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Ottawa, le 13 janvier 2004
2004-004

Allocution de l’honorable Ralph Goodale, ministre des Finances, devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

Montréal (Québec)

Le texte prononcé fait foi


Introduction

Bonjour. Mesdames et messieurs, mes chers amis.

Il me fait toujours plaisir de visiter Montréal. Ce n’est pas la première fois que j’ai l’occasion de parler à un événement organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. En juin 2003, c’est devant les membres de votre chambre de commerce que j’ai annoncé des changements aux pratiques du gouvernement fédéral dans le domaine de la recherche sur l’opinion publique. Je tiens à vous remercier de votre proposition prébudgétaire. J’ai hâte de la lire en détail.

Aujourd’hui, je suis ici dans mon nouveau rôle de ministre fédéral des Finances pour consulter les gens du Québec sur les priorités pour le prochain budget fédéral. Après tout, Montréal est le moteur de l’économie du Québec. C’est une grande métropole canadienne. L’économie et la société sont dynamiques, solidement québécoises et francophones. Elles sont aussi ouvertes sur les finances, les technologies et les cultures du monde entier. C’est aussi la région métropolitaine représentée par le premier ministre Martin. Vous savez, c’est toujours une bonne idée pour un ministre des Finances d’être à l’écoute des gens que le premier ministre représente au Parlement.

Avant d’aller plus loin, je vous demande d’être patient avec mon français. Je suis un gars de la Saskatchewan, et je ne suis pas encore parfaitement à l’aise en français. Vous le savez cependant, les Québécois et les Québécoises sont reconnus pour leur grande tolérance. Alors, je suis convaincu que mes efforts pour corriger cette lacune ne seront pas en vain.

Mesdames et messieurs, permettez-moi de dire ceci. Quelle que soit la langue officielle que j’utilise aujourd’hui, et je tenterai de me servir des deux du mieux que je peux, les messages essentiels que je transmettrai seront les mêmes. Ces messages sont modelés par la langue fondamentale que la grande majorité des Canadiens et des Canadiennes parlent, c’est-à-dire celle du bon sens.

D’instinct, le peuple canadien comprend qu’une économie vigoureuse va de pair avec une société sûre. Il s’agit de deux éléments essentiels à la plus grande prospérité de Montréal, du Québec et du Canada.

Les Canadiens comprennent bien qu’un bon gouvernement vit selon ses moyens; que chaque dollar compte et doit être dépensé judicieusement; qu’un bon gouvernement fait des choix qui lui permettent non seulement d’équilibrer ses finances, mais aussi de maintenir un juste équilibre entre les nombreuses priorités économiques et sociales de la population.

Cet après-midi, je participerai à une table ronde sur les priorités pour le prochain budget du gouvernement fédéral. À la table ronde, il y aura des gens d’affaires, bien sûr, mais aussi des représentants de groupes sociaux. Je souhaite faire de cette initiative un exercice de consultation inclusive et non pas exclusive.

Ici, comme ailleurs au Canada, je serai à l’écoute des Canadiens et des Canadiennes pour savoir comment nous pouvons lancer une nouvelle décennie de réalisations pour le Canada.

Pour être plus précis :

Comment pouvons-nous rendre plus fortes les bases sociales du Canada?

Comment pouvons-nous bâtir une économie pour le XXIe siècle?

Comment pouvons-nous faire en sorte que le Canada puisse jouer un rôle pertinent et efficace dans le monde?

Et cela, tout en assurant une administration publique saine avec des budgets équilibrés, la réduction de la dette et une gestion prudente des dépenses?

Pourquoi l’équilibre budgétaire est-il important?

Pourquoi nous sommes-nous si fermement engagés à assurer la solidité du contexte financier?

En termes simples, l’atteinte de l’équilibre budgétaire en 1997-1998 a constitué une étape mémorable pour le pays. Le renversement de la situation financière a été révolutionnaire. Ce fut un point tournant fondamental pour l’économie. De fait, l’équilibre budgétaire représente non seulement une politique financière saine, mais il facilite aussi la performance économique et la performance sociale. Les Canadiens et Canadiennes le comprennent bien. Ils nous ont déclaré sans détour que le maintien de l’équilibre budgétaire représentait la priorité financière.

Depuis que M. Martin, à titre de ministre des Finances, a équilibré le budget pour la première fois en 1997-1998, nous avons pu compter sur six budgets excédentaires de suite. La dette fédérale a été amputée de plus de 52 milliards de dollars. Parmi les pays du Groupe des Sept (G-7), le Canada est donc passé de l’avant-dernier rang au deuxième rang pour le ratio global de la dette au produit intérieur brut. Le Canada est le seul pays du G-7 à avoir maintenu l’équilibre budgétaire pendant les grands bouleversements économiques survenus à l’échelle mondiale.

