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Ottawa, le 27 janvier 2004
2004-005

Discours de l’honorable Ralph Goodale, ministre des Finances, devant le Toronto Board of Trade

Toronto (Ontario)

Le texte prononcé fait foi


Je tiens d’abord à remercier le Toronto Board of Trade pour m’avoir cordialement invité ici aujourd’hui. Cette organisation est depuis longtemps une voix solide associée à l’entreprise et au progrès économique, non seulement pour des questions ayant trait à la ville de Toronto ou à la province de l’Ontario, mais aussi pour des questions nationales de grande importance.

Je suis très heureux d’avoir l’occasion d’être ici avec vous au tout début de mon mandat à titre de ministre des Finances du Canada.

J’ai accepté cette responsabilité (il y a tout juste six semaines) armé d’une conviction inébranlable dans une série fondamentale de propositions qui m’orienteront dans les mois et les années à venir, des propositions auxquelles souscrivent une vaste majorité de Canadiennes et de Canadiens.

Les Canadiens savent d’instinct qu’il ne saurait y avoir d’économie dynamique sans une société stable, et vice versa. Ces deux éléments sont des pierres d’assise essentielles du Canada auquel nous aspirons.

Les Canadiens savent aussi qu’un bon gouvernement sait vivre selon ses moyens. Que chaque dollar compte et doit être dépensé judicieusement et avec respect. Qu’un bon gouvernement sait faire les choix qui s’imposent, en commençant par l’équilibre budgétaire, et en trouvant et en maintenant ensuite le « juste milieu » parmi les nombreuses priorités économiques et sociales des Canadiens.

Dans les dernières semaines, pour me préparer à mon premier budget, j’ai écouté les divers points de vue de Canadiens d’un océan à l’autre, y compris ici à Toronto, au sujet des moyens d’atteindre le meilleur équilibre financier, social et économique possible pour le Canada. Ce sera tout un défi.

Je me souviens bien du coup de fil du premier ministre à la fin novembre m’invitant à devenir ministre des Finances. Il a dit : « L’économie a subi de sérieux revers cette année, le syndrome respiratoire aigu sévère, la maladie de la vache folle, la panne de courant, de grands feux de forêt, un ouragan, des inondations et une sécheresse. Le dollar a connu l’appréciation la plus rapide de l’histoire canadienne. Les exportations sont en baisse. Les dépenses sont en hausse. Les revenus sont moindres. La croissance de notre produit intérieur brut (PIB) est plus lente que prévu. Et il n’y aura à peu près pas d’excédent. Alors, que dirais-tu d’être ministre des Finances? »

Qui aurait pu refuser une offre ainsi présentée?

Les défis auxquels nous sommes confrontés ne sont peut-être pas ceux que nous aurions choisis, mais ce sont des défis que nous devons relever pour sauvegarder les gains si chèrement acquis par le Canada depuis le rétablissement de l’équilibre budgétaire fédéral en 1997.

Les Canadiens ont trop travaillé et ont trop avancé pour que nous laissions nos progrès s’envoler. Et la manière dont nous traiterons les résultats et la reprise découlant des circonstances extraordinaires de la dernière année constituera un test important de notre stratégie et de nos compétences à gérer le gouvernement et l’économie dans cette ère de postdéficit. Retournerons-nous aux vieilles méthodes et pratiques, ou pourrons-nous mettre en œuvre de nouveaux moyens et de nouvelles méthodes de gouverner qui nous permettront d’éviter les abîmes du passé?

J’ai l’intention de choisir cette dernière option.

Voici ce dont nous devons nous occuper. Selon les prévisionnistes du secteur privé, la croissance économique au Canada en 2003 s’est retrouvée à un niveau décevant de 1,6 % – soit la moitié de ce qui était initialement prévu – en raison de tous ces chocs imprévisibles. Voilà pour les mauvaises nouvelles.

En revanche, l’économie canadienne au début de 2004 montre des signes d’amélioration.

Par exemple, la croissance de l’emploi a rebondi dans les quatre derniers mois de 2003, avec la création de 219 000 nouveaux emplois – la majorité à temps plein. La proportion de la population en âge de travailler qui occupait un emploi a donc atteint un sommet historique de 62,7 % en décembre.

