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Ottawa, le 10 avril 1995
1995-032

Notes pour une allocution de l'honorable Paul Martin, ministre des Finances, devant l'Association d'affaires Keidanren et la Chambre de commerce du Canada au Japon

Tokyo, Japon
le 10 avril 1995

Le texte prononcé fait foi


J'aimerais d'abord remercier le Keidanren et la Chambre de commerce du Canada au Japon de m'avoir donné l'occasion d'être parmi vous aujourd'hui.

J'ai un but bien précis aujourd'hui - vous présenter la nouvelle voie économique du Canada - une voie qui est caractérisée par une croissance soutenue, le rétablissement de la responsabilité financière et la poursuite de nouvelles occasions et associations d'un bout à l'autre de l'océan Pacifique, que nous partageons, et à l'échelle mondiale.

Permettez-moi de commencer par vous exposer la situation économique du Canada. Les indicateurs révèlent, systématiquement, que notre économie se porte, de façon générale, mieux aujourd'hui que depuis de nombreuses années. En 1994, le Canada s'est classé en tête des pays du G-7 au chapitre de la croissance économique - son PIB réel progressant de 4.5 pour cent. Nous devrions maintenir ce rang en 1995. Près d'un demi-million d'emplois ont été créés depuis un an - une réalisation des plus importantes pour un pays qui compte 29 millions d'habitants.

Le niveau de confiance dans le secteur des entreprises n'a jamais été aussi élevé depuis 1979. Les exportations du Canada ont atteint des sommets inégalés - la croissance au quatrième trimestre a dépassé les résultats obtenus depuis plus de dix ans. Nous avons réduit de moitié notre déficit courant l'an dernier.

De tels résultats témoignent de l'amélioration remarquable de notre compétitivité sur le plan des coûts qui, comparativement à celle des États-Unis, n'a jamais été aussi bonne depuis plus de quatre décennies, à la fin de 1994. Cette situation ne s'explique pas seulement par les fluctuations de devises. Elle découle également de la forte croissance de la productivité. Au Canada, les coûts unitaires de la main-d'oeuvre ont fléchi de 1.3 pour cent en 1994, soit le premier fléchissement annuel en près de 30 ans. Le Canada demeure l'un des pays où le taux d'inflation est le plus faible au monde. Grâce aux objectifs que nous fixons de concert avec la Banque du Canada, nous maintiendrons notre bonne performance à ce chapitre.

Notre bilan et les tendances qui découlent de ces deux derniers facteurs - la productivité et l'inflation - font en sorte que, même en période de ralentissement, le Canada sera compétitif - par rapport à d'autres pays.

Cela étant dit - il y a cependant deux nuages à l'horizon.

Le premier est l'incertitude dont certains se plaisent à entourer l'avenir du Québec. En ma qualité de Québécois, je tiens à être clair - ce défi sera relevé. Les Québécoises et Québécois ne veulent pas que leur pays, le Canada, soit déchiré.

Le deuxième nuage, c'est celui de la dette et du déficit. C'est ce défi que nous avons abordé dans notre budget. Permettez-moi d'y passer directement.

Notre objectif global est de ramener le déficit du gouvernement du Canada à zéro. Nous y arriverons en étant ferme quant à l'approche choisie, une approche qui donne déjà des résultats - fixer des objectifs fermes de réduction du déficit à court terme - des objectifs mobiles sur deux ans - jusqu'à ce que le déficit soit éliminé.

Ces cibles à court terme sont le moyen le plus efficace d'obliger un gouvernement à maîtriser ses dépenses. D'ici à ce que nous équilibrions notre budget, nous avons deux objectifs intermédiaires à atteindre - un déficit de $32.7 milliards en 1995-96 et de $24.3 milliards en 1996-97 - ou 3 pour cent du PIB.

Ne vous méprenez pas - nous atteindrons ces objectifs. Mais, chose tout aussi importante, l'élan à la baisse imprimé par les mesures de notre budget se maintiendra les années suivantes.

J'aimerais vous donner un aperçu de l'étendue et de l'importance des mesures que nous avons prises. Au cours des trois prochaines années, notre budget se traduira par des économies cumulatives de $29 milliards, dont $25.3 milliards seront dues à des compressions budgétaires. Il s'agit du train de mesures le plus ambitieux prévu dans un budget canadien depuis près d'un demi-siècle. Le budget comporte des compressions des dépenses de près de $7 pour chaque dollar de recettes fiscales additionnelles. Et il n'y a pas de hausse des taux d'impôt sur le revenu des particuliers, pour une deuxième année d'affilée.

