Ottawa, le 14 décembre 2004
Discours de l’honorable Ralph Goodale, ministre des Finances devant
la Chambre de commerce du Montréal métropolitain Les défis et les
possibilités offerts par la fédération canadienne
Montréal (Québec)
Le texte prononcé fait foi
Bonjour, Mesdames et Messieurs. Au nom du gouvernement du Canada, je
vous adresse mes meilleurs souhaits et je vous remercie de me donner l’occasion
de rencontrer à nouveau les membres de la Chambre de commerce de
Montréal.
Votre organisation est l’une des plus intéressantes et des plus
dynamiques du Canada et soyez assurés que les conseils que vous offrez au
gouvernement sont à la fois bienvenus et appréciés.
Le gouvernement du Canada a déjà bien amorcé le cycle de
planification prébudgétaire de 2005. Je prévois déposer le prochain
budget fédéral vers la fin de février ou en mars.
D’ici là, comme c’est l’habitude, j’entreprendrai une série
de discussions avec les Canadiennes et les Canadiens de toutes les
régions et de tous les milieux pour déterminer leurs attentes en
prévision de ce budget. Je veux m’assurer que notre planification
économique et financière tienne compte des convictions et des
aspirations d’un vaste échantillon de citoyens, d’électeurs et de
contribuables.
Le processus de consultation se poursuit aujourd’hui à Montréal.
Plutôt que de parler, nous écouterons.
Jusqu’à présent, on m’a parlé d’augmentation des dépenses
fédérales dans les programmes socioéconomiques. De la nécessité d’un
allégement fiscal et de la réduction permanente de la dette. Parfois, le
débat entre les défenseurs de ces priorités à la fois différentes et
contradictoires devient très animé.
Mais on a également abordé quelques thèmes communs.
Parmi ceux-ci, mentionnons d’abord le besoin d’assurer un
équilibre inclusif entre les nombreuses fins auxquelles nous pourrions
consacrer des ressources fédérales disponibles et cela, pour être
justes envers tous les Canadiens.
Ensuite, j’entends constamment que nous ne devons jamais abandonner
la planification prudente et notre comportement responsable, pour que la
situation financière du Canada demeure toujours saine. Personne ne
propose un retour au financement du déficit.
Enfin, on reconnaît dans ce pays que nous jouissons du rare privilège
de tenir un débat sur la meilleure façon d’affecter des excédents
successifs, à une époque où de nombreux autres pays sont lourdement
endettés et ne cessent d’accroître leur dette.
Et ce n’est là qu’un élément de la spécificité du Canada.
Permettez-moi de m’y attarder pendant quelques instants.
Nous, Canadiens, avons conçu un pays des plus remarquables, un pays
fort improbable et pourtant si brillant, qui fait l’envie de la majeure
partie du monde.
Quelqu’un a déjà déclaré que nous constituons un pays qui a
beaucoup plus de succès dans la pratique qu’en théorie.
Et c’est vrai! Notre statut de nation découle d’un acte continu de
pure volonté politique, une volonté de réussir contre vents et marées.
Pensez-y deux secondes : le Canada s’étend dans toute son
immensité dans la partie nord de ce vaste continent. Au plan de la
superficie, il s’agit du deuxième plus grand pays du monde. À lui
seul, le Québec peut loger trois fois la France.
La géographie et la topographie fantastiques de notre pays suscitent l’admiration
et l’émerveillement d’un océan à l’autre. Le climat est dur et
parfois carrément hostile, et notre territoire s’étend du pôle Nord
jusqu’à la latitude de la Californie.
La population canadienne est peu nombreuse mais très variée. Elle a
été formée à l’origine par les peuples autochtones, ensuite par des
explorateurs et colons français et anglais, et enfin par des vagues
successives de valeureux immigrants.
Nous retrouvons maintenant parmi nous toutes les couleurs, toutes les
croyances, toutes les origines ethniques, toutes les tendances politiques,
deux langues officielles et de nombreuses cultures – qui représentent
littéralement toute la diversité du monde. Tous ensemble, répartis de
façon irrégulière dans une vaste mosaïque le long des quelque
4 000 milles de la frontière américaine – marquée ici et
là par des métropoles de renommée internationale comme Montréal.
De fait, il est difficile d’imaginer un ensemble plus disparate de
conditions pour forger un pays. Mais les Canadiens le font, avec espoir et
patience, depuis près de 138 ans.
Ce n’est jamais facile. Et jamais sans heurts. Mais en ces premières
années du XXIe siècle, des personnages planétaires
aussi différents que la vedette rock Bono et le secrétaire général des
Nations Unies, Kofi Annan, ont osé déclarer que ce que le monde a
vraiment besoin en cette période, c’est « davantage de
Canada »!
