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Ottawa, le 27 avril, 1995
1995-039

Notes pour une intervention du ministre des Finances et gouverneur pour le Canada, l'honorable Paul Martin, devant le Comité de développement de la Banque mondiale

Washington, D.C.
le 27 avril 1995

Le texte prononcé fait foi


On nous a demandé d'aborder, dans nos remarques préliminaires, l'infrastructure de financement. Je vais en parler bientôt, mais avant, permettez-moi de vous brosser un tableau de l'examen des institutions internationales, qui sera un important sujet de discussion au Sommet du G-7 prévu dans six semaines.

Examen des institutions

Le Canada pense qu'il est tout à fait approprié qu'un tel sujet occupe l'avant-scène du Sommet que nous accueillerons prochainement. Le multilatéralisme et les institutions multilatérales ont toujours été très importantes pour nous. Les Canadiens savent qu'il est dans leur intérêt que les systèmes multilatéraux fonctionnent bien et de façon équitable. En outre, ils pensent fermement que les pays, les petits et les grands, doivent être en mesure de participer aux activités des institutions internationales, sachant qu'elles s'appuient sur des principes d'équité et de collaboration. L'évolution des institutions financières internationales a fait couler beaucoup d'encre et suscité de nombreuses discussions. Mais lorsque je ramène tous les commentaires formulés à l'essentiel, je décèle un ferme appui et un vif désir d'assurer la pertinence des activités de ces institutions.

Un instant au groupe d'institutions né des accords de Bretton Woods, vous vous rendez compte clairement qu'il se caractérise par la continuité, la stabilité et la souplesse.

Les résultats se passent d'explications. La confiance du public a permis au FMI d'intervenir en réponse aux nombreuses crises financières et économiques au cours des cinquante dernières années. La confiance du public a également permis aux banques multilatérales de développement de faire office d'intermédiaires financiers entre les marchés financiers d'une part et les pays en développement d'autre part. Lorsque vous regardez comment les banques multilatérales de développement s'y prennent pour garantir aux investisseurs un taux de rendement sur les fonds affectés au développement économique, vous avez là une situation classique d'intermédiation à la satisfaction des intéressés.

Il va sans dire que les résultats, ainsi que la capacité d'adaptation aux conditions changeantes, sont primordiaux pour garder la confiance du public. Là aussi, je me rends compte que les réalisations ne sont pas passées inaperçues.

Certes, le FMI a prouvé qu'il pouvait réagir à des situations de crise de nature systémique ainsi qu'aux problèmes de longue durée que présentent des situations financières et économiques données.

Pour sa part, le Groupe de la Banque mondiale a tiré des leçons de ce qui donne des résultats et, surtout, de ce qui n'en donne pas. Les paradigmes ont changé. Et bien souvent, la Banque a provoqué et favorisé ces changements. Elle a donné l'orientation intellectuelle à suivre et joint l'acte à la parole. L'établissement des causes de la pauvreté et la mobilisation des connaissances, des compétences et des ressources de la Banque pour réduire l'ampleur et la gravité du phénomène de pauvreté sont un exemple probant. Le développement du secteur privé comme facteur clé pour stimuler l'apport de capitaux privés en est un autre, tout comme la participation des bénéficiaires comme une nécessité au développement durable. La Banque -- et ses contreparties régionales -- peuvent s'attribuer le mérite de l'avancement de nombreux pays sur la voie jonchée d'embûches du développement.

Ainsi, lorsque les participants au Sommet aborderont la question de l'examen des institutions, l'approche adoptée relèvera de la médecine préventive et curative, et non du traitement radical. Une certaine réorientation et une amélioration des opérations semblent se justifier, mais pas une restructuration en profondeur. Par conséquent, on s'emploiera essentiellement à assurer l'adaptabilité, la pertinence et l'efficacité suivies, toutes des caractéristiques essentielles dans un monde où les pays donateurs sont aux prises avec de sérieuses restrictions financières.

