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Ottawa, le 16 avril 2000
2000-033

Déclaration préparée à l'intention du Comité monétaire et financier international du Fonds monétaire international

L'honorable Paul Martin,
ministre des Finances du Canada

Washington, D.C.
Le 16 avril 2000.

Le texte prononcé fait foi.


Pendant la majeure partie du premier demi-siècle de leur existence, les institutions de Bretton Woods fonctionnaient dans une obscurité relative. L'essentiel des activités de ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales lors des assises bisannuelles de ces institutions retenait surtout l'attention des ministres, des bureaucrates et de quelques curieux.

Or, depuis quelques années, ces mêmes institutions sont scrutées comme jamais auparavant. Cet intérêt de plus en plus marqué traduit l'effet, tant direct qu'indirect, de ces institutions sur le bien-être des particuliers et des familles à l'échelle mondiale. Plus particulièrement, les événements de cette fin de semaine montrent que l'époque où le grand public ne s'intéressait guère à nos activités est probablement à jamais révolue.

En qualité de gouvernements et d'actionnaires, nous sommes de plus en plus pressés de démontrer que ces institutions s'acquittent de manière efficace de leur mandat de favoriser la prospérité mondiale et de réduire la pauvreté. Là où nos efforts ont été insuffisants, on n'hésite pas à réclamer une réforme des institutions et du cadre dans lequel elles évoluent.

Si nous voulons démontrer que ces institutions font partie de la solution des problèmes à l'échelle mondiale au lieu d'y contribuer, nous devons d'abord reconnaître que les pays sont avant tout habités par des personnes et ne peuvent se résumer à une série de statistiques et d'indicateurs économiques.

Notre défi consiste donc à montrer non seulement que les marchés mondiaux sont essentiels à l'amélioration des niveaux de vie, mais que, par l'intermédiaire d'institutions internationales et multilatérales comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), les gouvernements nationaux ont un rôle important à jouer pour favoriser ce bien-être. Bref, si elle est gérée de manière responsable et sensible, l'intégration mondiale constitue, pour des centaines de millions de personnes, le chemin le plus clair et le plus direct pour échapper à la pauvreté.

Il nous incombe de faire en sorte qu'il en soit ainsi et que la combinaison des nouvelles technologies et des marchés ouverts se traduise par des revenus plus élevés, par de meilleures possibilités et par une plus grande sécurité pour les populations de toutes les parties du monde.

Nous y parviendrons si nous réussissons à réformer le système financier international et à l'adapter aux besoins de la population mondiale.

Évidemment, il faudra pour cela que le mandat et les mécanismes de ces institutions évoluent parallèlement au système économique mondial. Les graves crises financières, caractérisées par la volatilité aiguë des flux de capitaux privés, qui ont marqué la fin des années 1990 ont incité les décideurs à déployer d'importants efforts pour atténuer la vulnérabilité de leurs économies intérieures et consolider l'ensemble du système financier international.

Compte tenu du rôle central que joue le FMI dans ce système, il sera essentiel d'y apporter des réformes pour garantir la stabilité et la prospérité économiques futures. L'objectif clé à cet égard consiste à veiller à ce que le FMI contribue de façon efficace à la stabilisation relative des flux de capitaux privés.

Contexte économique mondial

De toute évidence, l'économie mondiale est maintenant remise du traumatisme engendré par les crises financières des années 1990. Nous pouvons maintenant appuyer nos efforts visant à renforcer le système financier international en général et le FMI en particulier sur des conditions économiques plus stables et qui continuent de s'améliorer.

Bien que les perspectives se soient améliorées, nous devons éviter d'être complaisants. En effet, l'expérience des dernières années démontre qu'il faut appliquer des politiques macroéconomiques prudentes et prospectives et renforcer les politiques structurelles saines à toutes les étapes du cycle économique.

Dans ce contexte, il est utile de noter que les risques de détérioration des perspectives de l'économie mondiale résultent de plus en plus de déséquilibres économiques croissants dans les pays industrialisés plutôt que des nouveaux bouleversements des marchés financiers dans les nouvelles économies de marché.

Le personnel du FMI signale avec justesse que la croissance extrêmement vigoureuse observée aux États-Unis est à l'origine d'importants déséquilibres commerciaux qui continuent de s'accroître, de taux réduits d'épargne des particuliers et d'une surestimation possible du cours des actifs, d'où le risque, à terme, d'une correction perturbatrice. Le principal défi pour les décideurs aux États-Unis consistera à favoriser une expansion économique plus lente, et donc plus stable.