Cette croissance de l’emploi suggère une forte confiance sous-jacente à l’égard de l’économie canadienne. La demande des consommateurs demeure élevée, et l’investissement des entreprises est à la hausse, stimulé par les taux d’intérêt peu élevés et par le faible taux d’inflation, qui se maintient à l’intérieur de la fourchette cible fixée par le gouvernement et par la Banque du Canada.

Tous ces facteurs, jumelés à une croissance plus solide observée aux États-Unis, ont appuyé les prévisions émises à la fin décembre par les économistes du secteur privé selon lesquelles la croissance du PIB au Canada avoisinera les 3 % pour l’exercice en cours. Mais ces chiffres demeurent inférieurs à la croissance de 3,5 % en 2004 annoncée par les économistes du secteur privé au moment du dépôt du budget de 2003. Et ceux-ci ont cité l’appréciation rapide du dollar comme le risque principal pouvant abaisser leurs prévisions.

La semaine dernière, en tenant compte de ce risque, la Banque du Canada a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2004, les faisant passer de 3,25 % à tout juste 2,75 %. Tout cela signifie que l’économie canadienne prendra plus de temps – certainement plus que toute l’année 2004 – pour reprendre les gains économiques perdus en raison des chocs que nous avons dû absorber en 2003.

Étant donné les différents points de vue, nous consulterons à nouveau les prévisions de croissance économique des économistes du secteur privé pour cette année et les années suivantes avant la présentation du budget. La moyenne de leurs prévisions révisées formera la base de notre planification financière dans le budget.

Donc, qu’est-ce que tout cela signifie dans la réalité?

Le gouvernement du Canada encaissera tout simplement moins de revenus que prévu, et affichera un excédent moindre que celui auquel nous nous attendions pour 2004-2005 et les exercices suivants. Cet écart – entre les projections précédentes et la réalité d’aujourd’hui – signifie que nous pourrions avoir des difficultés à atteindre l’équilibre budgétaire et à mettre en œuvre un nouveau programme pour l’avenir.

Pour ce qui est de l’équilibre budgétaire, les Canadiens ont été on ne peut plus clairs, et croyez-moi, nous avons bien saisi le message. Je peux vous assurer aujourd’hui que nous ne retournerons pas dans une situation de déficit. Le budget fédéral sera équilibré ou excédentaire cette année et aussi loin dans l’avenir que nous pouvons présentement le prévoir.

Pour ce faire et aussi pour faire avancer notre programme, nous devons trouver des façons de réorienter nos dépenses. Faire les choses différemment! Nous ne pouvons pas soutenir des dépenses gouvernementales dont la croissance est constamment plus rapide que celle de l’ensemble de l’économie comme dans les dernières années. Nous devons chercher avec plus de dynamisme et de vigueur à consacrer les dépenses existantes à des priorités plus élevées.

Il est facile de se fixer des objectifs. Le plus difficile consiste à garder le cap. Il faut donc prendre des décisions difficiles – et nous avons déjà commencé à en prendre.

En décembre et pour le reste du présent exercice, nous avons bloqué toutes les nouvelles dépenses en immobilisations du gouvernement, et lancé un examen détaillé de chacune des dépenses gouvernementales. Nous avons aussi imposé un plafond à la taille de la fonction publique.

Mon collègue, Reg Alcock, le président du Conseil du Trésor, a eu pour mission de réaliser des économies annuelles de 1 milliard de dollars à des fins de réaffectation pour l’exercice 2004-2005 et les suivants, comme précisé dans le budget de 2003.

De plus, le Comité d’examen des dépenses du gouvernement s’est mis au travail, procédant à un examen exhaustif de toutes les dépenses gouvernementales. Son mandat est simple : veiller à ce que chaque dollar dépensé soit judicieusement utilisé. C’est ce que font les Canadiens avec leur propre ménage, et ils sont en droit de s’attendre à ce que leur gouvernement en fasse autant.

Cela signifie que chacun des ministres sera sérieusement interrogé au sujet des programmes et des services offerts par son ministère. Correspondent-ils encore aux besoins des Canadiens? Peuvent-ils être exercés différemment? Ou d’une meilleure façon? Où peut-on réaliser des économies? Nous devons nous assurer que les contribuables obtiennent les résultats contemporains modernes dont ils ont besoin et ne subissent pas seulement les conséquences héritées de périodes antérieures.

