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Ottawa, le 24 novembre 2003

Discours de l’honorable John Manley, vice-premier ministre et ministre des Finances, devant l’Americas Society/Council of the Americas,

New York, New York

Le texte prononcé fait foi


Je vous remercie de me donner l’occasion de vous parler aujourd’hui et de visiter une fois de plus votre magnifique cité. En ma qualité de ministre du Cabinet, je suis souvent venu à New York au cours des 10 dernières années, et chaque visite a été une expérience formidable.

On dit toujours que New York est une ville où on ne dort jamais. Mais depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001, on sait aussi que New York ne cédera jamais aux menaces, ne renoncera jamais à la liberté au nom de la sécurité, et ne laissera jamais l’incertitude l’empêcher d’incarner la norme mondiale en matière de culture et de commerce.

Elle demeure une destination de choix pour ceux et celles qui veulent commencer une nouvelle vie ou échapper temporairement aux contraintes de leur existence. D’un point de vue personnel, je sais que c’est aussi l’endroit où l’on peut participer à l’un des plus prestigieux marathons au monde. New York demeure l’endroit vers lequel les gens se tournent depuis des générations pour réaliser leurs rêves.

Comme dans un marathon, votre ville et votre pays continueront d’avancer et d’atteindre leurs buts. Ils le feront en continuant de défier ceux qui, par lâcheté et par méchanceté, cherchent à les détruire. Je vous donne l’assurance que le Canada continuera de collaborer avec les États-Unis afin de bâtir une Amérique du Nord et un monde plus sûrs, plus ouverts et plus prospères.

Un partenariat rentable

Comme les petits différends contribuent souvent à faire vendre des journaux, des individus des deux côtés de la frontière ont parfois tenté, au fil des ans, d’attiser de vieilles rivalités ou de lancer des rumeurs de mésentente.

Ces rumeurs se heurtent cependant toujours à la même réalité : les relations entre les États-Unis et le Canada ont toujours été guidées par la confiance mutuelle et la collaboration, pour constituer les rapports commerciaux bilatéraux les plus importants au monde. Les Américains et les Canadiens franchissent notre frontière de 5 000 milles près de 200 millions de fois par année. Chaque jour, plus de 35 000 camions traversent la frontière dans le cadre d’échanges commerciaux bilatéraux de plus de 1 milliard de dollars. Bon nombre de choses que nous tenons pour acquises, en tant que consommateurs, comme une livraison qui arrive juste au bon moment, ne pourraient être possibles sans ce lien sûr et accessible.

La très grande majorité des exportations canadiennes – soit environ 87 % – sont destinées aux États-Unis. Pour ne prendre qu’un exemple, celui de l’énergie, le Canada est la première source d’importation d’énergie pour les Américains, fournissant 94 % des importations de gaz naturel, près de 100 % des importations d’électricité, et davantage de pétrole brut et de produits raffinés du pétrole que tout autre fournisseur étranger.

Ces échanges transfrontaliers se font dans les deux sens. Le Canada est le premier marché international de 39 des 50 États, et leur principale source de touristes étrangers. Les États-Unis envoient près de trois fois plus d’exportations au Canada qu’au Japon, et davantage dans notre pays que dans tous les pays de l’Union européenne mis ensemble.

Nous continuons aussi d’investir de plus en plus l’un chez l’autre. L’investissement étranger direct des États-Unis au Canada se chiffre actuellement à 143 milliards de dollars américains, et fournit plus d’un million d’emplois au Canada. En revanche, notre investissement aux États-Unis a atteint 129 milliards de dollars américains l’an dernier, et a fourni plus de 640 000 emplois aux États-Unis. Plus de 40 % du commerce américain avec le Canada est un commerce intrasociété.

Un patrimoine commun

Il est donc normal pour nos deux pays d’avoir beaucoup de choses en commun. Notre partenariat va bien au-delà des échanges commerciaux.

Le 11 septembre 2001, c’est ensemble que nous nous sommes recueillis à la mémoire des personnes disparues, dont de nombreux Canadiens. Et c’est ensemble que les Forces canadiennes et le 101e régiment aéroporté des États-Unis ont combattu en Afghanistan.

Cet engagement canadien à combattre le terrorisme mondial se poursuit. Aujourd'hui, 1 900 militaires canadiens dirigent la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan. Cet engagement a mené à des sacrifices. Récemment, le sergent Robert Short et le caporal Robbie Beerenfenger, des Forces canadiennes, ont sacrifié leur vie pour que d’autres puissent vivre en toute liberté.

La dernière année a été caractérisée par d’autres défis pour nos deux pays. En tant que voisins, nous avons dû faire face à la force brute de l’ouragan Juan. Des deux côtés de la frontière, nous avons combattu des feux de forêt sur la côte du Pacifique. Nous avons constaté à quel point nous étions interreliés quand 50 millions d’entre nous avons été privés de courant en l’espace de quelques secondes. Comme toujours, nous avons réagi ensemble, nous nous sommes entraidés, nous avons partagé nos ressources et nous avons travaillé en collaboration de manière à éviter que cela se reproduise.

