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Ottawa, le 13 juillet 2000

Allocution au 36e colloque annuel de l'International Insurance Society

l'honorable James S. Peterson, c.p., député
secrétaire d'État (Institutions financières internationales)

Vancouver (C.-B.)
le 10 juillet 2000.

Le texte prononcé fait foi.


C'est avec un grand plaisir que j'accueille au Canada plus de 700 leaders de plus de 50 pays à l'occasion du 36e colloque annuel de l'International Insurance Society.

Je suis également ravi que sur les trois personnes à qui vous décernez des prix, deux soient canadiennes, à savoir Dominic D'Alessandro et John Gardner, qui sont tous deux dotés d'un talent exceptionnel, en plus d'être des chefs de file de l'industrie.

Le thème que vous avez choisi pour ce colloque, « Le pouvoir du leadership dans le millénaire du savoir », revêt certes une importance pour votre industrie, mais spécialement pour notre gouvernement qui s'apprête à relever les défis et à saisir les occasions sans précédent que présente la nouvelle économie du savoir au XXIe siècle.

Nous, les membres du gouvernement, sommes parfaitement conscients que nous devons être à la fois des architectes et des moteurs du changement.

Lorsque nous avons pris le pouvoir, il y a de cela un peu moins de 7 ans, le déficit se situait à 6 % du PIB et le taux de chômage était de 11,4 %. Le Wall Street Journal qualifiait le Canada de « pays du tiers monde ».

Depuis, grâce à des mesures budgétaires rigoureuses et difficiles, nous avons enregistré des excédents budgétaires durant trois années consécutives et nous remboursons notre dette. L'Economist of London a parlé de nous comme d'un « miracle économique ».

Nos taux d'intérêt étaient de 250 points de base au-dessus de ceux des Américains. Ils sont maintenant inférieurs pour toutes les émissions venant à échéance. Le taux de chômage a chuté à 6,6 % grâce à la création de plus de 2 millions de nouveaux emplois. Notre taux de croissance, qui s'établit à 4,5 %, est le plus élevé parmi les pays du G-7, devançant même celui des États-Unis. Le taux d'inflation est demeuré dans la fourchette ciblée, soit entre 1 % et 3 %, et cette année, la Bourse de Toronto figure parmi les plus performantes au monde aux côtés de celle de New York.

Depuis que nous enregistrons des excédents, nous nous sommes attaqués à la tâche importante que représente la réduction d'impôts.

Nous avons annoncé des réductions de l'impôt sur le revenu des particuliers de l'ordre de 23 %. Et plus encore, nous avons commencé à réduire les impôts des sociétés, une nouvelle fort bien accueillie par le secteur des services financiers.

Dans quelques années, lorsque les réductions des impôts sur les sociétés du gouvernement fédéral et de l'Ontario seront entièrement mises en place, le taux combiné sera de 30 %, comparativement à 36 % au Michigan, à 40 % dans l'État de New York et à 41 % en Californie.

Déjà des entreprises déménagent leurs centres de profit nord-américains au Canada.

Et ces réductions d'impôt ne sont qu'un début. Nous espérons poursuivre dans cette voie, et c'est ce que nous prévoyons faire.

Néanmoins, nous avons reconnu du même coup que les budgets équilibrés et la baisse d'impôts ne suffiraient pas à garantir un avenir prospère au sein de la nouvelle économie. Il fût un temps où le Canada jouissait sans effort d'une supériorité que lui conférait l'abondance de ses ressources naturelles; mais nous savons maintenant que les produits n'apporteront pas la prospérité que seules les ressources humaines peuvent créer.

Voilà pourquoi nous avons investi considérablement dans l'éducation, la recherche, la technologie et l'innovation. Des Bourses du millénaire seront octroyées à 100 000 étudiants chaque année. Nous fondons actuellement 2 000 chaires universitaires permettant aux établissements en cause de rivaliser pour attirer les universitaires les plus prometteurs et les plus brillants du monde.

En matière de soins de santé, nos transferts aux provinces sont plus élevés que jamais, et nous avons promis davantage.

Même en situation déficitaire, nous avons étroitement collaboré avec l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes inc. pour offrir des allégements fiscaux au titre des prestations supplémentaires d'assurance-maladie et d'assurance dentaire.

Nous sommes déterminés à ce que les Canadiens et les Canadiennes puissent jouir d'un système de soins de santé de calibre mondial et à ce que ce système soit préservé. Les entreprises y trouvent également leur compte, car les employeurs canadiens jouissent d'un avantage énorme pouvant représenter jusqu'à 10 $ de l'heure par rapport aux concurrents étrangers.

D'après les résultats d'une étude effectuée en mars par la firme KPMG, c'est actuellement au Canada que le prix moyen de revient de l'entreprise est le moins élevé parmi les pays du G-7. En outre, pendant sept années de suite, l'Organisation des Nations Unies a décrété que le Canada était le meilleur pays au monde où vivre.

