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Ottawa, le 27 septembre 1999
1999-082

Déclaration préparée à l'intention du Comité de développement

L'honorable Paul Martin, ministre des Finances du Canada

Washington, D.C.
le 27 septembre 1999.

Le texte prononcé fait foi.


Hier, à la réunion du Comité intérimaire, nous avons discuté des mesures que nous pourrions prendre dans le cadre de la réforme de l'architecture financière internationale pour éviter que d'autres crises financières se produisent dans l'avenir, et nous avons insisté davantage sur l'urgence de favoriser l'avancement des plus vulnérables dans la société. La croissance économique, alimentée par des marchés plus stables, est essentielle, mais insuffisante, pour atténuer la pauvreté partout dans le monde, ce qui constitue en soi la plus grande priorité du Comité de développement et de la communauté internationale. Le défi que cela représente à l'échelle mondiale doit être au cœur d'une nouvelle architecture financière internationale.

Écart de plus en plus grand entre les riches et les pauvres partout dans le monde

La libéralisation sans précédent du commerce international et des marchés financiers au cours des 20 dernières années a permis de dégager des avantages économiques formidables et de relever les niveaux de vie. Or, beaucoup de pays dans le monde en développement n'ont pas récolté les fruits de cette croissance.

À l'aube du nouveau millénaire, l'écart omniprésent causé par les connaissances et la technologie menace d'intensifier les disparités déjà existantes au chapitre des revenus. Les industries axées sur les connaissances comptent pour une part toujours croissante du commerce mondial, et la technologie joue un rôle de premier plan dans l'accroissement de la productivité.

Nous sommes parvenus à comprendre aujourd'hui que la pauvreté n'est pas seulement une question de manque de revenus ou même de connaissances. Il s'agit encore plus fondamentalement d'un produit de l'exclusion, de l'insécurité et de l'inégalité sociales et humaines. En termes plus normatifs, pour faire reculer la pauvreté, nous devons accroître la participation, l'habilitation sociale et les possibilités. Car, comme nous le savons tous, la pauvreté touche les personnes, et nos efforts doivent viser à améliorer leur sort.

Défis des petits pays

Le Canada se préoccupe en particulier des défis au titre du développement avec lesquels sont aux prises les petits pays du monde. À l'occasion de notre réunion en avril, nous avons salué la participation conjointe de la Banque mondiale et du Secrétariat du Commonwealth à des travaux de recherche et d'élaboration de politiques pour venir en aide aux petits pays dans un contexte mondial qui évolue rapidement.

Manifestement, les petits pays des Antilles sont dans une période de transition difficile, en raison des changements apportés aux préférences commerciales actuelles, de la réduction de l'aide au développement et de la nécessité de participer davantage à l'économie mondiale.

Pour une économie en développement, ces changements devraient représenter un défi formidable. Or, pour les petits pays des Antilles, dont beaucoup dépendent fortement d'un seul produit agricole et qui sont tous à la merci des éventuels ouragans qui détruisent tout sur leur passage, ces changements peuvent parfois paraître atterrants. Le fait qu'ils soient vulnérables à un événement unique susceptible d'avoir des conséquences économiques et sociales dévastatrices vient accentuer le défi de l'adaptation qui leur est lancé. Les petits pays ont une vulnérabilité que les grands pays n'ont pas. Les secousses commerciales externes et les catastrophes naturelles peuvent facilement anéantir des gains si durement acquis au titre du développement économique et social. Leur vulnérabilité constitue donc un écart fondamental dont il faut absolument tenir compte.

Il importe que les établissements de développement et les institutions commerciales et financières reconnaissent les répercussions de l'abandon progressif des préférences de la Convention de Lomé pour les petits pays et mettent tout en œuvre pour que la transition se fasse sans heurt. Il faut offrir aux petits pays assistance financière et technique, ainsi que temps, pour les aider à restructurer leurs économies en fonction du nouvel environnement extérieur. En raison de l'évolution du commerce mondial, certains secteurs qui ont déjà compté pour une part importante du PIB des petits pays ne sont tout simplement plus soutenables.

