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Ottawa, le 14 septembre 2000
2000-067

Allocution prononcée devant le Toronto Board of Trade

L'honorable Paul Martin,
ministre des Finance du Canada

Toronto (Ontario)
Le 14 septembre 2000

Le texte prononcé fait foi.


La nouvelle économie dont on m'a demandé de vous parler aujourd'hui est une réalité. Elle entraîne une révolution qui réduit le temps et les distances. Elle modifie le visage de nos collectivités, non seulement à Kanata et dans la région métropolitaine de Toronto, mais aussi à Calgary, à Québec, à Fredericton et partout au pays. Elle transforme notre mode de gestion des affaires, notre mode de communications et notre mode de vie. En fait, tout comme nous parlons souvent du village global, nous devons désormais parler d'une économie unique, parce que l'instauration de nouvelles technologies crée non seulement des secteurs d'activité entièrement nouveaux, mais elle transforme pour toujours nos secteurs industriels traditionnels.

Comme pays, nous sommes bien placés – beaucoup mieux que la plupart – pour tirer profit des débouchés de la nouvelle économie. Nous disposons du meilleur réseau de fibres optiques au monde. Nous avons été les premiers à relier toutes nos écoles et nos bibliothèques à l'Internet. Nous sommes les plus nombreux, toutes proportions gardées, à posséder un ordinateur à domicile et nous avons accès au meilleur réseau de câblodistribution au monde.

En outre, nous avons accompli des progrès gigantesques au chapitre de l'assainissement de nos finances. Nous avons éliminé le déficit, et l'inflation reste sous surveillance. La création d'emplois se poursuit à un bon rythme. Le plus important toutefois, c'est que le revenu disponible est à la hausse. Et au début de la semaine, tous les gouvernements se sont rencontrés pour conclure un accord afin de protéger et de soutenir notre précieux système de soins de santé. En fait, nous sommes plus que prêts à faire du Canada un chef de file de la nouvelle économie et à faire des Canadiens et des Canadiennes, ses véritables bénéficiaires. Nous n'y parviendrons cependant qu'à condition de bien comprendre une chose : le passé n'est plus garant de l'avenir.

Nous ne pouvons nous contenter de ce que nous avons. Les changements dont nous sommes témoins aujourd'hui amènent une profonde transformation du mode de fonctionnement de l'économie, de la création d'emplois et de la façon dont les pays et les gens doivent se préparer à réussir. Manifestement, à l'aube d'un nouveau millénaire, on ne peut plus faire les affaires comme avant, et j'ajouterais qu'on ne peut plus gouverner comme avant. C'est la raison pour laquelle, j'ai accepté avec joie de venir vous parler aujourd'hui à l'invitation de la Chambre de commerce.

Nous sommes aujourd'hui aux premières étapes d'une révolution sans précédent, d'une nouvelle économie fondée sur des percées technologiques dans un monde sans frontière. Le fait est que seuls quelques pays seront les chefs de file de ce monde nouveau. Et il faut absolument que le Canada se trouve parmi ces pays. Pour ce faire, de nouvelles approches s'imposent. Des approches fondées sur l'entrepreneurship et un constant esprit d'innovation. Ce qui est crucial, c'est que des choix visionnaires soient faits aujourd'hui pour nous mener à un Canada plus dynamique et plus prospère demain.

Personne ici ne doute que la révolution de l'information ait complètement éclipsé le mode de pensée traditionnel. Vous connaissez les chiffres autant que moi : les secteurs de l'information et des communications croissent à un rythme quatre fois plus rapide que l'ensemble de l'économie. Un ordinateur qui remplissait autrefois une pièce tient désormais sur nos genoux. La vitesse des micropuces double tous les 18 mois, et la largeur de bande double deux fois plus rapidement. Nous comprenons donc tous qu'il est désormais inutile d'appliquer les modèles d'entreprise et de gouvernement d'un passé récent. Même les modèles mis au point pour la révolution de l'information des années 1990 ne seront pas plus efficaces dans le cadre de la révolution beaucoup plus explosive à venir.

