Énoncé
économique et mise à jour budgétaire 2000 : Discours
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des matières - Prochain -
Discours de l'honorable Paul Martin, c.p., député
Ministre des Finances
Le texte prononcé fait foi.
Introduction
Monsieur le Président, il y a de cela un peu plus de huit mois, notre gouvernement
déposait le premier budget du nouveau millénaire. Ce budget comportait des
investissements axés sur la santé, lenseignement, lenvironnement et les
enfants. Il prévoyait en outre les modifications structurelles les plus étendues à
avoir été apportées au régime fiscal depuis des décennies. Enfin, il accordait
les réductions dimpôt les plus importantes de ces 25 dernières années.
Nous avons formulé lespoir à lépoque de faire encore plus dans
lavenir. Mon intention aujourdhui est de faire fond sur ce budget et de
confirmer que, grâce à la vigoureuse croissance économique que nous avons connue
jusquici et qui devrait se poursuivre encore, nous pouvons vraiment faire plus.
Le Canada entame le XXIe siècle avec un nouveau dynamisme. Il dispose de
ressources plus grandes et de choix plus nombreux quil nen a eu depuis bien
des années. Nombreux sont ceux et celles qui ont contribué à lessor de notre
nation. Cet essor est le fruit et la récompense du labeur acharné des hommes et des
femmes de notre pays, de leurs efforts et de leur dévouement. Et grâce à ce dévouement
justement, un avenir qui, à une époque, apparaissait utopique, est dorénavant à
notre portée.
Mais pour que cet avenir se réalise, il importe de faire des choix maintenant.
Nous devons définir notre vision en étant convaincus que, en cette ère de
mondialisation, il importe plus que jamais de considérer les choses dans une perspective
nationale, une perspective qui englobe les intérêts de tous les Canadiens et de
toutes
les Canadiennes.
Notre vision doit nécessairement reposer sur la conception dune société
canadienne qui ne se résume pas à un amalgame dintérêts divergents. Elle doit
reposer en outre sur le simple fait que, oui, en tant quadministrateurs, nous avons
la responsabilité de gérer avec sagesse les finances publiques, mais que nous avons
également, en tant que citoyens, des obligations fondamentales dont nous devons nous
acquitter les uns envers les autres.
La situation économique et les finances publiques
Monsieur le Président, le Canada a récemment obtenu des résultats économiques
renversants. Les trois mois qui viennent de sécouler constituent notre vingtième
trimestre de croissance consécutif, la plus longue période dexpansion depuis
le milieu des années 1960.
Lexcédent de la balance courante a atteint un sommet absolu.
Notre endettement extérieur, en pourcentage de léconomie, na jamais été
aussi bas en plus de 20 ans.
Au cours des 12 derniers mois, les Canadiens ont créé plus de 360 000 emplois.
Notre taux de chômage est tombé à 6,8 %, un des plus faibles en 24 ans.
Et en conséquence, pour une troisième année daffilée, le Canada domine tous
les pays du G-7 au plan de la création demplois.
En ce qui concerne le domaine crucial quest la productivité, la nôtre a crû,
cette année, à une vitesse près de 2 fois supérieure à la moyenne des 10 dernières
années.
Et plus important encore, les Canadiennes et les Canadiens commencent à voir leur
revenu disponible réel augmenter commencent à vivre des fins de mois avec plus
dargent en poche. Voilà le test ultime de tout programme économique. La marque du
progrès véritable. Car laugmentation du revenu disponible signifie que de plus en
plus de Canadiennes et de Canadiens partagent la prospérité de notre nation; que
les progrès accomplis au chapitre des finances publiques commencent, dune manière
tangible, à se transmettre aux finances privées, à celles des familles canadiennes.
En somme, Monsieur le Président, nous pouvons être fiers des résultats économiques
récents affichés par le Canada. Cela dit, lÉnoncé daujourdhui ne
porte pas sur le chemin parcouru, mais bien sur celui à parcourir. Car nos
perspectives davenir comptent bien plus que les progrès du passé.
Les prévisions du secteur privé
Une fois encore, en vue de planifier pour lan prochain et les années qui
suivent, le gouvernement a demandé aux économistes en chef des grandes banques à charte
canadiennes et de quatre grandes firmes de prévisionnistes délaborer des
projections économiques et budgétaires.
