Notes d'allocution pour Charles‑Antoine St‑Jean
par le Contrôleur général du Canada à
l'assemblée générale annuelle
de l'Association des professionnels de la vérification et du contrôle des
systèmes d'information
Ottawa
2 juin 2005
L'allocution prononcée fait foi
Mesdames et Messieurs,
- J'aimerais vous remercier de
m'avoir invité à me joindre à vous aujourd'hui. J'espère que vous avez eu une
assemblée générale fructueuse.
- Même si je prendrai maintenant la
parole pendant une vingtaine de minutes, j'espère que j'aurai l'occasion de vous
entendre durant la période de questions et de réponses qui suivra.
- Votre association existe depuis
longtemps. En tant que membres de cette organisation, vous possédez
collectivement une grande expérience et une grande expertise dans des domaines
variés et en ce qui a trait à un grand nombre des questions que je vais aborder.
- Donc, je serai intéressé à
savoir ce que vous pensez de certains des changements qui surviennent au
gouvernement ces jours‑ci, surtout en ce qui concerne la gestion
financière, la gestion de l'information et la technologie de l'information.
- Je pense que nous sommes à un
tournant dans tous ces secteurs.
- Au cours des dernières années,
il s'est accompli de l'excellent travail, et nous avons posé les fondements du
changement.
- Cependant, aujourd'hui, on nous
demande de faire un énorme bond en avant – plus particulièrement
dans le contexte de la gestion des services administratifs ministériels.
- Avant de vous parler de ce sujet,
toutefois, j'aimerais vous décrire quelques‑unes de mes principales
initiatives, y compris le renforcement de la vérification interne, qui, je le
pense, intéressera au plus haut point beaucoup d'entre vous.
Directeurs financiers
- De façon très générale, mon
mandat consiste à renforcer la fonction de contrôleur et la surveillance à
l'échelle du gouvernement, particulièrement dans les secteurs de la gestion
financière et de la vérification interne.
- L'une des grandes initiatives de
gestion financière est la nomination de contrôleurs ministériels accrédités.
- En attendant, ce rôle est assumé
par les chefs des finances.
- Après de vastes consultations,
nous nous sommes entendus sur un modèle de directeur financier, que nous
soumettrons sous peu à l'approbation du Conseil du Trésor.
- Nous proposons une triple
approche : un modèle pour les organismes les plus importants et les
plus complexes, un pour ceux de taille moyenne et un troisième pour ceux de
moindre envergure.
- J'estime qu'il faudra trois ans
pour graduellement introduire ces changements et cinq années de plus pour les
établir de façon permanente.
- Le plan consiste à déléguer,
avec le temps, de plus grandes responsabilités aux directeurs financiers et aux
ministères. Cette mesure réduira l'intervention du Secrétariat dans les
opérations transactionnelles.
- En fait, j'aimerais que les
directeurs financiers jouent le rôle d'un SCT interne en remplissant en partie la
fonction de remise en question que remplit actuellement le Secrétariat.
- Pour que ces changements aient un
impact réel, nous devons nous assurer que le contrôleur dispose d'un certain
pouvoir au sein de l'organisme, ce qui signifie qu'il doit participer aux
discussions au niveau de la haute direction.
États financiers
- Un autre secteur vers lequel nous
tournons notre attention est celui des états financiers ministériels.
- La section du budget de 2004
intitulée « Renforcer la gestion dans le secteur public » comportait
un engagement selon lequel les états financiers de tous les ministères seront
vérifiés par la vérificatrice générale d'ici à cinq ans.
- Cela représente un projet de
taille, et de concert avec les ministères et la vérificatrice générale, nous
cherchons la meilleure manière de le réaliser.
- Entre‑temps, nous devons
faire en sorte que les états financiers soient exacts, exhaustifs et conformes
aux principes comptables reconnus.
- Pour ce faire, nous avons
entrepris, en collaboration avec les ministères, de remanier les politiques qui
sous‑tendent la production des états financiers.
- Nous consultons les
administrateurs généraux et les membres du personnel financier en vue de la mise
en place de mécanismes appropriés de vérification et de contre‑vérification.
- Nous travaillons également avec
eux à l'établissement d'un cadre qui renforcera les mécanismes de contrôle
internes.