Mais alors, comment ce pays, aussi improbable soit-il, a-t-il fait pour
s’imposer? Grâce à un travail acharné et à une certaine dose de
chance. Mais surtout, grâce à l’application sans relâche des valeurs
canadiennes fondamentales et largement partagées.
Un sens de l’équité et de la justice. Un esprit de générosité.
La compassion et la tolérance. Le don de soi et le partage. Un instinct d’inclusion.
L’ouverture d’esprit et de cœur. La fierté de notre grande
diversité. Et par-dessus tout, un accueil sincère.
Nous nous sommes toujours empressés de nous écouter les uns les
autres. De tendre la main. De jeter les ponts. De tenter par tous les
moyens de nous comprendre.
Et après avoir écouté et bien compris, les Canadiens ont toujours
été disposés à agir – ensemble, les uns envers les autres. Non
pas dans l’intérêt limité d’une faible majorité confortable. Non
pas parce que nous devons le faire. Mais bien parce que nous le voulons.
Parce que cela convient bien à la nation juste, noble et efficace que
nous voulons devenir.
Le Canada est donc un triomphe de volonté commune, un triomphe de l’esprit
humain. Et ce n’est jamais « terminé ». Le Canada est et
sera toujours une « œuvre en cours ». Un chef-d’œuvre en
devenir.
Voilà la réalité canadienne dont je dois tenir compte dans mon
travail comme ministre des Finances.
La vigueur économique et l’intégrité financière de ce pays
représentent des travaux en cours – des travaux qui progressent fort
bien depuis 1993, mais que nous ne devons pas tenir pour acquis. Nous ne
pouvons jamais nous permettre d’être négligents.
Les réalisations remarquables du Canada au cours de la dernière
décennie en termes de réussite économique et financière ne sont pas
des fins en soi. Notre objectif ne consiste pas à accumuler des droits de
se vanter. Il consiste à utiliser les dividendes découlant de la vigueur
économique et financière pour permettre aux Canadiens de continuer à
bâtir, d’une manière juste et équilibrée, une société de renommée
internationale ayant une qualité de vie élevée.
Nous avons fait d’énormes progrès en ce sens!
Il y a une dizaine d’années, au début des années 1990, le
Canada se destinait rapidement à l’échec économique. Chaque année,
le gouvernement était confronté à des déficits incontrôlés. La dette
publique montait en flèche. Le coût d’emprunt était élevé et nous
empruntions à grande échelle.
La croissance économique était au mieux léthargique. Les emplois
disparaissaient à vue d’œil. L’espoir et la confiance étaient
devenus des denrées très rares.
À l’époque, on pouvait lire dans le Wall Street Journal que
le Canada pourrait devenir membre honoraire du Tiers-Monde.
Mais les Canadiens n’ont guère apprécié cette perspective. Ils ont
exigé un changement d’orientation et ils ont fourni le soutien
discipliné qui était essentiel pour faire approuver les grandes
décisions nécessaires au changement. Et l’exercice a porté fruit.
Après 27 ans de déficit de plus en plus lourd, nous avons
assaini les finances du Canada en 1997. Depuis, nous avons déposé sept
budgets excédentaires de suite. Il s’agit de la meilleure performance d’un
gouvernement canadien depuis le début de la Confédération, et
également la meilleure performance d’un pays du G-7.
La dette fédérale suit maintenant une trajectoire descendante
soutenue, tant en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) qu’en
dollars absolus. Elle a été réduite de quelque 61 milliards de
dollars. Le ratio de la dette fédérale au PIB se situe maintenant à
41 %, comparativement à 68 % en 1995.
Et dans le budget que j’ai déposé en mars dernier, nous nous sommes
engagés à ramener ce pourcentage à 25 % dans 10 ans. Ainsi,
les frais du service de la dette ne représenteront plus que 12 cents
de chaque dollar de revenu fédéral plutôt que les 39 cents d’il
y a seulement huit ans.
Et voici deux détails très importants. La dette extérieure
nette du Canada a été réduite de façon décisive et est passée de
45 % du PIB en 1993 à moins de 14 %, ce qui constitue un
revirement sensationnel.
Et grâce à la réduction globale de la dette, nous économisons
maintenant plus de 3 milliards de dollars par année au titre des
frais du service de la dette – 3 milliards de dollars que nous
pouvons maintenant utiliser chaque année pour bâtir un meilleur pays, et
pas uniquement pour rembourser nos créanciers.
