Ottawa, le 9 septembre 2004
2004-048
Notes d’allocution de l’honorable Ralph Goodale, ministre des
Finances
lors d’un petit déjeuner organisé par le Cercle national des
journalistes
Ottawa (Ontario)
Le texte prononcé fait foi
À la lumière de l’élection fédérale que nous venons de vivre, de
l’imminence d’une rencontre des premiers ministres et de la nouvelle
session parlementaire sur le point de commencer, j’aimerais vous parler
aujourd’hui de la mise en œuvre de notre plate-forme électorale et de
la façon dont nous prévoyons assurer son financement.
Il s’agit là d’un programme ambitieux, qui traduit bien les
aspirations d’un pays destiné à de grandes choses. Comme promis, nous
le mettrons en œuvre dès que les ressources financières du gouvernement
le permettront. Mais sans jamais pour cela retomber en situation de
déficit.
Cet engagement est ferme, parce que la politique de maintien de l’équilibre
budgétaire est un objectif juste qui obtient l’appui de la grande
majorité des Canadiens. Je constate aussi avec une certaine satisfaction
qu’aucun parti politique n’a défendu le retour au financement par le
déficit dans la récente campagne électorale. Tous ont dit soutenir le
maintien de l’équilibre budgétaire!
Après avoir connu quelque trois décennies de déficits avant 1997,
les Canadiennes et les Canadiens récoltent maintenant les fruits concrets
de la responsabilité budgétaire soutenue - sur une période de sept ans
maintenant. Nous ne pouvons pas - et nous n’allons pas - sacrifier les
gains que nous avons si chèrement acquis.
Le « cercle vicieux » précédent des déficits annuels, de l’augmentation
de la dette, de la hausse des taux d’intérêt et des impôts, et de la
croissance économique lente - ou nulle - a été remplacé par un «
cercle vertueux » de sept excédents budgétaires consécutifs, un
allégement du fardeau de la dette, un regain de confiance des
consommateurs et des entreprises, les plus grandes réductions d’impôt
de notre histoire, de faibles taux d’intérêt et une performance
économique toujours vigoureuse, le tout jumelé à l’un des meilleurs
taux de création d’emplois au monde.
Une situation financière robuste a permis au gouvernement de faire
face aux imprévus (menaces soudaines pour la sécurité, urgences en
santé publique, comme par exemple le SRAS et la maladie de la vache
folle), tout en investissant progressivement dans les principales
priorités des Canadiens, comme les soins de santé, les enfants, l’éducation
et l’innovation.
Depuis l’assainissement des finances publiques, le Canada s’est
classé premier des pays du Groupe des Sept (G-7) au chapitre de la
croissance du niveau de vie. En fait, le niveau de vie moyen des Canadiens
s’est accru davantage dans les sept dernières années que dans
les dix-sept années précédentes.
Le maintien de l’équilibre budgétaire et la réduction constante de
la dette ont également rendu au Canada sa cote AAA sur les marchés
financiers. Comme ces réussites établissent aussi la norme dans l’ensemble
du pays, tous en profitent - tant les provinces, les municipalités que
les particuliers qui veulent acheter une maison, démarrer une entreprise
ou exploiter une ferme.
Notre cercle vertueux distingue aussi le Canada de tous ses partenaires
du G-7. Chacun d’eux est actuellement déficitaire. Le Canada (et le
Canada seulement) a réussi à équilibrer son budget d’une année à l’autre
- malgré les bouleversements mondiaux et des chocs intérieurs sans
précédent.
Il n’y a toutefois rien de garanti ou d’automatique dans un cercle
vertueux. Et si nous voulons continuer à récolter ses fruits, nous
devons continuer d’en respecter les principes : vivre selon nos moyens,
éviter le déficit et agir avec prudence.