Personne ne doit douter de notre engagement dans cette voie. Les programmes ou les services qui n’ont plus leur raison d’être, ou qui pourraient être transférés par souci d’efficacité, seront réduits, réorientés ou abolis.

Notre approche à l’égard de l’argent des contribuables doit être davantage axée sur les résultats, et chaque dollar dépensé doit passer par un cadre amélioré de reddition de comptes, de transparence et d’optimisation. Cet objectif ne doit pas être qu’une simple mode passagère; il doit être intégré au cœur et à la culture du gouvernement. Pour que le travail soit bien fait, il doit être mené de façon continue et sur une base permanente.

Et nous devons avancer sur d’autres fronts. Ainsi, même si nous avons réussi dans une grande mesure à abaisser notre ratio de la dette au PIB – de 68 à environ 44 % dans les neuf dernières années – nous sommes encore bien loin des 20  % du milieu des années 1970.

Je sais que le ratio de la dette au PIB peut vous sembler une statistique au sujet de laquelle seul un ministre des Finances (et les détenteurs d’obligations) peut s’emballer, mais le fait est que la réduction de notre dette nationale a permis aux Canadiens de réaliser des économies substantielles – et permanentes. Et leur a donné toute une marge de manœuvre!

Depuis que l’équilibre budgétaire a été rétabli, nous avons retranché 52 milliards de notre dette. Cela se traduit par des économies d’environ 3 milliards par année en frais d’intérêt, et cet argent peut maintenant être réaffecté à des dépenses prioritaires comme les soins de santé, l’apprentissage et l’innovation.

Ou, vu autrement – lorsque nous connaissons des périodes plus difficiles, comme l’an dernier, l’importance de la réduction de la dette est mise en évidence – sans ces économies annuelles de 3 milliards, nous serions déjà retombés en situation de déficit.

En outre, pour ce qui est de l’avenir, la réduction de la dette est extrêmement importante compte tenu du vieillissement de notre population, la génération du baby boom qui partira bientôt à la retraite et les pressions inévitables qu’elle exercera ou que nous exercerons sur les coûts des soins de santé.

Je tiens donc à préciser très clairement qu’une approche suivie de réduction de la dette demeure un objectif permanent du gouvernement et de votre ministre des Finances.

Cette approche continue de distinguer le Canada de tous les autres pays du Groupe des Sept (G-7). Confrontés aux bouleversements mondiaux et à l’incertitude des dernières années, ces autres pays sont retombés en situation de déficit important et ont augmenté le fardeau de leur dette. Chacun d’entre eux!

Je suis fier d’affirmer que le Canada – et le Canada seulement – a maintenu le cap; que nous avons réussi à ne pas imposer ce fardeau financier accru aux futures générations.

Mes convictions et mes engagements sont donc les suivants : pas de retour au déficit; une optimisation des dépenses et veiller à ce que la croissance des dépenses ne dépasse pas celle de l’ensemble de l’économie; réduire les taxes et impôts comme le permettent les ressources et le bon sens; et maintenir notre ratio de la dette au PIB sur une trajectoire descendante raisonnable.

Je sais toutefois aussi que le gouvernement et le fait de gouverner représentent davantage que des règles budgétaires et des bilans financiers. Les principes financiers dont j’ai parlé ne sont pas des « fins » en soi. Ils doivent être considérés comme des « moyens », des « outils » et des « instruments » qui nous permettent d’arriver à des fins économiques et sociales plus grandes auxquelles les Canadiens, en tant que peuple progressiste, aspirent.

Nous n’avons pas éliminé le déficit pour la pure symétrie des débits et des crédits dans le bilan financier. Nous l’avons fait pour avoir les moyens et la liberté de réaliser bien d’autres objectifs.

Et aujourd’hui, malgré la période difficile que nous venons de passer, les progrès accomplis nous permettent de nous tourner vers des objectifs plus grands, de nous concentrer davantage sur ce qui compte vraiment, soit renforcer les fondements sociaux de notre pays, bâtir une économie du XXIe siècle et veiller à ce que le Canada occupe une place pertinente et influente dans le monde qui fait notre fierté.