Un examen fondamental et complet des défis et des possibilités qui se présentent aux petits pays dans ce nouveau contexte mondial serait un outil indispensable pour leur venir en aide. En fait, la Banque mondiale pourrait aussi se servir des travaux de recherche et d'élaboration de politiques qui seraient entrepris dans le cadre de cet examen pour vérifier si sa participation dans ces pays est adéquate, efficace et appropriée.

On ne pourra jamais assez insister sur l'importance de ce point. Les intervenants internationaux du développement se serviront des conclusions de la recherche et des politiques prescrites dans le document issu de ces efforts pour adapter leurs interactions dans les petits pays au cours des prochaines années. En outre, et peut-être ce qui est plus important, cette recherche permettra d'établir les assises en vue de la participation et du traitement des petits pays, dans le cadre de la prochaine ronde de négociations commerciales de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Voilà pourquoi il revient donc à la Banque de procéder à une analyse économique complète et robuste, et de voir à ce que les petits pays prennent activement part à l'élaboration des politiques qui les concernent, et ce, au tout début. Après tout, ce sont les petits pays eux-mêmes qui sont les experts en la matière.

Même s'il est malheureux que des obstacles considérables aient empêché ce projet de voir le jour, nous sommes cependant heureux de constater que la Banque prend actuellement de nouvelles dispositions pour garantir qu'un examen complet de la situation des petits pays et de leurs perspectives sera effectué. À partir de l'analyse faite dans le cadre de cet examen, nous nous attendons à ce que les communautés internationales qui s'occupent de développement et de commerce, et les petits pays eux-mêmes, recommandent des politiques appropriées.

Nous espérons avoir les résultats de cet examen à temps pour les réunions du printemps de l'année prochaine. Même s'il importe d'agir rapidement, il est primordial que la Banque et le Secrétariat du Commonwealth veillent à ce qu'un examen complet soit effectué et à ce que les petits pays soient consultés comme il se doit. Cette mesure s'inscrit dans l'approche globale de la Banque mondiale, c'est-à-dire un débat élargi et participatif sur le développement, aux termes du Cadre de développement intégré.

Pays pauvres très endettés : réduction de la pauvreté – Le but visé

Les pays pauvres très endettés (PPTE), aux prises avec une dette qui a intensifié leurs problèmes économiques et sociaux, n'ont pu réaliser des progrès importants au titre de l'atténuation de la pauvreté. Les frais de service de leur dette étant écrasants, il ne leur restait que quelques rares ressources précieuses à investir dans la santé et l'éducation afin d'améliorer le sort de leurs citoyens.

L'Irlande a avalisé sans retenue l'initiative en faveur des PPTE et, en particulier, la version renforcée qui a récemment été annoncée. L'Irlande a insisté sur le fait qu'il ne fallait jamais perdre de vue, dans la mise en œuvre de l'initiative, le but sous-jacent, c'est-à-dire libérer les PPTE du fardeau de l'élément de leur dette qu'ils ne sont pas en mesure de rembourser. Il faut offrir à ces pays la possibilité de se sortir définitivement de la roue mortelle de l'endettement qui nuit sérieusement à leur développement. En outre, toutes les ressources mises à la disposition des pays en cause devraient servir à favoriser la croissance et à atténuer la pauvreté. À cette fin, l'initiative renforcée doit être financée à part entière et le financement doit venir en renfort. Il est impératif de surveiller avec soin l'effet de l'initiative, et nous ne devrions pas regimber contre toute autre amélioration afin de réaliser ces objectifs.

Au Sommet du Groupe des sept (G-7) cette année, le Canada a invité prestement ses contreparties à prendre plus rapidement des mesures plus généreuses pour alléger la dette d'un plus grand nombre de pays, de même que d'autres mesures pour faire reculer la pauvreté. Le Canada a avalisé d'emblée les deux conclusions importantes du Sommet, à savoir un allégement accru de la dette et un cadre amélioré aux fins de l'atténuation de la pauvreté. L'allégement de la dette aux termes de la nouvelle initiative sera plus que doublé. Ainsi, avec l'allégement déjà offert en vertu des mécanismes en place et l'annulation des dettes au chapitre de l'aide, des ressources considérables pourraient être libérées pour mettre en œuvre des programmes d'atténuation de la pauvreté.

