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Ottawa, le 24 septembre 2000
2000-072

Déclaration préparée à l'intention du Comité monétaire et financier international

L'honorable Paul Martin,
ministre des Finances du Canada

Prague, République tchèque
Le 24 septembre 2000


La présente déclaration offre une occasion unique de remercier les hôtes de la rencontre du Comité monétaire et financier international (CMFI) et des rencontres annuelles de cette année, la République tchèque, et de souhaiter la bienvenue au nouveau directeur général, M. Horst Köhler, à sa première réunion du CMFI.

L'évolution observée dans la plus grande partie de l'économie mondiale continue de suivre la tendance favorable qui avait commencé à émerger au moment de notre réunion du printemps 2000 à Washington, D.C. Cette tendance est évidemment la bienvenue et elle devra être solidifiée et élargie dans la période à venir. Il s'agit également d'une occasion de remédier aux lacunes du cadre institutionnel dans lequel évolue le système financier international. Nous devons instaurer des réformes visant à établir un contexte stable et favorable à la croissance dans lequel les bienfaits de la mondialisation sont accessibles à tous.

Environnement économique mondial

La vigueur de la reprise économique à la suite des crises financières qui se sont produites au cours des dernières années continue de surprendre les prévisionnistes. L'activité demeure dynamique en Amérique du Nord, la croissance se renforce dans la région de l'euro, et l'économie semble se redresser au Japon. Parallèlement, plusieurs pays qui ont été touchés par les crises profitent maintenant d'une plus forte croissance économique, grâce surtout à une augmentation des exportations découlant de la dépréciation des devises que les crises financières ont entraînée.

Pourtant, les perspectives demeurent empreintes de risques. Le rythme de la relance demeure déséquilibré, et les prix mondiaux plus élevés du pétrole, s'ils se maintiennent, risquent d'atténuer les perspectives de croissance et de gonfler les taux d'inflation qui font la manchette. Par conséquent, la priorité, pour l'avenir, est de veiller à ce que l'expansion mondiale se poursuive à un rythme soutenu et non inflationniste, et que les retombées de la croissance accrue soient partagées par tous.

Performance et perspectives économiques des pays représentés

Le Canada

L'objectif global du programme stratégique du gouvernement canadien depuis 1993 consiste à assurer une forte croissance économique à long terme de manière à accroître le niveau et la qualité de vie de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes. Les dernières années ont montré ce que pouvait réaliser l'économie canadienne de façon soutenue. Depuis 1997, le Canada a enregistré une performance comparable à celle des États-Unis sur le plan de la croissance du produit intérieur brut réel par habitant. De plus, le rythme de création d'emplois chez nous a surpassé celui de tous les autres pays du G-7.

La croissance du PIB réel a connu une accélération pour atteindre 4,5 % en 1999, soit un rythme de plus d'un point de pourcentage plus rapide qu'en 1998 et le meilleur rythme des pays du G-7. Le raffermissement de l'économie canadienne depuis la fin de 1998 est le reflet de l'amélioration de la conjoncture économique mondiale et de l'augmentation soudaine de la demande intérieure. La croissance de la demande intérieure a repris sensiblement en 1999, tandis que la croissance des exportations est demeurée forte, ce qui a diversifié la croissance du PIB réel et a permis d'établir l'économie canadienne sur une assise plus solide. L'économie a poursuivi sa forte croissance dans la première moitié de 2000, portée par la poussée de la demande intérieure et par le dynamisme soutenu de l'économie des États-Unis. L'économie canadienne a maintenant pris de l'expansion pendant 20 trimestres consécutifs, soit la plus longue séquence ininterrompue de la sorte depuis le milieu des années 1960.

L'augmentation soudaine observée au chapitre de la fabrication de produits de haute technologie et l'investissement dans ce secteur ont constitué une composante importante du récent dynamisme économique du Canada. Cela montre clairement que le Canada est en train de réussir la transition vers la nouvelle économie.

Le dynamisme du marché du travail fait état de la solide performance économique du Canada. Il y a eu croissance de l'emploi pour une troisième année consécutive en 1999, 427 400 emplois ayant été créés. Le taux de chômage a été ramené de près de 10 % à la fin de 1996 à 6,6 % en mai et en juin, le plus bas niveau depuis mars 1976. En août, le taux de chômage s'établissait à 7,1 %.