Je tiens ici à remercier, au nom du gouvernement, toutes les personnes qui ont
participé à cet exercice. Leur contribution a été dune valeur incalculable, et
grâce à eux, les projections que nous utilisons à des fins de planification reposent
sur lanalyse la plus rigoureuse possible.
Les résultats sont les suivants.
Premièrement, en moyenne, les prévisions du secteur privé sont que léconomie
canadienne devrait connaître une croissance de 4,7 % cette année, 3,5 %
lan prochain, et environ 3 % par la suite.
Deuxièmement, sur la base de ces chiffres, si lon tient compte de la réserve
pour éventualités et de la mesure de prudence, et si lon déduit aussi les sommes
liées aux récents accords sur la santé et le développement de la petite enfance,
la moyenne des prévisions économiques quant à la taille de lexcédent sont,
à des fins de planification, les suivantes :
en 2000-2001, 12,2 milliards de dollars;
en 2001-2002, 10,9 milliards de dollars;
en 2002-2003, 11,5 milliards de dollars;
en 2003-2004, 11,3 milliards de dollars;
en 2004-2005, 7,0 milliards de dollars;
et en 2005-2006, 10,7 milliards de dollars.
Ce sont là des chiffres encourageants, mais ne nous leurrons pas. Ce nest
pas parce que nous dégageons un excédent que nous avons, du coup, carte blanche pour
dépenser. Un excédent nous donne la possibilité de faire des choix judicieux. Il
représente la possibilité daméliorer la qualité de vie des Canadiennes et des
Canadiens et daccroître la marge de manuvre dont nous devons disposer pour
prospérer au sein de la nouvelle économie.
Monsieur le Président, à la lumière de ces prévisions des excédents, la question
à laquelle nous devons maintenant répondre est claire : Comment atteindre le
juste équilibre entre le remboursement de la dette, la réduction des impôts et les
investissements qui simposent?
Notre plan
Voilà pourquoi nous devons disposer dun plan à long terme. Dun plan qui
repose sur la compréhension de léconomie daujourdhui, mais
surtout, des changements que nous aurons à accomplir en vue de demain. Il ne fait aucun
doute que nous sommes aux toutes premières étapes dune révolution sans
précédent, dune nouvelle économie fondée sur une cascade de percées
technologiques dans un monde sans frontière.
Seuls quelques pays deviendront les chefs de file de ce monde nouveau. Nous voulons que
le Canada soit lun deux. mais pour y parvenir, nous devons être aux
avant-postes du progrès technologique, les tous premiers à percer des marchés nouveaux.
Nous devons établir les normes auxquelles les autres pays devront se mesurer. Nous devons
être une économie dinnovateurs, et non pas dimitateurs. Nous devons être
aussi une société qui a comme principe de base quil ne peut y avoir de
réussite sans égalité des chances.
Monsieur le Président, notre seul but ne doit pas être dafficher de meilleures
statistiques, mais daider un plus grand nombre de gens en donnant aux Canadiens
les moyens daméliorer leur qualité de vie. Cest pourquoi notre plan
comporte quatre grands volets.
En premier lieu, il faut investir dans notre tissu social dans les soins de
santé et dans les autres sphères qui reflètent ce sentiment de solidarité
quéprouvent les Canadiens et les Canadiennes, les uns envers les autres.
En deuxième lieu, il faut renforcer lenseignement, la recherche et
linnovation, car ces secteurs sont essentiels à la réussite dans une
économie axée sur le savoir.
En troisième lieu, il faut rembourser la dette nous devons le faire pour nos
enfants.
Et en quatrième lieu, il faut réduire les impôts, parce que les Canadiennes et les
Canadiens méritent de conserver une plus grande partie de largent quils
gagnent.
Investir dans la population canadienne
Monsieur le Président, pour donner de bons résultats, un plan doit représenter
un juste équilibre entre un large éventail de facteurs.
Dune part, les Canadiens et les Canadiennes veulent que leurs impôts soient
gérés avec le même soin que celui dont ils font preuve à légard de leurs
finances personnelles. Et cest là une attitude parfaitement légitime de leur part.
Quils ne sen fassent surtout pas : nous continuerons dêtre
frugaux. Au cours des cinq prochaines années, nous veillerons à ce que le taux
daugmentation des dépenses de programmes soit inférieur au taux de croissance
de léconomie.