Alors que nous bâtissons sur le passé, nous ne pouvons nous permettre de nous asseoir sur nos lauriers. Nous nous sommes donc engagés à agir avec prudence sur les plans budgétaire et financier, à rembourser notre dette, à réduire davantage les impôts et à effectuer des investissements stratégiques dans nos ressources humaines dont le rôle est crucial au sein de la nouvelle économie.

Nous savons également qu'il est impératif pour nous de mettre en place un régime de réglementation permettant aux entreprises de s'adapter à l'évolution rapide de l'économie mondiale.

Ces deux dernières années, nous avons assisté à des réformes d'une ampleur sans précédent dans le secteur des services financiers. En effet, il y a d'abord eu l'adoption d'une loi autorisant l'établissement de succursales de banques étrangères au Canada, puis l'instauration d'un nouveau régime qui a permis à quatre des plus importantes sociétés d'assurances canadiennes de se démutualiser avec grand succès. Une nouvelle loi visant à combattre le blanchiment d'argent vient tout juste d'être promulguée.

Le 13 juin dernier, j'ai déposé à la Chambre des communes le nouveau projet de loi sur le secteur des services financiers.

En gros, le nouveau régime offre à nos compagnies d'assurances une plus grande marge de manœuvre dans leurs activités en ayant recours à des sociétés de portefeuille. En vertu des nouvelles règles de propriété, il est possible d'utiliser le capital-actions pour créer des coentreprises et des alliances stratégiques. Les compagnies d'assurances auront droit à une plus grande variété de placements et auront dorénavant accès au système des paiements, et donc à des privilèges de comptes de chèques.

Ce projet de loi de 900 pages modifie 22 lois et est l'un des plus imposants jamais déposés. Il est le fruit de vastes et fastidieuses consultations auprès de tous les intervenants, y compris nos compagnies d'assurances, dont l'expertise et la collaboration ont été grandement appréciées des hauts fonctionnaires et de moi-même.

Nous croyons fermement que le nouveau cadre établit un équilibre judicieux, en ce sens qu'il permet à nos fournisseurs de services financiers d'être des concurrents de calibre mondial, d'une part, et d'offrir aux Canadiens des services de calibre mondial, d'autre part.

L'industrie canadienne de l'assurance-vie et de l'assurance-santé n'est pas étrangère aux enjeux de la nouvelle économie et occupe une place très importante dans l'avenir du Canada.

Elle compte 129 entreprises nationales et étrangères qui emploient 60 000 Canadiens et Canadiennes. Les assureurs canadiens sont de gros exportateurs présents dans plus de 20 pays. Leurs polices actives à l'extérieur du Canada totalisent 1,3 billion de dollars et 47 % de leur revenu en primes total provient de clients étrangers.

À l'avenir, je veux miser sur ces atouts des plus enviables et collaborer avec vous pour créer encore plus de champions canadiens à l'échelle mondiale.

Je sais que l'une des questions de premier plan que nous devons aborder est l'impact qu'aura le commerce électronique sur notre industrie.

Nous avons prévu le coup et, en tant qu'investissement prioritaire dans notre avenir, nous nous sommes efforcés d'édifier une solide infrastructure des communications au Canada.

Voici ce qu'a déclaré le Premier ministre en février dernier : « Notre réseau de fibres optiques est le plus perfectionné au monde. Nous avons les meilleurs tarifs téléphoniques. Le Canada arrive en tête sur le plan de la pénétration de l'ordinateur individuel, du câble et du téléphone. Le Canada est le premier grand pays à avoir complètement branché son réseau d'écoles et de bibliothèques à l'Internet. »

Il a poursuivi en faisant toutefois remarquer qu'en dépit de cela, le milieu canadien des affaires était « très lent à se lancer dans le cybercommerce » et lui a donc lancé le défi de conquérir pour le Canada, d'ici 2003, 5 % du commerce électronique qui se fait à l'échelle mondiale, effectuant ainsi des affaires totalisant plus de 200 milliards de dollars. J'estime que nos compagnies d'assurance peuvent jouer un rôle clé à cet égard.

Un autre défi pour l'avenir consiste à décider des marchés à cibler.

À l'heure actuelle, l'Amérique latine, l'Asie, l'Afrique et l'Europe de l'Est ont des populations énormes, mais sont relativement démunies au chapitre des services financiers, y compris au chapitre de l'assurance.

Des efforts renouvelés sont déployés par l'intermédiaire de la Banque mondiale, de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et de bien d'autres pour promouvoir le développement économique. Des réseaux d'apprentissage à distance sont créés pour relever les niveaux d'éducation. Au fil des percées d'Internet, de nouvelles occasions d'affaires se présenteront.

La Société financière internationale (SFI), l'organisme bancaire d'investissement de la Banque mondiale, incite les compagnies d'assurances à participer à des coentreprises dans les marchés à économie émergente. Elle sait que les compagnies d'assurances peuvent aider à créer et à mobiliser des économies et qu'elles détiennent beaucoup d'obligations du gouvernement, ce qui en fait des partenaires clés en matière de développement.