La vigueur soutenue de l'économie et du rythme de création d'emplois a inversé la tendance à la baisse du revenu réel après impôts des Canadiens. De 1990 à 1996, le revenu réel des particuliers après impôts par personne a baissé. Le revenu réel disponible par habitant a augmenté sensiblement depuis, et il dépasse actuellement le dernier sommet trimestriel atteint en 1990.

Les tensions inflationnistes intérieures sont demeurées infimes, même si l'inflation a connu un certain regain, surtout en raison de la forte hausse des cours mondiaux du pétrole. L'inflation sous-jacente (hors aliments et énergie) est demeurée stable, dans la moitié inférieure de la fourchette cible de 1 à 3 %.

Le solde courant du Canada est passé en situation excédentaire, porté par l'amélioration de la conjoncture économique mondiale et par la compétitivité accrue, reflet du renforcement de la croissance de la productivité et du faible taux d'inflation, et d'une amélioration des termes de l'échange.

Une grande partie de la reprise de notre performance économique des dernières années est attribuable aux saines politiques économiques et financières appliquées par le Canada : élimination du déficit, baisse du ratio de la dette au PIB et maintien d'un faible taux d'inflation. En outre, ces politiques établissent l'assise solide qui assurera au Canada le genre de performance économique future essentielle à sa prospérité.

Le budget de 2000 établit une stratégie qui fait fond sur les progrès réalisés par le Canada jusqu'ici et fondée sur quatre pierres d'assise : une saine gestion financière, un allégement fiscal élargi, une économie innovatrice et l'investissement dans les compétences et les connaissances.

Le Canada doit continuer à progresser dans de nombreux domaines pour que nous puissions tirer pleinement profit des possibilités d'amélioration de notre niveau de vie. Plus particulièrement, le Canada s'est engagé à au moins équilibrer son budget dans les deux prochaines années, à continuer de réduire les impôts comme le prévoit le plan quinquennal de réduction des impôts exposé dans le budget de 2000, à accélérer ces réductions comme le permettront les finances, à continuer de réduire la dette et à continuer à contrôler les dépenses tout en investissant dans les secteurs prioritaires.

Irlande

La performance remarquable de l'économie irlandaise observée pendant la plus grande partie de la dernière décennie s'est poursuivie en 1999. Le PNB réel a encore augmenté de 8 % et tout indique que les résultats seront encore meilleurs en 2000. La croissance de l'emploi s'est poursuivie à un rythme d'environ 6 % et le taux de chômage a été ramené à près de 4 % de la main-d'œuvre. Malgré la migration intérieure et une hausse importante du taux d'activité, un engorgement commence à se faire sentir au chapitre de l'offre de main-d'œuvre.

La forte tendance à la croissance qui persiste a contribué à un surplus financier supérieur à 3 ½  % du PIB en 1999. Le ratio de la dette au PIB a chuté à 50 % et il est sur une trajectoire descendante marquée. Pendant toute la période prolongée de croissance, le compte des opérations avec l'étranger est demeuré excédentaire. L'économie demeure grandement compétitive et les perspectives de croissance pour les années à venir sont très encourageantes.

La forte croissance qui persiste et l'engorgement qui émerge ont toutefois contribué à l'apparition de tensions inflationnistes. La politique monétaire étant déterminée en fonction de la zone euro, et à la lumière de la faiblesse continue de l'euro et de la hausse rapide des cours du pétrole, l'inflation a connu une accélération rapide et elle semble en voie de dépasser un taux de 5 % cette année. Le défi consistera à soutenir le large consensus social sur lequel s'est appuyé en grande partie le récent succès du pays pendant que s'estompera l'effet inflationniste de facteurs extérieurs et temporaires.

Les pays des Caraïbes

La croissance ayant été continue aux États-Unis et en Europe, la performance des pays des Caraïbes de langue anglaise en 2000 a été encourageante, compte tenu des défis de l'adaptation à la mondialisation et des risques particuliers que cette réalité fait courir aux petites économies. Le secteur du tourisme a connu une amélioration, les arrivées et le nombre de passagers de bateaux de croisière ayant augmenté dans plusieurs îles. Les arrivées en provenance des États-Unis ont particulièrement augmenté, surtout après le 1er janvier, quand les craintes relatives aux effets du bogue du millénaire sur le tourisme se sont estompées. Le rendement amélioré, de concert avec l'augmentation des flux de capitaux, a renforcé les réserves de devises étrangères. Les efforts déployés afin de contenir la consommation ont porté fruit et l'inflation est demeurée faible sur la plupart des territoires.