- Ce qui m'amène au prochain sujet
dont j'aimerais vous parler, à savoir la vérification interne.
Vérification interne
- Comme je l'ai dit tout à l'heure,
mon bureau a pour mandat d'améliorer la vérification interne.
- La Politique de vérification
interne touche à tout ce que nous faisons dans ce domaine, et sa révision était
donc notre point de départ.
- Nous avons mené une série de
consultations et avons créé des groupes de travail, dont un comité consultatif
externe formé de membres du milieu universitaire, du secteur privé et
d'instituts professionnels, ainsi que d'anciens représentants du gouvernement.
- Bientôt, nous soumettrons à
l'approbation du Conseil du Trésor les modifications apportées à la politique.
- Je ne crois pas qu'il soit
exagéré de dire que cela représente un tournant pour la fonction de
vérification interne.
- Permettez‑moi de vous parler
brièvement de quelques‑unes des notions que je propose.
- Par exemple, j'aimerais que la
politique remaniée assure l'indépendance organisationnelle de la fonction de
vérification interne et des comités de vérification par rapport aux activités
opérationnelles.
- Autrement dit, nous ne voulons pas
que les vérificateurs relèvent des personnes dont les activités sont
vérifiées, et nous ne voulons pas que les comités de vérification soient
composés des personnes qui gèrent les programmes faisant l'objet d'une
vérification.
- Même si une telle façon de
procéder donne parfois de bons résultats, elle cause inévitablement une
impression de partialité. Cela nuit sérieusement à la crédibilité de la
fonction.
- Les vérificateurs doivent être
libres de poser des questions difficiles et de contester les décisions.
- Ils ont donc besoin d'une
structure hiérarchique qui favorise une telle indépendance.
- Au moyen des révisions proposées
à la politique, je cherche également à fournir aux ministères et organismes le
soutien nécessaire qui leur permettra d'obtenir les ressources dont ils ont
besoin pour effectuer des vérifications de la TI et des vérifications
judiciaires.
- Et mon bureau effectuera des
vérifications dans les petits ministères et organismes.
- Le renforcement des mécanismes de
contrôle internes est un autre but primordial des changements apportés à la
politique.
- En même temps, nous devons
veiller à ce que l'on rende compte de ces mécanismes de contrôle.
- Je propose, par exemple, que les
responsables de la vérification soient tenus de transmettre un avis à
l'administrateur général et au comité de vérification au sujet de
l'efficacité des mécanismes de contrôle internes.
- J'aimerais aussi que les
administrateurs généraux et les directeurs financiers soient tenus de soumettre
des rapports sur l'efficacité des mécanismes de contrôle internes dans leur
ministère ou organisme respectif.
Renforcement de la capacité et perfectionnement de la collectivité
- En raison de tous les changements
qui surviennent actuellement, il est important que nous encouragions et
renforcions les collectivités de la gestion financière et de la vérification
interne.
- Au sein de mon bureau, le secteur
du renforcement de la capacité et du perfectionnement de la collectivité est
résolu à s'attaquer à certaines des questions liées aux ressources humaines
dans ces collectivités; je pense, entre autres, à l'accréditation, à la
classification, au perfectionnement, au recrutement et à la rémunération.
- Je me ferai un plaisir de vous
fournir plus de détails à ce sujet durant la séance de questions et de
réponses.
- Mais maintenant, j'aimerais
poursuivre et me concentrer davantage sur un aspect particulier de nos activités,
soit la TI.
- Lorsque nous examinons ce que nous
souhaitons améliorer, il est important également de reconnaître le travail qui
a déjà été accompli.
- Combien d'entre vous savent
qu'Accenture a récemment classé le Canada au premier rang à l'issue de son
enquête annuelle sur le cybergouvernement? C'est la cinquième année d'affilée
que nous occupons la première place!
- Accenture a souligné notre
prestation continue de services axés sur les citoyens et la sécurité de notre
infrastructure technologique.
- Il s'agit vraiment d'une grande
réalisation dont la collectivité de la TI peut être très fière.
- Parlons maintenant un peu de ce
qui nous attend.
SAMP
- Comme vous le savez, le
gouvernement du Canada se penche depuis plusieurs années sur les possibilités de
créer des services administratifs ministériels partagés.
