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Ottawa, le 17 novembre 2001
2001-107

Déclaration préparée à l’intention du Comité monétaire et financier international du Fonds monétaire international

L’honorable Paul Martin,
ministre des Finances du Canada

Ottawa (Ontario)

Le texte prononcé fait foi.


Introduction

Les terribles événements du 11 septembre donnent encore plus de sens à notre rencontre d’aujourd’hui. Les attaques terroristes ont suscité des craintes concernant la capacité des gouvernements de s’acquitter de l’une de leurs fonctions essentielles –assurer la sécurité de leurs citoyens. L’insécurité personnelle provoquée par le terrorisme se répercute sur notre sécurité économique, car les effets sur la confiance constituent un risque important à court terme pour une économie mondiale dont la croissance commençait déjà à ralentir avant même que ne surviennent les événements du 11 septembre.

Mais, nous sommes loin d’être démunis. Le fait que le Comité monétaire et financier international (CMFI) et le Comité du développement (CD) se réunissent à Ottawa cette fin de semaine constitue la preuve que la collectivité internationale est déterminée à assurer la sécurité économique mondiale.

Évidemment, les attaques terroristes nous ont présenté une toute nouvelle série de défis. Dans l’immédiat, nous devons étudier les répercussions économiques des attaques et couper la source de financement terroriste. Signalons, à ces deux égards, que la réaction adéquate des autorités nationales et des organismes internationaux ne s’est pas fait attendre.

Le danger, toutefois, c’est qu’en tentant instinctivement de nous protéger, nous devenons moins ouverts, sur le plan psychologique tout autant qu’économique. Ce faisant, nous nous devenons les otages de la peur. Nous ne pouvons permettre que les frontières deviennent des obstacles aux libres marchés et aux libres échanges qui sont les assises de notre progrès économique et technologique. Qui plus est, en agissant ainsi, nous ferions fi de la prospérité promise par l’économie mondiale aux millions de gens partout dans le monde, qui vivent dans la pauvreté – tous ceux qui ne cherchent qu’une chance d’avancement pour eux et pour leurs enfants.

C’est pourquoi, nous devons concerter nos efforts pour veiller à que les mesures de sécurité nécessaires pour protéger nos citoyens soient mises en place de manière à faciliter plutôt qu’à empêcher le commerce international légitime. Cette mesure est tout à fait conforme à notre objectif ultime, c’est-à-dire conclure des ententes économiques mondiales qui fourniront prospérité et sécurité économiques à tous nos citoyens. C’est l’objectif qui doit guider les efforts que nous déploierons pour relever les défis associés aux événements du 11 septembre.

Assurer la sécurité : lutter contre le financement du terrorisme

En notre qualité de représentants de gouvernements souverains, l’une des fonctions primordiales dont nous devons nous acquitter est de protéger nos citoyens. À titre de ministres des Finances et de gouverneurs des banques centrales, nous devons placer la lutte contre le financement du terrorisme au premier rang de nos priorités immédiates, si nous voulons atteindre cet objectif global. Or, nous y parviendrons en mobilisant tous les membres de la collectivité internationale et en travaillant de concert dans un vaste éventail de forums.

En raison de la menace que posent le financement du terrorisme et le blanchiment de capitaux pour les secteurs financiers nationaux des pays et pour l’intégrité du système financier international dans son ensemble, le Fonds monétaire international (FMI), dont les membres proviennent de presque tous les pays du monde, a un rôle de tout premier plan à jouer dans cette lutte. Le personnel du FMI devrait, en particulier, travailler avec des experts internationaux compétents, comme le Groupe d’action financière (GAFI), pour veiller à ce que les programmes d’évaluation du secteur financier menés par le Fonds et les conseils stratégiques qu’il dispense contribuent, le cas échéant, aux efforts mondiaux de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Nous approuvons donc les recommandations du personnel du FMI selon lesquelles le Fonds devrait notamment appliquer ses méthodes élargies de lutte contre le blanchiment de capitaux à l’ensemble des programmes d’évaluation du secteur financier et des évaluations des places extraterritoriales, accélérer les évaluations des places extraterritoriales et travailler en étroite collaboration avec le GAFI pour mettre la dernière main, le plus rapidement possible, au Rapport sur l’observation des normes et des codes, relatif à la lutte contre le blanchiment de capitaux.

Nous devons toutefois admettre qu’afin de participer efficacement aux efforts internationaux généralisés pour contrer ces abus financiers, les petits pays dont les ressources et les capacités administratives sont limitées auront besoin d’aide sur le plan technique. Le FMI et d’autres organismes internationaux compétents, à l’instar des donateurs bilatéraux, ont un rôle clé à jouer pour bâtir cette capacité. À cet égard, le Canada est fin prêt à faire sa part.