Dans le cadre de la surveillance qu'il exerce aux termes de l'article IV, le Fonds monétaire international (FMI) a endossé de façon générale le cadre stratégique de plusieurs îles et la tendance vers une plus grande libéralisation financière. Il convient également de signaler que certaines îles ont obtenu ou gardé une cote élevée de solvabilité auprès des principales agences de cotation. Plusieurs économies ont toutefois été confrontées à d'importants défis à moyen terme. Ceux-ci nécessiteront une étroite surveillance, un rajustement rapide des politiques et un engagement constructif auprès de la collectivité internationale.

Premièrement, il faut poursuivre l'application du cadre de mise en œuvre de saines politiques économiques visant à contenir la consommation intérieure et à favoriser la croissance économique et le développement. Il importe particulièrement de développer l'infrastructure. Fait à signaler, le secteur de la construction s'est raffermi, ce qui contribuera à atténuer le problème du chômage dans certaines îles.

Deuxièmement, il faut poursuivre le processus de rajustement de la politique du commerce en harmonie avec les lignes directrices de l'Organisation mondiale du commerce. La libéralisation du commerce peut entraîner des problèmes particuliers pour les économies de petits États pour qui il est souvent difficile de rajuster leur assise manufacturière afin de tirer profit de nouveaux créneaux. Un rajustement financier additionnel est également requis pour faciliter la transition d'une situation de dépendance envers les mécanismes préférentiels avec l'Union européenne, surtout avec les producteurs de bananes de la région. Compte tenu de la menace qui plane sur la survie de ses producteurs primaires et secondaires, la région a poursuivi son processus de consultation économique afin de constituer une économie et un marché uniques pour les Caraïbes.

Troisièmement, la région est confrontée au défi de l'accroissement de l'autosurveillance de ses centres financiers émergents d'une manière qui favorise la stabilité financière intérieure et la confiance des partenaires de l'étranger. En 1999, la région a demandé l'aide technique du FMI afin de régler des problèmes d'ordre statistique et méthodologique. Dans cette optique, le Caribbean Technical Assistance Centre dont la création est prévue devrait être créé au plus vite aux termes d'un mécanisme de financement conjoint. La région est consciente de la nécessité d'améliorer la réputation de ses centres financiers et elle adopte les mesures nécessaires afin de renforcer sa capacité d'autoévaluation et d'autosurveillance. En particulier, plusieurs pays se sont portés volontaires au titre des évaluations du secteur financier du FMI. La région indique ainsi sa volonté d'engager le dialogue sur la stabilité financière.

Enfin, un autre défi est lié à la crédibilité des structures financières régionales, compte tenu des préoccupations internationales relatives à la concurrence fiscale. Même si la collectivité internationale exprime des craintes fort compréhensibles au sujet de la concurrence fiscale déloyale, la région se préoccupe de manière tout aussi légitime de la souveraineté, du champ d'application, de la procédure établie et transparente et de la viabilité des recettes gouvernementales. Compte tenu de ces préoccupations, il faut établir au sein de la collectivité internationale un franc dialogue dans le cadre duquel les préoccupations de toutes les parties peuvent être soulevées et résolues comme il se doit.

Le renforcement du système financier international …pour le bénéfice de tous

Dans la déclaration du Canada prononcée à la réunion du printemps 2000 du CMFI, on faisait observer que l'époque où le FMI évoluait dans l'ombre était révolue. L'étroite surveillance dont nous faisons de plus en plus l'objet vient partiellement du fait que, dans un contexte de mondialisation grandissante, les membres du Fonds ont incité ce dernier à exercer un rôle plus central en ce qui a trait aux questions qui ont une incidence directe et indirecte sur le bien-être des particuliers et des familles du monde entier.

Même si la mondialisation a été et demeure alimentée en grande partie par le secteur privé, le secteur public, par l'entremise d'institutions financières internationales comme le FMI, exerce une influence importante sur son développement. Ici, le rôle du secteur public consiste à établir les « règles du jeu » qui dicteront le fonctionnement du système financier international – et de l'économie mondiale en général – établissant par le fait même un cadre qui favorise l'innovation, la croissance et l'équité.

À cet égard, il est encourageant de constater que le Directeur général, M. Horst Köhler, invite la collectivité internationale, y compris le Fonds, à veiller à ce les débouchés de la mondialisation soient accessibles à tous, un argument auquel nous, au Canada, croyons fermement. Toutes les activités futures du Fonds devraient viser à faire travailler la mondialisation au bénéfice de tous.