- Plus récemment, dans le budget de
2005, le gouvernement a réitéré son engagement à appliquer une
« méthode pangouvernementaleà la prestation et à la gestion des services
administratifs ».
- Le but est de mettre en commun les
services transactionnels dans les secteurs comme la Gestion de l'information et
les technologies de l'information, les Ressources Humaines, les Finances et
l'Administration. La vérification interne et l'évaluation pourraient aussi faire
partie de ces services.
- Cet accent mis sur les services
partagés s'inscrit dans l'engagement plus vaste qu'a pris le gouvernement à
l'égard de l'efficience et de la réaffectation des ressources.
- Donc, comment procéderons‑nous
pour donner suite à cet engagement?
- Mon bureau collabore actuellement
avec l'Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du
Canada, avec Travaux publics et Services gouvernementaux Canada et avec d'autres
ministères et organismes pour établir une stratégie en vue de la mise sur pied
d'un système intégré et commun de gestion des finances, du matériel et des
ressources humaines.
- Ce système des Services
administratifs ministériels partagés, ou SAMP, appliquera des processus
opérationnels et des normes relatives à la formation qui seront communs à
l'échelle du gouvernement et qui permettront d'intégrer de l'information
financière ou non financière provenant de diverses sources.
- Le système sera conçu pour
améliorer les décisions budgétaires, la reddition de comptes et la transparence
partout au gouvernement.
- Une fois qu'il sera en place, le
système SAMP nous aidera à aligner davantage l'information sur les priorités,
les dépenses prévues et réelles et les résultats des activités liées aux
programmes.
- Le système SAMP sera géré au
moyen de deux groupes de soutien, et plus particulièrement par deux organisations
de services partagés : l'Organisation de services administratifs
ministériels partagés, qui, pour l'instant, fera partie du Secrétariat du
Conseil du Trésor, et l'Organisation de services partagés liés à la
technologie de l'information, qui fera partie des Travaux publics et qui agira
comme hôte du système d'entreprise du gouvernement du Canada.
- La mise au point d'un système
d'entreprise de planification des ressources offre de nombreux avantages. Par
exemple, nous pouvons :
- améliorer l'efficience et l'efficacité
des opérations, et notamment des mécanismes de contrôle internes,
- faire en sorte que la population en ait
davantage pour son argent,
- produire de l'information uniforme pour
les processus décisionnels au sein des ministères et dans tout le gouvernement.
- Permettez‑moi de m'étendre
un peu sur ce dernier point.
- Je pense que nous sommes tous
d'accord pour dire que nous souhaitons améliorer sans cesse l'information que
nous produisons.
- De nombreux intervenants très
différents, allant des gestionnaires à des sous-ministres, des ministres et des
parlementaires, comptent sur cette information, et elle doit donc être exacte.
- L'un des objectifs de la création
d'une Organisation de services partagés (OSP), est de produire et de transmettre
de l'information plus pertinente, opportune et exacte.
- En vertu du modèle que nous
proposerons au Conseil du Trésor, l'OSP fournirait des ensembles de services aux
ministères et organismes tout en mettant l'accent sur l'uniformisation des
données et des services axés sur les transactions.
- Le modèle établit une claire
distinction entre les fonctions de prestation de services internes de l'OSP et
celles assumées par les différents ministères et organismes.
- Il est important de souligner que
les responsabilités des ministères et organismes ne changeront pas.
- Ils continueront de gérer des
ressources, de prendre des décisions, de surveiller les résultats des programmes
et d'être responsables pour les services de gestion stratégiques (par exemple,
dans le domaine de la planification des ressources humaines).
- Ceux et celles d'entre vous qui
travaillent dans le domaine de la vérification de la TI se demandent peut‑être
comment nous entendons soumettre ce système à des vérifications.
- Si c'est le cas, c'est une bonne
question à laquelle nous n'avons pas encore entièrement répondu.
- L'utilisation du système
d'entreprise pour desservir de nombreuses entités est similaire, dans une
certaine mesure, au recours à des sociétés de services informatiques qui se
faisait dans les années 1970.