À cette fin, nous estimons qu'il convient d'élaborer un cadre de mesures pour lutter contre la pauvreté, qui serait clair et facile à réaliser. Le cadre amélioré d'atténuation de la pauvreté doit utiliser les ressources libérées par l'allégement de la dette. Il exigera une collaboration opérationnelle soutenue et déterminée entre les institutions de Bretton Woods et les gouvernements emprunteurs. Nous sommes bien conscients que cela bousculera fondamentalement de nombreuses habitudes et attitudes bien ancrées.

Selon nous, ce nouveau partenariat devrait reposer sur les quatre éléments clés que voici : 1) un vaste processus participatif 2) une augmentation de la transparence et de la responsabilisation des gouvernements 3) la compréhension que la pauvreté est multidimensionnelle et, non le moindre, 4) un rappel que la lutte soutenue contre la pauvreté va de pair avec une croissance économique de qualité dont les retombées sont partagées à grande échelle.

La nouvelle stratégie d'atténuation de la pauvreté regroupe les diverses composantes des pratiques exemplaires en matière de développement et met à contribution dans une large mesure la société civile; à ce titre, elle devrait permettre d'accélérer le recul de la pauvreté et la croissance soutenable et équitable. Pour les institutions de Bretton Woods, nous devons créer une nouvelle synergie en fonction de ce plan d'action tripartite en intégrant l'atténuation de la pauvreté aux stratégies d'aide par pays, aux documents-cadres de politique économique et à la Facilité d'ajustement structurel renforcée.

Cette stratégie ne doit pas devenir une série d'objectifs en évolution, nous en convenons. Nous devons considérer que la lutte contre la pauvreté remplace les anciennes conditionnalités et ne vient pas s'y ajouter. Nous espérons notamment voir dans l'avenir des cadres financiers qui viseront à créer des possibilités d'accroître les dépenses sociales et à les développer.

Une priorité importante, c'est de voir à ce que le financement de l'initiative d'atténuation de la dette des PPTE soit adéquat. Bien que des progrès importants aient déjà été réalisés pour définir le financement nécessaire, il reste encore beaucoup à faire. Nous prions instamment les institutions financières internationales de redoubler d'efforts pour déterminer les ressources nécessaires à cette fin. De son côté, le Canada a déjà viré au fonds fiduciaire en faveur des PPTE les 40 millions de dollars qu'il s'était engagé à virer, et il a promis quelque 24 millions de dollars de son remboursement au titre du deuxième compte spécial conditionnel (CSC-2) du Fonds monétaire international. De plus, le Canada continuera à envisager des possibilités de faire d'autres contributions au fonds fiduciaire en faveur des PPTE.

Le Canada est conscient du fardeau que représenterait une nouvelle dette pour les PPTE. Ainsi, en plus de renoncer au remboursement de tous ses prêts d'aide publique au développement (APD) auprès des PPTE, le Canada fournit maintenant toute son APD bilatérale sous forme de subventions seulement. Pour éviter que les crises d'endettement ne deviennent un problème récurrent dans les pays en développement, le Canada invite aussi les donateurs à adopter des pratiques de prêt plus transparentes.

Au Canada, la Société pour l'expansion des exportations a déjà pris des mesures pour rendre ses opérations de prêt aux pays en développement plus transparentes, y compris offrir une ventilation pays par pays des prêts consentis. Le Canada invite les autres créanciers à collaborer pour élaborer des normes communes à cet égard afin d'éviter les crises d'endettement dans l'avenir.

Nécessité d'un changement dans la culture du développement

Renforcer l'initiative d'aide aux PPTE ne suffira cependant pas en soi pour relever le défi de l'atténuation de la pauvreté. L'initiative en faveur des PPTE ne peut que s'inscrire dans ce qui doit être une offensive beaucoup plus vaste contre la pauvreté mondiale.