Il s'agit là de convictions importantes qui ne sauraient être, et qui ne peuvent absolument pas devenir, des paroles vides de sens lancées afin de faire taire les protestations de plus en plus fortes exprimées par ceux qui sont laissés de côté par la mondialisation. Le Canada appuie la sincérité et la détermination des intentions du nouveau Directeur général, qui voudra intégrer ces principes aux actions exercées par le Fonds.

Le Fonds – qui travaille souvent de concert avec d'autres institutions multilatérales – a déjà adopté en ce sens certaines mesures importantes qu'il faut reconnaître. Il convient de signaler à ce chapitre la mise en œuvre continue de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, l'importance accrue qui est accordée à la croissance durable fondée sur l'investissement dans la santé et dans l'éducation, l'évolution de la Facilité d'ajustement structurel renforcée en Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance, qui demeure à définir et est davantage axée sur la participation, et l'émergence d'actes courageux qui ont trop longtemps fait défaut au sein des institutions financières internationales en vue de mettre fin à la corruption de haut niveau et à la faiblesse systématique des structures de gestion publique.

Ces efforts – qu'il reste encore à intégrer de manière complète et cohérente aux travaux du Fonds – s'ajoutent aux progrès réalisés dans les secteurs de compétence plus « traditionnels » du Fonds. La transparence et la clarté accrues du processus de surveillance appliqué par le FMI, surtout en ce qui a trait aux taux de change, une plus grande attention portée aux problèmes du secteur financier ainsi que l'application plus systématique de normes et de codes pertinents et acceptés à l'échelle internationale ont toutes amélioré la qualité des activités de surveillance exercées par le Fonds et des conseils stratégiques qu'il offre. Pour les pays, qu'ils participent au programme ou non, ces efforts auront pour effet net de réduire la vulnérabilité aux chocs économiques et financiers qui peuvent être particulièrement dévastateurs pour les couches les plus fragiles de la société.

À cela devraient s'ajouter les efforts de réforme des facilités de financement du Fonds. La conclusion d'une entente au sujet des détails de la réforme dans le cadre des présentes réunions représente une étape importante pour accroître l'efficacité avec laquelle les ressources du Fonds sont utilisées. Au moment où nous nous dirigeons vers un avenir où les flux de capitaux privés seront de plus en plus importants, cela fera en sorte que les ressources du Fonds soient là pour aider les membres à procéder à des réformes fondamentales afin de redresser les faiblesses sous-jacentes de la balance des paiements.

Participation du secteur privé dans la gestion des crises

La participation du secteur privé au règlement des crises financières est un autre aspect à l'égard duquel d'importants progrès ont été réalisés. Il reste toutefois fort à faire pour mettre en place les outils et le cadre nécessaires pour que les créanciers et les investisseurs du secteur privé soient plus facilement intégrés à un plan d'action coordonnée en cas de crise financière.

Deux problèmes doivent être réglés. Premièrement, même si une grande partie du débat d'aujourd'hui a porté sur le moment auquel le secteur public doit rechercher la participation concertée du secteur privé, il faut accorder une plus large part au développement de nouveaux instruments financiers et contractuels afin d'engager des créanciers du secteur privé dans des solutions axées sur la collaboration et de favoriser une utilisation plus répandue des outils existants. Cette année par exemple, le gouvernement du Canada a décidé d'inclure des dispositions de recours collectif dans toutes ses obligations en devises étrangères garanties par l'État. Nous invitons les autres pays industrialisés à en faire autant afin de paver la voie à une utilisation accrue de ces dispositions dans les obligations garanties par des marchés émergents. Nous nous réjouissons également des récents travaux préliminaires menés par le Fonds au sujet des engagements de statu quo et du rôle qu'ils pourraient jouer dans le règlement des crises.

Deuxièmement, le processus par lequel les créances sont remboursées au secteur privé ou rééchelonnées doit être éclairci. Notre appui à la participation du secteur privé fait état de l'importance que nous accordons à l'élaboration d'un cadre clair et stable visant à faciliter le remboursement efficace et opportun des créances du secteur privé en cas de crises financières, surtout celles qui sont causées par contagion et par des fuites de capitaux. Des malentendus ont toutefois été constatés. Certaines personnes du secteur privé craignent que l'invitation lancée au secteur privé ait pour seul objet de « partager le fardeau » ou de relever certains pays de leurs obligations, ou les deux. Telle n'est pas l'intention. L'objectif consiste à faire en sorte que les flux de capitaux privés tiennent compte des facteurs sous-jacents de risque et de rendement, car après tout, il s'agit d'une condition clé de l'efficacité des marchés financiers.