D'ici 1996-97, nous aurons ramené les dépenses de programmes du gouvernement, de $120 milliards - leur niveau de 1993-94 - à moins de $108 milliards, une diminution de 10 pour cent. Pour vous situer, permettez-moi de comparer notre situation aux tendances observées aux États-Unis. En 1992-93, le ratio des dépenses de programmes de nos deux administrations nationales était le même - environ 17 pour cent du PIB.

Mais, si l'on tient compte des dernières prévisions budgétaires, d'ici 1996-97, les dépenses de programmes du gouvernement du Canada auront subi des coupes beaucoup plus importantes - elles seront ramenées à 13.1 pour cent du PIB ou environ 3.6 points de pourcentage de moins qu'aux États-Unis. En fait, d'ici à cet exercice, les dépenses de programmes du gouvernement du Canada n'auront jamais été, en proportion de l'économie canadienne, aussi peu élevées depuis 1951.

Faisons une autre comparaison - d'ici 1996-97, nos besoins financiers, l'équivalent du déficit budgétaire unifié aux États-Unis, seront ramenés à 1.7 pour cent du PIB. Cette proportion est nettement inférieure au déficit prévu de l'administration fédérale américaine, qui atteint 2.7 pour cent du PIB pour 1996-97. Effectivement, au cours de cet exercice, nos besoins financiers - selon les comptes publics - seront inférieurs aux prévisions de tous les pays du G-7.

Fait plus important, l'exercice 1996-97 représentera aussi une étape-clé. La dette du gouvernement du Canada cessera alors de progresser à un rythme plus rapide que notre économie. Le ratio de la dette au PIB aura commencé à diminuer. Je tiens à ce que ce soit bien clair - nous sommes tout à fait déterminés à maintenir ce ratio en permanence sur une trajectoire descendante.

Regardons de plus près maintenant les conséquences de l'approche que nous avons adoptée.

Encore une fois, nous avons délibérément fondé notre budget sur des hypothèses économiques qui sont plus prudentes que celles de la plupart des prévisionnistes du secteur privé. Et la prudence de nos hypothèses économiques est renforcée par la constitution de substantielles réserves pour éventualités. Cela signifie que si les résultats effectifs sont conformes à la moyenne des prévisions du secteur privé - qui est plus optimiste que nos hypothèses - le déficit pourrait être ramené à moins de $19 milliards en 1996-97 - c'est-à-dire de $5.5 milliards inférieur au chiffre prévu dans notre budget. Nos besoins financiers diminueraient pour passer à un peu moins de 1 pour cent du PIB.

Nous avons toujours affirmé que nos objectifs représentaient le moindre - et non pas le mieux - que nous puissions faire. Nous avons également soutenu dès le départ que notre objectif intermédiaire de 3 pour cent était une étape, et non notre but final. Nous visons un répit permanent dans la détérioration des finances publiques.

Nous atteindrons ce but en procédant à un remaniement en profondeur de la structure des dépenses gouvernementales - en repensant le rôle même de l'État dans l'économie. Nous croyons que l'État a pour rôle d'accomplir uniquement ce qu'il est le mieux placé pour faire - et de laisser le reste à ceux qui sont mieux placés pour s'en occuper - qu'il s'agisse des entreprises, des travailleurs ou du secteur bénévole.

Par exemple, comme vous le savez tous, les subventions à l'agriculture et aux transports présentent des défis qu'il faut relever. Les gouvernements précédents savaient bien qu'une réforme s'imposait, mais ils n'ont rien fait en ce sens. Nous prenons des mesures concrètes.

Les subventions au transport sont éliminées. Les programmes de soutien direct à l'agriculture font l'objet d'une importante réforme, et les dépenses connexes sont considérablement réduites.

À l'échelle de l'administration fédérale, les dépenses totales au titre des subventions aux entreprises seront réduites de 60 pour cent au cours des trois prochaines années. Nous privatiserons et commercialiserons bon nombre d'activités gouvernementales.

Notre philosophie est simple. S'il n'est pas nécessaire que le gouvernement fasse quelque chose, il ne devrait pas le faire. Et à l'avenir, il ne le fera pas.

Par suite de nos réformes, les dépenses totales des ministères seront réduites de près de 19 pour cent en tout juste trois ans. Il s'agit-là de réductions bien réelles en dollars réels.