Assurer la sécurité économique

Les gestes haineux qui ont été posés le 11 septembre constituent des attentats contre des structures matérielles et les gens qui travaillent dans ces structures. Mais ils visaient à ébranler le sens de sécurité personnelle du peuple américain. Ils ont été planifiés et exécutés pour briser la confiance des consommateurs et des entreprises, minant ainsi leur sens de sécurité économique.

À cet égard, les perspectives économiques pour les États-Unis, d’incertaines qu’elles étaient avant même les récents événements tragiques, sont devenues encore plus incertaines en raison de la détérioration de la confiance des entreprises et des consommateurs par suite de ces attaques.

Comme les perspectives américaines se sont assombries, celles du reste du monde sont devenues plus incertaines encore. La croissance économique a ralenti considérablement dans la zone de l’euro. L’économie japonaise est en récession. La faiblesse de l’économie américaine et une plus grande peur du risque chez les investisseurs ont rendu les conditions des marchés financiers encore plus difficiles pour les économies de marché émergentes. Les économies à grands besoins de financement externe, comme celles d’Amérique Latine, seront le plus durement touchées. L’environnement mondial a également compliqué les progrès de la Turquie et de l’Argentine en vue de la mise en place de leurs programmes de redressement économique.

Heureusement, des mesures stratégiques solides ont été rapidement apportées. Aux États-Unis, le Federal Reserve Board a montré qu’il était disposé à abaisser les taux d’intérêt et à injecter des liquidités dans le système financier au besoin.

Ailleurs dans le monde, la Banque centrale européenne a réduit ses principaux taux d’intérêt de 125 points de base depuis le 30 août et, compte tenu de la baisse prévue de l’inflation au début de 2002, d’autres réductions pourraient bien être effectuées à court terme. De plus, il se peut que les économies centrales de la zone de l’euro laissent agir leurs stabilisateurs financiers automatiques, qui contribueront à freiner le ralentissement, quitte à ne pas atteindre leurs objectifs financiers à court terme.

Au Japon, les autorités ont pris quelques mesures pour assouplir la politique monétaire et amortir les prêts non productifs du système financier. Néanmoins, des mesures supplémentaires plus dynamiques pourraient bien s’imposer pour compenser les tensions déflationnistes qui s’exercent dans l’économie japonaise.

Performance et perspectives économiques des pays représentés

Donc, dans l’ensemble, des mesures stratégiques appropriées ont été prises, les banques centrales de plusieurs économies de marché industrielles et en émergence ayant réduit les taux d’intérêt et les gouvernements d’économies en assez bonne situation financière ayant donné libre cours à leurs stabilisateurs financiers automatiques. Or, malgré ces mesures prises rapidement, les perspectives à court terme de l’économie mondiale demeurent très incertaines, ce qui touche l’ensemble des pays représentés.

Le Canada

Il ne fait aucun doute que le Canada, qui tire 40 % de son produit intérieur brut (PIB) des exportations, ne peut échapper aux conséquences du ralentissement de l’économie mondiale. En effet, de la fin de l’année dernière jusqu’au premier semestre de cette année, le rythme de l’activité économique au Canada a ralenti considérablement. Au deuxième trimestre de cette année, le PIB a enregistré une croissance de moins de 0,5 %.

Les dépenses de consommation ont ralenti considérablement au cours du deuxième trimestre sous l’effet du ralentissement de la croissance des revenus. Malgré une légère reprise au deuxième trimestre, les investissements dans les machines et l’outillage ont reculé de 2 % par rapport à l’an dernier. La faiblesse de l’activité économique s’est traduite par un plus fort taux de chômage.

Les attaques terroristes du 11 septembre ont aggravé le ralentissement qui pointait déjà au Canada en perturbant la production et en réduisant la confiance des consommateurs et des entreprises.

Heureusement, le Canada n’a jamais été, depuis des dizaines d’années, dans une meilleure position qu’il ne l’est maintenant pour composer avec un ralentissement de ce genre. Au début des années 1980 et 1990, le Canada a été sévèrement touché par les conséquences de la dégradation de l’économie mondiale. À cette époque, nous avons payé chèrement la piètre santé de nos finances publiques. Aujourd’hui, nos facteurs économiques fondamentaux sont plus solides et nous assurent une plus grande souplesse sur le plan de la politique financière et monétaire.