Dans ce contexte, notre programme commence par les soins de santé. Le
système de soins de santé occupe une place spéciale dans le cœur et l’esprit
des Canadiens. Plus qu’un programme social, il s’agit d’une
expression de notre citoyenneté, de l’engagement éloquent d’une
société bienveillante.
Notre système public de soins de santé constitue également un
avantage concurrentiel au sein d’une économie mondiale où la lutte est
féroce, ainsi qu’un facteur clé de la recherche et de l’innovation.
Il doit donc, à juste titre, constituer la priorité des Canadiens et
de leurs administrations publiques. Dans cette optique, le premier
ministre rencontrera la semaine prochaine ses homologues des provinces et
des territoires pour établir un plan en vue d’assurer la viabilité à
long terme du système de soins de santé.
L’injection d’argent neuf sera sans nul doute au cœur de la
discussion.
Le Canada consacre l’équivalent de 10 % de son produit intérieur
brut (PIB) aux soins de santé et se classe au quatrième rang parmi les
30 pays de l’Organisation de coopération et de développement
économiques à ce chapitre. En tout, les dépenses publiques et privées
en matière de soins de santé en 2003 ont totalisé 121 milliards de
dollars, soit environ 15 000 $ en moyenne par année pour une famille
canadienne type de quatre personnes.
Partout dans le monde, pratiquement tous les pays industrialisés
subissent d’énormes pressions dans le domaine des soins de santé. Ce n’est
pas seulement un problème canadien. Mais cela ne diminue en rien l’importance
et l’urgence pour le Canada de réformer et de renouveler son système
de soins de santé, non seulement pour un an ou deux, mais pour toute une
génération.
C’est la raison pour laquelle le gouvernement du Canada réinvestit
déjà plus de 65 milliards de dollars de fonds supplémentaires par l’entremise
des deux plus récents accords fédéraux-provinciaux sur la santé (en
2000 et en 2003).
En effet, depuis que nous avons remporté la lutte contre le
financement par déficit et réussi à équilibrer notre budget, le
financement fédéral des soins de santé a augmenté progressivement -
pour atteindre en 2001 les niveaux d’avant le début de la lutte contre
les déficits.
D’ici l’an prochain, notre financement sera supérieur de plus de
40 % au sommet précédent atteint en 1993-1994 et continuera d’augmenter
d’année en année. En dollars absolus, ceci se traduit par un montant
supplémentaire de 7,5 milliards de dollars en espèces pour les provinces
cette année-là seulement.
Par dessus tout, la fameuse Commission Romanow a présenté un certain
nombre de recommandations au sujet de la façon de réformer le système
de soins de santé et du financement requis à cette fin. Comme promis, le
gouvernement du Canada s’acquittera pleinement des objectifs financiers
fixés par M. Romanow dans son rapport de 2002.
En particulier, nous allons combler l’écart observé dans le rapport
Romanow, qui mentionnait trois composantes :
D’abord, le gouvernement du Canada devrait effectuer 15 milliards de
dollars de nouveaux investissements d’ici 2005-2006 pour appuyer des
priorités particulières en santé. Ceci est partiellement fait et nous
compléterons cette tâche.
Ensuite, nous devons porter le financement fédéral annuel de base en
espèces au niveau approprié calculé par la Commission Romanow pour
2005-2006. Nous le ferons aussi.
Enfin, nous devons créer un facteur de progression pour assurer à l’avenir
un financement croissant et prévisible pour les provinces et les
territoires. Nous le ferons également.
Pourquoi est-ce si important? Parce que ce financement visera à
améliorer l’accès aux services de base en offrant à un bassin
suffisant de professionnels de la santé les installations et le matériel
dont ils ont besoin. Tout cela mènera directement à la réduction des
périodes d’attente. Il s’agit là de la priorité des Canadiens et de
celle de notre gouvernement.
Parallèlement, nous savons que le financement n’est qu’une partie
de l’équation. Les problèmes de notre système de santé ne pourront
pas être résolus uniquement en investissant de l’argent neuf pour
régler de vieux problèmes.