Dautre part, les Canadiens veulent que nous investissions dans les domaines qui
comptent le plus. Rappelons-nous toujours que les gouvernements sont jugés selon
les priorités quils choisissent. Nos priorités ont toujours été
claires : depuis que nous sommes parvenus à équilibrer le budget, en 1997-1998,
y compris à la suite des mesures que jannonce aujourdhui, près des
trois quarts de nos nouvelles dépenses ont été consacrées aux soins de santé,
aux enfants et à lenseignement. Il sagit des priorités des Canadiens et des
Canadiennes et il sagit des bonnes priorités. Elles viennent nous
rappeler quun pays nest pas un livre de comptes. Il est la projection
dun peuple, de ses rêves, de ses aspirations.
Les soins de santé
Monsieur le Président, rien na plus de valeur aux yeux des Canadiens que la
qualité des soins de santé. Le régime dassurance-maladie incarne plus que tout le
sentiment de solidarité que nous éprouvons les uns envers les autres. De là toute
limportance des ententes conclues le mois dernier entre le premier ministre du
Canada et ceux des provinces et des territoires afin de renouveler notre système de soins
de santé.
Lengagement du gouvernement fédéral sélève à 23,4 milliards de
dollars, lun des investissements ponctuels les plus élevés de lhistoire
des gouvernements canadiens. De cette somme, 1 milliard de dollars sera
consacré à lacquisition déquipement médical essentiel, notamment des
appareils dimagerie par résonance magnétique et des tomodensitomètres.
Et 21,1 milliards de dollars seront ajoutés au Transfert
canadien en matière de santé et de programmes sociaux, de façon à ce que les
provinces et les territoires puissent accélérer les changements requis pour
que les Canadiens et les Canadiennes reçoivent les soins de santé de qualité
quils méritent, et afin daccroître le nombre de médecins
et dinfirmières, de raccourcir les listes dattente et de réduire
le temps dattente dans les salles durgence.
Lenvironnement
Lenvironnement est un autre des domaines où le gouvernement doit investir afin
de protéger la santé des citoyens. Nous savons tous à quel point la qualité de notre
existence est étroitement liée à la qualité de lenvironnement, à la pureté de
lair et de leau. Cest la raison pour laquelle nous avions prévu,
dans notre dernier budget, une somme de 700 millions de dollars pour le financement
dinitiatives environnementales.
Le plan que je vous présente aujourdhui comprend les 500 millions de
dollars additionnels annoncés récemment pour résoudre les graves problèmes posés par
le changement climatique et la pollution atmosphérique. Cela porte à 1,2 milliard
de dollars les investissements consacrés cette année à des mesures environnementales.
Le savoir
Monsieur le Président, nous avons affirmé la nécessité pour le Canada
dexceller au chapitre de linnovation et dêtre parmi les chefs de file
de la nouvelle économie. Pour y arriver, tous les ordres de gouvernement et tous les
secteurs de la société doivent, de concert, mettre le savoir, que ce soit à
lécole, au travail et dans tous les aspects de la vie, au sommet de leurs
préoccupations.
Noublions pas que la réussite au sein de la nouvelle économie ne sera pas
tributaire uniquement de la technologie; il faut aussi créer un environnement marqué du
sceau de lexcellence, dans lequel les Canadiennes et les Canadiens pourront mettre
à profit leurs talents, leurs compétences et leurs idées.
Cela commence au plus jeune âge. Voilà pourquoi nous avons consacré
2,2 milliards de dollars tout spécialement au développement de la petite enfance.
Ces ressources permettront aux provinces et aux territoires dinvestir dans la santé
et ce, aux étapes de la grossesse, de la naissance et de lenfance. Ces fonds
sont affectés aux programmes préscolaires, aux services de garderie ainsi quaux
services daide à la famille et dinformation des parents. Avec ces ressources
en place, nous aiderons nos jeunes enfants à prendre le meilleur départ possible
dans la vie, et à être prêts à apprendre lorsquils commencent lécole.
Devenus adultes, ces enfants disposeront ainsi de tous les atouts quil leur
faut pour réussir.
Monsieur le Président, lune des priorités de nos quatre derniers budgets était
de permettre aux Canadiens et aux Canadiennes de profiter des meilleures perspectives
dapprentissage et de recherche possibles au Canada. Aujourdhui, nous irons
encore plus loin.
Les étudiants canadiens comptent sur le crédit dimpôt relatif aux études pour
compenser le coût des livres et du logement et dautres dépenses. Aussi récemment
quen 1995, cette déduction était de 80 $ par mois. Durant les dernières
années, nous lavons fait grimper à 200 $.