Les avantages à tirer des efforts que nous avons déployés au cours des six dernières années pour réduire la dette de 52 milliards de dollars sont des plus clairs et des plus convaincants. Nous consacrons maintenant 3 milliards de dollars de moins par année au paiement de l’intérêt sur la dette. Année après année, nous pouvons affecter cette somme aux priorités établies par les Canadiens, à savoir les soins de santé et l’apprentissage, au lieu d’aller garnir les poches des détenteurs d’obligations du monde entier. Nous devons continuer de réduire la dette afin que les impôts payés par les contribuables puissent servir de plus en plus à améliorer la vie des Canadiens tout en évitant d’hypothéquer davantage l’avenir de leurs enfants.

Toutefois, l’équilibre budgétaire ne constitue pas une fin en soi. Il s’agit d’une façon de bâtir un Canada meilleur pour tous et chacun. Une situation financière solide est une condition préalable à une croissance économique robuste et soutenue. Une forte croissance économique se traduit par un plus grand nombre d’emplois pour plus de personnes. Elle fait grimper les revenus de l’État, ce qui nous permet d’investir davantage dans les priorités sociales qui font la réputation du Canada à titre de nation d’écoute et de compassion.

Ambivalence des perspectives économiques

Les retombées économiques de l’équilibre budgétaire, de la réduction de la dette et de la faible inflation ont permis au Canada d’atteindre le premier rang des pays du G-7 au titre de la croissance, de 1997 à 2002.

En 2003 cependant, ce fut une toute autre histoire. Le Canada a encaissé un grand nombre de durs coups économiques, qu’il suffise de mentionner l’épidémie de SRAS et la panne d’électricité majeure en Ontario, les incendies de forêt en Colombie-Britannique, l’ouragan dans les provinces de l’Atlantique et la maladie de la vache folle dans les Prairies.

Parallèlement, la valeur du dollar canadien a monté en flèche pour marquer un gain de plus de 20 % par rapport au dollar américain l’an dernier. Cette appréciation découlait en partie de la faiblesse soutenue du dollar américain, qui a aussi chuté par rapport à la livre anglaise, l’euro et le yen. L’appréciation du dollar canadien a contribué à une baisse du volume de nos exportations au cours des quatre derniers trimestres.

Ces événements ont porté un dur coup à la croissance du Canada en 2003. Les prévisionnistes du secteur privé estiment maintenant que notre économie a connu une croissance de 1,6 % l’an dernier, ce qui représente environ la moitié des prévisions initiales établies dans le budget de 2003.

Malgré les chocs économiques qu’a connus le Canada en 2003, son économie fut remarquablement résistante. En ce début d’année, elle semble destinée à une forte croissance.

  • Premièrement, la croissance robuste de l’économie des États-Unis devrait stimuler les exportations canadiennes chez nos voisins du Sud. Il faut toutefois se demander dans quelle mesure l’appréciation rapide du dollar canadien atténuera l’effet positif de la croissance aux États-Unis.
  • Deuxièmement, la demande des consommateurs et celle des entreprises demeurent positives au Canada. Les dépenses de consommation ont été très élevées au troisième trimestre et celles des entreprises affichent une reprise.
  • Troisièmement, la croissance de l’emploi affiche un nouveau regain. Au cours des quatre derniers mois, l’économie canadienne a créé 219 000 emplois.
  • Quatrièmement, l’inflation se situe à moins de la moitié de la fourchette cible de 1 % à 3 % fixée par la Banque du Canada. Par conséquent, les taux d’intérêt demeurent faibles.

Tout compte fait, les prévisionnistes du secteur privé croient que le Canada est susceptible de connaître une croissance économique de près de 3 % cette année. Bien qu’il s’agisse d’une amélioration par rapport à 2003, ce taux est inférieur aux 3,5 % prévus dans le dernier budget. Jumelé à la faiblesse de l’économie en 2003, ce résultat constitue un important écart par rapport à la performance éventuelle du Canada. Jusqu’à ce qu’il soit comblé, cet écart aura une influence directe sur notre situation financière.

Les défis financiers qui nous attendent

Dans la foulée de ces réalités économiques, il est évident que le gouvernement fédéral est aux prises avec des tensions financières pendant le présent exercice, et qu’il le sera également au cours des deux à trois prochaines années. Compte tenu de notre ferme engagement à établir un contexte financier sain et à amorcer une nouvelle décennie de réalisations, cela signifie que nous devons prendre des mesures immédiates pour protéger les résultats et dégager les ressources nécessaires pour donner suite à nos priorités. Dans les cinq jours qui ont suivi notre entrée en fonction, nous avons instauré un train de mesures visant à alléger les tensions imminentes et à nous attaquer aux priorités à moyen terme.