Les Canadiennes et les Canadiens ont trimé dur pour assainir les
finances publiques, et les avantages sont indéniables.
Libérée des effets suffocants des déficits chroniques et de l’augmentation
de la dette, l’économie canadienne a enregistré des taux de croissance
remarquables et soutenus. Plus de trois millions d’emplois ont
été créés. Les taux d’inflation et d’intérêt sont faibles et
stables.
Le Canada a reconquis sa cote de crédit AAA. Les consommateurs et les
entreprises ont repris confiance. Près des deux tiers des Canadiens
estiment que le pays est maintenant sur la bonne voie. Au cours des
sept dernières années, le niveau de vie moyen des Canadiens s’est
largement amélioré par rapport aux 17 années précédentes.
Dans ce contexte, au-delà de la simple réduction de la dette (aussi
fondamentale fut-elle), nous avons également procédé aux plus
importantes réductions d’impôt de l’histoire du Canada. Nous avons
été en mesure de damer le pion à une série d’imprévus négatifs
fort coûteux : des catastrophes naturelles aux retombées du
terrorisme mondial sur la sécurité en passant par l’épidémie du
syndrome respiratoire aigu sévère et les répercussions de la maladie de
la vache folle.
Nous avons aussi beaucoup investi dans les principales priorités des
Canadiens notamment dans les soins de santé, la péréquation, l’apprentissage
et l’innovation, le logement et l’infrastructure, le mieux-être des
enfants et des familles, et la protection de l’environnement.
Je devrais en dire un peu plus sur les deux premiers points de cette
liste, soit les soins de santé et la péréquation, parce qu’ils
concernent certains des plus grands investissements du gouvernement
fédéral et qu’ils ont fait l’objet de rencontres réussies plus tôt
cet automne entre le fédéral, les provinces et les territoires.
En septembre, toutes les parties ont signé une entente innovatrice de
41 milliards de dollars sur 10 ans pour consolider nos systèmes
de soins de santé.
Cette entente est importante pour de nombreuses raisons. Elle est
unanime. Elle contient des dispositions asymétriques qui tiennent compte
des besoins du Québec. Elle comprend d’importantes réformes
systémiques et les meilleures conditions jamais établies en termes de
rapports et de reddition de comptes. Elle surpasse tous les tests publics
en matière de soutien financier fédéral.
Elle capte l’attention de tous les gouvernements pour la faire passer
d’une querelle incessante sur le financement à des mesures concrètes.
Ces mesures permettront de raccourcir les temps d’attente, de favoriser
l’arrivée de plus de professionnels de la santé et d’un meilleur
équipement, d’améliorer les soins primaires, les soins à domicile et
la couverture des médicaments, de faire avancer la recherche et l’innovation
en matière de santé et d’atteindre des niveaux plus élevés de santé
publique et de mieux-être.
Pour le Québec, l’entente sur les soins de santé signifie un
montant supplémentaire de 502 millions de dollars en paiements de
transfert fédéraux cette année, de 736 millions l’an prochain et
d’autres augmentations les années suivantes. Au total, plus de
9,6 milliards de dollars de fonds fédéraux supplémentaires pour la
santé seront versés au Québec au cours de la prochaine décennie.
Pour ce qui est de la péréquation, une deuxième rencontre des
premiers ministres en octobre a donné lieu aux changements les plus
avantageux au titre des programmes depuis l’implantation du régime de
la péréquation en 1957.
Les réformes portent sur les problèmes antérieurs chroniques au
sujet de la clarté, de la prévisibilité et de la suffisance des
paiements. Le gouvernement du Canada assume un risque beaucoup plus grand
maintenant. À l’instar des soins de santé, une disposition d’augmentation
automatique a été intégrée au projet. Au cours des 10 prochaines
années, la nouvelle entente sur la péréquation se traduira par des
fonds supplémentaires de 33 milliards de dollars pour les provinces
les moins biens nanties, dont la majeure partie au Québec.
Pour le Québec, ces montants supplémentaires au titre de la
péréquation représenteront 477 millions de dollars de plus cette
année, et 1,12 milliard de plus l’an prochain, et ainsi de suite
à l’avenir.
Je sais, je viens de vous inonder de chiffres. Je vais maintenant
démêler tout cela. Pour 2004-2005, les transferts fédéraux au Québec
devraient totaliser près de 14 milliards de dollars. Par
conséquent, le gouvernement provincial devrait être en mesure d’équilibrer
son budget cette année, en majeure partie grâce à l’augmentation
« appréciable » des fonds fédéraux.