Aujourdhui, nous faisons plus. Au cours des cinq prochaines années, nous allons
mettre 1 milliard de dollars additionnels dans les mains dun million
détudiants en doublant ce montant à 400 $ par mois à compter du 1er janvier 2001.
Au cours des quatre dernières années, le gouvernement a pris un ensemble de mesures
stratégiques sans précédent pour rebâtir linfrastructure de recherche de nos
universités, pour attirer et garder au Canada les esprits les plus brillants, et pour
élargir leurs perspectives ici, au pays.
Nous voulons que les Canadiens et les Canadiennes puissent faire des recherches de
calibre international, grâce aux Chaires de recherche du Canada, à Génome Canada,
aux Instituts de recherche en santé du Canada ainsi quà la Fondation
canadienne pour linnovation. Ainsi, pour renforcer la participation canadienne aux
travaux de recherche de pointe à léchelle internationale, la Fondation
pourra dégager 100 millions de dollars à même les fonds qui lui ont été
affectés dans le budget de 2000, afin de fournir une aide à légard des
immobilisations rattachées à plusieurs importants projets de recherche conjoints
auxquels participent des universités canadiennes et des centres de premier plan
du monde entier.
De plus, pour quil soit possible de mener des activités de recherche
davant-garde, il faut bâtir une masse critique de ressources. En vue de
constituer le noyau de chercheurs de pointe dont le Canada a besoin, la Fondation
réservera 250 millions de dollars des fonds qui lui ont été affectés dans le
budget de 2000, afin de fournir une aide additionnelle axée sur linfrastructure de
recherche à chaque titulaire dune Chaire de recherche du Canada. Ces fonds seront
distribués de façon à aider en particulier les petites universités. Ainsi, les
avantages qui en découleront seront mieux répartis dans lensemble du pays.
Par surcroît, nous annonçons aujourdhui un nouveau financement de 500 millions
de dollars destiné à la Fondation canadienne pour linnovation :
400 millions pour aider les universités et les hôpitaux de recherche à
légard des coûts de fonctionnement associés au nouveau matériel et aux nouvelles
installations que fournit la Fondation, et 100 millions pour permettre aux chercheurs
canadiens de prendre part à des projets internationaux de recherche de pointe, parce que
poursuivre les meilleures recherches implique la capacité de collaborer avec les
meilleurs scientifiques au monde, depuis une base canadienne forte.
Monsieur le Président, pour que le Canada puisse exercer un leadership dans la
nouvelle économie, nous devons comprendre les possibilités quelle recèle et
comment les saisir; les études requises et comment y parvenir; les compétences en
gestion et comment les acquérir.
Plus encore, nous devons faire de lapprentissage permanent une réalité. À
cette fin, nous annonçons aujourdhui laffectation de 100 millions de
dollars, au cours des cinq prochaines années, au Conseil de recherches en sciences
humaines, afin que le Canada soit à lavant-poste de cette recherche vitale liée à
léconomie du savoir.
La dette
Monsieur le Président, lune des mesures les plus importantes que nous puissions
prendre pour garantir un avenir meilleur à nos enfants est de réduire le fardeau de la
dette qui pèse sur leurs épaules.
Plus dune génération durant, le ratio de la dette au PIB du Canada na
cessé daugmenter. Cependant, ces quatre dernières années, grâce à la fois à
notre Plan de remboursement de la dette et à la croissance de léconomie, ce ratio
a commencé à diminuer, passant de 71 % en 1995-1996 à 59 % aujourdhui.
Aucun pays du G-7 na fait mieux.
Cette trajectoire descendante doit continuer, et elle continuera. En fait, suite aux
mesures que nous prenons aujourdhui, nous prévoyons que le ratio de la dette au PIB
du Canada baissera à environ 40 % dici 2005-2006.
Il y a quelques semaines, nous avons annoncé un remboursement de 12,3 milliards
de dollars de la dette nationale en 1999-2000. Cela porte le total de la diminution
de la dette à plus de 18,7 milliards de dollars au cours des trois dernières
années.
Dorénavant, le gouvernement ajoutera un nouvel élément à son Plan de remboursement
de la dette. Nous allons continuer de mettre de côté une réserve pour éventualités de
3 milliards de dollars. Toutefois, à partir de maintenant, nous annoncerons
chaque automne si nous sommes en mesure daffecter un montant supérieur à la
réduction de la dette cette année-là. Certaines années, nous pourrons le faire.