Cet objectif ne se réalisera toutefois jamais si le secteur privé estime que les décisions de rééchelonnement de la dette sont prises arbitrairement au FMI et au Club de Paris. Autrement, les pays qui appliquent de saines politiques pourraient être pénalisés en voyant leur accès aux marchés financiers mondiaux réduit. À cet égard, la comparabilité des créances du secteur privé et du secteur public devrait être un principe clé orientant nos décisions. Les secteurs privé et public ont tous deux intérêt à favoriser l'instauration de mécanismes de rééchelonnement de la dette plus prévisibles et, dans le cadre de la création d'un projet de participation du secteur privé, il nous faut non seulement établir plus clairement quelles sont les mesures attendues de la part du secteur privé, mais également mieux prévoir les mesures qu'adoptera le secteur public.

Grâce à des efforts comme celui-ci et d'autres efforts semblables, les marchés financiers internationaux seront plus sûrs et plus stables. Grâce à ces efforts, la collectivité internationale pourra favoriser un meilleur accès aux débouchés offerts par la mondialisation.

Transparence et responsabilisation

Il faudra toutefois un effort plus audacieux et mieux défini, de la part du Fonds comme de la collectivité internationale en général, pour assurer le succès de l'entreprise. Pour ce qui est du Fonds plus particulièrement, la décision d'établir une unité d'évaluation indépendante et la présentation d'un mandat clair dans le cadre des présentes réunions permettront de faire en sorte que le Fonds relève ce défi. La décision de créer cette unité d'évaluation signifie que les membres du Fonds reconnaissent implicitement que le Fonds doit mieux comprendre comment ses travaux entrent en interaction avec les autres objectifs établis à l'échelle internationale. Le Canada aimerait exprimer sa gratitude à M. Thomas Bernes, qui est représentant de notre groupe de pays au sein du Conseil d'administration du FMI et président du groupe d'administrateurs responsables de l'évaluation, pour avoir mené cette initiative à terme.

Il faudra réaliser des progrès sur d'autres fronts pour donner du poids à nos paroles, y compris intensifier les efforts déployés par le Fonds, travailler en collaboration avec d'autres, favoriser de façon plus proactive la saine gestion publique et combattre la corruption. Comme nous l'avons souvent dit et répété, la corruption systémique nuit constamment aux initiatives d'allégement de la pauvreté, les ressources destinées à satisfaire aux besoins fondamentaux des personnes et à investir dans la santé et l'éducation étant détournées de ceux qui sont dans le besoin, ce qui détruit la confiance et la volonté des donateurs de fournir des ressources à l'appui de ces efforts. Nous attendons donc avec intérêt le rapport du Conseil d'administration au sujet de son expérience de l'application de sa politique de saine gestion. On devrait fortement encourager le Directeur général à développer les lignes directrices de 1996 à l'intention du personnel en une stratégie institutionnelle claire et tournée vers l'avenir, et à faire rapport à ce sujet à la prochaine réunion du CMFI.

La capacité qu'ont bon nombre de pays membres de participer à la mondialisation et d'en profiter sera également fonction de leur propre capacité institutionnelle, pour laquelle le Fonds a un rôle clair à jouer dans son domaine de compétence. Il faut saluer les récents efforts déployés pour lier de façon plus stratégique la prestation d'une aide technique aux priorités établies dans les conseils stratégiques et les programmes du Fonds.

Commerce et développement

Les questions du commerce et du développement représentent un des aspects importants auquel le Fonds pourra contribuer de manière constructive dans la période à venir. Les questions relatives au commerce, qui remontent aussi loin que le cadre initial de Bretton Woods, sont essentielles à la cohérence entre les efforts des grandes institutions économiques internationales et l'optimisation d'initiatives internationales comme celle en faveur des pays pauvres très endettés. Bon nombre de pays à faible revenu sont limités dans leur capacité de maximiser les bienfaits tirés du système mondial du commerce. Une partie du problème réside dans l'insuffisance de la capacité intérieure, y compris la faiblesse de l'infrastructure, des institutions, le caractère inadéquat des structures juridiques et de gestion publique ainsi que la rareté du capital humain dans ces pays. Il est donc important que les efforts internationaux visant à accroître la constitution des capacités s'intensifient. L'accès aux marchés constitue également un enjeu important pour nombre de pays à faible revenu. En conséquence, les pays industrialisés et les pays en développement doivent se donner la main afin d'accroître l'accès aux marchés de sorte que l'on puisse profiter d'autres avantages de la réforme économique et de la libéralisation amorcées par un grand nombre de pays dans les dernières années.