Les transferts fédéraux compteront pour environ 25 % des revenus
du gouvernement du Québec cette année.
Nous sommes en mesure d’offrir notre aide et nous sommes heureux de
le faire – grâce à la bonne tenue des finances fédérales que
nous avons minutieusement entretenues au cours de la dernière décennie.
Qu’en est-il de l’avenir? Nos plans sont très précis. Ils ont
été établis à l’occasion de la campagne électorale de juin et dans
le discours du Trône d’octobre.
Ils comprennent des services de garde d’enfants à la fois
universels, abordables, de grande qualité et qui visent le développement
de l’enfant, valeurs inspirées du modèle québécois. Un nouveau pacte
puissant pour appuyer les municipalités et les collectivités. Une aide
accrue pour les personnes âgées, les personnes handicapées et ceux et
celles qui en prennent soin. Des mesures significatives touchant des
enjeux très importants pour les Autochtones. La protection de l’environnement
naturel du Canada. Le respect des impératifs de la sécurité nationale
et de la défense nationale. Et l’intégration du rôle du Canada dans
le domaine des affaires internationales.
Ce plan est certes ambitieux, mais nous tiendrons nos promesses. Ce
plan repose sur une économie vigoureuse, compétitive et novatrice –
croissante et en plein essor dans un monde axé sur le savoir, la
technologie et les compétences. Une économie qui prend sa source dans
une responsabilité financière à toute épreuve.
Dans cette vague importante, compte tenu des risques d’effets
négatifs futurs pour notre économie, notamment l’incertitude qui
entoure notre monnaie, le coût de l’énergie à l’échelle mondiale,
les tensions géopolitiques et les déficits budgétaires et commerciaux
aux États-Unis, le Canada devra appliquer un plan efficace en vue d’accroître
sa productivité (plus particulièrement dans la foulée de l’énorme
changement démographique que l’on voit poindre à l’horizon, lorsque
les baby boomers commenceront à partir à la retraite, en 2010).
Nous aurons besoin de ressources humaines de la meilleure qualité
possible, d’une capacité supplémentaire en innovation, des systèmes
de réglementation efficaces, transparents et prévisibles, d’une
réduction des obstacles internes au commerce, d’un régime fiscal
concurrentiel, d’une infrastructure publique de qualité nettement
supérieure, de frontières intelligentes et d’une promotion dynamique
du commerce international et de l’investissement.
Nous sommes déjà à l’œuvre sur tous ces fronts afin de stabiliser
et de stimuler la productivité canadienne. J’aimerais tout
particulièrement entendre le point de vue des membres de la Chambre de
commerce de Montréal sur les moyens à prendre pour que les Canadiens
puissent mieux faire progresser notre « plan de
productivité ». Des gains soutenus à cet égard seront essentiels
pour notre réussite économique et notre mieux-être social.
J’aimerais enfin aborder la question de l’équilibre
intergouvernemental et de l’équité financière, qui sont toujours
demeurés une préoccupation fondamentale du Canada.
Malgré tout le respect que je dois à ceux qui ne partagent pas notre
point de vue, je dois vous avouer que je ne souscris pas à la notion de
déséquilibre fiscal vertical au Canada.
Y a-t-il des disparités parmi les provinces? Oui. Y a-t-il un
déséquilibre structurel entre les provinces et le gouvernement du
Canada ? Non.
Permettez-moi de vous expliquer mon opinion.
Premièrement, contrairement à la réalité présente dans la plupart
des fédérations, les ordres fédéral et provinciaux de gouvernement de
ce pays ont tous accès aux mêmes sources majeures de revenus pour
financer leurs activités. De fait, les provinces ont accès à des
sources de plus en plus importantes qui ne sont pas offertes au
gouvernement du Canada, comme les redevances tirées des ressources
naturelles et les gains tirés des jeux de hasard.
Deuxièmement, chaque ordre de gouvernement dispose de compétences
constitutionnelles dans son propre secteur de responsabilités et d’une
grande souplesse pour établir ses propres politiques fiscales, y compris
ses assiettes fiscales et ses taux d’impôt et son propre niveau de
dépenses gouvernementales.
Troisièmement, malgré les immenses progrès réalisés récemment par
le gouvernement du Canada pour réduire sa dette, la dette fédérale du
Canada représente encore plus du double des dettes provinciales et
territoriales combinées.
Quatrièmement, comme je l’ai déjà mentionné, bien qu’il
respecte entièrement les distinctions au chapitre des domaines de
compétence, le gouvernement fédéral est déjà un important partenaire
financier avec les provinces pour de vastes priorités communes. À titre
d’exemple, mentionnons les soins de santé et la péréquation. Mais il
en existe de nombreuses autres.