Dautres, non. Cela dépendra des circonstances économiques du jour. Lorsque
les choses vont bien, les Canadiens et les Canadiennes remboursent leur carte de
crédit. De la même manière, lorsque les choses vont bien, les gouvernements devraient
rembourser leur dette.
Monsieur le Président, jannonce aujourdhui que pour lannée en
cours, nous allons rembourser au moins 10 milliards de dollars de la dette
nationale. Cela veut dire que, au cours des quatre dernières années, nous aurons réduit
la dette nationale de 28,7 milliards de dollars, ce qui se traduira par des
économies de 1,7 milliards de dollars en frais dintérêt, et ce, année
après année. Dorénavant, cet argent pourra être consacré aux priorités des
Canadiens.
Le plan fiscal
Monsieur le Président, passons maintenant aux impôts. Notre plan fiscal est
conçu avec les objectifs suivants à lesprit.
Premièrement, alléger les impôts de tous les Canadiens et de toutes les
Canadiennes, mais en particulier ceux des familles à revenu faible et moyen.
Deuxièmement, aider ceux qui en ont le plus besoin, grâce à des mesures générales
et ciblées.
Troisièmement, promouvoir la création demplois et la croissance économique
afin de donner aux Canadiens et au Canada une longueur davance dans la nouvelle
économie.
Notre plan atteindra ces objectifs non pas en faisant des promesses, mais en
légiférant la plus importante baisse dimpôt dans lhistoire du Canada. Et en
faisant passer lentrée en vigueur de nos mesures au premier janvier 2001, soit
à moins de deux mois et demi dici.
Monsieur le Président, lun des grands thèmes de notre dernier budget et de cet
énoncé économique est la nécessité de promouvoir une culture dinnovation et un
esprit dentreprise au Canada. Si les entreprises investissent, nous voulons
quelles le fassent au Canada. Si elles créent des emplois, nous voulons que ce
soit au Canada. Si des perspectives professionnelles souvrent aux jeunes, nous
voulons que ça se passe ici, au Canada.
Notre régime fiscal doit favoriser et non faire obstacle à latteinte de ces
objectifs. Ça fait un bon moment que les petites entreprises, en particulier les
nouvelles, le disent aux gouvernements. En conséquence, afin daugmenter le capital
disponible pour les petites entreprises, le budget de 2000 autorisait un roulement limité
en franchise dimpôt des gains en capital sur les placements admissibles des petites
entreprises.
À compter daujourdhui, cette mesure sera étendue afin que le montant du
roulement admissible passe de 500 000 $ à 2 millions de dollars. En outre,
la taille des entreprises pouvant en bénéficier grimpera de 10 millions à
50 millions de dollars. Cette mesure aidera les entreprises canadiennes
daujourdhui à saisir de nouvelles occasions, à innover et à prendre de
lexpansion. Quant aux entreprises naissantes, elles sauront mieux se doter des
ressources nécessaires à leur réussite.
Ensuite, à lheure actuelle, les travailleurs autonomes canadiens ont droit à un
crédit dimpôt de 17 % au titre des cotisations de lemployeur et de
lemployé aux régimes de pensions du Canada et du Québec. Cela les désavantage
par rapport aux compagnies, qui peuvent déduire la fraction des cotisations de
lemployeur. Pour éliminer ce désavantage, à compter du 1er janvier 2001,
la fraction des cotisations de lemployeur à ces régimes
sera 100 % déductible.
Monsieur le Président, dans le cadre de notre démarche pour favoriser lesprit
dentreprise et la création demplois au Canada, pour les Canadiens, le budget
de 2000 ramenait le taux dinclusion des gains en capital dans le calcul du revenu,
des trois quarts aux deux tiers. Nous allons plus loin et ce, immédiatement. Nous
baissons le taux dinclusion à 50 %, et nous accordons un allégement fiscal
similaire aux options dachat dactions accordées aux employés.
Monsieur le Président, un régime national dimposition des sociétés se doit
dêtre concurrentiel pour appuyer la croissance économique. Actuellement, le taux
dimposition des petites entreprises est de 12 %. Dans le domaine des grandes
entreprises, il y a un certain nombre dindustries canadiennes qui jouissent
dun taux dimposition concurrentiel de 21 %. Par contre, il y a
dautres secteurs comme celui de la technologie de pointe, où se créent une
grande partie des emplois qui font face à un taux dimposition de 28 %.