Pour être viable à long terme, notre système de soins de santé a
besoin d’une réforme en profondeur mûrement réfléchie. Nous sommes
impatients de procéder à cette réforme avec nos homologues des
provinces et des territoires ainsi qu’avec les fournisseurs de soins de
santé, afin de réduire les périodes d’attente, d’améliorer l’accès
aux soins primaires, de renforcer les services de soins à domicile, d’adopter
une stratégie sur les médicaments qui répondent aux besoins des
Canadiens, de formaliser une meilleure procédure de résolution des
différends en vertu de la Loi canadienne sur la santé et de
promouvoir la transparence et la reddition de comptes auprès du public.
Combien coûtera cet investissement dans les soins de santé? Dans
notre plate-forme, nous avons prévu 9 milliards de dollars sur cinq ans
en nouveaux fonds fédéraux pour répondre aux recommandations de M.
Romanow et commencer dès maintenant à améliorer les soins à domicile
et à réduire les périodes d’attente.
Parallèlement, nous avons mis en relief deux autres éléments - un
facteur annuel de progression des fonds fédéraux pour la santé et une
approche raisonnable en matière de produits pharmaceutiques - sans
toutefois pouvoir les chiffrer avec précision car nous savions qu’ils
devraient encore faire l’objet de beaucoup de discussions.
De plus, les provinces ont exigé des paiements de péréquation plus
élevés dans le cadre des discussions sur le renouvellement des soins de
santé. Le financement de la santé et la péréquation sont deux aspects
fort importants qui méritent d’être discutés lors de la prochaine
rencontre des premiers ministres.
Nous voulons mettre fin aux querelles intergouvernementales annuelles
sur le financement et conclure une entente viable à long terme pour l’atteinte
de meilleurs résultats en matière de santé.
Tout compte fait, la santé est un élément clé de notre programme,
et elle vient en tête de liste de nos préoccupations.
Mais le fait de s’attaquer en priorité à la santé ne
signifie pas que nous allons délaisser toutes les autres
priorités. Les Canadiens veulent aussi constater de véritables progrès
sur bien d’autres fronts importants.
C’est pourquoi, outre la santé, nous avons promis de hausser de 5
milliards de dollars dans les cinq prochaines années le financement
consacré au développement de la petite enfance, à l’apprentissage et
à la garde des jeunes enfants; d’accorder jusqu’à 6,5 milliards aux
villes et aux autres collectivités; d’augmenter de 2,5 milliards le
soutien offert aux aînés à faible revenu ainsi qu’aux personnes
handicapées et à leurs aidants naturels; d’investir 2,3 milliards en
argent neuf dans la croissance économique et la création d’emplois; et
de hausser d’un maximum de 3 milliards les dépenses consacrées à la
défense et à d’autres efforts de maintien de la paix et de
reconstruction. Tout cela en cinq ans.
Il convient de signaler - dans l’esprit du fédéralisme constructif
- qu’un grand nombre de ces initiatives vont exiger le transfert d’importantes
nouvelles ressources aux provinces et aux territoires. En fait, plus de la
moitié des engagements prévus dans notre plate-forme se traduiront par
plus d’argent pour les autres niveaux de gouvernement.
Dans l’ensemble, nous avons évalué que le coût total des mesures
prévues dans notre plate-forme oscillerait entre 26,3 et 28,3 milliards
de dollars sur cinq ans - au moins - et je le précise parce que (comme
pour la santé), quand nous n’avons pas pu établir un prix dans les
moindres détails, nous avons prévu en conséquence une certaine marge de
manœuvre.
Pour satisfaire les besoins primordiaux des Autochtones du Canada. Pour
faire face aux répercussions de la maladie de la vache folle sur notre
cheptel. Et pour d’autres éléments, y compris certaines surprises
inévitables, parce qu’il y en a toujours. Les coûts de réalisation de
tous ces objectifs demeurent indéterminés - et ils ne seront pas
minimes.