Le système de transferts aux provinces est modifié de manière à pouvoir mieux assurer leur financement à long terme. Et ce système sera dorénavant plus souple, afin que les gouvernements provinciaux puissent l'adapter aux besoins propres à leurs régions.

Enfin, en ce qui concerne l'assurance-chômage, nous entendons présenter des réformes plus tard au cours de l'année, qui - conjuguées à la solide performance économique du Canada - auront pour effet de réduire globalement la taille du programme d'assurance-chômage d'au moins 10 pour cent. Et cette réduction s'ajoute à la réduction de 12 pour cent de ce programme qui a été annoncée dans le budget de l'an dernier.

L'un des résultats essentiels de notre budget est d'éliminer - ou de limiter - les programmes induits par la demande, qui font augmenter considérablement les déficits en période de ralentissement économique. Grâce à nos réformes structurelles, le ratio de la dette au PIB suivra une courbe descendante de façon permanente et constante.

Voilà donc en gros la voie que nous suivrons. Les réductions que nous appliquons aux dépenses sont sans précédent dans l'histoire du Canada moderne. Nous avons fait le nécessaire pour que nos objectifs soient atteints. Nous avons pris les mesures requises pour dépasser de beaucoup ces objectifs au cours des prochaines années. Cependant, nous ne relâcherons pas nos efforts. Les réformes se poursuivront. Il y aura de nouveaux objectifs à fixer. Et nous persévérerons.

Nous sommes d'avis que ces mesures, conjuguées à l'excellente performance de l'économie canadienne, font en sorte que le Canada est de nouveau l'un des pays les plus attrayant pour l'investissement. C'est pour cette raison que le gouvernement du Canada orientera ses ressources de façon stratégique vers des secteurs où il bénéficie d'un véritable avantage comparé.

Aucun autre pays du G-7 n'est axé sur les échanges autant que le Canada. Notre économie dépend d'un accès ouvert, garanti et équitable aux marchés étrangers. Nous sommes déterminés à contribuer à la libéralisation des échanges à l'échelle internationale. Les efforts considérables que nous avons déployés en vue de parvenir à un accord dans le cadre de l'Uruguay Round ont fait la preuve de notre détermination. En témoigne maintenant notre soutien à l'expansion de l'ALENA.

Et ici, dans la région du Pacifique, nous appuyons énergiquement la libéralisation des échanges. Nous avons toujours soutenu que les ententes commerciales régionales ne contrecarraient pas nos efforts à tous, mais qu'elles leur donnaient plus de force.

Dans le Pacifique, comme dans l'hémisphère occidental, le Canada voit la libéralisation des échanges comme un moyen d'abattre les murs qui séparent les partenaires à l'intérieur - et non pas comme un moyen d'élever des remparts contre les compétiteurs à l'extérieur. La région du Pacifique connaît une croissance économique de loin supérieure à celle de toutes les régions du monde, et ce, depuis les trente dernières années.

La région de l'Asie et du Pacifique représente maintenant plus de 50 pour cent de l'économie mondiale. Les échanges entre les pays de l'Asie et du Pacifique ont progressé à un rythme deux fois plus élevé que pour les autres pays dans leur ensemble. Le Canada a déjà constaté les fruits du miracle asiatique. Ainsi, depuis 1983, nos échanges avec la région du Pacifique se sont fait plus nombreux qu'avec l'Europe. Et aujourd'hui, nos exportations sont environ 50 pour cent plus importantes ici qu'elles ne le sont dans l'Union européenne.

L'objectif de notre gouvernement est de resserrer les liens économiques qui nous unissent avec les pays du Pacifique. J'ai déjà dressé un tableau du climat canadien, propice à l'investissement. Nous produisons également bon nombre des produits et services dont ont besoin tant les pays développés que les pays en développement du Pacifique - dans le secteur des transports, des télécommunications, de l'énergie, des matériaux de construction, des produits agro-alimentaires, de la technologie environnementale, des services d'ingénierie et, bien entendu, des ressources naturelles.

C'est l'une des raisons pour lesquelles la première mission commerciale importante du Premier ministre du Canada a été en Asie - une mission qui a remporté un succès sans précédent. Mais, pour nous, le Pacifique est plus qu'un simple marché - c'est aussi un modèle. À notre avis, un pays axé vers l'extérieur ne doit pas seulement vendre des produits à l'étranger, mais aussi tirer des leçons des pays d'outre-mer.