Ensemble, nous avons une bonne idée des principales causes de la pauvreté et des secteurs où il faudrait orienter nos efforts. L'investissement dans les personnes et les services sociaux de base comme la santé et l'éducation étaye nos stratégies en matière d'atténuation de la pauvreté, et ce, à juste titre. À cet égard, l'éducation des femmes, et en particulier des jeunes filles, est importante, car éduquer les femmes veut dire éduquer les familles. Offrir des possibilités à tous les segments de nos sociétés devrait être la pierre angulaire de nos efforts au chapitre de l'éducation.

Il nous faut également admettre que trop souvent les familles et les personnes sont pauvres parce qu'elles sont malades. Des investissements relativement modestes dans les soins de santé et la recherche pharmaceutique sur les maladies qui sévissent dans les pays pauvres pourraient éventuellement être très rentables.

Les pays industrialisés croient que leur propre approche au développement peut facilement être transférée aux pays les plus pauvres de la planète. Or, pour améliorer la performance de l'aide au développement, il est impératif de briser cette croyance. Ainsi qu'on l'a récemment prétendu, les pays en développement ne peuvent pas être considérés comme étant simplement des pays riches qui sont pauvres. Les pays en développement ont des défis qui leur sont propres, et de nombreuses approches mises à l'essai dans les pays développés ne s'adaptent pas bien à des pays où les conditions socio-économiques et les antécédents culturels sont tellement différents.

Compte tenu du fait que nous vivons à une époque où les ressources sont limitées, il faut réfléchir davantage sur la façon d'accroître l'efficacité des fonds consacrés à l'aide au développement. Bâtir la capacité d'exploiter les connaissances et la technologie fait partie de la solution; d'ailleurs, l'Agence canadienne de développement international et d'autres organismes officiels d'aide au développement misent de plus en plus sur cet objectif et s'efforcent de jumeler les compétences et l'expertise de leurs partenaires des pays en développement et des pays industrialisés. De leur côté, les banques multilatérales de développement doivent examiner avec soin comment les fonds au titre de la coopération technique peuvent être le mieux utilisés pour miser sur les points forts locaux.

On s'entend également sur le fait qu'il est essentiel pour mettre en œuvre des programmes d'atténuation de la pauvreté d'avoir sur place des politiques économiques efficaces et encadrées par des institutions et des structures de gouvernance transparentes et déterminées. Un changement radical dans la culture du développement est primordial. En fait, il s'agit de mettre le pays en développement, son gouvernement et ses citoyens, aux commandes. Ainsi, les donateurs tant multilatéraux que bilatéraux pourraient collaborer avec les gouvernements et les intervenants locaux dans un partenariat plus égal et ouvert. Le rôle des banques multilatérales de développement serait davantage axé sur la facilitation des projets et la coordination du financement. Il faudra pour cela que les professionnels de l'aide au développement changent complètement d'attitude.

Nous sommes encouragés de voir que divers acteurs font des pas dans cette direction, la Banque mondiale faisant preuve de leadership avec son projet d'une approche plus holistique au développement sous forme d'un cadre de développement intégré (CDI). Le CDI a pour objet de mettre les pays en développement qui empruntent au centre de la définition d'un plan de développement soutenable et socialement adapté. Les donateurs tant multilatéraux que bilatéraux collaboreront ainsi avec eux dans un nouveau partenariat plus égal et ouvert. Nous prisons particulièrement le fait que le nouveau cadre amélioré d'atténuation de la pauvreté de la Banque est une composante centrale du CDI.

Cependant, il faut pousser plus loin la nouvelle façon d'envisager le développement. L'expérience nous a démontré que, pour être vraiment efficace, l'aide au développement doit être ciblée sur les pays dont les gouvernements appliquent de saines politiques et qui sont déterminés à mettre en place et à maintenir de solides institutions. Si des politiques appropriées encadrent un contexte économique et politique sain, l'aide au développement peut faire reculer la pauvreté et améliorer les conditions sociales. Ces dernières années, la gouvernance a été un thème dominant des travaux relatifs à l'aide au développement et cette question doit demeurer en tête de liste du plan d'action en matière de politiques. En fait, une saine gouvernance est maintenant la pierre angulaire des efforts en vue de réaliser de solides gains au titre de l'atténuation de la pauvreté et de l'efficacité de l'aide au développement. Il est impératif de continuer à mettre l'accent sur l'amélioration de la gouvernance civile et corporative afin de consolider les institutions qui sont nécessaires non seulement pour rendre la coopération en matière de développement plus efficace, mais également pour promouvoir un contexte davantage propice à l'esprit d'entreprise du secteur privé sur lequel repose la croissance.

