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Ottawa, le 22 avril 1996
1996-032

Notes pour une allocution du ministre des Finances du Canada, Paul Martin, devant le comité intérimaire du FMI

Washington, D.C.
le 22 avril 1996

Le texte prononcé fait foi


La conjoncture économique mondiale et les défis à relever en matière de politique

Les grandes priorités dans le cadre de la reprise

Au cours des six derniers mois, la croissance a connu un repli marqué dans la plupart des pays industrialisés. Si la croissance au Japon et en Amérique du Nord montre des signes de regain encourageants, dans de nombreux pays européens, l'économie reste faible.

Certains pays connaissent ce ralentissement alors qu'ils ne se sont pas entièrement relevés de la dernière récession. Dans presque tous les pays, ce phénomène exacerbe les craintes que suscite, chez les citoyens, l'aptitude de l'économie à créer des emplois et à assurer la prospérité. L'accélération des changements qui s'opèrent, sur les fronts économique et technologique, et qui alimente le sentiment d'insécurité généralisé, avive ces inquiétudes.

Nous convenons tous que les gouvernements doivent intervenir pour dissiper ces préoccupations. Notre défi, c'est d'agir d'une manière qui soit responsable et durable.

Je traiterai en un premier temps des mesures gouvernementales que les pays industrialisés peuvent prendre pour améliorer leurs perspectives de croissance stable et forte. Je m'intéresserai ensuite aux mesures que d'autres pays peuvent prendre, et prennent, conjointement et par l'intermédiaire du FMI pour poursuivre ce même objectif, en particulier les pays les plus pauvres de la planète.

Que pouvons-nous faire, dans les pays industrialisés, pour renforcer les perspectives de croissance soutenue? Les principes de la politique générale que le Comité intérimaire a approuvés, il y a 18 mois à Madrid -- à savoir l'assainissement des finances publiques, la stabilité des prix et des réformes structurelles -- sont toujours la meilleure façon de renforcer la reprise là où elle est hésitante et de la soutenir là où elle est déjà à maturité.

Au chapitre de la politique budgétaire, la réduction du déficit demeure la priorité numéro un. Bien que des progrès importants aient été accomplis, il reste encore beaucoup à faire sur ce front afin d'en récolter les fruits sous la forme de taux d'intérêt moins élevés dans le monde et de niveaux de vie supérieurs. Sur ce point, je pense que nous devons tous garder à l'esprit que les problèmes financiers que nous connaissons sont le résultat de nombreuses années. Et la démarche qu'exigera la résolution de ces problèmes devra s'appuyer sur une approche dictée par un engagement.

D'après moi, il n'y a tout simplement pas d'autres solutions. En effet, dans un contexte d'endettement public excessif, les gouvernements ont une marge de manoeuvre limitée pour s'attaquer aux problèmes qui présentent un intérêt réel, de nature soit économique ou sociale, avant d'avoir assaini leurs finances.

Les mesures gouvernementales prises pour redresser la situation financière du pays doivent s'accompagner d'une politique monétaire appropriée. Et la stabilité des prix doit demeurer l'objectif prépondérant de la politique monétaire. Nous devons continuer de protéger les gains durement tirés, au cours des dernières années, de la réduction de l'inflation et, ce qui est peut-être plus important encore, de la neutralisation des anticipations inflationnistes au sein de nos économies.

L'expérience a montré que les succès qu'ont obtenu les pays à la réduction des déficits budgétaires et au maintient de la stabilité des prix peuvent se renforcer mutuellement. Le Canada et l'Irlande sont bien placés pour parler des avantages que l'on peut tirer de l'établissement de la confiance en matière de politique dans ces secteurs. J'y reviendrai, et je parlerai plus en détail des résultats concrets que donne cette approche.

La réforme structurelle est un autre domaine dans lequel nous devons agir pour améliorer les perspectives de croissance soutenue et de niveau de vie accru. Plus précisément, nous devons accroître l'efficience des marchés du travail en abrogeant les lois et les règlements qui nuisent à l'embauche et renferment des contre-indications au travail. Nous devons également recibler nos programmes sociaux et pour l'emploi en prenant des mesures qui doteront les travailleurs de ce qu'il leur faut pour prospérer dans le contexte dynamique et axé sur la technologie dans lequel nous vivons, et qui favoriseront l'adaptabilité et non la dépendance. Le Fonds a un rôle important à jouer en dispensant aux pays industrialisés des conseils sur ce genre de questions d'ordre structurel, car de mauvaises politiques structurelles peuvent anéantir certains des bienfaits des meilleures politiques macroéconomiques qui soient. Dans les pays en développement, il conviendrait qu'ils travaillent de concert avec la Banque mondiale à cette même fin.

L'approche canadienne

Ces priorités -- à savoir l'assainissement des finances publiques, la stabilité des prix et les réformes structurelles -- sont au coeur même de l'approche que nous avons adoptée au Canada.