Par ailleurs, d'autres pays, particulièrement le Japon et les principaux pays de la zone euro, doivent soutenir un rythme de croissance plus élevé que ce n'est le cas depuis quelques années. Au Japon, la reprise demeure hésitante et se limite à quelques secteurs. Il convient de l'alimenter au moyen d'une combinaison appropriée de politiques économiques.

Cela démontre qu'il faut appliquer des mesures structurelles qui permettent d'ouvrir les marchés et de les rendre plus souples, en plus de favoriser une croissance accélérée. Le gouvernement du Japon devrait appliquer dans les plus brefs délais des réformes structurelles sur plusieurs fronts, dont le secteur financier, le secteur des entreprises et le marché du travail.

L'Europe doit elle aussi adopter de façon urgente des réformes structurelles pour améliorer le fonctionnement de l'économie afin d'accélérer la croissance durable. En outre, les membres plus importants de l'Union monétaire européenne devraient profiter de façon particulière de la conjoncture de plus en plus favorable pour assainir les finances publiques et alléger le lourd fardeau fiscal, surtout pour les travailleurs.

Il est aussi encourageant de constater que la reprise de la croissance à l'échelle mondiale est fort généralisée. La plupart des économies de marché naissantes d'Asie affichent une vigoureuse reprise exponentielle. La majorité des pays d'Amérique latine et des économies en transition amorcent une reprise. De son côté, la Russie a affiché l'an dernier son plus fort taux de croissance depuis qu'elle a amorcé la transition d'une économie centralisée vers une économie de marché.

La vigueur récente des cours du pétrole, même si elle s'est traduite par une hausse des recettes de certains pays, pose certains risques pour les perspectives mondiales. Les prix élevés du pétrole sont beaucoup moins menaçants aujourd'hui qu'ils ne l'étaient au début des années 1970, mais ils alimentent les tensions inflationnistes dans certains pays.

Performance et perspectives économiques des pays représentés

  1. Le Canada

Depuis 1993, le gouvernement fédéral pratique une stratégie cohérente axée sur une expansion économique durable et la création d'emplois. Cette stratégie repose sur l'engagement de maintenir la santé des finances publiques et de veiller à ce que l'inflation soit faible et stable. Exprimée en fonction du produit intérieur brut (PIB), la situation budgétaire du Canada s'est améliorée plus rapidement que celle de tous les autres pays du Groupe des Sept (G-7). L'inflation demeure faible et se maintient à l'intérieur de la fourchette cible. C'est pourquoi l'économie est demeurée saine malgré les turbulences financières internationales provoquées par la crise asiatique.

En effet, l'économie canadienne a connu une forte croissance en 1999 puisque notre engagement d'appliquer de saines politiques économiques et financières nous a permis de profiter de l'amélioration des conditions économiques internationales à la fin de 1998 et en 1999. La croissance du PIB réel a atteint 4,2 %, soit un point de pourcentage de plus qu'en 1998. C'est ainsi que le Canada a rejoint les États-Unis au premier rang des pays du G-7 pour la croissance en 1999. Au quatrième trimestre de 1999, l'économie canadienne s'est accélérée pour un 18e trimestre consécutif. Il s'agit de la plus longue période de croissance ininterrompue depuis le milieu des années 1960.

Toujours en 1999, le Canada a également dominé le G-7 pour la croissance de l'emploi. En raison de la vigueur du rythme de création des emplois, le taux de chômage a reculé de plus d'un point de pourcentage en 1999. Il s'est établi à 6,8 % en décembre, son plus bas niveau depuis avril 1976, pour s'y maintenir jusqu'à la fin de mars.

L'inflation demeure modeste même si elle s'est légèrement accentuée au cours de 1999, surtout en raison de la forte hausse des cours mondiaux du pétrole. L'inflation sous-jacente (hors aliments et énergie) se maintient dans la moitié inférieure de la fourchette cible de 1 à 3 %.

Le solide rythme de croissance observé l'an dernier devrait se maintenir cette année et l'an prochain. On prévoit que la croissance s'essoufflera toutefois quelque peu, parallèlement au ralentissement prévu de l'économie américaine. En décembre 1999, les prévisions moyennes du secteur privé chiffraient la croissance du PIB réel à 3,5 % en 2000. On prévoit que la croissance sera de 2,9 % en 2001.