Nos efforts d'aide au développement doivent passer par des institutions multilatérales efficaces. Ces deux dernières années, nous, les actionnaires, avons compté sur la Banque pour jouer un rôle important dans le règlement des crises financières des marchés émergents et nous devons donc admettre que cela a exercé des pressions sur l'institution. Le Canada est toujours disposé à appuyer une hausse de capitaux pour la Banque internationale pour la reconstruction et le développement comme solution en vue de renforcer la capacité de prêt de l'institution. Cependant, notre appui à cet égard serait fonction d'un lien solide entre l'activité de prêt de la Banque et l'efficacité du développement ainsi que de la performance à l'égard des questions de gouvernance.

Accroître la participation des petits pays et des pays en développement au système commercial multilatéral

Les petits pays et les pays en développement comptent pour environ le cinquième du commerce mondial. Or, beaucoup d'entre eux n'ont pas la capacité institutionnelle nécessaire pour participer à part entière aux négociations commerciales internationales ou même pour respecter leurs engagements aux termes des accords multilatéraux existants. Nous nous réjouissons donc des efforts déployés par la Banque pour aider ces pays à surmonter les obstacles institutionnels qui les empêchent de réaliser les gains énormes découlant de la participation au système commercial multilatéral. Nous félicitons en particulier la Banque pour les travaux qu'elle a entrepris dans le cadre du programme 2000 et du cadre intégré pour les pays les moins développés de l'OMC. Ces initiatives, qui ont pour objet d'aider à bâtir la capacité institutionnelle et à former les décideurs qui prennent part aux négociations commerciales, permettront de renforcer la voix des pays en développement. Nous prions donc la Banque d'établir un partenariat beaucoup plus étroit avec l'OMC, car leur collaboration sera primordiale aux fins de l'intégration des pays en développement au système commercial multilatéral.

N'en doutons pas, la mondialisation est là pour rester. Cependant, sa réussite dépend d'un groupe qui ne cesse de prendre de l'expansion. L'environnement commercial mondial doit tenir compte des rêves et des aspirations de tous les pays, y compris des petits pays en développement. Le plan d'action doit reposer sur l'accroissement des possibilités et de l'expansion pour tous, sans exception. Il sera impératif de prévoir une transition, un rythme et une séquence efficaces pour les petits pays et les pays en développement afin de garantir le succès d'une libéralisation accrue du commerce. Nous avons tout intérêt à veiller à ce que cela se fasse, mais également à faire en sorte que le plan d'action mondial pour l'avenir tienne compte d'une nécessité, à savoir que le libre échange doit être pour tous les pays synonyme d'avantages et non de coûts pour leurs citoyens.

Défis au titre du développement au prochain millénaire

Nous entrons dans le prochain millénaire avec un taux de pauvreté tellement élevé qu'il y a lieu de s'inquiéter. Le changement de culture en matière d'aide au développement pour adopter une approche locale, ainsi qu'un engagement solide de la part des gouvernements et des fournisseurs de l'aide au développement à cet égard, ont de fortes chances d'améliorer le rendement des programmes de lutte contre la pauvreté. Les gouvernements, les institutions multilatérales, les organisations non gouvernementales et le secteur privé doivent conjuguer leurs efforts pour mettre en place un environnement socio-économique habilitant, y compris une infrastructure physique et humaine positive qui donnera aux plus démunis la capacité d'améliorer leur sort.