Dans le budget de 2000, nous mettions de lavant un plan sur cinq ans afin de
baisser ce taux de 28 % à 21 %. Le plan prévoyait une baisse dun point
de pourcentage cette année, le reste de la baisse devant survenir au bout de
cinq ans. Aujourdhui, afin dassurer que ces compagnies restent
concurrentielles à léchelle internationale, nous accélérons ce plan. Outre le
point de réduction du taux général dimposition qui doit entrer en vigueur
lan prochain, nous accorderons une réduction de deux points au cours de
chacune des trois années suivantes. En accélérant et en légiférant le calendrier
de réduction, nous permettons aux sociétés dinvestir avec certitude,
sachant exactement quand et de combien leur impôt diminuera.
Monsieur le Président, passons maintenant à laspect le plus important de
notre plan fiscal, soit limpôt sur le revenu des particuliers. Dabord et
avant tout, voici quelle incidence aura notre plan sur les Canadiens et les Canadiennes,
et tout spécialement sur les familles à revenu modéré ou moyen ayant des enfants.
Les mesures annoncées dans notre dernier budget, il y a huit mois, se seraient
traduites par des réductions dimpôt de 15 % en moyenne pour les Canadiens.
Aujourdhui, nous poussons ces baisses dimpôt encore plus loin avec une
réduction moyenne de 21 %, et pour les familles avec enfants, de 27 %. Suite
aux mesures de février dernier et à celles annoncées aujourdhui, voici
quelques exemples des économies dimpôt dont profiteront les Canadiens.
Une famille de quatre personnes a deux revenus totalisant 60 000 $. Lan
dernier, elle payait environ 5 700 $ en impôt fédéral. Lan
prochain, à compter du 1er janvier, ses impôts baisseront de
1 000 $, une réduction dimpôt de 18 % la première année. Dans
moins de quatre ans, la baisse atteindra 34 %.
Une mère de famille monoparentale, avec un enfant, gagne 25 000 $ par
année. Lan dernier, elle recevait un bénéfice net de plus de
1 400 $. Lan prochain, à compter du 1er janvier,
elle recevra 800 $ de plus, soit un bénéfice total de 2 200 $.
Une famille de quatre a un seul revenu de 40 000 $. Lan dernier, elle
payait 3 325 $ en impôt fédéral. Lan prochain, à compter du 1er janvier,
elle paiera 1 100 $ de moins, une réduction de 32 %. Dans moins de quatre
ans, ses impôts auront baissé de 59 %.
Un père de famille monoparentale avec un enfant gagne 33 000 $ par année.
Lan dernier, il payait près de 900 $ en impôt fédéral. Lan prochain,
net, il ne paiera plus un sous dimpôt.
Telle est leur histoire, Monsieur le Président. mais que dit-elle au juste?
Elle dit que nous réduisons les taux dimposition de tous les Canadiens et de
toutes les Canadiennes, que nous le faisons de façon significative, que nous allons
plus vite et plus loin que nous lavions promis, et que nous nattendons
pas quelque date indéfinie pour le faire, ces coupures prenant effet dans moins de deux
mois et demi.
Monsieur le Président, passons aux mesures fiscales pour les particuliers.
Pour les Canadiens dont le revenu se situe approximativement entre 60 000 $
et 100 000 $, nous réduisons le taux dimposition supérieur de 29 à
26 % à compter du 1er janvier 2001. Nous éliminons complètement la
surtaxe pour la réduction du déficit dès le 1er janvier prochain.
Dans le budget de 2000, nous nous étions engagés à ramener de 26 à 23 % sur
cinq ans le taux intermédiaire dimposition. Jannonce aujourdhui que les
Canadiens de la classe moyenne nauront pas à attendre cinq ans, ni à se contenter
de 23 %. Nous réduisons ce taux à compter du 1er janvier 2001,
et ce, à 22 %.
Monsieur le Président, laissez-moi maintenant vous décrire notre démarche
dallégement fiscal à lintention des Canadiens à faible revenu. Cest
à eux que nous avons destiné nos premières réductions dimpôt il y a quelques
années, avant même de parvenir à léquilibre budgétaire. Au cours des trois
dernières années, nous avons haussé le seuil à partir duquel on ne paye aucun impôt
net, ce qui a rayé un million de Canadiens à faible revenu des listes dimpôt. Il
y a huit mois, ce qui constituait la plus importante mesure du budget de 2000, nous avons
pleinement restauré lindexation du régime fiscal une mesure qui aide
particulièrement les Canadiens à faible revenu.