Pour appuyer le maintien de la solide performance économique du Canada et améliorer la qualité de vie des Canadiens, le budget de 2000 exposait une stratégie à quatre volets : une saine gestion financière, de nouvelles réductions d'impôt, la mise en place d'une économie innovatrice et des investissements dans les compétences et le savoir.

Le gouvernement s'est engagé à présenter des budgets équilibrés ou excédentaires au cours des deux prochaines années. Ce sera la première fois en 50 ans que le budget aura été équilibré cinq années de suite.

L'amélioration de sa situation financière a permis au gouvernement d'instaurer un Plan pluriannuel de réduction des impôts dans le cadre de son budget de 2000. Ainsi, l'impôt sur le revenu des particuliers diminuera de 15 % par année d'ici 2004-2005. Le rétablissement de la pleine indexation du régime d'impôt sur le revenu des particuliers est un élément clé du plan de réduction des impôts. Les mesures fiscales comprennent également des réductions de l'impôt des sociétés pour permettre au Canada de mieux soutenir la concurrence internationale.

Le budget prévoit en outre d'importants nouveaux investissements pour rendre l'économie canadienne plus innovatrice, notamment dans la recherche de pointe et l'innovation dans les universités, les hôpitaux de recherche et le secteur privé; dans la mise au point de nouvelles technologies environnementales et l'amélioration des pratiques écologiques; ainsi que dans l'infrastructure fédérale, provinciale et municipale.

Le budget a aussi mis de l'avant des mesures visant directement à améliorer la qualité de vie des Canadiens notamment en venant en aide aux familles avec enfants, en renforçant l'enseignement postsecondaire et en améliorant les soins de santé.

  1. L'Irlande

La performance remarquable de l'économie irlandaise s'est poursuivie en 1999. Son PIB réel a grimpé de quelque 8,5 % et l'emploi, de 6 %.

Malgré six années consécutives de croissance soutenue, l'inflation des prix à la consommation (après harmonisation à l'échelle de l'Union européenne) est demeurée relativement modeste, à 2,5 %. L'excédent budgétaire a atteint 2 % du PIB l'an dernier, même après affectation de 1 % du PIB afin de couvrir le passif ultérieur des régimes de retraite. Selon les plus récentes données, la croissance économique demeure vigoureuse. Le PIB devrait grimper de 7,5 % cette année.

L'État compose avec les nouvelles tensions sur l'infrastructure et l'offre de main-d'œuvre – le taux de chômage est maintenant inférieur à 5 % – au moyen d'un plan pluriannuel d'investissement annoncé à la fin de l'an dernier et en poursuivant la réforme du régime fiscal.

Même si l'inflation a légèrement augmenté récemment, la situation devrait s'atténuer à mesure que l'effet de la faiblesse de l'euro et de la forte hausse des prix du pétrole s'estompera au cours des prochains mois.

À moyen terme, l'adoption d'une nouvelle entente nationale de trois ans sur les salaires, la fiscalité et les politiques sociales (le Programme de prospérité et d'équité) devrait soutenir la compétitivité de l'Irlande au cours des premières années du nouveau millénaire.

  1. Les pays des Caraïbes

Dans l'ensemble, l'évolution économique des Caraïbes a également été positive en 1999, même si les petits pays exportateurs demeurent exposés à d'importants risques. Cette année encore, nous avons été témoins de la vulnérabilité des pays de cette région aux ouragans, les plus récents ayant frappé les Bahamas et les Îles Sous-le-Vent. Malgré quelques exceptions, la plupart des pays ont enregistré une croissance réelle positive, une inflation faible à modérée et des déséquilibres budgétaires plus modestes. Le chômage a reculé en moyenne, mais de fortes concentrations de chômeurs persistent, de sorte que de nombreux habitants de la région sont en proie à la pauvreté.

Règle générale, les gouvernements des Caraïbes ont fait leur part pour appuyer le renforcement de l'architecture financière internationale, notamment en favorisant la transparence des opérations budgétaires et financières. La plupart des pays des Caraïbes que nous représentons ont participé au projet pilote sur la transparence que mène le Fonds et ont fait paraître des rapports au titre de l'article VI. La quasi-totalité d'entre eux ont instauré des mécanismes d'application des politiques financières et monétaires exemplaires. Cela dit, il y a encore place à amélioration pour consolider les régimes fiscaux et la capacité de recueillir des statistiques, et pour encadrer et gérer les dépenses publiques. En outre, la région a encore besoin de l'aide technique du Fonds dans ces domaines.