Cela n'est pas grave pour autant. Pendant la plus grande partie du XXe siècle, la thèse de la « destruction créatrice » de l'économiste Joseph Schumpeter a servi à décrire l'évolution de la technologie aux dépens de l'industrie. De nos jours, je dirais que nous nous dirigeons de plus en plus vers un jeu à somme nulle, vers une ère de construction créatrice au moment où émerge une série de nouveaux secteurs, tandis que les anciens secteurs, tout juste parvenus à l'adolescence, poursuivent leur progression vers l'âge adulte.

Le déplacement économique se poursuivra. J'estime toutefois qu'à l'avenir, les nouveaux emplois ainsi que les débouchés seront beaucoup plus nombreux que jamais. Par exemple, les révolutions dans les domaines de la biotechnologie et de la science des matériaux ouvrent la voie à des possibilités de découvertes entièrement nouvelles. La nanotechnologie modifiera la conception et la fabrication de tout ce que nous produisons, des vaccins aux automobiles. La technologie de la pile à combustible aura de profondes répercussions, non seulement sur les véhicules que nous conduisons, mais sur l'environnement que nous occupons. De plus, qui pourrait prédire où nous mènera le décryptage du code génétique?

Ces progrès constituent non seulement les étapes déterminantes d'un continuum d'évolution, ils établissent carrément de nouveaux continuums, ayant chacun la possibilité de transformer nos vies d'une manière jusqu'ici impensable. La capacité créatrice humaine est multipliée de manière exponentielle, et donne lieu non pas à une évolution progressive, mais bien à une véritable révolution du savoir. Chaque nouvelle percée porte en elle le germe d'une autre révolution.

Pour le Canada, les possibilités qui découlent de cette explosion ininterrompue de créativité sont pratiquement illimitées à la condition, et c'est là l'essentiel de mon message d'aujourd'hui, de prendre conscience du fait que les règles du jeu ont changé pour toujours. Les possibilités ne seront illimitées que si nous adoptons les mesures décisives requises pour accorder la priorité à la souplesse administrative, à l'entrepreneurship et, par-dessus tout, à notre plus grande ressource naturelle, les gens.

Ainsi, jusqu'aux années 1990, bon nombre d'entreprises canadiennes prospéraient en important la technologie étrangère, laissant les autres assumer les risques et les coûts de l'innovation. En réalité, cette démarche était parfaitement acceptable quand les cycles technologiques étaient plus longs, quand les marchés n'étaient pas mondiaux ou quand il n'y avait qu'une seule révolution technologique à la fois. De nos jours, cependant, la technologie évolue rapidement, les cycles de mise en marché des produits raccourcissent radicalement et les frontières ont été abolies, si bien que les sociétés canadiennes ne peuvent plus se permettre de compter sur l'innovation des autres. Il nous faut désormais devancer le mouvement. Nous devons instaurer le changement technologique, plutôt que de le suivre. Celui qui développera son idée en premier pourra avancer à son rythme, percer des marchés encore inexploités et établir la norme que les autres devront surpasser s'ils veulent survivre.

Il est tout simplement impossible de vendre des produits d'hier sur les marchés de demain. C'est pourquoi il est si important d'axer l'économie du Canada sur l'innovation, plutôt que sur l'imitation. La question est de savoir comment se placer en position de commande dans un monde où il est impossible de prédire où nous mènera la prochaine révolution. Chacun de vous, dans son domaine d'activité, peut y répondre à sa façon.

Permettez-moi de vous dire ce que cela signifie pour le gouvernement – ou plutôt, laissez-moi vous dire d'abord ce que cela ne signifie pas pour le gouvernement. Cela ne signifie pas, comme certains l'ont laissé entendre, que le gouvernement doit tout simplement abandonner et laisser le champ libre aux autres. Cela ne doit pas se traduire non plus par la répétition des mesures du passé. Dans les années 1930 par exemple, nous pouvions décider en tant que pays que nous avions besoin d'un diffuseur national – et le gouvernement en a créé un. Dans les années 1970, nous avons décidé qu'il fallait mettre sur pied une société pétrolière nationale – et le gouvernement en a créé une.