De plus, des pressions seront exercées pour l’application de mesures
fiscales visant à améliorer notre performance économique et sociale et
nous devrons aussi les envisager.
Pour équilibrer tout cela, un ministre des Finances doit toujours
respecter une équation comptable des plus fondamentales - celle des
soldes créditeurs et débiteurs. Les rentrées et les sorties de fonds
doivent toujours concorder!
Que savons-nous donc au sujet de nos revenus? Quelles sont les
ressources projetées auxquelles le gouvernement peut s’attendre dans
les cinq prochaines années?
Fait intéressant, les rentrées de fonds ont été l’une des
caractéristiques importantes ayant fait un large (pour ne pas dire
unanime) consensus dans le cadre du débat financier tenu lors de la
récente campagne électorale, auprès de tous les partis politiques (au
pouvoir et dans l’opposition), de tous les modélisateurs et
prévisionnistes bien connus du secteur privé, des économistes et des
analystes. Il n’y eu aucune querelle sérieuse au sujet des
revenus!
La mésentente concernait entièrement l’autre aspect de l’équation
- les sorties de fonds : ce qu’elles doivent être et le rythme auquel
elles devraient augmenter au fil des ans.
La prévision n’est certainement pas une science exacte. Les
projections peuvent parfois tomber pile, comme elles peuvent aussi se
tromper lamentablement. Ainsi, il suffirait d’une erreur d’estimation
des revenus d’à peine 2 %, dans un sens ou dans l’autre, pour effacer
ou doubler notre réserve annuelle pour éventualités.
Nous devons donc faire preuve de prudence au sujet de la façon dont
nous prévoyons dépenser l’argent que nous espérons avoir, par
opposition à ce que nous savons que nous aurons. De nombreux pays,
partout dans le monde, se trouvent en déficit à l’heure actuelle parce
qu’ils ont oublié cette distinction fondamentale.
Comme vous le savez, c’est en octobre et en novembre de chaque année
que nous mettons à jour nos prévisions économiques et financières pour
les cinq années à venir, en fonction de la moyenne des analyses
indépendantes des économistes du secteur privé.
Même s’il est encore très tôt dans le processus cette année, je
peux affirmer que nous sommes plus optimistes aujourd’hui au sujet de
nos perspectives d’avenir que nous l’étions au moment de déposer
notre budget en mars dernier ou au moment de l’élection de juin, compte
tenu des récents développements économiques et des résultats
financiers mensuels affichés jusqu’ici cette année.
Voyons par exemple les plus récentes données des Comptes nationaux -
qui établissent la valeur globale de l’économie canadienne - publiés
le 31 août par Statistique Canada.
Elles révèlent que le taux de croissance annualisé pour le premier
trimestre de 2004 a été révisé à la hausse - de 2,4 à 3 %.
Pour le deuxième trimestre, les chiffres indiquent que l’économie a
crû à un taux annuel de 4,3 % - beaucoup plus rapidement que l’avaient
prédit les économistes du secteur privé au printemps. Ce taux est bien
supérieur aux 2,8 % affichés aux États-Unis.
Fait aussi important, la croissance du PIB nominal, qui détermine l’assiette
fiscale, a dépassé les 10 % au deuxième trimestre de cette année, sous
l’effet de la hausse des prix des denrées, de l’augmentation des
bénéfices et de celle des revenus des particuliers.
Nous avons aussi reçu récemment des rapports positifs sur le commerce
et la confiance des consommateurs.
Tout cela signifie que notre économie nationale semble en voie de
faire mieux que prévu en 2004, ce qui se traduira par des revenus plus
élevés - d’où une plus grande marge de manœuvre pour le gouvernement
et de fait pour les gouvernements provinciaux, cette année et les années
suivantes.