Depuis le tout début de notre mandat, en 1993, la création d'un plus grand nombre d'emplois et d'emplois de meilleure qualité pour les Canadiens est le principal objectif qui dicte notre politique. Toutefois, nous nous sommes rendu compte que seule l'injection de capitaux dans l'économie n'est pas une solution durable au problème du chômage. Aussi, sommes-nous intervenus, au Canada, pour mettre en place les conditions essentielles à une croissance économique forte et à la création d'emplois. En d'autres termes, il a fallu réduire nos déficits budgétaires tout en maintenant une faible inflation, qui permet de faire baisser les taux d'intérêt et de maintenir ceux-ci à un niveau peu élevé.

L'assainissement des finances publiques est la première étape à franchir pour faire place à une croissance économique soutenue et à la création d'emplois meilleurs.

Dans le budget que j'ai présenté le mois dernier, j'ai annoncé un nouvel objectif concernant le déficit -- réduire le déficit fédéral à 2,0 pour cent du PIB d'ici 1997-98, après l'avoir ramené à 3,0 pour cent cette année. Une fois l'objectif atteint, le ratio de la dette au PIB du Canada amorcera alors sa descente, la première depuis le milieu des années 70. D'ici 1997-98, les besoins financiers du gouvernement -- une mesure de la performance budgétaire davantage comparable à celle qu'utilisent d'autres pays, comme les États-Unis et le Royaume-Uni -- seront inférieurs à ceux de tous les autres grands pays industrialisés. Puis, en 1998-99, ils seront loin de représenter 1 pour cent du PIB. Mais, la réduction marquée du déficit fédéral n'est pas le seul résultat dont nous pouvons nous réjouir; en effet, huit des dix gouvernements provinciaux ont déclaré un budget en équilibre ou en excédent pour le dernier exercice (1995-96), c'est donc un revirement de situation remarquable.

À la réduction du déficit, s'ajoute la baisse des taux d'intérêt, qui exige le maintien du taux d'inflation à un bas niveau. Le gouvernement et la Banque du Canada ont établi de concert des cibles d'inflation situées entre 1 et 3 pour cent jusqu'à la fin de l'année 1998. Pour le moment, l'inflation se situe dans cette fourchette et elle est à son plus bas niveau soutenu depuis trois décennies. Le gouvernement et la Banque sont bien résolus à maintenir ces excellents résultats. La Banque du Canada redouble d'effort pour rendre davantage transparentes l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique monétaire. L'objectif qu'elle vise est partiellement atteint par la publication, deux fois par an du Rapport sur la politique monétaire, dans lequel elle explique ses objectifs en matière de politique, ses opinions concernant l'économie ainsi que la nature des mesures qu'elle prend.

Toutefois, pour parvenir à renforcer la croissance et à réellement favoriser la création d'emplois, nos résultats sur le plan budgétaire et en ce qui touche l'inflation doivent s'accompagner de mesures visant à réduire les problèmes d'ordre structurel. C'est pourquoi nous avons également pris des mesures visant à éliminer les obstacles à la croissance et à rendre l'économie plus productive. Nous avons considérablement réduit les subventions aux entreprises et des sociétés d'État ont été privatisées. Au chapitre de l'emploi, nous avons agi pour améliorer les incitatifs au travail et mieux préparer les travailleurs à saisir les possibilités d'emploi que donnera une économie plus dynamique.

Les résultats économiques du Canada

L'approche stratégique adoptée donne manifestement des résultats.

En dépit de la performance économique moins bonne que prévu en 1995 au Canada, tout comme dans de nombreux pays industrialisés, les perspectives pour 1996 sont plus prometteuses. Notre bonne performance pour ce qui est de la réduction du déficit et du maintien de l'inflation à un niveau peu élevé s'est traduite par des taux d'intérêt à court terme moins élevés en 1995, et cette année, à l'exception d'une remontée temporaire attribuable au référendum tenu au Québec en octobre dernier. En fait, pour la première fois depuis longtemps, l'écart entre les taux d'intérêt à court terme canadiens et américains a été neutralisé, sans pour autant que des pressions à la baisse ne s'exercent sur le dollar canadien.

Des taux d'intérêt moins élevés devraient stimuler la demande intérieure; d'ailleurs, certains indices mettent en relief une reprise de l'activité. La forte croissance de l'emploi observée depuis octobre, en particulier dans le secteur privé, montre bien que nos politiques rapportent des dividendes, qui auront un effet de stimulation sur la demande intérieure car ils se traduiront par une hausse du revenu des ménages et une amélioration de la confiance du consommateur. La croissance des exportations, le moteur de la croissance globale ces dernières années, devrait être forte en 1996, sous l'effet de la nouvelle accélération de la croissance de l'économie aux États-Unis.

