de m'avoir invitée.
J'aimerais également remercier les organisateurs de ce symposium de
nous avoir réunis pour discuter d'une question qui, à mon avis, est
essentielle pour l'avenir de la fonction publique. C'est-à-dire,
comment nous pouvons travailler en collaboration en vue de nous assurer
que nos institutions publiques reflètent la diversité du public que nous
servons.
Lors de l'activité Umoja tenue en juin dernier, j'ai confirmé mon
engagement à cet égard. Je suis ici aujourd'hui pour réitérer mon
engagement tout aussi ferme à l'égard de la diversité et de l'égalité.
L'importance de la diversité
Nous vivons maintenant dans un monde très différent de celui qui
existait avant les attentats terroristes aux États-Unis.
La tragédie du 11 septembre a touché le Canada et les Canadiens de
bien des façons. Cette tragédie a ébranlé notre sens commun de
sécurité et nous avons maintenant peur de l'inconnu. Au lendemain des
attentats, on s'est dit inquiets qu'il y aurait davantage d'intolérance,
de méfiance et de préjugés à l'endroit des personnes au Canada qui
semblaient être d'origine arabe ou du Moyen-Orient ou de croyance
musulmane, et il y a eu des réactions de ce genre dans notre pays et, on
me dit, peut-être même au sein de la fonction publique.
Ces réactions sont tout à fait inacceptables.
Depuis le 11 septembre, le Premier ministre nous a rappelé à maintes
reprises que l'immigration est essentielle pour l'expérience et l'identité
canadiennes. Il a, par ailleurs, ajouté que nous devons, maintenant plus
que jamais, réaffirmer les valeurs fondamentales de notre Charte des
droits et libertés : l'égalité de toutes les races, toutes les
couleurs, toutes les religions et toutes les origines ethniques. Ces
valeurs et ces traditions ne seront pas sacrifiées sous la pression de
ces circonstances exceptionnelles.
En tant que pays, nous devons maintenir l'espoir, la liberté, la
démocratie et l'égalité.
Les femmes et les hommes de la fonction publique du Canada, qui sont au
service de notre grand pays multiculturel, doivent absolument demeurer le
reflet de ces idéaux.
Maintenant plus que jamais, la diversité est une réalité canadienne.
Dans les dernières décennies, nous avons été témoins de la
transformation démographique du Canada, un pays où une première vague d'immigration
largement européenne s'est jointe aux premières nations et qui
accueille désormais des personnes de toutes nationalités et de multiples
origines.
Comme l'a si justement souligné le Groupe de travail sur la
participation des minorités visibles à la fonction publique fédérale,
il suffit de se promener dans la rue et de regarder les visages qui nous
entourent pour constater la richesse de cette diversité à la grandeur de
notre pays. Je suis également particulièrement fière de voir que
plusieurs de mes collègues membres du parlement sont issus de
différentes communautés culturelles.
Notre véritable défi est donc de transposer cette réalité
canadienne en une participation accrue à la Fonction publique du Canada.
Faire place au changement
Nous avons maintenant l'occasion de renouveler et de rajeunir la
fonction publique en puisant dans un marché du travail de plus en plus
hétérogène.
Les minorités visibles constituent près de 9 % de la population
disponible sur le marché du travail dans laquelle nous recrutons nos
employés. Pourtant, les personnes de minorités visibles représentent
6.1 % de la fonction publique. De plus, nous voyons très peu d'employés
de minorités visibles occuper des postes de direction.
Ces statistiques démontrent le besoin urgent de changements - la
nécessité non seulement d'accroître la représentation des minorités
visibles, mais également d'éliminer tous les obstacles qui peuvent
limiter leur avancement.
Des effectifs composés de personnes de divers milieux ethniques,
linguistiques, culturels et niveaux de scolarisation sont beaucoup mieux
préparés à offrir au public le service exceptionnel qu'il exige et
qu'il mérite.
Ce sont là les principes sous-jacents du plan d'action Faire
place au changement.
Le gouvernement a approuvé ce plan, en juin 2000, en vue de faire de
la diversité une priorité pour une main-d'oeuvre fédérale inclusive.
Le plan souligne les étapes que le gouvernement du Canada devrait suivre
pour représenter davantage la population qu'il dessert.
Comme vous le savez sans doute, le plan inclut l'établissement
d'objectifs d'embauche. Certaines personnes ont dit craindre que
l'instauration d'objectifs soit contraire au principe du mérite, et
qu'elle mène à l'embauche de personnes non qualifiées.
Ce n'est pas le cas. Le principe du mérite est - et demeurera - le fondement de toutes les mesures de dotation dans la fonction publique
fédérale.
Nos objectifs sont ambitieux. Mais les progrès que nous avons
accomplis jusqu'à présent me rendent optimiste et je suis heureuse de
constater l'engagement de professionnels dévoués comme les hommes et
les femmes membres du Conseil national des minorités visibles dans la
fonction publique fédérale. Votre contribution est importante pour nous
aider à atteindre nos objectifs.