Une réussite économique

Dans la Mise à jour économique et financière que je présentais plus tôt ce mois-ci, je soulignais que ces catastrophes comportent des coûts. Avec les répercussions économiques du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), de la maladie de la vache folle et de l’appréciation du dollar canadien, elles ont entraîné une stagnation de l’économie canadienne au deuxième trimestre.

Fait encore plus important, elles ont eu des répercussions sur nos collectivités, nos familles et notre vie de tous les jours. Ainsi, depuis le budget de février, nous avons annoncé pour cette année de nouvelles dépenses qui iront aux Canadiens les plus durement touchés par le SRAS et par les effets négatifs de la maladie de la vache folle sur l’économie. Nous avons aussi annoncé des dépenses qui nous permettront de nous acquitter de notre rôle en Afghanistan. Il faudra pour cela utiliser une partie de notre réserve pour éventualités afin de satisfaire aux exigences en cours.

Malgré ces « revers de fortune intéressants », notre avenir demeure prometteur.

Les économistes du secteur privé prévoient un rebondissement au Canada pour le reste de l’année et l’an prochain, avec une croissance d’environ 3 %.

Notre excédent budgétaire cette année sera moins élevé, mais devrait tout de même se chiffrer à 2,3 milliards de dollars canadiens – il s’agit d’un septième surplus de suite pour le Canada, qui sera le seul pays du Groupe des Sept (G-7) à afficher un excédent.

Le ratio de la dette fédérale au produit intérieur brut a été réduit de près de 25 points de pourcentage, passant d’un sommet de 68 % à son niveau actuel de 44 %. En fait, pour la première fois en 19 ans, le gouvernement fédéral a consacré plus d’argent aux transferts directs versés aux Canadiens qu’aux paiements d’intérêt sur la dette publique. Nos finances nationales demeurent positives et devraient le demeurer dans un avenir prévisible.

Les Canadiens peuvent être fiers des succès qu’ils obtiennent en cette période d’incertitude – c’est la récompense qui fait suite aux sacrifices des 10 dernières années. Il n’y a pas si longtemps, le Canada se faisait traiter d’« économie déficiente » et de « membre honoraire du tiers monde ». À cette époque, ce ne sont pas les catastrophes naturelles qui nous faisaient peur. Nos problèmes étaient d’ordre tout à fait humain : une dette fédérale écrasante qui correspondait aux deux tiers de notre production économique annuelle et accaparait plus de 35 cents sur chaque dollar payé en impôt. Notre gouvernement a hérité il y a 10 ans d’une économie chancelante assortie d’un taux de chômage élevé, d’une faible croissance, de lourds déficits et d’une confiance fortement ébranlée. La situation était tout simplement inacceptable.

Aujourd’hui, le portrait est différent. Les Canadiens ont assaini leurs finances publiques.

Nous avons commencé à rembourser notre dette, libérant ainsi des sommes qui peuvent être consacrées à d’autres priorités comme les soins de santé et l’éducation, ainsi que la recherche et l’innovation.

Nous avons instauré le programme de réduction des impôts le plus important de l’histoire canadienne, une initiative pluriannuelle qui se terminera d’ici la fin de l’année. Ce plan de réduction des impôts a créé un avantage canadien distinct, car notre taux fédéral-provincial moyen d’impôt des sociétés est maintenant inférieur à celui des États-Unis, et devrait encore diminuer.

Nous avons remis le Régime de pensions du Canada sur une assise financière solide pour les 50 prochaines années, afin de garantir aux travailleurs canadiens d’aujourd’hui et de demain une retraite dans le confort et la dignité.

De nos jours, nous faisons la une pour des raisons entièrement différentes. Le magazine The Economist a récemment conclu que le Canada est un pays plutôt « cool ». Il a déclaré qu’une gestion budgétaire judicieuse jumelée à des politiques sociales audacieuses dénotent une confiance en soi de plus en plus visible au Canada. Tout un revirement.

Je suis très heureux de pouvoir affirmer une fois de plus que nos deux pays partagent cette prospérité. Grâce à un taux de croissance exceptionnel de 7,2 % au troisième trimestre, à la faiblesse des taux d’intérêt, à la rentabilité accrue des entreprises et à une forte croissance de l’emploi, l’avenir sourit aux États-Unis

Une situation qui augure bien pour le Canada. En fait, la plupart des économistes du secteur privé s’attendent à ce que nos deux pays figurent en tête du G-7 au chapitre de la croissance l’an prochain.

Une approche efficace en matière de sécurité

Notre succès futur commun est toutefois bien loin de reposer uniquement sur des statistiques économiques et financières. Il sera fondé sur les millions de rapports personnels qui constituent cette relation nord-américaine unique. Les résultats que nous affichons, nous ne les devons pas à quelque théorie économique abstraite. Nous les devons à nos parents et à nos amis. À nos relations d’affaires et à nos clients. Aux voyageurs et à leurs hôtes.