Les pays pauvres très endettés

Enfin, toujours dans la même veine, il faudra faire preuve d'une plus grande détermination en ce qui a trait à l'allégement des fardeaux d'endettement devenus insoutenables dans le cadre de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés. Manifestement, nous devons réévaluer nos priorités et nous assurer que les pays pauvres très endettés ne croulent pas sous des conditionnalités irréalistes dans leurs efforts en vue d'obtenir un allégement de la dette. Dans le cadre du plan élargi actuel allégement de la dette, les pays très endettés doivent non seulement mettre en œuvre des réformes macroéconomiques, structurelles et sociales, mais ils doivent également dresser des stratégies globales de réduction de la pauvreté avant d'être admissibles à un allégement de la dette. Avec un recul, ce groupe de pays estime que l'on a accordé trop d'importance à la quantité de la conditionnalité plutôt qu'à sa qualité. Nous faisons appel, par conséquent, aux créanciers afin de veiller à l'avenir à ce que la conditionnalité dans les pays pauvres très endettés réponde aux besoins et aux capacités des pays débiteurs.

Nous nous sommes engagés l'an dernier à accélérer les mesures et nous devons y parvenir. Trop de pays très endettés n'ont pas encore bénéficié de la mesure plus rapide, approfondie et élargie de l'allégement de la dette promise aux termes de l'Initiative améliorée en faveur de ces pays. Même si nous nous engageons à respecter le processus relatif aux pays pauvres très endettés visant à faire en sorte que 20 pays en soient au point de décision cette année, nous devons nous demander si nous ne pouvons pas faire davantage. En outre, pourquoi les pays créanciers bilateraux n'envisagent-ils pas un moratoire immédiat sur le paiement de la dette des pays pauvres très endettés admissibles faisant l'objet de réforme?

Cette mesure s'appliquerait à tous les pays pauvres très endettés admissibles qui appuient les principes de saine gestion et ne sont pas aux prises avec des conflits. Sur le plan financier, un tel moratoire serait équivalent à l'annulation immédiate de toute la dette active. Le report de l'annulation réelle de la dette jusqu'au moment d'achèvement inciterait les pays à poursuivre la mise en œuvre de saines politiques. Dans le cas des autres pays pauvres très endettés, le défi consiste à les aider à améliorer la transparence et la responsabilisation et à enrayer la corruption.

Défis à venir

Il ne s'agit là que de quelques-uns des principaux défis auxquels nous sommes confrontés à court terme au titre de l'adaptation à la mondialisation. À plus long terme, la collectivité internationale devra répondre à un plus grand nombre de questions fondamentales, notamment comment doivent être prises les décisions et comment doivent être établies les règles au sujet des problèmes économiques et financiers internationaux. Même s'il existe un certain nombre de structures et d'organisations, nombre de pays de la collectivité internationale ont soulevé des questions au sujet de la suffisance ou de la légitimité, ou des deux, des structures de reddition de comptes de celles-ci.

Par exemple, certains considèrent que le FMI, même si ses membres proviennent d'à peu près partout dans le monde, applique un système de quotes-parts qui néglige certaines régions et un grand nombre de marchés émergents, et que sa structure de groupes de pays représentés n'est pas suffisamment souple pour répondre à la transformation de l'équilibre mondial de l'activité économique. Si elle veut continuer d'exercer le même rôle au cœur du système financier international, l'institution devra remédier à ces lacunes.

En outre, un nombre croissant de groupes bien informés de la société civile – certains ayant des objectifs clairs de représentativité, et d'autres visant des objectifs plus nébuleux – exigent une plus grande transparence et une responsabilisation accrue d'institutions financières internationales comme le Fonds, et ils revendiquent la possibilité d'avoir leur mot à dire dans les processus décisionnels.

Dans une grande mesure, la façon dont nous réglerons ces problèmes et le degré de réussite avec lequel nous les réglerons détermineront la légitimité d'institutions comme le Fonds aux yeux de la société. Nous ne serons efficaces et nous ne conserverons l'appui de nos membres que si nous réussissons à régler ces problèmes et si la société estime que les institutions internationales agissent dans son intérêt. Pour sa part, le Fonds devra s'en souvenir au moment où émergeront ces questions dans la période à venir.


Dernière mise à jour :  2003-01-13 Haut

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