Il nous faut axer nos efforts collectifs sur ce qui suit :

  • Améliorer la gouvernance. Il faut accroître l'aide technique et investir davantage pour appuyer la consolidation de l'infrastructure sociale, juridique et financière dans les pays pauvres; cette mesure est essentielle non seulement pour accroître l'efficacité de l'aide au développement, mais également pour attirer des investissements. Nous devons cependant promouvoir des institutions étatiques et civiles qui donnent une voix et une responsabilité plus grandes à ceux qui sont gouvernés. Le succès passera en fin de compte par une participation réelle du public, c'est-à-dire favoriser une culture collective de saine gouvernance.
  • Bâtir le capital humain. Il importe peut-être avant tout d'investir dans l'éducation et la santé pour lutter contre la pauvreté. Nos devrions accorder priorité à l'éducation des femmes et des jeunes filles et aux investissements dans la recherche sur les maladies qui sévissent dans les pays pauvres.
  • Assurer la stabilité sociale. La lutte contre la pauvreté est un bon principe économique et un bon principe politique; elle doit être au centre des stratégies de développement économique et social. Il est impératif de protéger les pauvres pendant les ralentissements économiques cycliques en mettant en place les filets de sécurité sociale qui s'imposent. À cette fin, il faudra peut-être effectuer des transferts des institutions multilatérales et des organismes d'aide au développement, mais qui plus est, nous devons favoriser de bonnes politiques sociales et bâtir de solides institutions pour mettre au point et administrer ces filets de sécurité sociale.
  • Trouver des moyens d'aider les pauvres à améliorer leur sort. L'expérience a fait ressortir que les établissements de micro-crédit et les petites entreprises, lesquels sont souvent axés sur la famille, peuvent être un moteur important de la croissance économique dans les pays en développement. Il est possible de faire encore beaucoup plus pour favoriser le développement de ces entreprises. Les travaux du Groupe consultatif d'aide aux populations les plus pauvres, par exemple, ont démontré que les programmes en faveur des établissements de micro-crédit et de petit crédit sont essentiels pour appuyer l'expansion du secteur des petites entreprises dans les pays les plus pauvres de la planète.
  • Améliorer l'infrastructure des connaissances. Si l'on veut rétrécir l'écart au chapitre des connaissances, utiliser la technologie pour favoriser le développement et investir dans l'éducation, les organismes d'aide au développement doivent soutenir les investissements dans les communications et dans d'autres segments de l'infrastructure des connaissances. Ici, les possibilités de partenariat entre les secteurs public et privé sont nombreuses. Pour le moment, les incitatifs en vue d'encourager le secteur privé à élaborer l'infrastructure physique et humaine nécessaire pour porter le développement axé sur les connaissances dans les régions les plus pauvres au monde ne sont tout simplement pas suffisants.

Conclusions – Ce que nous réserve l'avenir

En cette ère de mondialisation, deux réalités incontournables sont au centre de nos efforts à l'échelle internationale, à savoir l'interdépendance de plus en plus grande des économies nationales et les pressions de plus en plus fortes exercées pour faire respecter la diversité politique et culturelle. Garantir à tous des possibilités économiques et sociales est un défi important dans le cadre de la mondialisation. Or, l'expansion du marché mondial ne relève pas automatiquement ou également le niveau de vie de tout le monde. La collectivité mondiale, mue par une même série de valeurs, soit le partage autant des risques et des avantages que des possibilités sociales et économiques, la mise en commun des ressources et le respect de la diversité, offre un avenir de possibilités dans un monde en évolution et à une époque prometteuse. Le monde est de plus en plus intégré et interdépendant et ces réalités sont devenues plus incontournables que jamais. Il reste que le meilleur bilan au monde ne voudra absolument rien dire s'il n'a pas pour résultat l'amélioration du sort des personnes et des familles. La meilleure architecture internationale au monde ne sera pas efficace si elle ne permet pas de relever le niveau de vie de chacun, et spécialement de ceux qui sont souvent oubliés.

Le défi que nous devons relever aujourd'hui consiste à aider la mondialisation à fonctionner, non seulement pour les gouvernements et les entreprises, mais spécialement pour les personnes et les familles, peu importe où elles se trouvent. Et cela veut dire qu'il ne faut ménager aucun effort pour garantir que la qualité de la croissance dans les économies sera jumelée à la qualité de vie dans nos sociétés.


Dernière mise à jour :  2004-04-23 Haut

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