Nous n’accomplirons pas tout cela dans un seul budget ou deux. La poursuite de ces objectifs représente le travail d’un plein mandat et même plus. Et notre tâche immédiate consiste à établir les vrais objectifs prioritaires, à mettre au point un plan concret en vue de les réaliser, et à progresser chaque année le plus possible dans cette voie.

Permettez-moi de parler brièvement de là où nous devons accomplir de tels progrès. À certains égards, j’hésite à faire la distinction entre le fait de renforcer les fondements sociaux de notre pays et celui de bâtir une économie dynamique au XXIe siècle, parce que plus que jamais, les deux vont de pair.

Dans le monde compétitif d’aujourd’hui, la ressource humaine est la plus importante sur laquelle un pays peut compter – et le départ que nous donnons à nos enfants, l’éducation que nous fournissons à nos étudiants, le soutien que nous procurons à nos familles, l’espoir que nous donnons aux démunis, et les soins de santé que nous fournissons à tous nos citoyens détermineront l’étendue de nos progrès et définiront notre avenir, à la fois socialement et économiquement.

Les Canadiens nous ont dit que l’amélioration du système des soins de santé doit être l’objectif prioritaire des administrations fédérale et provinciales. Ils veulent que des progrès réels, concrets et mesurables soient accomplis. Il s’agit plus que d’argent. Il s’agit aussi d’une réforme systémique. Les Canadiens ne veulent pas de querelles incessantes pendant que les périodes d’attente s’allongent. Ils veulent que les élus trouvent des solutions, pas des coupables.

Nous sommes d’accord. C’est la raison pour laquelle nous avons affirmé que malgré les contraintes financières auxquelles nous sommes confrontés durant le présent exercice, tout excédent dont nous disposons sera affecté en priorité aux soins de santé. Sauf s’il faut pour cela accuser un déficit, nous ferons tout notre possible pour verser cette année jusqu’à 2 milliards de dollars de plus aux provinces et aux territoires pour le financement des soins de santé.

De manière peut-être plus fondamentale, nous voulons mettre fin aux blâmes en instaurant une nouvelle approche en matière de relations fédérales, provinciales et territoriales. À quelques heures de l’acceptation de son nouveau rôle de leadership, M. Martin a rencontré les autres premiers ministres à Regina afin de repartir à neuf. Dans quelques jours, il les rencontrera de nouveau afin de trouver des façons d’accroître la collaboration et d’obtenir de meilleurs résultats en matière de santé pour les Canadiens, y compris des listes d’attente plus courtes et un meilleur accès à des soins de santé.

Ce nouvel esprit de collaboration doit également être étendu à d’autres secteurs clés.

Par exemple, bâtir les fondements sociaux du Canada signifie également une nouvelle entente pour les municipalités, de manière que nous puissions mieux nous attaquer ensemble à de graves problèmes comme l’infrastructure de base, le transport, le logement abordable et la détérioration de l’environnement.

Comme l’ont fait remarquer de nombreux maires au Canada, tout ne peut pas se faire du jour au lendemain. Mais nous devons partir du bon pied et je veux dans mon premier budget envoyer un message clair aux municipalités de tout le pays que, du côté fédéral, nous voulons assurément faire notre part, de concert avec les partenaires provinciaux et locaux. Nous devons tous adhérer ensemble à cette nouvelle entente. Il ne s’agit pas seulement d’une entente financière. Cette entente doit susciter une transformation de qualité.

Les municipalités sont le palier de gouvernement le plus près des Canadiens. Nous devons nous assurer qu’elles sont des moteurs solides de la croissance économique, qu’elles sont des centres attrayants d’innovation et d’investissement, et qu’elles attirent des travailleurs compétents à l’échelle internationale. Mais qu’elles sont aussi des endroits sécuritaires, sains et intéressants dans lesquels vivre, travailler et élever une famille, et enfin dans lesquels on puisse prendre sa retraite en toute dignité et sécurité, des endroits qui offrent une grande qualité de vie.