Pour 2003-2004, le gouvernement fédéral devrait afficher un excédent de 2,3 milliards de dollars. Cependant, nous avons convenu de remettre aux provinces et aux territoires, pour les soins de santé, une somme supplémentaire pouvant atteindre 2 milliards de dollars puisée à même nos résultats de fin d’exercice. Ce faisant, il ne resterait plus que 300 millions de dollars dans la réserve pour éventualités pour le reste de l’exercice. Ce coussin est nettement insuffisant pour protéger notre engagement, surtout si l’on tient compte du type de chocs auxquels nous avons été soumis au cours des 12 derniers mois.

Les mesures suivantes sont donc en vigueur immédiatement :

  • nous passons au peigne fin toutes les dépenses qui restent à effectuer d’ici la fin de l’exercice;
  • nous avons bloqué les nouvelles immobilisations;
  • nous avons limité la taille d’ensemble de la fonction publique.

Ces mesures devraient nous permettre d’équilibrer le budget et d’assurer les provinces et territoires que l’excédent de 2 milliards de dollars sera vraiment atteint à la fin de l’exercice et qu’il sera affecté aux soins de santé.

À compter de 2004-2005, nous devrons en outre nous attaquer à certaines tâches inachevées. Dans le budget de 2003, le gouvernement s’est engagé à trouver des ressources financières de 1 milliard de dollars par année au moyen de réaffectations, c’est-à-dire en faisant passer des fonds de priorités moindres à des priorités plus urgentes. Ces fonds ont été trouvés pour 2003-2004, mais ils n’ont pas été récupérés et affectés pour les prochaines années.

Mon collègue, le président du Conseil du Trésor, a été chargé d’atteindre cet objectif. Il le fera à temps pour le dépôt du prochain budget. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Reg Alcock, je puis vous assurer qu’il n’est pas homme à se défiler devant la tâche. Je suis convaincu qu’il atteindra son but.

Nous avons aussi lancé un examen complet des programmes du gouvernement. Notre objectif? Offrir une meilleure gestion de l’argent des contribuables et réaffecter nos ressources pour répondre aux besoins et aux priorités de demain.

À cette fin, nous avons mis sur pied un comité d’examen des dépenses. Ce comité procédera à une analyse détaillée et rigoureuse de toutes nos dépenses avant le budget de 2005. Ce que nous cherchons à faire, c’est introduire une toute nouvelle culture dans le gouvernement – cela s’appelle le respect des contribuables. Les mots d’ordre seront « examen des dépenses » et « réaffectation ».

Mesdames et messieurs, voilà ce à quoi nous nous attarderons. Nous aurons pour tâche de faire les bons choix et de dégager les ressources qui nous permettront d’investir dans ce qui importe le plus pour les Canadiens et les Canadiennes. Nous devrons également continuer d’atteindre nos objectifs financiers, voire les dépasser. Nous devrons gérer les risques en faisant preuve de prudence lors de la planification budgétaire pour éviter de revenir à une situation déficitaire.

Réfléchissez un peu sur ce qui suit. Dans un budget annuel avoisinant 180 milliards de dollars, un petit écart de 2 % au chapitre de nos revenus peut se traduire par une fluctuation de 3,5 milliards de dollars. Sommes-nous trop prudents? Je pense que nos six budgets équilibrés consécutifs, un résultat inégalé à l’échelle mondiale, répondent amplement à cette question. Vraiment, est-ce que les Canadiens préféreraient la solution de rechange? Le retour au temps où les gouvernements portaient des lunettes teintées qui déformaient la réalité et prévoyaient des budgets équilibrés alors qu’ils n’arrivaient qu’à enregistrer des déficits sans cesse croissants?

Priorités futures

Nos ressources financières seront faibles pour un temps, mais nous saurons prendre les mesures qui s’imposent. Bien que nos ressources à court terme soient limitées, notre programme à long terme ne l’est pas; il est ambitieux, voué à la transformation et des plus intéressants. Comme l’a déclaré le premier ministre, une décennie de possibilités historiques s’offrent à nous. Tout comme lui, je crois qu’il est temps que le Canada mûrisse ses aspirations et qu’il les réalise.

Le premier ministre a énoncé sa vision de l’avenir. Elle repose sur trois impératifs : consolider les assises de la société canadienne, bâtir l’économie du XXIe siècle et assurer au Canada une place sur la scène mondiale qui mettra en valeur sa fierté et sa dignité. Ces impératifs constitueront les bornes des discussions prébudgétaires que je tiendrai avec les Canadiens et les Canadiennes de partout au pays au cours des prochaines semaines. Bref, je veux entendre vos idées sur la manière de traiter les questions fondamentales auxquelles nous ferons face dans le prochain budget.