Certains pays que nous représentons, dont l'économie demeure nettement axée sur l'exportation de produits de base comme les bananes, cherchent à s'adapter à la dure réalité de la mondialisation du commerce. Leur stratégie d'ajustement prévoit une diversification des activités pour inclure les services, plus particulièrement les services touristiques et les services financiers extraterritoriaux, en complément de l'agriculture. En ce qui a trait aux services financiers extraterritoriaux, les gouvernements en cause sont décidés à poursuivre l'expansion du secteur dans les limites d'un système de réglementation rigoureux.

Un groupe de travail mixte sur les petits États auquel siègent la Banque mondiale et le Secrétariat pour les pays du Commonwealth, a récemment mis en lumière les problèmes d'ajustement des pays des Caraïbes et des autres États de petite taille, et nous abondons dans le sens de ces recommandations. Il est clair que la Banque, le Fonds et d'autres donateurs doivent examiner de près l'effet de leurs interventions et de leurs approches sur les petits États pour que ces derniers puissent réaliser leurs objectifs de lutte soutenue à la pauvreté et de développement durable. Il est indispensable de continuer d'appuyer les petits États.

Le contexte institutionnel – poursuite des travaux

C'est dans ce contexte et alors que les bouleversements financiers mondiaux sont encore frais dans nos mémoires que nous abordons la réforme du FMI. Au même moment, celui-ci se prépare à accueillir de nouveaux dirigeants.

M. Köhler a toutes les compétences voulues pour prendre la direction du Fonds à cette étape déterminante de son histoire, et je suis impatient de collaborer avec lui.

Il y a également lieu de se réjouir de ce que M. Stanley Fischer demeurera au poste de premier directeur général adjoint, et de le remercier d'une façon spéciale de ses efforts en qualité de directeur général par intérim.

Tout en étant fiers et confiants de la compétence des dirigeants du Fonds, on s'entend largement pour dire que, afin d'accroître la transparence et la responsabilisation, il y a lieu de remanier la façon dont sont choisis les dirigeants d'institutions internationales comme le FMI.

Nous nous réjouissons donc de l'intention du Conseil d'administration du Fonds de revoir ce processus et d'élaborer des principes pour guider nos choix futurs.

Il faudra aborder maints enjeux pour permettre au FMI de s'adapter au contexte en évolution et le doter des outils nécessaires pour lui permettre de s'acquitter de son mandat. De toute évidence, la Direction et le Conseil d'administration ne chômeront pas.

Cela dit, leur tâche sera nettement facilitée par la récente décision du Fonds d'établir un service interne d'évaluation indépendant, comme l'a recommandé le Groupe d'évaluation des administrateurs que présidait M. Tom Bernes. Ce service permettra d'envisager les programmes et les politiques du Fonds sous de nouvelles perspectives et aidera le Fonds à recueillir la crédibilité et le soutien extérieurs dont il a besoin pour garantir son efficacité. Nous sommes donc impatients de voir le service d'évaluation indépendant prendre forme d'ici les assises annuelles de 2000.

En outre, tout effort visant à renforcer la crédibilité et l'efficacité du Fonds est lié à la mesure dans laquelle sa structure est perçue comme le reflet légitime du poids relatif de ses membres à l'intérieur du système monétaire international.

À cet égard, l'examen, prévu pour bientôt, de la formule des quotes-parts du FMI, qui permet d'établir les droits de vote relatifs de chacun des membres, sera déterminant. La conclusion satisfaisante de ces discussions sera une étape importante qui devra être suivie d'un examen du mécanisme des pays représentés.

Le récent débat

Depuis les assises annuelles de 1999, les discussions sur la réforme du FMI ont porté sur un large éventail de sujets comme la conduite et le contenu des activités de surveillance, la protection des ressources du Fonds, la configuration actuelle des facilités de financement non concessionnel et le rôle du secteur privé dans la prévention et le règlement des crises financières internationales. À leur tour, ces discussions ont soulevé des questions fondamentales sur le rôle du Fonds et sa relation avec les marchés privés et les autres institutions financières internationales.