- À l'époque, en vertu de ce
régime, on nommait des vérificateurs indépendants pour vérifier l'intégrité
des systèmes. Les clients de ces sociétés se servaient ensuite des rapports
dressés par ces vérificateurs pour vérifier leurs états financiers.
- Dans le contexte du modèle
d'entreprise que nous proposons, les processus opérationnels seront enchâssés
en partie dans le système d'entreprise, seront accomplis en partie par
l'organisation de services partagés et seront exécutés en partie par chacun des
ministères.
- Donc, la vérification de ces
activités de TI nécessitera une approche coordonnée.
- Il serait peut‑être bon que
nous nous inspirions de ce que l'Agence du revenu du Canada (ARC) a fait.
- Cette année, pour la première
fois, les autorités fiscales provinciales demandent aux vérificateurs de l'ARC
d'attester que les systèmes utilisés pour évaluer et percevoir les impôts en
leur nom sont exempts de lacunes importantes.
- Comment procéderions-nous si nous
suivions cet exemple et soumettions le système d'entreprise à une vérification?
- Je pense que le secteur de la
vérification interne du Bureau du contrôleur général assurerait un service de
coordination, voire un service direct, en vérifiant les systèmes et activités
de l'organisation de services partagés au nom des ministères et organismes.
- De leur côté, les équipes de
vérification ministérielles se fonderaient sur les résultats de ces activités
et limiteraient leurs efforts aux parties des processus qui sont exécutées dans
leurs propres organismes.
- Il faut aussi tenir compte du fait
que la vérificatrice générale se fiera probablement beaucoup au système
d'entreprise dans le cadre de sa vérification des comptes publics.
- Ce qui signifie que toute
vérification que nous effectuons devrait être planifiée de sorte que la
vérificatrice générale puisse faire confiance au travail que nous
accomplissons.
- Les sujets que je viens d'aborder
ne représentent que quelques‑unes des questions que nous examinons.
- Dans l'intervalle, l'initiative se
poursuit et un dirigeant devrait être nommé bientôt à la tête de
l'Organisation des services administratifs ministériels partagés (OSAMP).
- La phase I de la mise en
œuvre a été lancée dans un noyau d'organismes centraux, y compris au
Secrétariat du Conseil du Trésor, et un groupe de ministères à vocation
scientifique y participera bientôt.
- Durant cette phase, nous nous
baserons sur notre expérience collective pour façonner le modèle et pour aider
à établir un plan directeur en vue de la transition, à un moment donné, à un
modèle plus vaste qui sera appliqué à l'échelle du gouvernement.
- Je tiens à insister sur le fait
que l'initiative des Services administratifs ministériels partagés n'adoptera
pas une approche de choc. Nous mettrons le système à l'essai à petite échelle,
nous déterminerons ce qui fonctionne bien, ce qui pourrait et ce qui devrait
être amélioré, et nous formulerons des propositions quant à la mise en œuvre
des étapes suivantes. Nous n'avons aucune idée préconçue pour ce qui est de la
teneur des étapes qui suivront. Cela dépendra des évaluations préliminaires.
- De plus, je tiens à souligner que
la consultation des syndicats et des autres partenaires fera partie intégrante du
mode de fonctionnement de l'OSAMP.
Conclusion
- Comme vous pouvez le constater,
nous sommes très actifs ces jours‑ci en ce qui concerne la gestion du
secteur public, qu'il s'agisse de gestion financière, de vérification interne ou
de TI.
- Et en raison de ces changements,
il y aura de nouvelles possibilités intéressantes, qu'il s'agisse de
possibilités de carrière améliorées, d'une mobilité accrue ou de meilleures
possibilités de perfectionnement pour les employés.
- À mesure que nous avancerons sur
tous ces fronts, allant de l'amélioration de la gestion financière et de la
vérification interne à la mise sur pied de systèmes à l'échelle
organisationnelle, nous aurons besoin de votre aide.
- Votre expérience et vos solides
compétences professionnelles seront vitales pour nous maintenir sur la bonne voie
et garantir notre succès.
- J'ai hâte de travailler avec vous
au cours des jours et des mois à venir, durant lesquels les défis seront
nombreux, et j'aimerais vous inviter maintenant à me poser des questions et à me
faire part de vos commentaires.
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