Par exemple, comment pouvons-nous renforcer et améliorer notre système de soins de santé, en tenant compte de nos réalités financières? Comment le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux peuvent-ils mieux travailler ensemble afin de réduire les listes d’attente et d’améliorer l’accès aux soins de santé?

Dans le cas de nos villes et de nos communautés, que faut-il faire pour les aider à répondre aux besoins de leurs citoyens? Comment pouvons-nous transformer nos villes en avantages économiques pour le Canada, tout en conservant la qualité de vie qu’elles offrent?

Comment pouvons-nous donner aux Canadiens des occasions d’apprentissage à toutes les étapes de leur vie? Que pouvons-nous faire dans le dossier du vieillissement de la population? Comment garantir que nos aînés vivent dans la dignité et bénéficient d’une bonne qualité de vie, compte tenu de leur nombre croissant et de l’amélioration soutenue de la longévité?

Je veux que les Canadiens me disent comment nous devrions aborder la gestion financière. Comment pouvons-nous gérer de façon plus responsable les impôts des contribuables? À quel rythme devrions-nous réduire la dette? Devrions-nous fixer un objectif officiel de réduction de la dette? Que penser d’autres réductions d’impôts? Celles-ci devraient-elles figurer au premier rang des priorités? Où devrions-nous concentrer nos efforts?

Je veux que vous me disiez de quelle façon nous pouvons bâtir une économie qui prospère au XXIe siècle. Comment pouvons-nous favoriser l’innovation, la recherche et le développement au Canada? Quelles mesures notre gouvernement peut-il prendre pour accroître la productivité et la compétitivité de notre économie? Que devons-nous faire pour améliorer la productivité du pays de manière à profiter des débouchés qu’offre le changement technologique et à améliorer la qualité de vie des Canadiens?

Je veux enfin que vous me fournissiez une indication de notre place dans le monde. De quelle façon le Canada peut-il le mieux jouer un rôle positif et pratique de chef de file dans les affaires internationales? Plus particulièrement, comment pouvons-nous recentrer et rétablir les liens qui nous unissent avec notre principal partenaire commercial, les États-Unis? Quelles mesures pouvons-nous prendre pour mieux protéger notre frontière commune et mettre en place une Amérique du Nord où l’on peut vivre en toute sécurité? Comment pouvons-nous protéger notre autonomie et notre souveraineté?

Il va sans dire qu’il n’y a pas de réponses faciles à ces questions. Au minimum, elles demandent des priorités claires, des buts précis et, parfois, des choix difficiles. Pourquoi? Parce que le gouvernement ne peut pas répondre à toutes les demandes, de tout le monde, tout le temps. Il nous faut donc bien comprendre quels sont nos objectifs à l’échelle du pays et faire les choix qui s’imposent afin de lancer notre nouvelle décennie de réalisations. Les réponses que nous formuleront seront cruciales si nous voulons trouver la meilleure piste pour notre pays dans un monde de concurrence féroce et d’incertitude. Elles doivent être fondées sur une analyse claire et une confiance solide.

C’est pourquoi je suis ici à Montréal aujourd’hui. J’ai confiance en la sagesse et au bon sens des Canadiens et des Canadiennes. Je veux connaître leurs points de vue, là où ils vivent et où ils travaillent.

Conclusion

Mesdames et messieurs, la nouvelle année a marqué le début d’une nouvelle ère pour le Canada, avec un nouveau premier ministre et une nouvelle équipe de ministres. Cette équipe s’est engagée à servir les Canadiens et à faire de son mieux pour s’assurer que le Canada demeure fort, uni et prospère.

Prenons tous pour résolution de faire de l’an 2004 la première année d’une nouvelle décennie de réalisations pour notre pays. Une décennie au cours de laquelle nous allons bâtir une économie plus forte et plus dynamique que jamais, bâtir des bases sociales plus solides et fondées sur des valeurs canadiennes, et donner à notre pays une voix plus constructive, indépendante et humaine dans le monde.

La discipline et la sagesse dont nous ferons preuve, ensemble, dans nos premiers choix budgétaires à court terme consolideront notre force et permettront de mettre en place l’espace financier et les occasions nécessaires à nos créations et réalisations futures, ce qui constitue le nouveau programme du XXIe siècle.

Merci à vous tous, et merci aussi à Infoman, qui a fait de moi son nouvel ami pour 2004. Une telle visibilité au Québec pour un ministre de la Saskatchewan, ça n’a pas de prix!

Merci.


Dernière mise à jour :  2004-11-18 Haut

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