Après le 11 septembre 2001, il est devenu évident que les menaces provenant de l’extérieur de notre continent n’étaient plus à notre porte – elles étaient désormais à l’intérieur de nos murs. La politique commerciale canadienne doit donc faire état des nouveaux besoins nord-américains en matière de sécurité. Nous avons donc tous deux signé la Déclaration canado-américaine sur la frontière intelligente. Ensemble, nous avons profité de l’occasion pour établir entre nos deux pays des mécanismes frontaliers plus efficaces et plus sûrs, sans tomber dans le piège de l’oppression. Outre son caractère plus sûr, cette frontière permettra également d’améliorer le flux transfrontalier des biens et des personnes qui présentent un faible risque. Après tout, si notre frontière commune est traversée plus de 200 millions de fois chaque année, il est beaucoup plus facile d’identifier les voyageurs dangereux une fois que sont filtrées les millions de personnes à faible risque.

Dans les deux années écoulées depuis la signature de la Déclaration sur la frontière intelligente, nous avons réalisé des progrès remarquables en vue de nos objectifs. Il y a moins de deux mois, le secrétaire à la Sécurité intérieure Tom Ridge et moi-même avons rendu public le quatrième compte rendu sur le Plan d’action pour une frontière intelligente. En voici quelques faits saillants.

D’abord, comme bon nombre d’entre vous le savez déjà, le Congrès américain a exigé la mise sur pied d’un système de contrôle des entrées et des sorties en vertu duquel l’identité de toutes les personnes qui entrent aux États-Unis ou qui en sortent sera établie. Le secrétaire Ridge a précisé que les citoyens canadiens et américains ne seront pas assujettis à ce nouveau programme US-VISIT (U.S. Visitor and Immigrant Status Indicator) aux termes des politiques américaines actuelles. Compte tenu de l’importance du commerce transfrontalier entre nos deux pays, cette décision est cruciale.

Ensuite, nous constatons déjà une amélioration du flux transfrontalier attribuable à l’expansion de nos programmes NEXUS et EXPRES de préautorisation du trafic commercial et des voyageurs à faible risque. D’ici la fin du mois prochain, nous compterons 13 emplacements NEXUS et 12 emplacements EXPRES opérationnels dans nos principaux postes frontaliers.

Puis, le 13 novembre dernier à Ottawa, nous avons tenu la première d’une série de consultations binationales auprès de représentants commerciaux canadiens et américains. Je considère ces consultations comme très importantes, parce qu’elles permettront aux entreprises et aux autres qui comptent sur l’efficacité des frontières pour gagner leur vie de nous dire ce qui tourne rondement – et ce qui doit être amélioré.

Nous avons également accompli des progrès par rapport à un certain nombre d’autres préoccupations frontalières, y compris la collaboration dans le domaine des sciences et de la technologie et l’harmonisation de nos règles sur le préavis d’autorisation des importations à la frontière.

J’estime que nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli en si peu de temps. Les fonctionnaires américains et canadiens ont bien travaillé, et ce, en étroite collaboration. Nous avons réagi comme l’auraient fait tous les bons voisins – en nous serrant les coudes, plutôt qu’en nous isolant.

Je suis heureux de déclarer que la création d’une frontière sûre et efficace a également mis en relief la solidité de nos relations. Depuis notre première rencontre, le secrétaire Ridge et moi-même avons développé une amitié qui, selon moi, nous a permis d’en accomplir davantage. Soyez assurés que dans les semaines et les mois à venir, le Canada se consacrera au renforcement des relations entre nos deux pays, en accentuant les efforts déployés en vue de resserrer la sécurité en Amérique du Nord.

Un avenir commun

Une frontière plus sûre, une présence militaire partagée, une relation commerciale renforcée – les terroristes ne visaient sûrement pas ces objectifs quand ils ont lancé leurs attaques il y a deux ans.

Ces résultats ne devraient pourtant étonner personne. Nos liens communs sont beaucoup trop forts pour céder aux menaces extérieures.

Comme je l’ai souvent dit, la mésentente occasionnelle peut s’exprimer dans la bonne entente. Nous avons accompli trop de choses ensemble pour qu’un différend ici et là ne mette notre amitié à l’épreuve. Dans un monde en plein bouleversement, nous avons clairement montré que nos deux pays peuvent aspirer ensemble à la prospérité, même s’ils ne sont pas toujours d’accord.

C’est le fruit de notre amitié. C’est pourquoi je n’hésite jamais à venir représenter les intérêts du Canada dans votre pays et dans votre ville. C’est pourquoi j’ai l’intime conviction qu’il n’y a pas de limite à ce que nous pouvons accomplir ensemble, dans un esprit de bonne volonté et de respect mutuel.

Je vous remercie.


Dernière mise à jour :  2004-03-17 Haut

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