De nos jours cependant, les temps ont changé. Dans une économie axée sur le savoir et fondée sur des impondérables, compte tenu du degré élevé d'entrepreneurship requis pour réussir et du caractère éphémère des affaires, qui fait que près de la moitié des 50 entreprises les plus importantes à l'heure actuelle n'existaient pas il y a 5 ans, il est tout simplement impossible de songer que le gouvernement puisse créer « JDS Uniphase », « Research in Motion », ou encore « Nortel ».

La question est donc la suivante : « Quel est le rôle du gouvernement dans le nouveau paradigme? ».

La réponse, d'abord et avant tout, doit consister à investir dans les gens de manière que les Canadiens et les Canadiennes aient les outils dont ils ont besoin pour réussir. En effet, en cette ère de l'économie du savoir où l'initiative personnelle doit primer avant tout, c'est la seule façon d'insuffler à notre économie la force et la souplesse d'application nécessaires pour permettre aux Canadiens de se détacher du peloton mondial.

Que cela signifie-t-il concrètement? Premièrement, cela signifie que le gouvernement doit d'abord régler ses propres problèmes. Il ne fait aucun doute que notre dette nationale élevée restreint notre marge de manœuvre au chapitre de l'adaptation au changement. Nous consacrons 26 cents de chaque dollar que nous percevons au service de la dette nationale. C'est totalement inacceptable. Heureusement, la situation s'améliore. En 1995, cette proportion atteignait 36 cents. En outre, à 61 %, notre ratio de la dette au produit intérieur brut (PIB) est sensiblement inférieur à son sommet de 71 %, et nous prévoyons qu'il sera ramené sous la barre des 50 % d'ici 2004.

Sur le plan de l'impôt, les taux marginaux d'imposition élevés qui frappent les contribuables à revenu faible, moyen et élevé constituent un fardeau pour les ménages et les entreprises. Ils sont un obstacle à la croissance économique, à l'entrepreneurship et à l'innovation. Nous avons annoncé dans notre plus récent budget un plan quinquennal de réduction des impôts visant à redistribuer 58 milliards de dollars aux Canadiens et aux Canadiennes. J'ai dit à ce moment-là que nous espérions pouvoir accélérer la mise en œuvre de ce plan; c'est ce que nous ferons.

J'approfondirai les aspects de la dette et des impôts dans les semaines et les mois à venir. J'aimerais toutefois établir très clairement que nous continuerons d'abaisser la dette et de réduire les impôts. Vous pouvez en être assuré.

Cela dit, permettez-moi de préciser. Même s'il est crucial d'adopter des mesures relativement à ces deux aspects, ces mesures ne constituent qu'un point de départ et non une fin en soi. D'autres problèmes fondamentaux doivent être réglés afin de compléter la transformation organisationnelle requise pour réussir dans la décennie à venir. J'aimerais parler des quatre problèmes que j'estime les plus urgents.

Premièrement, le commerce électronique.

L'Internet a déclenché une révolution dans la façon dont les gens et les entreprises communiquent et entrent en interaction. Il transforme la notion de « produit », et il fait exploser les réseaux de distribution traditionnels. Il fait augmenter la productivité en flèche. Aucun secteur n'échappera à son influence. Aucune économie ne peut se permettre de ne pas tenir compte des débouchés qu'offre l'Internet.

Le Canada fait bonne figure à ce chapitre, mais il nous reste fort à faire. Tous les paliers d'administration doivent exercer un rôle de catalyseur à cet égard. Un bref exemple : en offrant, en direct, un plus grand nombre de ses produits et services, le gouvernement incitera les milliers d'entreprises qui traitent avec lui à exercer elles-mêmes des activités en direct, créant ainsi un puissant effet de multiplication qui se répercutera sur l'économie tout entière. L'entreprise est de taille, mais le gouvernement fédéral y parviendra d'ici 2004.