En règle générale, le capital des coentreprises, soit 5 millions de dollars américains, est payé dans une proportion de 40 % par le pays hôte, de 40 % par le partenaire étranger et de 20 % par la SFI qui est aussi une source inépuisable de connaissances locales. Nos représentants commerciaux seraient également ravis de contribuer à cet égard.

J'exhorte ceux d'entre vous qui penchez plutôt du côté des nouveaux défis offerts par les marchés établis que vous dominez actuellement à prendre en compte l'expertise et le capital de la SFI et à explorer ces nouvelles occasions d'affaires et de développement. On compte déjà plus de 20 coentreprises de ce genre. Nous savons tous que les marchés à économie émergente peuvent devenir de bons marchés. Pourquoi ne pas commencer dès maintenant?

Alors que les compagnies d'assurances et les gouvernements font des projets d'avenir, ils confrontent tous les deux d'énormes incertitudes.

Reportons-nous au 2 juillet 1997, soit exactement il y a trois ans et 8 jours. En Thaïlande, une petite banque fermait ses portes. Les pays s'écroulaient comme des dominos. La « grippe asiatique » prenait alors l'ampleur d'une épidémie mondiale.

Puis, le 17 août 1998, la Russie manquait à ses engagements. Une nouvelle fuite de capitaux vers la sécurité heurtait la plupart des pays, même ceux dont les bases étaient solides. De nombreuses institutions financières se sont alors écroulées.

Avec le SIDA, voilà le pire de la mondialisation. Aucun gouvernement ne peut agir seul pour régler ces problèmes.

C'est pour cette raison qu'en septembre 1998, le ministre des Finances du Canada, Paul Martin, a soumis le Plan canadien en six points face aux crises financières internationales.

À ce jour, nous avons accompli passablement de travail : l'annulation de la dette des pays pauvres très endettés, le mécanisme d'examen par les pairs du FMI et les travaux du Forum sur la stabilité financière dont les cinq groupes de travail ont préparé des rapports sur les fonds de couverture, les mouvements de capitaux, les normes financières, les garanties des dépôts et les centres financiers extraterritoriaux.

Je suis fier du fait que le Canada présidait ces deux derniers groupes de travail.

L'événement le plus important a peut-être été la création du G-20, présidé par le ministre des Finances. Le G-20 représente 87 % du PIB mondial et 65 % de la population mondiale, ce qui lui confère une légitimité que les petits groupes n'ont jamais eue auparavant, et pourtant, il est suffisamment petit pour travailler avec efficacité.

De toute évidence, il faut faire plus.

Le développement du tiers monde demeure une priorité tout comme la bonne gestion et la surveillance du secteur financier partout dans le monde, y compris une plus grande transparence pour les pays et pour les entreprises.

La déroute des créanciers qui fuient un pays en difficulté, causant ainsi des dommages beaucoup plus importants que les faits réels ne le laissent supposer, demeure un problème de taille. Les ressources officielles du FMI et d'autres sources sont tout simplement inadéquates pour mettre un terme à une telle fuite.

C'est la raison pour laquelle le G-20 envisage la possibilité d'adopter des approches, par exemple, des clauses d'action collective et des dispositions moratoires pour les titres de créance des États souverains. Aucun détenteur d'obligations ne serait autorisé à lui seul à contrer une proposition aux créanciers. Il est également nécessaire de prévoir des pauses conjoncturelles. Le secteur privé doit faire partie de la solution.

Pour terminer, je tiens tout simplement à souligner que le rôle du Canada à l'échelle internationale est tributaire, dans une large mesure, de ce que nous avons fait chez nous, c'est-à-dire moderniser notre secteur financier et rétablir notre base économique.

Si nous n'avions pas d'abord mis de l'ordre au pays, nous n'aurions jamais pu surmonter la crise internationale aussi bien que nous l'avons fait. Nous n'aurions pas non plus eu la crédibilité nécessaire au sein de la communauté internationale pour mettre de l'avant le Plan canadien en six points et le faire adopter dans une aussi large mesure. Et Paul Martin ne serait pas président du G-20.

Il va sans dire que je suis fier du rôle de leader international qu'a joué le Canada, un rôle de leader largement disproportionné par rapport à notre puissance.

Mais ce qui est encore plus important, c'est que les pays qui font face à la crise ont tous admis, comme ce fût rarement le cas dans le passé, qu'un problème pour l'un de nous est un problème pour chacun de nous.

C'est dans ce même état d'esprit que vous êtes venus à Vancouver pour relever ensemble les défis que présente l'édification d'un avenir meilleur et plus grand pour tous.

Je vous souhaite la bienvenue et j'espère que votre collaboration sera très productive.


Dernière mise à jour :  2002-04-19 Haut

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