L'évaluation externe de surveillance effectuée en 1999 a soulevé d'importantes questions au sujet de la portée et du ciblage adéquat de la surveillance exercée par le Fonds. En ce qui touche la surveillance et la conception des programmes, le FMI devrait se concentrer sur des questions qui rejoignent à la fois la situation macroéconomique et

les perspectives stratégiques des membres. Cela comprend la politique des taux de change, la politique monétaire et budgétaire ainsi que les évaluations de la vulnérabilité du secteur financier et du compte capital.

Par ailleurs, les travaux de surveillance du FMI doivent s'étendre à d'autres facteurs qui influent sur la situation et les perspectives macroéconomiques d'un pays donné. Si certains facteurs ayant une incidence sur les perspectives macroéconomiques d'un pays se rapportent à un domaine où l'acquisition d'un avantage comparatif ne relève pas du mandat du Fonds, le personnel de ce dernier devrait faire appel à l'expertise d'autres institutions, comme la Banque mondiale.

L'un des principaux enjeux à cet égard consiste à déterminer la meilleure façon d'intégrer les normes et les codes internationaux pertinents aux activités de surveillance du Fonds. De toute évidence, le FMI a un rôle clé à jouer pour encourager l'adoption des pratiques exemplaires et en vérifier l'observation. Certaines mesures importantes, comme la mise en place de l'évaluation de la stabilité du système financier et la création de rapports sur l'observation des normes et des codes, ont déjà été prises.

Les questions entourant la protection des ressources du FMI rejoignent l'objectif plus large du Fonds qui consiste à inciter les pays membres à exercer une saine régie. Même si la grande majorité des pays membres ayant accès aux ressources du Fonds ont respecté les lignes directrices appropriées, certaines pratiques ont soulevé des préoccupations.

Cela montre à quel point il faut veiller à ce que tous les pays membres – qu'ils soient en développement ou industrialisés, débiteurs ou non – appliquent des mécanismes appropriés de transparence et de responsabilisation pour que les ressources publiques soient gérées de manière que les institutions officielles, le secteur privé et la société civile dans son ensemble aient confiance dans la gestion économique.

L'examen des facilités du FMI progresse bien. À cet égard, nous nous réjouissons de l'engagement de faire maison nette en éliminant les facilités qui demeurent inutilisées et ne répondent plus aux besoins des membres.

La prochaine étape consiste à rationaliser et à adapter les facilités qui restent pour qu'elles répondent le plus efficacement possible aux besoins des membres. Or, pour ce faire, nous devons bien comprendre le rôle du Fonds et la façon dont ses activités et politiques se répercutent sur les marchés et les autres institutions.

Nous devons également reconnaître que la stabilité financière internationale constitue un « bien public » essentiel et un objectif que les marchés privés n'atteindront pas nécessairement sans l'appui des institutions officielles.

Il faut d'abord comprendre que, même lorsqu'il s'agit de mettre ces ressources à la disposition des membres, l'activité du FMI est surtout préventive. En effet, en raison des réformes exigées en contrepartie, presque tous les programmes courants sont conçus pour jeter les bases d'une économie plus stable et qui soit aussi bien positionnée que possible pour résister aux chocs extérieurs.

Le règlement des crises, première cible de la couverture médiatique, ne représente qu'une modeste part des activités du Fonds. Dans la mesure où les programmes courants du FMI sont efficaces, le nombre et la fréquence des crises financières diminueront et, lorsqu'une telle crise surviendra, elle sera nettement moins grave.

Il faut donc que la composition des programmes du Fonds soit la bonne. Nous avons beaucoup appris des expériences récentes, qu'il s'agisse de la nécessité d'intégrer la prise en compte de toutes les failles pertinentes et potentielles, y compris l'obligation d'exercer une saine régie, ou de l'importance d'être en mesure d'exécuter adéquatement le programme de réforme et d'en assurer la prise en charge à l'échelle nationale. Il est donc temps que le Fonds entreprenne l'étude maintes fois reportée de la conditionnalité pour mettre à profit les nombreuses leçons apprises au cours des dernières années.

Or, comme nous le savons, les énormes retombées de la libre circulation des capitaux sont quelque peu tempérées par les risques associés au danger de volatilité financière. Lorsqu'une crise survient, les institutions officielles ont un rôle déterminant à jouer pour rétablir la stabilité. Il faut toutefois se rappeler que la façon dont ces institutions interviennent a une incidence sur la fréquence et l'ampleur de ces crises. On a beaucoup parlé du risque moral, plus particulièrement du rapport des créanciers et des investisseurs privés, et tout effort des institutions officielles, dont le FMI, visant à rétablir la stabilité doit absolument tenir compte de ce problème.