Hier, devant le Comité intérimaire, j'ai abordé des questions touchant le FMI qui seront certainement soulevées au Sommet de Halifax. Permettez-moi d'en profiter pour mentionner les sujets qui sans aucun doute touchent les banques multilatérales de développement. Brièvement, je mentionnerais ceci :

  • la nécessité d'épurer les priorités et de réduire les chevauchements entre les institutions;
  • la nécessité de mettre l'accent plus nettement sur les pratiques de développement durable, la réduction de la pauvreté et le développement du secteur privé;
  • reconnaître que les pays bénéficiaires doivent participer, dans toute l'acceptation du terme, et que l'adoption des priorités de développement est essentielle;
  • la nécessité absolue d'affecter des ressources à des conditions de faveur à ceux qui en ont le plus besoin et peuvent en faire la meilleure utilisation, ainsi qu'à ceux qui se sont véritablement engagés à réduire la pauvreté, par opposition aux investissements improductifs comme les dépenses militaires.

Au cours des cinquante dernières années, nous avons appris, entre autres, qu'il fallait savoir écouter et apprendre. Les marchés nous donnent des indices puissants sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Et les bénéficiaires de l'aide au développement également. Un bon développement exige une participation entière et des partenariats identifiables. De même, les institutions créées pour promouvoir le développement doivent également être des partenariats en la forme et au fond. Pour assurer leur caractère durable, la participation de tous les intervenants est essentielle. Comment peuvent-elles s'y prendre autrement pour garder la confiance du public? Le Sommet de Halifax confirmera ce point capital.

Développement de l'infrastructure

À la réunion de l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique qui a eu lieu la semaine dernière, j'ai été frappé par un exemple concret témoignant de l'importance que revêtiront les partenariats pour répondre aux besoins futurs en matière de développement. On y parlait de développement de l'infrastructure, un sujet critique, non seulement pour la croissance économique à long terme, mais aussi pour la réduction de la pauvreté durable. Environ un milliard de personnes n'ont pas encore accès à l'eau potable. Deux autres milliards souffrent de mauvaises conditions sanitaires. En Asie seulement on estime à un billion de dollars pour les cinq prochaines années les besoins relatifs au financement de l'infrastructure matérielle. Il est évident que le secteur public ne peut plus répondre à ces besoins financiers énormes, et que ce n'est pas une bonne utilisation des ressources publiques.

Nous devons trouver des moyens améliorés et plus novateurs d'inciter le secteur privé à investir dans des projets d'infrastructure. Des mécanismes de financement novateurs devraient déplacer le poids des risques du secteur public au secteur privé.

Mais ne nous méprenons pas. Si le secteur privé apporte sa contribution, la possibilité de bénéficier d'un taux de rendement valable doit lui être promise. Par ailleurs, il demande que soient en place des systèmes juridiques prévisibles et que des efforts accrus soient déployés pour mettre de l'ordre dans l'imbroglio de la réglementation qui caractérise un trop grand nombre de pays. Bref, il faut réduire la paperasserie.

Pour leur part, les banques multilatérales de développement doivent travailler ensemble et avec des pays donateurs parties à des accords bilatéraux de façon plus efficace afin de pouvoir soutenir cet effort. C'est un impératif, qu'il s'agisse de mobiliser efficacement des ressources ou de fournir l'aide technique qui s'impose. J'ai été stupéfait d'apprendre que les pays en développement pouvaient économiser plus de 50 milliards de dollars par an en assurant une meilleure maintenance opérationnelle de l'infrastructure en place. À l'époque où nous vivons -- et en fait à n'importe quelle époque -- pareil gaspillage est inacceptable.

La dette multilatérale

Monsieur le Président, nous parlerons de la dette multilatérale plus tard. Cela demeure un problème. Je suis convaincu qu'il faut venir en aide aux pays qui sont prêts à prendre de fermes décisions stratégiques et à aller jusqu'au bout. Je suis en faveur de la proposition visant le renforcement de la Facilité d'ajustement structurel renforcée du FMI à l'aide de modestes ventes d'or du FMI.

Je suis également d'avis que nous pourrions renforcer le Programme de cinquième dimension de la Banque. Nous devrions aussi favoriser des des arrangements similaires dans les banques régionales.

Conclusion

Monsieur le président, le Canada est convaincu qu'aujourd'hui plus que jamais les institutions financières internationales sont d'une importance primordiale pour le système multilatéral. Je constate qu'un tel point de vue bénéficie d'un appui. Et je pense qu'il tient au fait que les IFI ont montré leur capacité à faire face à des exigences parfois exceptionnelles, et qui leur sont présentées en parfait accord avec le concept multilatéral du partenariat. Ce partenariat, la façon de l'élargir et la façon de l'améliorer seront le fondement de nos discussions à Halifax.


Dernière mise à jour :  2002-07-25 Haut

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