Pour un pays comme le nôtre, les réalisations du Japon sont imposantes. Disposant de peu de ressources naturelles, d'un plus grand nombre d'habitants, et d'un territoire restreint, le Japon a établi de nouvelles normes de productivité et de croissance économique; les leçons qui en sont tirées sont appliquées dans l'ensemble de la région et à l'échelle mondiale. Ces leçons ont trait à: une façon novatrice de concevoir la coopération et le travail d'équipe entre le secteur public et le secteur privé; à des liens hautement efficaces entre le secteur des sciences et l'industrie; à la coopération entre employeurs et syndicats; et à un consensus impressionnant sur le plan des objectifs économiques et sociaux en général. La croissance de la productivité qui en est résultée a inspiré les Canadiens et Canadiennes - et les a même poussés à maintenir cette forte performance.

Pour ce qui est de l'avenir, qu'il s'agisse de l'investissement, des échanges ou de l'expansion de la coopération régionale dans le Pacifique, le Canada cherche à s'associer au Japon pour stimuler son économie. Un de nos objectifs consiste à tirer parti de l'important changement qui s'est produit l'an dernier - lorsque les dirigeants des pays de l'Asie et du Pacifique ont, contre toute attente, convenu de viser le libre-échange dans notre région d'ici l'an 2020 - bâtir un nouveau pont sur l'océan Pacifique.

À Bali, la semaine prochaine, je rencontrerai mes homologues des Finances membres du Forum de coopération économique Asie-Pacifique - afin de poursuivre le dialogue. Nous nous entretiendrons notamment de la façon de veiller à ce que l'investissement et les capitaux puissent permettre de respecter la promesse du Pacifique. Un milieu ouvert aux échanges et à l'investissement - y compris aux flux des capitaux - est essentiel à une croissance économique durable dans notre région. Le défi consiste à gérer et à équilibrer un marché des capitaux mondial qui soit à la fois intégré, instantané et très actif, d'une part, et qui tienne compte de la multitude de régimes financiers et monétaires distincts, d'autre part.

À Bali, nous aborderons cette question -- et nous recueillerons de précieux renseignements en prévision de la réunion des ministres des Finances du G-7, qui se tiendra à Washington dès mon retour, suivie par le sommet de Halifax en juin. Dans le cadre de ce sommet et en fonction des travaux commandés à Naples l'an dernier, les chefs d'État et de gouvernement se pencheront surtout sur la modernisation des institutions multilatérales qui ont joué un rôle essentiel au chapitre du développement et de la croissance économique à l'échelle internationale au cours des cinquante dernières années.

Au Canada, nous ne voulons pas procéder à des changements pour le seul plaisir de changer les choses. Mais nous appuyons toute réforme qui vise à rendre ces institutions aussi fonctionnelles dans les années à venir qu'elles l'ont été par le passé. Il ne fait pas de doute que nous devons faire notre possible pour doter ces institutions de moyens plus efficaces pour faire des mises en garde précoces - et pour intervenir rapidement et adéquatement au besoin - afin d'éviter la déstabilisation découlant des crises financières.

À l'heure où nous cherchons des façons d'effectuer des réformes efficaces, nous devons nous rappeler que nous avons tous intérêt à ce que l'écart entre les pays développés et les pays en développement ne se creuse pas - mais bien au contraire qu'il s'amenuise. Pour terminer, permettez-moi de dire en ce qui concerne l'avenir, qu'il est encourageant de remarquer combien nos deux pays ont à gagner d'une région du Pacifique prospère caractérisée par une croissance stable, des échanges ouverts et une coopération mutuelle.

L'atteinte d'un tel objectif exige une vision et requiert la prise de mesures à l'étranger - et au pays, elle nécessite des initiatives pour la responsabilité et le renouveau. Au Canada, nous sommes justement déterminés à poursuivre sur cette voie. Maintenir l'inflation à de faibles niveaux, améliorer davantage notre productivité, assainir nos finances publiques et créer des occasions à l'étranger.

Nos deux pays ont jeté une base solide dont profite grandement notre population - que ce soit par les échanges ou les investissements sûrs. Grâce aux initiatives que nous prenons au Canada, l'avenir ne peut être que plus prometteur.

La dernière décennie a été celle de l'Atlantique. La prochaine sera celle du Pacifique. Le Canada est confiant en son rôle dans ce nouveau monde. Et, plus que jamais, vous pouvez être confiants en l'avenir du Canada. Nous avons tracé une nouvelle voie précise. Et nous atteindrons le but - ensemble.


Dernière mise à jour :  2002-07-25 Haut

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