Cependant, nous navons pas dit notre dernier mot. Nous avons toujours dit que si
nos moyens nous le permettaient, nous allions faire plus pour les Canadiens à faible
revenu. Et bien, dans chaque budget à venir, nous allons faire plus. Aujourdhui,
nous passons aux prochaines étapes, mais certainement pas aux dernières.
Premièrement, nous allons baisser le taux inférieur dimposition de 17 à
16 % dès le 1er janvier prochain.
Deuxièmement, dans le but daider ces familles qui ont des enfants, nous majorons
de 100 $ par enfant le supplément de la Prestation nationale pour enfants. Ce
montant sajoute à laugmentation de 200 $ déjà annoncée dans le
budget de 2000, ce qui porte la hausse du supplément à 300 $ à partir du 1er juillet
2001. Dans moins de quatre ans, cette hausse du supplément fera en sorte que la
prestation totale pour le premier enfant dépassera les 2 500 $, les prestations
pour les enfants subséquents faisant lobjet de hausses équivalentes.
Troisièmement, Monsieur le Président, avec lhiver qui approche, les Canadiens
commencent à se préoccuper des prix de lénergie qui grimpent et de leur facture
de chauffage. Ce souci est encore plus aigu chez les Canadiens à faible revenu.
Il y a trois semaines, les députés du gouvernement ont proposé une modification à
une motion de lopposition afin que lallégement soit ciblé sur les
personnes qui en ont le plus besoin. Nous sommes daccord. Par conséquent, nous
annonçons, à un coût de 1,3 milliard de dollars, loctroi dune
allocation ponctuelle de 125 $ pour les particuliers et de 250 $ par famille,
afin daider les Canadiens à revenu faible et modeste avec leur facture de chauffage
résidentiel.
Monsieur le Président, notre gouvernement a toujours compris que certaines priorités
ne peuvent être reportées. Laide aux Canadiens handicapés en est une.
Dailleurs, nous avons agi en ce sens, même quand le budget était déficitaire.
Nous avons bonifié le crédit dimpôt pour personnes handicapées à charge,
apporté des améliorations au crédit dimpôt pour frais médicaux, majoré la
déduction pour frais de garde denfants à légard des enfants handicapés et
étendu ladmissibilité au crédit dimpôt pour personnes handicapées.
Aujourdhui, nous allons faire plus encore. Nous allons hausser encore plus le
montant du crédit dimpôt pour personnes handicapées à charge, de
2 386 $ à 3 500 $; de même, nous allons faire passer le supplément
du crédit dimpôt pour personnes handicapées, de 2 942 $ à
3 500 $ dans les cas denfants ayant une déficience grave, et le crédit
dimpôt pour personnes handicapées, de 4 293 $ à 6 000 $.
Monsieur le Président, en 1998, conscients du fardeau de plus en plus lourd que
représente pour de nombreuses familles le vieillissement de la population, nous avons
instauré le crédit dimpôt pour les aidants naturels. Aujourdhui, nous
allons augmenter le montant du crédit de 2 386 $ à 3 500 $ et
ce, à compter du 1er janvier 2001.
Monsieur le Président, nous avions proposé en février de réduire les impôts
de 58 milliards de dollars sur cinq ans. Aujourdhui, les mesures que nous
annonçons vont porter ces réductions à 100 milliards de dollars.
Ce plan fiscal livre de loin la plus importante réduction dimpôt de
lhistoire canadienne. mais il est également équilibré. Il laisse la marge de
manuvre financière requise pour aborder des priorités, comme la santé et
léducation, ces fondations dune société progressiste. Il laisse aussi au
gouvernement la capacité daborder les priorités futures et les circonstances
économiques imprévues.
Limpôt uniforme
Monsieur le Président, dans nos propositions fiscales, nous avons établi ce que nous
allons faire, et pourquoi. Je voudrais maintenant vous parler de ce que nous
nallons pas faire, et pourquoi nous nallons pas le faire.