En outre, les données révèlent aussi que les résultats finaux pour
l’an dernier, soit en 2003-2004, pourraient indiquer des revenus
plus élevés que prévu et ainsi de meilleurs résultats financiers, en
raison des niveaux sensiblement plus élevés que prévu du revenu nominal
au début de 2004.
L’économie canadienne a fait preuve d’une vigueur étonnante
malgré une appréciation de plus de 20 % du dollar, les incidences du
SRAS et de la maladie de la vache folle, une panne majeure de courant, des
ouragans et des feux de forêt - tous des facteurs qui ont soulevé des
préoccupations auprès des économistes du secteur privé quant aux
risques de perte due à la baisse de notre performance économique.
Les chiffres définitifs de l’exercice précédent seront connus,
comme d’habitude, vers le début d’octobre.
Évidemment, il restera toujours une part d’incertitude et d’inconnu,
y compris les tensions géopolitiques dans le monde et les effets de la
hausse des prix du pétrole sur une longue période.
Cette incertitude fait naître deux séries de préoccupations dans mon
esprit.
D’abord, une saine gestion exige l’utilisation des meilleures
projections qui soient. Dans cette optique, je lance un examen complet de
notre mode de prévision économique et financière. Cet examen a été
mené pour la dernière fois en 1994, mais il s’est passé beaucoup de
choses depuis - y compris l’adoption de la comptabilité d’exercice au
gouvernement fédéral.
Le moment est venu de mettre nos hypothèses à l’épreuve et de nous
assurer que nous appliquons toujours des pratiques exemplaires et que nous
demeurons parmi les meilleurs au monde. J’espère que cet examen sera
achevé à temps pour le dépôt du prochain budget fédéral.
La deuxième série de préoccupations concerne l’importance d’un
plan de remboursement soutenu de la dette. Il existe de nombreuses bonnes
raisons de rembourser cette dette.
Le simple souci d’équité exige que les générations futures ne
soient pas accablées par une dette dont elles ne sont pas responsables.
À l’heure actuelle, malgré les progrès accomplis au chapitre de l’élimination
du déficit et de la réduction de la dette, les frais annuels du service
de la dette demeurent le principal élément de dépense du gouvernement
fédéral - ils correspondent à peu près aux postes combinés des
dépenses consacrées aux prestations aux aînés et à l’assurance-emploi!
À moins de continuer d’alléger le fardeau de la dette, c’est ce
lourd héritage que nous laisserons à nos enfants et à nos
petits-enfants.
Nous devons également commencer à nous préparer au vieillissement de
la population. Au Canada, cette tendance démographique nous frappera de
plein fouet quand les baby boomers commenceront à partir à la
retraite, vers 2010 - dans un peu plus de six ans.
Au moment où la génération la plus populeuse de l’histoire
quittera le marché du travail, une génération de taille beaucoup plus
modeste la remplacera. Ce changement aura au moins deux effets profonds
sur notre société : d’abord, il y aura accroissement de la demande au
titre des programmes sociaux qui nous sont si précieux, surtout le
système des soins de santé; et ensuite, un moins grand nombre de
personnes travailleront et contribueront ainsi au financement de ces
programmes.
Moins notre dette sera élevée en 2010 et après, plus nous aurons de
flexibilité pour réagir à ces tensions démographiques émergentes.
C’est la raison pour laquelle nous nous engageons à consacrer notre
réserve pour éventualités de 3 milliards de dollars à la réduction de
la dette si cette réserve n’est pas requise pour répondre à de
véritables urgences. Et c’est aussi pourquoi nous avons annoncé dans
notre plus récent budget un nouvel objectif visant à réduire notre
ratio de la dette au PIB - la taille de notre dette par rapport à celle
de notre économie - pour le ramener de son niveau actuel d’environ 40 %
à 25 % en 10 ans.
Si nous ramenons ce ratio à 25 %, il s’ensuivra que le gouvernement
affectera une moins grande part de ses revenus aux intérêts sur la dette
publique, et que des milliards de plus pourront nous aider à compenser la
baisse du nombre de travailleurs canadiens et l’augmentation de la
facture des services dont notre population vieillissante aura besoin.