Mais surtout, l'économie canadienne crée des emplois. Depuis 1993, près d'un demi-million d'emplois nouveaux ont été créés et maintenus, contrairement aux quatre pays européens du G-7 où, pris collectivement, l'emploi s'est bel et bien contracté.

L'évolution économique en Irlande

L'évolution économique observée en Irlande et dans les îles des Caraïbes, pays représentés par le Canada au sein du Comité intérimaire, traduit là encore la sagesse de la politique économique dont je viens de parler.

En Irlande, la croissance de l'économie pourrait être parmi les meilleures dans le monde industrialisé, en 1996, forte de la solide expansion observée au cours des deux dernières années, alliée à une croissance marquée de l'emploi. Toutefois, l'inflation devrait se maintenir à un niveau peu élevé, à environ 2 1/4 pour cent. Cette performance traduit le ferme engagement des autorités irlandaises à assainir les finances publiques, à assurer la stabilité des prix grâce à la stabilité du taux de change, et à modérer l'évolution des salaires. En dépit de ces résultats impressionnants, le principal défi que l'Irlande doit relever demeure la diminution du chômage. Celui-ci est passé de 15,6 pour cent en 1993 à moins de 13 pour cent en 1995, et il doit encore baisser en 1996.

L'évolution économique dans les pays des Caraïbes

Les pays des Caraïbes, que le Canada représente au sein du Comité, elles travaillent toujours à l'élaboration de saines politiques. À cet égard, ces pays reconnaissent que l'étude, par le Conseil d'administration, des questions de surveillance bilatérale et multilatérale amorcée l'automne dernier, n'est pas un exercice futile.

Les pays des Caraïbes orientales auxquels le passage de l'ouragan a infligé d'importants dommages en septembre dernier se sont vraiment bien rétablis. Les autorités de plusieurs petits pays de cette région se sont montrées résolues à mettre en place de solides politiques et se sont montrées prêtes à faire appel aux conseils du FMI pour améliorer leurs politiques, y compris dans les cas où elles n'envisagent pas de recourir au financement du Fonds. Les autorités jamaïquaines ont atteint l'objectif qu'elles visaient, soit cesser de recourir au crédit du FMI et, conformes à leur engagement de maintenir en place de fermes politiques, elles travaillent à un mécanisme informel d'étroite surveillance de concert avec le Fonds.

Perspectives des pays en développement et des économies en transition

Je mettrai un terme à mes remarques concernant la conjoncture économique mondiale par quelques mots sur les pays en développement et les économies en transition.

Les pays en développement, pris collectivement, ont réalisé d'énormes progrès, ces dernières années, et ils ont la possibilité d'enregistrer une croissance encore plus ferme dans l'avenir, à condition qu'ils poursuivent les efforts entamés pour mettre en place les politiques appropriées. C'est du moins l'impression que je ramène au Canada de ma récente visite en Thaïlande et au Vietnam, pays qui récoltent maintenant les bienfaits des bonnes politiques adoptées.

Bien évidemment, les priorités en matière de politique varient quelque peu d'un pays à l'autre. Par exemple, en Amérique latine, les grandes priorités consistent à assainir les finances publiques et à mener des réformes structurelles, dans lesquelles s'inscrivent la privatisation et les mesures destinées à renforcer le secteur des services financiers. Dans de nombreux pays asiatiques, c'est la nécessité de faire preuve de vigilance pour éviter une surchauffe de l'économie, qui s'accompagne d'un emballement de l'inflation et de déficits des transactions courantes. Quant aux pays de l'Afrique, ils doivent travailler à l'atteinte des gains à long terme et, pour ce faire, réduire leurs déficits budgétaires et améliorer dans son fondement même la gestion des affaires de l'État.

Certaines considérations et approches s'appliquent à l'ensemble des pays en développement et quelques-unes d'entre elles ne tombent pas de façon claire et nette dans nos catégories standard comme des «politiques macroéconomiques» ou des «réformes structurelles». Par exemple, à la récente réunion des ministres de l'APEC à Kyoto, les autorités des pays de cette région du monde ont reconnu la nécessité d'examiner soigneusement les dimensions sociales de la croissance, comme la répartition du revenu. Ces pays doivent également passer au peigne fin leurs dépenses publiques pour s'assurer que celles-ci correspondent aux véritables besoins de leurs économies et de leurs citoyens.

Enfin, au cours des entretiens que j'ai eus avec des gens d'affaires du Canada et d'autres pays en activité dans des pays en développement, j'ai été frappé par l'importance qu'ils sont nombreux à accorder à la mise en place d'un cadre juridique bien défini et prévisible. Des améliorations en ce sens contribueront sans nul doute à la capacité de ces pays d'attirer des investissements et d'améliorer leurs perspectives de croissance.