Entre ces priorités économiques et sociales, on retrouve aussi le défi que représente l’apprentissage au XXIe siècle. Dans un monde axé sur le savoir, la technologie et les compétences, nous tenterons d’agir sur tous les fronts grâce à la capacité de nos ressources intellectuelles. Et un vaste accès de base aux outils et aux possibilités nécessaires pour les stimuler constituera la clé.

L’apprentissage doit s’appliquer à toutes les étapes de la vie. Le développement de la petite enfance. Les écoles primaires et secondaires. L’alphabétisation de base. L’éducation institutionnelle postsecondaire, y compris les universités, mais aussi les autres institutions postsecondaires œuvrant dans les domaines du commerce et de la technologie. La formation d’apprentis. Les stages. Le perfectionnement des compétences en cours d’emploi.

Des enjeux spéciaux touchent l’intégration des nouveaux immigrants au Canada. Le traitement des personnes handicapées. La participation des Autochtones.

Il y a aussi des sensibilités de nature délicate qui touchent les compétences et qui doivent être soigneusement respectées. Mais cela ne doit restreindre en rien la priorité accordée à l’apprentissage. Car une économie gagnante au XXIe siècle, une économie qui se distingue par sa prospérité, sa responsabilité sociale et son savoir-faire, sera axée sur les nouvelles idées et reposera sur l’innovation.

Nous devons poursuivre nos efforts pour faire du Canada un endroit de plus en plus attrayant pour mener des recherches de pointe de catégorie mondiale. Et nous avons besoin des moyens et des incitatifs par lesquels transformer les fruits de la découverte scientifique en entreprises fructueuses – le défi de la commercialisation.

Ces moyens seront essentiels pour maintenir notre capacité de faire concurrence et rehausser notre productivité. Nous devons nous engager à faire de notre mieux, pour être les meilleurs au monde.

Un autre des aspects clés qui permet d’élargir les possibilités consiste à créer les conditions propices à l’épanouissement des entreprises, surtout les petites entreprises. Or, la réforme de la réglementation est un aspect que nous devons nettement améliorer. Nos divers systèmes de réglementation doivent être plus efficaces pour que nos petites entreprises soient davantage compétitives et productives. Des systèmes de réglementation plus efficaces favoriseront l’investissement étranger si essentiel à notre économie, stimulant ainsi notre productivité.

Pourtant, comme vous le savez mieux que quiconque, il n’est pas facile d’attirer les investisseurs dans une économie du XXIe siècle quand il faut s’en remettre à un système de réglementation des valeurs mobilières fondé sur la vision que l’on se faisait du monde au XIXe siècle.

J’ai reçu le mois dernier le rapport du comité Phelps, qui s’est penché sur la façon d’améliorer le système actuel. Ce comité, comme vous le savez, a recommandé la création d’un organisme unique de réglementation des valeurs mobilières – non pas un organisme de réglementation « fédéral » mais bien un organisme national et inclusif – une recommandation endossée par un bon nombre d’entre vous dans le milieu des affaires.

Il ne fait aucun doute que le système actuel (le statu quo) est fastidieux, fragmenté et coûte cher. Il défavorise l’investissement, fait augmenter les coûts et occasionne des retards. Il ne répond pas aux normes mondiales, ni aux normes du XXIe siècle. Je suis prêt comme jamais auparavant à collaborer avec les provinces et toutes les parties intéressées pour trouver la meilleure façon d’éliminer les obstacles créés par le système actuel pour les entrepreneurs canadiens.

Permettez-moi de parler brièvement d’une autre grande priorité du gouvernement – celle qui consiste à veiller à ce que le Canada exerce dans le monde une influence dont nous pourrons être fiers.

Cette priorité commence – mais elle ne se termine sûrement pas – par les rapports que nous entretenons avec les États-Unis, notre plus proche voisin, notre partenaire commercial le plus important – et la seule superpuissance mondiale.

La tragédie du 11 septembre 2001 a eu de profondes répercussions sur les Américains, et le Canada doit être conscient des nouvelles réalités. Nous ne devons pas non plus oublier que parmi les victimes ce jour-là se trouvaient 25 Canadiens. Nous devons donc agir dans notre propre intérêt en collaborant avec nos partenaires américains de manière à renforcer notre frontière commune et à favoriser une sécurité accrue en Amérique du Nord, en gardant toujours l’œil ouvert et alerte aux impératifs touchant la souveraineté canadienne et les droits des citoyens canadiens.