Il est donc crucial d’appliquer un plan de réduction soutenue,
pratique et constante de la dette - et c’est exactement ce que nous
avons fait.
Tout ceci fait partie d’une gestion financière robuste et solide. Et
c’est important, tout comme notre processus permanent d’examen des
dépenses est important, parce que malgré de meilleurs résultats
économiques récents et de meilleures perspectives pour l’avenir
immédiat, le gouvernement du Canada est toujours confronté à des
exigences, à des tensions et à des obligations qui dépassent largement
notre capacité financière.
En plus des coûts importants associés aux soins de santé et à la
péréquation, nous partageons également avec les provinces le fardeau de
bon nombre de questions d’intérêt commun : l’enseignement
postsecondaire, les services sociaux et le bien-être des enfants, l’infrastructure
et les collectivités, l’environnement, l’agriculture, l’immigration,
la culture et le patrimoine, le développement économique régional, le
logement et l’itinérance, l’innovation et la recherche. Il existe des
attentes financières accrues dans chacun de ces secteurs d’engagement
commun.
De plus, nous assumons au niveau fédéral la responsabilité directe
des pensions publiques d’une société de plus en plus vieillissante, de
l’assurance-emploi, de la diplomatie internationale, de l’aide
étrangère et du commerce international, de la défense nationale et de
la sécurité nationale, et la part du lion du financement requis en
prévision d’urgences nationales comme le SRAS, la maladie de la vache
folle ou des catastrophes naturelles. Dans tous ces domaines, nous sommes
confrontés à des demandes importantes et croissantes au chapitre de nos
ressources.
Bien entendu, il y a encore cette dette fédérale, qui s’élève à
plus de 500 milliards de dollars, soit près du double de la taille de la
dette combinée des provinces et des territoires. Juste de
la maintenir à son niveau actuel exige environ vingt cents de chaque
dollar de revenu fédéral.
Personne ne devrait mettre en doute les sérieuses responsabilités qu’assument
les gouvernements provinciaux dans ce pays. Mais en même temps, en toute
justice, on doit aussi noter que :
- les deux ordres de gouvernement ont accès aux mêmes
assiettes fiscales;
- le gouvernement fédéral n’a pas accès à certaines
sources de revenus provinciales (comme les redevances et les produits de
lotterie);
- la responsabilité financière fédérale, les budgets
équilibrés et la réduction de la dette épargnent des frais d’intérêt
à tous les Canadiens (y compris les gouvernements provinciaux);
- les récentes améliorations apportées à la performance
économique nationale hausseront les revenus provinciaux aussi bien que
les revenus fédéraux;
- le gouvernement du Canada s’est déjà engagé envers des
augmentations substantielles de son transfert annuel de plusieurs
milliards de dollars pour aider les provinces et les territoires,
notamment pour les soins de santé, la péréquation, les garderies et
les collectivités;
- comme les provinces, le gouvernement du Canada a aussi de
grandes responsabilités à assumer.
Les Canadiens s’attendent à ce que les deux ordres de gouvernement
gèrent leurs deniers publics avec prudence et talent, en évitant les
déficits et en faisant des choix éclairés parmi les diverses
priorités. En bout de ligne, les Canadiens s’attendent que notre
ambitieux programme soit conforme à un budget solidement équilibré.
Je suis très optimiste à l’égard des perspectives économiques et
sociales du Canada. Je crois qu’avec notre plate-forme, nous faisons
face à une période de prospérité éventuelle et à des progrès sans
précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
Mais notre adhésion fidèle à une rigueur financière, à une gestion
robuste et à un comportement prudent est un prérequis absolu et le
fondement essentiel de tout succès ultérieur.
En savourant la réussite de nos accomplissements, nous devons nous
rappeler des principes fondamentaux qui nous ont conduits à celle-ci!
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