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Ottawa, le 20 avril 1999
1999-037

Allocution de 
l'honorable Jim Peterson, secrétaire d'État (Institutions financières internationales) - Assemblées annuelles de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement

Londres, Royaume-Uni
le 20 avril 1999

Le texte prononcé fait foi.


Introduction

Il y a 10 ans, nous assistions à l'effondrement du mur de Berlin. Pour les pays d'Europe centrale et d'Europe de l'Est ainsi que pour l'ex-Union soviétique, cet événement constituait un premier pas en vue de l'intégration à la collectivité économique, financière et commerciale mondiale.

Depuis, la région a subi de profonds changements. Des progrès importants ont été accomplis en vue de la mise sur pied d'institutions civiques et démocratiques. Plusieurs pays de la région sont maintenant membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques et certains négocient déjà leur accession à l'Union européenne.

Crise financière de 1998

Cependant, comme l'ont clairement illustré les événements de la dernière année, le cheminement vers une économie de marché et la démocratie ne se fait pas toujours sans heurts.

En 1998, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a fait face au plus grand défi de sa courte histoire de sept ans. Le caractère soudain et la profondeur de la crise financière en Russie ont permis de tester sous contrainte les initiatives de réforme et de restructuration dans tous les pays où opère la BERD. Le produit intérieur brut de ces pays a chuté en moyenne de 1 % en 1998, après avoir augmenté pour la première fois en 1997, et nombre de pays ont éprouvé davantage de difficultés à exploiter les marchés internationaux de capitaux.

Comme les activités qui ont mené à la crise et leurs répercussions ont été bien documentées, notamment dans le rapport sur la transition préparé par la BERD, je ne les approfondirai pas.

La Banque n'a jamais fait face à une situation aussi critique; il importe avant tout de tirer une leçon de la crise.

Trois facteurs clés sont mis en évidence :

1.  l'importance d'un large appui politique de la population au processus de réforme;

2.  une gouvernance ferme de l'État et une forte régie des sociétés;

3.  l'engagement à l'égard de réformes.

  • Premièrement, il est clair que les gouvernements ne réussiront leurs réformes que si la population appuie les objectifs de la réforme et que si elle est prête à faire le sacrifice social et économique à court terme qu'une telle initiative impose souvent.

    Il est essentiel de pouvoir compter sur un système démocratique solide, dynamique et digne de confiance.

  • Deuxièmement, l'accent ne doit pas se limiter à l'amélioration de la régie des sociétés. Une ferme gouvernance de l'État est également nécessaire.

    L'État a un rôle clé à jouer dans la création d'un secteur privé habilitant au moyen de la mise sur pied d'un système juridique et réglementaire équitable et transparent, de lois sur la faillite efficaces et d'un régime fiscal efficient.

  • Troisièmement, les pays qui ont résolument mis en œuvre des réformes économiques et de saines politiques macro-économiques sont les mieux placés pour résister aux chocs et aux effets de contagion. Des pays comme la Pologne et la Hongrie, qui ont pris dès le départ de difficiles décisions économiques de transition, n'ont subi qu'un léger recul dans la dernière année.

Dans l'adoption de ces mesures, il est important de ne pas oublier le rôle essentiel que jouent le commerce et l'investissement étranger dans le cadre de la transition de la région. Dans cette optique, l'entière participation du plus vaste éventail de pays aux prochaines négociations de l'Organisation mondiale du commerce profiterait aux pays où la BERD opère, tout comme à nous tous.

La réponse de la BERD

La BERD a relevé de front le défi de la crise financière de la dernière année, et elle a montré la maturité nécessaire pour en tirer une leçon.

Je suis heureux de voir que la Banque a fait preuve de la souplesse nécessaire pour adapter ses activités et protéger la viabilité de ses projets pendant cette période difficile. Nonobstant le risque accru que représente la région, la Banque continue d'aider tous les pays où elle opère. Il y a tout lieu de féliciter le président Kohler et le personnel de la Banque pour avoir su orienter la BERD en ces moments difficiles.

Dans cette optique, le Canada appuie les priorités opérationnelles de la BERD. Selon lui, la BERD a un rôle important à jouer dans quatre domaines : développement des petites et moyennes entreprises (PME); réforme du secteur financier; établissement d'institutions; instauration d'un climat propice à l'investissement.

Premièrement, l'expansion additionnelle du secteur des PME sera particulièrement importante à l'appui du processus de transition dans les prochaines années. Ces entreprises sont essentielles au développement de la région, surtout au chapitre de la stimulation de l'esprit d'entreprise et de la création d'emplois. Les PME contribuent à responsabiliser la population et à lui permettre de jouer un plus grand rôle, non seulement au sein de l'économie de marché, mais au titre du développement de la société civile.