Deuxièmement, la recherche et le développement (R-D).

La recherche fondamentale crée des idées et repousse les frontières de la connaissance. La recherche appliquée transforme ces connaissances en nouveaux produits, services et technologies. Nous devons être plus actifs dans les deux domaines. Et nous devons mieux réussir dans les deux domaines.

Les États-Unis ne constituent pas la plus grande puissance économique simplement parce qu'ils ont réduit les impôts. L'une des principales sources de cette puissance réside dans la recherche scientifique effectuée par le secteur public dans les 40 dernières années, suivie de près par la capacité qu'a le secteur privé américain de commercialiser cette recherche sous forme de nouveaux produits et de nouvelles techniques. À l'heure actuelle, le Canada vient au 15e rang parmi les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) au chapitre de la R-D en pourcentage du PIB. Quinzième. Ce n'est tout simplement pas assez bon.

Dans les dernières années, nous avons augmenté sensiblement le financement public consacré à la recherche fondamentale et nous continuons de le faire. Nous appliquons l'un des crédits d'impôt les plus avantageux qui soient dans le monde au titre de la R-D. Dans bon nombre d'autres domaines toutefois, nous n'avons encore qu'effleuré les possibilités qui s'offrent à nous. Prenons par exemple – on me le répète dans les entreprises de partout au pays – la nécessité de confier aux collèges, aux universités, aux hôpitaux de recherche et aux laboratoires gouvernementaux un rôle encore plus grand dans l'établissement de réseaux et de noyaux industriels qui relieront nos chercheurs les plus brillants et nos entrepreneurs les plus dynamiques, afin que leurs idées et leur enthousiasme se traduisent par un succès commercial sans précédent.

Troisièmement, le financement.

L'innovation ne se limite pas aux laboratoires. Pour réussir dans la nouvelle économie, nous devons faire preuve d'un esprit beaucoup plus novateur dans la façon dont nous finançons l'innovation, de manière que les meilleurs cerveaux ne décident pas d'exporter leurs idées.

Permettez-moi de reconnaître dès le départ que le régime fiscal représente une partie importante de l'équation. Dans notre plus récent budget, nous avons adopté des mesures significatives à cet effet. Mais, comme je l'ai dit, nous devons en faire plus – et nous le ferons.

Cependant, le problème n'est pas une simple question d'impôts. C'est également une question de marchés financiers. Nous ne pouvons espérer favoriser l'éclosion d'une économie du XXIsiècle si nous continuons de concevoir le risque comme nous le faisions au XIXsiècle. Nous ne pouvons négliger les nouvelles entreprises riches en idées, mais plutôt pauvres en infrastructure. Ces entreprises sont celles dont nous avons le plus besoin, mais elles sont souvent celles qui sont les moins biens comprises – et financées. À l'heure actuelle, le Canada se classe au 10e rang parmi les pays industrialisés au chapitre du capital de risque requis par habitant pour que ces idées se concrétisent en produits et services concrets. Cela n'est pas assez bon.

Nous avons également besoin d'un marché de placement initial de titres beaucoup plus dynamique, de façon que les entreprises puissent accroître leurs capitaux propres. L'an dernier par exemple, la valeur en dollars par habitant de ces placements, effectués par des entreprises canadiennes ici au Canada, n'a atteint qu'environ la moitié du niveau enregistré par les entreprises américaines aux États-Unis. Il faut améliorer cela d'une manière sensible.

Pour ce faire, nous devons simplifier notre cadre réglementaire et modifier la culture organisationnelle actuelle axée sur les grands fonds de capitaux. Par exemple, les caisses de retraite ne comptent que pour environ 5 % des investissements en capital de risque au Canada. Aux États-Unis, ce pourcentage avoisine les 60 %. Si nous voulons favoriser une culture organisationnelle axée sur l'innovation, nous devons modifier notre perception du risque et de la récompense. Sinon, nos entrepreneurs iront commercialiser leurs idées ailleurs, et ils les feront financer et développer par d'autres. À ce moment-là, ces autres détiendront l'avantage de l'innovation.