Cette souplesse a permis au gouvernement fédéral d’accorder des réductions d’impôt de 17 milliards de dollars pour cette année seulement. Ces réductions, qui atteindront près de 20 milliards de dollars l’an prochain, appuient l’économie canadienne et continueront de le faire dans les mois qui viennent. En outre, le faible taux d’inflation au Canada et sa crédibilité financière ont permis à la Banque du Canada de réduire huit fois cette année le taux de financement à un jour, ce qui représente une baisse totale de 300 points de base.

Ces mesures stratégiques appuieront de plus en plus les dépenses de consommation et les investissements des entreprises au Canada au cours des prochains mois.

L’Irlande

L’économie de l’Irlande continue d’enregistrer une performance particulièrement forte en dépit du ralentissement qu’elle a connu avant même que les effets des événements du 11 septembre ne commencent à se faire sentir sur les perspectives de croissance économique mondiale. La croissance en 2001 devrait atteindre environ 6 %, alors qu’elle se chiffrait à plus de 10 % en 2000, et un allégement est également prévu pour 2002. Malgré le ralentissement causé principalement par les tendances internationales et particulièrement par le secteur de l’information, des communications et de la technologie, l’économie connaît depuis plusieurs années une croissance supérieure à la tendance de même que des contraintes liées à la capacité, le taux de chômage étant passé à moins de 4 %.

Le ralentissement de l’économie s’est fait sentir sur les revenus, mais un excédent financier appréciable est toujours prévu pour cette année.

Le taux d’inflation demeure supérieur au taux moyen enregistré par les autres pays de la zone de l’euro, mais il suit une trajectoire à la baisse et peu d’éléments semblent montrer que les prix et les traitements dépassent les tendances durables. L’économie demeure très compétitive et est bien placée pour se prévaloir de la relance de l’économie mondiale en 2002.

Les pays des Caraïbes

Dans les Caraïbes, le ralentissement économique mondial a affaibli les économies qui dépendent du tourisme alors qu’elles avaient enregistré plusieurs années de robuste croissance et de réduction marquée du chômage. Une plus grande érosion est prévue par suite des événements du 11 septembre. Sur les plus petites îles, la croissance réelle a stagné et, dans certains cas, les problèmes financiers se sont aggravés sous l’effet de la contraction du revenu du tourisme, de l’érosion des marchés préférentiels et d’une série d’ouragans dévastateurs. Les efforts de diversification en vue de la prestation de services financiers internationaux se sont poursuivis, mais le secteur s’est affaibli en 2001.

Cependant, certains succès importants méritent d’être signalés. En Jamaïque, dont la croissance a repris en 2000 après plusieurs années de croissance négative, les activités de consolidation financière soutenues se sont soldées par un remarquable excédent primaire correspondant à 13 % du PIB.

Les efforts soutenus ont continué de renforcer la réglementation et la surveillance du secteur financier de même que d’améliorer la législation concernant la lutte contre le blanchiment de capitaux. Le Groupe d’action financière (GAFI) a retiré les Bahamas de sa liste des pays et territoires non coopératifs et a félicité deux îles des Caraïbes des progrès qu’elles avaient réalisés pour corriger leurs lacunes.

Le Centre d’assistance technique pour la région des Caraïbes (CARTAC), situé à la Barbade, est devenu fonctionnel en septembre. Le Canada est le donateur unique le plus important de cet organisme d’envergure qui cherche à renforcer la capacité technique de la région en matière de réglementation et de surveillance du secteur financier, d’administration fiscale et d’autres secteurs. Nous apprécions le rôle du Fonds dans l’aide apportée à la région pour renforcer sa capacité.

Assurer la sécurité économique : le rôle du FMI

Il est donc évident que, même si les attaques terroristes étaient dirigées vers les États-Unis, les répercussions économiques des événements du 11 septembre ont touché tous les pays, qu’ils soient riches ou pauvres, avancés ou en émergence.

Grâce à ses activités de surveillance et à ses mécanismes de prêt, le FMI est très bien placé pour aider les membres à composer avec la très grande incertitude des perspectives économiques à court terme. À cet égard, nous nous sommes réjouis lorsque le directeur général a déclaré le 5 octobre que le FMI était prêt à contribuer en fournissant au besoin des conseils et du soutien financier additionnel aux pays membres qui ont ou qui adoptent des politiques satisfaisantes dans le cadre des efforts internationaux de renforcement de la confiance dans l’économie mondiale.

Le Fonds a également un rôle clé à jouer à long terme pour aider les pays à relever les défis de l’intégration mondiale. Conformément à sa principale fonction, à savoir promouvoir la stabilité financière internationale, le Fonds doit prendre des mesures sur plusieurs fronts. Au chapitre de la prévention des crises financières, il a renforcé la surveillance, favorisé la transparence et encouragé l’élaboration et la mise en œuvre de codes et de normes reconnus à l’échelle internationale.