Il a beaucoup été question de ce que le FMI devrait – et ne devrait pas – faire en cas de crise financière. Même si les avis au sujet des mécanismes d'interventions du FMI demeurent partagés, la plupart des intervenants semblent d'avis que la disponibilité d'un soutien financier de la part du FMI ne devrait pas exacerber indûment le risque moral. Il faut donc que les investisseurs assument les coûts de leurs décisions.

Cela signifie également que le soutien des institutions officielles ne devrait pas être plus important ou offert sur une plus longue période que nécessaire pour rétablir des rapports plus stables avec les marchés de capitaux. Le prix et la structure des échéances des prêts du FMI sont des éléments de première importance à cet égard.

Par ailleurs, la composition du FMI est diversifiée, et il faudra différents mécanismes et solutions pour convenir de principes directeurs. L'utilité de la Facilité de réserve supplémentaire pour combler les besoins de certains membres du FMI qui constituent des marchés naissants parmi les plus vastes et les plus importants au plan systémique témoigne de la capacité du FMI de s'adapter de manière souple et efficace à cette réalité.

À la question de savoir comment le Fonds devrait réagir aux difficultés financières de ses membres s'oppose celle de savoir comment engendrer le mieux possible la stabilité à grande échelle des marchés de capitaux, et donc comment réduire la fréquence et la gravité des crises financières. À cet égard, il serait possible de mettre au point les outils nécessaires pour encadrer solidement la participation du secteur privé à la prévention et au règlement des crises.

La modification de la taille des programmes du FMI, si elle ne s'accompagne pas d'autres mécanismes pour aider à contenir l'exode des capitaux en cas de crise, ne suffira pas à minimiser les dommages que peut causer une crise financière et à empêcher les pays de recourir à des mesures qui sont nuisibles au fonctionnement du système international.

Des progrès ont déjà été enregistrés à cet égard.

Le personnel du FMI a pris appui sur les mécanismes et les principes exposés dans le rapport des ministres des Finances du G-7 au Sommet de Cologne et conçu un ensemble de principes directeurs pour encadrer l'intervention du secteur privé en cas de crise. Il conviendrait toutefois d'examiner d'autres mécanismes pour veiller à ce que les créanciers soient moins tentés de se précipiter vers la sortie.

Il faudrait que ces mécanismes abordent les problèmes liés à l'action collective auxquels font face les créanciers et les débiteurs en situation de crise et favorisent la restructuration la plus opportune et la moins perturbatrice possible des créances envers le secteur privé. Par exemple, il convient d'encourager les débiteurs à communiquer périodiquement avec leurs créanciers du secteur privé en période de prospérité. Les clauses d'action collective doivent devenir des modalités standard des titres de créance souverains.

À cet égard, précisons que le Canada a annoncé jeudi sa décision d'intégrer les clauses d'action collective aux obligations et aux billets libellés en devises qui feront l'objet d'émissions ultérieures. J'espère que d'autres pays industrialisés et des économies de marché naissantes suivront cet exemple. On pourrait également encourager l'intégration des clauses d'action collective aux modalités des titres de créance souverains dans le contexte des programmes du FMI, peut-être comme condition préalable d'admissibilité aux marges de crédit à titre éventuel.

Les mesures de ce genre sont d'importants compléments des principes directeurs élaborés par le personnel du FMI puisqu'elles peuvent modifier les incitatifs du système financier international de sorte que le secteur privé contribue à la fois à prévenir et à régler les crises.

Conclusion

Il y a plus de 50 ans, les architectes des accords de Bretton Woods ont mis sur pied des institutions indispensables à l'époque. Lorsqu'ils ont bâti ces institutions, les architectes voulaient mettre au point un système qui favoriserait le multilatéralisme au détriment de l'isolationnisme.

Nous faisons face aujourd'hui à un défi semblable. Pour éviter un ressac contre la mondialisation, nous devons élaborer un cadre international qui préservera et rehaussera les avantages de la mobilité internationale des capitaux et en garantira le partage à grande échelle. Du même coup, nous devons continuer de trouver des façons de minimiser les risques auxquels les différents pays et le système financier international sont exposés. Nous devons en outre profiter de la présente accalmie sur les marchés internationaux pour faire avancer ce train de mesures des plus importantes.


Dernière mise à jour :  2003-01-13 Haut

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