Enfin, tous ces aspects – le commerce électronique, la R-D, et le financement – constituent les pierres d'assise d'une économie centrée sur l'initiative personnelle. Ce qui illustre clairement que dans la nouvelle économie – c'est là mon quatrième point – le véritable moteur de la croissance est le génie humain.

C'est pourquoi la mesure la plus importante visant à créer un avantage pour le Canada consiste à investir dans les gens : dans l'infrastructure sociale qui les soutient – c'est pourquoi l'assurance-maladie est si importante – et dans le système d'éducation à l'intérieur duquel nos citoyens seront formés. L'éducation est le lieu de rencontre des politiques sociales et économiques. Elle constitue la meilleure garantie d'un emploi bien rémunéré et la meilleure assurance de sécurité personnelle. Plus que tout autre aspect, l'éducation est celui où les aspirations d'une personne sont jumelées aux possibilités d'un pays.

L'investissement dans les gens concerne le développement dès la petite enfance. Les soins et l'attention que reçoivent les enfants dès leurs premières années sont cruciaux et font en sorte qu'ils entrent à l'école prêts à apprendre.

Investir dans les gens doit se traduire par un système d'enseignement hors-pair où l'on apprend non seulement les rudiments de base mais également les nouvelles notions de l'informatique, du calcul et des communications.

Investir dans les gens signifie qu'il faut se poser les vraies questions, le genre de questions que débat le Conseil des ministres de l'Éducation : « Tous les jeunes Canadiens et toutes les jeunes Canadiennes, peu importe leur revenu familial, ont-ils au moins une connaissance de base du Web et peuvent-ils y naviguer? Ont-ils conscience de ses possibilités et savent-ils comment les exploiter? Ont-ils une idée du pouvoir qu'il représente et de la façon de l'utiliser à leur avantage? ».

À l'heure actuelle, les étudiants canadiens de huitième année se classent 14e en mathématiques et 14e en sciences aux examens internationaux. Ces classements ne sont pas que de froides statistiques, ils constituent un signal d'alarme dont nous serions très mal avisés de ne pas tenir compte.

Investir dans les gens signifie qu'il faut consacrer davantage de ressources aux étudiants et aux écoles de métiers, aux collèges et aux universités qu'ils fréquentent.

Investir dans les gens signifie que nos établissements d'enseignement supérieur doivent intéresser les meilleurs étudiants du monde entier.

L'investissement doit se traduire par des programmes de mentorat et de formation en cours d'emploi de toute première classe. Pour le moment, le Canada se classe 6e sur 10 parmi les pays de l'OCDE sur le plan du nombre d'heures de formation des employés. Nous devons tout simplement faire mieux que cela.

Dans mes observations jusqu'ici, nous avons analysé, quoique brièvement, un certain nombre d'aspects à l'égard desquels le Canada doit assumer un rôle de chef de file si nous voulons transformer la culture organisationnelle de manière à transposer notre actuelle réussite économique en une victoire future. Les défis dont nous avons parlé jusqu'ici ne peuvent évidemment pas être relevés isolément. Certains parlent de priorités pour les entreprises, d'autres pour les enseignants, d'autres pour les provinces et d'autres pour Ottawa. Toutes ces priorités nécessitent toutefois une canalisation des énergies et de l'imagination de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes. Tout comme nous sommes parvenus à surmonter les déficits, nous devons maintenant serrer les coudes afin de nous approprier pleinement notre avenir. L'expérience montre qu'il est plus facile de s'y consacrer quand des objectifs clairs sont fixés, objectifs auxquels les Canadiens peuvent croire. Ces objectifs s'inscrivent dans le cadre d'un plan complet visant à accroître notre qualité de vie dans la décennie à venir.

Que devraient être ces objectifs? En voici quelques-uns :

Au sujet du commerce électronique :

La table ronde du secteur privé sur le commerce électronique a endossé l'objectif canadien qui consiste à détenir une part de 5 % du marché mondial du commerce électronique d'ici 2003. Réalisons cet objectif.