Évidemment, ces travaux de nature préventive devraient se poursuivre. Conjointement à ces efforts, nous devons également réaliser de plus amples progrès pour assurer la conformité de notre cadre de gestion des crises à l’objectif global de promouvoir l’efficience des marchés de capitaux internationaux.

Pour ce faire, le secteur officiel doit assurer un plus grand degré de prévisibilité pour modeler les attentes privées et publiques concernant le traitement futur des crises financières. Cette prévisibilité est un élément essentiel qui garantit que les décisions en matière d’investissement privé sont fondées sur une évaluation non biaisée des risques et du rendement.

L’actuel cadre de gestion des crises du FMI, qui met l’accent sur le caractère restreint des ressources du Fonds, a contribué à fournir quelques précisions, mais d’autres perfectionnements s’imposent. En particulier, bien qu’il souligne à juste titre le caractère souhaitable de la participation volontaire à la résolution des crises, il ne précise pas comment le secteur officiel traitera des cas où une solution volontaire n’est pas imminente ou ne peut être soutenue.

Depuis longtemps, le Canada estime qu’il s’agit d’une lacune principale du cadre, et d’autres commencent à partager son point de vue. Par exemple, dans son discours d’adieu, l’ancien premier directeur général adjoint, Stanley Fischer, a signalé qu’il fallait élaborer un meilleur cadre pour permettre aux pays de rééchelonner leurs dettes.

Bien que le temps ne soit jamais vraiment propice pour traiter de questions aussi délicates que celles-ci, le FMI, en collaboration avec des partenaires des secteurs public et privé, doit examiner de beaucoup plus près les mécanismes qui faciliteront la restructuration des dettes, et ce, de la manière la plus transparente et la moins perturbatrice qui soit. À cet égard, nous continuons de croire que les suspensions temporaires des paiements – les moratoires – constituent un élément essentiel de la résolution des crises, et nous incitons le personnel du FMI à poursuivre l’analyse et le règlement des questions opérationnelles qui se rapportent à leur utilisation.

Nous sommes persuadés que ce cadre est essentiel aux efforts que le Fonds déploie pour aider les pays à équilibrer le financement et les redressements de sorte qu’ils ne soient plus tenus de recourir à des méthodes qui, selon le libellé de ses Statuts, sont « préjudiciables à la prospérité nationale et internationale ».

Je vous ai présenté aujourd’hui des précisions sur l’apport du FMI pour que puissent être relevés les défis associés aux événements survenus le 11 septembre. Il ne fait aucun doute que d’autres institutions ont elles aussi leur part à faire. Demain, lors de la réunion du Comité du développement, nous nous concentrerons sur les pays les plus pauvres du monde et sur le rôle de la Banque mondiale.

De plus, nous devrions tous nous réjouir du succès de la réunion de l’Organisation mondiale du commerce et du lancement du Programme de développement de Doha. Nous espérons que ces négociations réduiront de façon importante les barrières au commerce et seront suivies notamment de l’élimination des subventions aux exportations agricoles. Nous espérons également que les négociations traiteront des vrais besoins réels et des inquiétudes des pays en développement en ce qui concerne la participation à l’économie mondiale.

Dans chacune de ces institutions, nous devons poursuivre nos efforts concertés, pour faire en sorte que soit tenue la promesse de prospérité et de sécurité faite lors des accords de Bretton Woods.

Conclusion

Les événements tragiques du 11 septembre ont ajouté à la liste des défis que pose la mondialisation. Quoi qu’il en soit, grâce à des mesures adéquates en matière de politique nationale et à la coopération internationale, nous pourrons instaurer les ententes mondiales qui garantiront la prospérité et la sécurité économiques.

De toute évidence, les progrès réalisés à l’égard des défis à court et à long terme de l’intégration mondiale ne sauraient suffire à apaiser les sentiments anti-mondialisation. Nous devons communiquer aux gens les avantages que procurent des frontières ouvertes d’une manière qui les touche personnellement. Nous devons leur montrer que leurs vies ont été enrichies par la mondialisation — qu’il s’agisse des emplois qui leur sont offerts, des biens et services qu’ils peuvent acheter ou de la possibilité de profiter directement chez eux des produits riches et diversifiés d’autres pays et cultures.

Bref, alors que nombre de personnes s’interrogent sur les mérites de l’ouverture des frontières, il nous incombe, dans le cadre de réunions comme celles du CMFI et du CD, d’énoncer clairement les réalisations de l’intégration économique mondiale et de réitérer l’engagement que tous nous avons pris d’en améliorer le fonctionnement, et ce, dans l’intérêt de tous.


Dernière mise à jour :  2003-02-25 Haut

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