Nous savons tous que le gouvernement du Canada a fait l'objet de
pressions exceptionnelles - tant sur le plan financier que sur le plan
opérationnel - depuis les événements du 11 septembre. Mais laissez-moi
vous assurer aujourd'hui que le gouvernement maintient fermement son
engagement d'atteindre les objectifs fixés dans le plan d'action
Faire place au changement.
Les objectifs-repères sont importants, mais le changement culturel qui
doit s'opérer parallèlement à l'augmentation de la représentation
des minorités visibles est un élément tout aussi important dans l'équation.
La modernisation de la gestion des ressources humaines dans l'administration
fédérale
Notre fonction publique est l'une des plus précieuses ressources de
notre pays. Elle est reconnue à l'échelle internationale comme une des
meilleures au monde, en grande partie grâce au dévouement et au
professionnalisme de femmes et d'hommes comme vous.
Nous savons cependant tous qu'il faut changer certaines des lois, des
politiques et des pratiques qui régissent la fonction publique de façon
qu'elles puissent satisfaire aux exigences de notre monde en évolution.
D'ailleurs, le passage suivant du discours du Trône est fort
éloquent : « Innovation et dynamisme, tels seront les attributs d'une
fonction publique à l'image de la diversité canadienne. Elle sera
ainsi en mesure d'attirer et de développer les talents nécessaires
pour servir les Canadiens au XXIe siècle.»
Le Premier ministre m'a demandé en avril dernier d'assumer la
responsabilité de la modernisation de la gestion des ressources humaines
dans la fonction publique.
Et lorsque j'ai accepté ce rôle, j'ai déclaré que l'accent
serait davantage mis sur la valorisation et le bien-être des employés. J'ai
donc annoncé dans les derniers mois plusieurs modifications à des
politiques qui ont un impact direct sur la qualité du milieu de travail
de nos employés.
Ces politiques révisées reflètent l'importance que nous accordons à
notre responsabilité, comme employeur, de veiller à ce que tous
les employés soient traités avec respect et dignité.
Je travaille également avec le Groupe de travail sur la modernisation
de la gestion des ressources humaines dans la fonction publique, dirigé
par Ranald Quail. Et je sais que votre Conseil a déposé, au début du
mois de septembre, ses recommandations.
J'ai examiné avec soin votre présentation au groupe de travail.
Ainsi, je comprends que vous souhaiteriez que nous élaborions une culture
organisationnelle qui respecte la diversité et en tire profit - la
diversité comme style de vie. Soyez assurés que je partage cet objectif !
La diversité, la représentation et l'inclusion sont des éléments
importants des efforts que nous déployons en vue de la modernisation et
je vous remercie de nous faire part de vos points de vue à ce sujet.
L'information que nous avons recueillie au cours des nombreuses
présentations qui ont été soumises et des consultations qui ont été
menées nous aideront à nous assurer que la fonction publique fédérale
est innovatrice et dynamique et qu'elle reflète la diversité du
Canada.
Je peux vous assurer que le gouvernement s'engage à cet effet. Je
présenterai au Cabinet au cours des prochains mois les résultats de nos
délibérations et le travail accompli et nous prévoyons apporter des
modifications à la loi d'ici l'été 2002.
Conclusion
Comme vous pouvez le constater, l'avenir nous réserve de nombreux
défis et nous offre plusieurs possibilités.
Il faut notamment réformer notre cadre de gestion des ressources
humaines, ce qui n'est pas une mince tâche. Je m'attends à ce que
vous constatiez des améliorations importantes dans la manière dont nous
assurons le maintien en poste, le recrutement et le perfectionnement de
nos employés.
Au-delà des modifications législatives et des changements
stratégiques, nous pouvons accomplir beaucoup de travail ensemble. Des
organismes tels que le Conseil national des minorités visibles dans la
fonction publique fédérale sont des partenaires essentiels pour
transformer l'image de la fonction publique fédérale.
Nous devons poursuivre notre travail de collaboration en vue de changer
la culture de nos différents milieux de travail. Ensemble, nous pouvons
apporter des changements concrets dans la fonction publique.
Je vous invite à continuer de rechercher les occasions de
perfectionnement et de partager vos pratiques exemplaires. L'activité
Umoja est un excellent exemple de ce genre d'occasions, tout comme ce
symposium.
Finalement, dans une période difficile comme celle que nous vivons
présentement, il est impératif de défendre avec vigueur nos valeurs de
diversité et le droit d'être à la fois différents et égaux. Nous
avons bâti un pays dans lequel des personnes de différentes religions,
de diverses origines ethniques et de diverses langues peuvent vivre - et
travailler - en harmonie. C'est la façon de faire au Canada. Et il
est de notre devoir de nous assurer que les générations futures
garderont les mêmes valeurs.
Je vous remercie donc de votre invitation, et je vous suis
reconnaissante de m'avoir permis de partager avec vous quelques
réflexions sur l'avenir de notre fonction publique. J'ai bon espoir
de vous voir accomplir beaucoup de choses aujourd'hui et demain.
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