Deuxièmement, le soutien de la réforme du secteur financier sera crucial à la promotion de la croissance et de la stabilité macro-économique. Il faudra pour cela non seulement contribuer à la promulgation du cadre juridique et réglementaire des activités exercées dans le secteur des banques et des valeurs mobilières, mais veiller à l'application de ces lois.

Troisièmement, la Banque a un rôle clé à jouer dans l'établissement d'institutions en contribuant à l'acquisition des compétences et des connaissances nécessaires, en vertu de l'effet de démonstration exercé par ses projets et en exerçant un effet de levier afin d'influer sur la régie des entreprises avec lesquelles elle collabore et elle traite. La Banque ne fait pas qu'investir dans la pierre : elle aide les pays où elle opère à concurrencer sur la scène mondiale en facilitant le transfert de compétences hors pair en gestion et en favorisant l'adoption de pratiques de comptabilité reconnues à l'échelle internationale et de pratiques commerciales transparentes. La contribution du Canada à cet égard se traduit par le Fonds canadien de coopération technique, qui alloue quelque 8 millions de dollars canadiens à de l'aide technique pour la préparation et la mise en œuvre de projets. La possibilité d'interruption des activités par le bogue de l'an 2000 dans la région mérite que l'on s'y attarde, et des mesures doivent être adoptées afin de préparer les systèmes en conséquence.

Quatrièmement, la Banque doit collaborer à l'instauration d'un climat qui profitera non seulement aux entreprises locales, mais aux investisseurs étrangers. La crise a miné la confiance des investisseurs; il faut la ranimer. Il importe d'aider les pays de la région à mettre sur pied un système ouvert et transparent et à lutter contre la corruption.

À cet égard, le travail de la Banque pour aider les pays où elle opère se complète par les initiatives menées par d'autres institutions internationales afin d'améliorer la transparence des secteurs public et privé. Notons les mesures prises par le FMI pour élargir la norme spéciale de diffusion des données et pour établir un code de bonnes pratiques en matière de transparence des finances publiques et un code visant les politiques monétaires et financières.

Les pays bénéficieront aussi des multiples efforts des organismes de réglementation et de surveillance et de ceux du FMI et de la Banque mondiale visant le renforcement du secteur financier dans les économies en transition et d'autres marchés émergents. Il est clair qu'une collaboration plus étroite et un meilleur partage de l'information avec les autres institutions financières internationales, en particulier les institutions de Bretton Woods, sont de plus en plus importants.

Environnement

Tout en poursuivant ses objectifs relatifs au secteur privé, la Banque ne peut perdre de vue son mandat consistant à favoriser un développement durable et écologique.

Un grand nombre des pays de la région ont subi des torts écologiques graves qui pourraient nuire à leur développement à long terme s'ils ne sont pas redressés.

Le Canada se réjouit donc des initiatives novatrices entreprises par la BERD sur le plan de l'environnement, surtout au chapitre de l'infrastructure municipale et environnementale et de l'efficience énergétique. Les répercussions sociales positives attribuables à l'amélioration de la santé et de la sécurité sont essentielles à la région.

L'administration par la Banque du Compte pour la sécurité nucléaire et du Fonds du sarcophage de Tchernobyl, qui ont contribué à accroître la sécurité nucléaire dans la région, est tout aussi importante. La Banque devrait accélérer l'achèvement du projet K2R4 en Ukraine.

Crise dans les Balkans

Enfin, je ne peux passer sous silence la terrible crise qui sévit dans les Balkans. Les coûts sociaux et économiques sont de grande portée, et les pays touchés auront besoin de notre appui indéfectible dans la prochaine année.

Le rôle des institutions financières internationales, y compris la BERD, qui travaillent en collaboration avec d'autres donateurs multilatéraux et bilatéraux, sera crucial pour aider la région en cette période difficile.

Le Canada s'est engagé à aider les pays touchés en leur accordant une aide humanitaire et bilatérale, et il est prêt à fournir une aide additionnelle, s'il y a lieu. Le 30 mars, nous avons annoncé qu'une somme supplémentaire de 10 millions de dollars canadiens serait affectée à l'aide humanitaire et au transport par avion d'approvisionnements d'urgence à la région. Ce montant s'ajoute aux 3,2 millions déjà accordés.

J'espère sincèrement que d'ici à ce que nous nous réunissions dans un an à Riga, le conflit aura pris fin, et que la paix et la sécurité seront revenues dans la région pour le début du nouveau millénaire.


Dernière mise à jour :  2004-04-23 Haut

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