Premièrement, nous nallons pas dépenser 110 cents de chaque dollar prévu. Nous
nallons pas non plus consacrer chaque denier aux baisses dimpôt, ne laissant
virtuellement rien pour financer les services de base. Nous nallons pas nous laisser
séduire par les prévisions les plus béatement optimistes. Une saine gestion
financière, cela signifie aussi être préparé à essuyer un orage, même quand tous les
météorologistes vous annoncent du beau temps. Dans le passé, des gouvernements se sont
mis en difficulté en oubliant ce principe.
Notre approche a bien servi les Canadiens. Elle nous a fait passer de déficits massifs
à des excédents, dune dette qui grimpe à une qui diminue, dune cote de
crédit à la baisse à une cote de crédit à la hausse. Je tiens à le dire clairement
à ceux qui voudraient nous voir jouer avec les deniers publics comme des parieurs
ny comptez pas. Nous nallons pas transformer les finances publiques en champ
de course.
Deuxièmement, nous nallons pas mettre en uvre un impôt uniforme de
17 %. Ni demain, ni dans cinq ans. Ça na jamais été essayé et
cest inéquitable. Cest inéquitable aujourdhui, et ça ne le sera pas
moins dans cinq ans. Cest inéquitable parce quelquun dont le revenu est de
1 million de dollars aurait droit à une réduction dimpôt de
130 000 $, contre 500 $ pour un particulier ayant un revenu de
25 000 $. Cest inéquitable parce que ça donnerait aux 1 % de
contribuables les plus riches 8 milliards de dollars en coupures dimpôt, soit
près de 30 % du total des coupures proposées. Cest inéquitable parce que
même sous un plan intérimaire de 17-25, ça donnerait encore aux mêmes 1 % de
contribuables les plus riches, 16 % du total de lallégement fiscal.
De tels résultats, loin dêtre le fruit du hasard, correspondent aux désirs des
partisans de limpôt uniforme et reflètent le genre de société quils
voudraient bâtir. Ils accorderaient à ceux qui ont les revenus les plus élevés
des allégements fiscaux qui devraient en toute justice profiter à la classe moyenne. Et
ils ont tort.
Ceux qui prônent limpôt uniforme rejettent le régime dimposition
progressive qui repose sur la capacité de payer des particuliers. Et ils ont tort.
En outre, leur proposition va à lencontre du pacte qui nous unit tous et qui
constitue lessence même de la nation canadienne. Et là encore, ils ont tort.
Conclusion
Monsieur le Président, nous avons parlé aujourdhui des choix qui se présentent
à nous en tant que nation. De la nécessité dune vision assez large pour
comprendre tous les Canadiens et toutes les Canadiennes. Une vision où tous et toutes
prospèrent, dans toutes les régions, et à tous les niveaux de revenu. Une vision qui
repose sur notre engagement mutuel en tant que citoyens de ce remarquable pays.
Monsieur le Président, depuis 133 ans, nous prouvons que nous sommes capables
de bâtir un pays riche de promesses pour tous et prêt à subvenir aux besoins de
ceux et de celles qui sont dans le besoin. Nous prouvons que nous navons pas à
nous contenter de moins, parce que le Canada est capable de plus encore.
Nous avons toujours compris quune vraie communauté ne saurait naître que de
lunion de forces mobilisées dans la poursuite dobjectifs communs et dans le
dévouement à des causes communes en faisant ce qui est juste selon notre
cur, et ce qui est faisable selon notre raison.
Nous refusons de souscrire au principe du chacun pour soi et tout au vainqueur. Comment
pourrions-nous honorer notre engagement si notre vision de lintérêt national avait
létroitesse de nos intérêts personnels?
Monsieur le Président, le Canada se trouve au seuil de sa plus grande heure de gloire.
Ensemble, nous avons fait beaucoup de chemin, nous avons accompli beaucoup. Cela nous a
appris que la prospérité na rien dun nid douillet où lon peut se
reposer à loisir. Au contraire, la prospérité est une aventure qui doit nous tenir
constamment en haleine. Chaque génération de Canadiens et de Canadiennes a su remplir
ses responsabilités et transformer ce qui lui a été transmis en quelque chose de mieux.
Aujourdhui, cette responsabilité nous incombe, celle de traduire le potentiel
que nous avons en nous en la prospérité que nous visons. De bâtir un Canada où les
Canadiennes et les Canadiens sentent quils ne pourraient vivre nulle part ailleurs,
parce que nulle part ailleurs les perspectives ne sont aussi riches.
Voilà les défis que nous devons relever. Voilà les défis que nous allons relever.
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