L’éducation postsecondaire. Les services sociaux. L’immigration.
Le logement. L’infrastructure. La recherche et l’innovation. L’agriculture.
L’environnement. La liste est très longue. Et pour toutes ces
priorités, les fonds fédéraux destinés au Québec et à l’ensemble
des provinces et territoires ne cessent d’augmenter.
Tout compte fait et compte tenu des transferts fédéraux, les revenus
globaux des provinces et des territoires ont sensiblement dépassé ceux
du gouvernement fédéral pendant plus de deux décennies et cette
tendance devrait se maintenir.
Par ailleurs, dans ses propres domaines de compétence, le gouvernement
du Canada est également confronté à des demandes à la fois importantes
et croissantes.
Des demandes d’augmentation des prestations d’assurance-emploi. Des
demandes d’augmentation des pensions fédérales. Des demandes au titre
de la sécurité nationale et de la défense nationale. Des demandes
relatives à la diplomatie étrangère et à l’aide internationale. Des
demandes touchant le commerce mondial et la commercialisation. Des
demandes d’augmentation des programmes et services pour les Autochtones
et les régions du Nord. Et des demandes d’appui de toutes sortes pour
les urgences et les imprévus à l’échelle nationale.
Ainsi, dans les faits, il est incorrect de supposer que tout l’argent
est à Ottawa et que tous les besoins sont dans les provinces. En
réalité, les deux ordres de gouvernement doivent s’acquitter de
lourdes tâches dans l’intérêt public. Les deux sont confrontés à
des tensions financières. Et les Canadiens s’attendent que leurs élus
collaborent de façon constructive et intelligente.
C’est ce que nous avons tenté de faire par exemple dans le dossier
de la péréquation. En plus de fournir plus d’argent année après
année pour l’avenir et pour mieux prévoir, nous avons aussi démontré
une souplesse fédérale constante dans la façon dont les comptes entre
nos gouvernements sont vérifiés d’une année à l’autre, une mesure
dont le Québec a constamment bénéficié.
En 2004 seulement, nous avons annulé un montant de près de 1 milliard
de dollars que le Québec devait au gouvernement du Canada, et nous avons
reporté le remboursement d’un autre montant de 2,4 milliards.
Permettez-moi d’éclaircir un dernier point.
La vigueur financière actuelle du gouvernement du Canada – qui
a été soigneusement bâtie étape par étape au cours de la dernière
décennie – constitue un atout important qui permet de maintenir la
crédibilité du Canada sur les marchés financiers mondiaux, de même que
son excellente cote de crédit à l’échelle nationale.
L’avantage que le Canada tire de sa renommée profite à tous les
ordres de gouvernement, de même qu’aux entreprises et aux consommateurs
de toutes les régions du pays. Il convient de prendre grand soin de cette
renommée.
Bien que les excédents fédéraux soutenus – qu’ils soient ou
non bien investis dans le mieux-être de tous les Canadiens –
constituent un sujet qui fait l’objet de bien des railleries au plan
politique au Canada (du moins en partie de la part de certains membres de
l’opposition au Parlement), et je suis fort heureux de constater que
cette opinion négative n’est pas largement partagée.
Elle n’est pas partagée par des journalistes financiers
internationaux de renom. Le magazine The Economist en Europe, par
exemple, a récemment qualifié le Canada de « virtuose de l’économie »
pour sa performance financière. Et Business Week aux États-Unis a
parlé du « miracle de la feuille d’érable ».
L’aspect négatif n’est pas partagé par les autres ministres des
Finances que je rencontre dans les pays du G-8 et du G-20, qui sont
ouvertement admiratifs devant l’extraordinaire performance économique
et financière du Canada.
Et à ce que j’entends tous les jours, les Canadiens appuient
fermement, dans une grande majorité, la responsabilité financière, l’équilibre
budgétaire, les excédents soutenus et la gestion prudente. Ils veulent
tout simplement être assurés que nous ne réduirons pas à néant l’excellente
performance que le Canada a su bâtir au cours de la dernière décennie.
Les Canadiennes et les Canadiens peuvent avoir une confiance absolue à
cet égard.
De même, les Canadiens du Québec et de l’ensemble du pays peuvent
être tout à fait confiants que leur gouvernement à Ottawa se servira de
sa vigueur économique et financière d’une manière juste et équitable
pour que le Canada continue de surmonter les obstacles et maintienne sa
place parmi les meilleurs au monde.
Je vous remercie. |