Au sujet de la R-D :

Nous sommes actuellement au 15e rang des pays de l'OCDE. Nous devons nous classer parmi les cinq premiers.

Au sujet de la commercialisation :

Un comité d'experts a recommandé l'an dernier que nos universités se donnent comme objectif d'obtenir, en matière de commercialisation, des résultats comparables à ceux des écoles américaines. Relevons le défi du Comité consultatif et élargissons-le aux laboratoires gouvernementaux.

Au sujet du financement :

Nous devons avoir comme objectif de nous classer parmi les trois premiers pays industrialisés au chapitre des investissements en capital de risque par habitant. Pour les entreprises en pleine croissance au Canada, nous devons également aspirer à atteindre, sur le plan des placements initiaux de titres en dollars par habitant, le même niveau que les sociétés américaines aux États-Unis.

Au sujet de l'éducation :

Nous devons faire l'impossible pour que tous les enfants, peu importe leur revenu familial, arrivent à l'école prêts à apprendre. Nous devons veiller à ce que tous les jeunes sans exception, et non seulement les plus fortunés, connaissent l'informatique et l'Internet avant la fin du primaire. Nous devons veiller à ce que le Canada se classe parmi les cinq premiers pays au monde aux examens comparables en mathématiques et en sciences.

Enfin, au sujet de la formation :

Les statistiques révèlent que les Canadiens ne suivent environ qu'une semaine par année de formation professionnelle. Essayons d'au moins doubler ce chiffre.

Soyons clairs : tous ces objectifs ne visent pas à montrer de meilleures statistiques, ils consistent à améliorer le sort d'un plus grand nombre de personnes, à hausser le niveau de vie et à élargir les possibilités. C'est pourquoi ces objectifs ne doivent pas être pris isolément. Par-dessus tout, la nouvelle économie requiert que nous mettions le cap sur l'excellence. Ces objectifs visent à faire en sorte que nous puissions tous arriver à destination.

Pour conclure, permettez-moi d'ajouter simplement que le Canada s'apprête à vivre sa période la plus glorieuse. Celle d'une économie qui intéresse les personnes de talent comme un aimant attire le métal; d'une société au sein de laquelle tous se sentent au bon endroit parce que c'est la seule société où ils peuvent se réaliser aussi pleinement.

Nous abordons les premières étapes de la transformation économique la plus importante de notre temps. La révolution de l'information constituait l'entrée en matière, mais le nœud de l'action reste à venir, et ceux qui pensent que le meilleur est passé vont manquer l'essentiel. Le Canada est en mesure de jouer un rôle déterminant. D'être un chef de file mondial. De dicter le rythme. Et de bâtir à partir des promesses que porte cette révolution, une prospérité encore plus grande.

Le changement constitue une épreuve qui nous oblige à mieux faire les choses et à les faire différemment. Au cours de l'histoire, les périodes de profond changement ont été menées par les pays les plus déterminés. Des périodes comme celle-ci constituent des occasions à saisir ou des actes manqués.

J'estime que le moment est venu pour nous. Le moment est venu de donner à chaque enfant un bon départ et un enseignement de premier ordre. De donner à chaque travailleur les outils et les compétences dont il a besoin pour réussir. De donner à chaque jeune entrepreneur les ressources qu'il lui faut pour réaliser ses rêves. J'estime que le moment est venu pour nous de faire en sorte que le Canada établisse la norme par rapport à laquelle les autres pays évalueront leur performance. J'estime enfin que le temps est venu de passer à l'action de sorte que dans 10 ans, au moment de faire le bilan de cette décennie déterminante, nous puissions dire que nous avons été à la hauteur du défi. Que nous avons profité pleinement de l'occasion qui se présentait à nous. Que nous avons poursuivi nos idéaux les plus élevés. Bref, que nous avons réalisé la promesse de notre époque.

Je vous remercie.


Dernière mise à jour :  2003-01-13 Haut

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