Au-delà de l’Amérique du Nord, nous vivons à une époque où le monde rapetisse et s’intègre; où les pays se réunissent à un niveau et dans une mesure sans précédent.

Pourtant, à de nombreux égards, les structures qui régissent nos interactions n’ont pas évolué au même rythme. Par exemple, nous continuons de lutter afin que la mondialisation puisse profiter à tous les peuples de la planète. L’écart entre les pays industrialisés et les pays en développement continue donc de s’agrandir, avec les risques de révolte et d’instabilité que cette situation comporte.

Il s’agit là de l’un des grands défis de notre époque. En tant que participant multilatéral dévoué des Nations Unies et membre de groupes influents comme le G-7 et le G-20, et compte tenu de ses liens de longue date avec tous les pays du Commonwealth et de la Francophonie, le Canada est dans une position unique pour assurer la liaison entre les « nantis » et les « moins bien nantis » de notre monde; pour influer sur les événements et laisser sa marque dans l’Histoire.

Nous pouvons – et nous devons – contribuer à bâtir un monde plus sûr, plus juste et plus équitable. Nous pouvons – et nous devons – renouveler le rôle et l’influence du Canada sur la scène mondiale.

Telles sont donc quelques-unes de nos priorités : renforcer les fondements sociaux de notre pays, bâtir une véritable économie du XXIe siècle et assurer un rôle plus solide et plus utile pour le Canada dans les affaires mondiales. J’ai voulu vous soumettre ces enjeux aujourd’hui parce que je voulais vous mettre au défi.

Le premier ministre a parlé de faire de la politique différemment, et j’estime que cela va bien au-delà du Parlement ou des structures politiques traditionnelles. Cela s’applique également à la façon dont nous engageons le public dans les grands enjeux du jour – et cela vous inclut en votre qualité de chefs d’entreprise.

Les entreprises pouvaient peut-être autrefois se contenter de gérer uniquement leurs propres affaires, mais ce n’est plus le cas. La réalité d’aujourd’hui exige que les entreprises soient engagées dans la vie publique de ce pays, non seulement en ce qui concerne la fiscalité et la réglementation, mais aussi en ce qui a trait aux questions sociales et aux considérations internationales qui sont inextricablement reliées.

Parce que la réussite ne se limite pas à un contrôle des coûts et à une maximisation des bénéfices. Elle consiste à exploiter le potentiel humain et à créer des débouchés. Elle passe par des collectivités qui attirent et retiennent les meilleurs cerveaux, et connaissent la prospérité grâce à leur savoir-faire.

Elle passe par de l’air pur et de l’eau potable. Des routes fiables et des réseaux de transport efficaces. Elle passe par l’éducation – à tous les niveaux et à toutes les étapes de la vie.

Et elle passe par un engagement mondial constructif et efficace dans un monde hautement concurrentiel, interdépendant et parfois dangereux.

C’est pourquoi les entreprises ne peuvent plus se limiter à leur rôle traditionnel, plus maintenant.

Je vous encourage donc tous ainsi que les chefs d’entreprise de partout au pays à élargir vos perspectives et à participer comme jamais auparavant aux grands enjeux du jour.

Mettez votre sagesse, votre énergie et vos ressources au profit de l’élaboration de politiques axées non seulement sur les résultats, mais à l’édification d’un pays et d’un monde meilleurs.

Le Canada a non seulement besoin de votre bon sens, mais aussi de votre sens du bien commun.

Je crois que notre pays est aujourd’hui en position pour viser plus haut et plus loin que jamais auparavant afin de lancer une nouvelle décennie de réalisations.

Nous devons tous travailler ensemble comme jamais auparavant pour faire franchir au Canada de nouvelles limites au sein de la nouvelle économie, et bâtir un pays unique qui fait preuve de compassion et qui est bien positionné, prospère et utile, avec un avenir qui se distingue parmi les autres pays du monde.

Je vous remercie.


Dernière mise à jour :  2004-11-18 Haut

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