Pour ce qui est des pays en transition, l'expérience de ceux qui ont le mieux réussi révèle clairement que l'instauration de vigoureux programmes d'ajustement macroéconomique et de réforme structurelle, même à l'échelle du système, sont essentiels au redémarrage de la croissance économique.

Tout indique que l'un des aspects les plus importants d'un ajustement macroéconomique réussi dans les pays en transition réside dans l'assainissement des finances publiques. La maîtrise des déficits financiers résorbés par la création monétaire s'impose pour assurer la baisse soutenue de l'inflation et l'amélioration de la performance macroéconomique.

Il est par ailleurs primordial de poursuivre la restructuration, difficile mais essentielle, des industries et des entreprises non compétitives, afin de mettre en place une capacité concurrentielle et d'établir des filets de sécurité sociale appropriés. Une réforme en profondeur du régime fiscal est une priorité dans de nombreux pays en transition. Dans le cas contraire, une activité économique faible au début du processus de réforme, l'évasion fiscale et une application peu rigoureuse des lois, ainsi que l'octroi de nombreuses exonérations fiscales sont autant d'éléments qui resserrent l'assiette de l'impôt et pourraient compromettre les progrès réalisés sur le front budgétaire. Dans un tel contexte, une progression même forte sur le plan de la réduction des déficits financiers peut aisément être anéantie.

Les pays qui agissent avec vigilance minimiseront le manque à produire, qui semble être une conséquence inévitable de la transition à une économie de marché, et accéléreront leur retour à la croissance.

Les défis qui s'adressent aux institutions

À la dernière réunion du Comité intérimaire, j'ai présenté les propositions que les chefs de gouvernement du G-7 ont approuvées au Sommet économique de Halifax pour améliorer la capacité des institutions financières internationales (IFI) à relever les défis auxquels le système monétaire international sera confronté dans l'avenir. Depuis la tenue du Sommet, nous avons fait beaucoup de chemin.

(i) Le Fonds a renforcé la surveillance qu'il exerce en soumettant les politiques économiques de ses membres à des analyses plus rigoureuses et objectives.

(ii) Le Fonds peut réagir plus promptement pour enrayer de sérieuses crises financières grâce au mécanisme de financement d'urgence récemment mis en place.

(iii) De nouvelles normes de données sont établies afin de mieux informer les marchés de l'évolution de la situation financière et économique.

(iv) Les discussions se sont poursuivies sur la question du renforcement des ressources financières du Fonds dans le cadre de la onzième révision des quotes-parts et grâce à l'établissement de nouveaux mécanismes de financement, qui viennent compléter les ressources disponibles aux termes des Accords généraux d'emprunt.

(v) Les pays du G-10 prennent part aux travaux menés sur les crises de liquidités des pays souverains et (récemment) ont publié un rapport présentant des moyens de sauvetage ordonné.

Les travaux se poursuivent relativement à plusieurs initiatives de ce genre. Je vais maintenant parler des questions qui figurent au programme de la journée.

Normes relatives à la diffusion des données

L'année dernière, j'ai souligné l'importance que revêt la communication de données économiques et financières fiables et opportunes. Je constate avec plaisir que le Fonds a agi promptement afin d'élaborer une nouvelle norme spéciale concernant la diffusion des données, à l'intention des emprunteurs sur les marchés financiers. Il s'agit d'une norme rigoureuse et conforme à l'objectif global, soit assurer l'accès du public, en temps voulu, à des données de très grande qualité. Je suis heureux de confirmer que le Canada et l'Irlande ont pris le ferme engagement de respecter cette norme spéciale et plus rigoureuse sur la diffusion des données.

La mise en oeuvre sans tarder du bulletin électronique du Fonds consacré à ces normes permettra de diffuser de l'information concernant les méthodes statistiques des pays signataires au plus grand nombre possible d'intéressés. Ainsi, les marchés financiers internationaux seront en mesure d'évaluer les risques en se fondant sur les meilleurs renseignements disponibles. Il devrait en résulter une diminution du risque d'évolution néfaste des marchés, provoqué par des bruits qui courent plutôt que des faits établis.

Élaborer des normes de données communes n'est pas tâche facile. Pour ma part, toutefois, je crois que des travaux parallèles visant à harmoniser les normes comptables des secteurs public et privé sont tout aussi importants. Parallèlement aux progrès réalisés pour l'élaboration de normes de données communes, je préconiserais la transparence accrue des activités menées par le Fonds, et ce, par la publication régulière de document au titre de l'article IV.

Toutefois, dans ce dossier, nous ne devons pas perdre de vue que de nombreux pays en développement, y compris les pays des Caraïbes appartenant à ce groupe, admettent qu'il leur faudra redoubler d'effort pour perfectionner leurs propres systèmes de données. À cet égard, il conviendrait que le Fonds conserve suffisamment de ressources pour leur apporter une aide technique dans ce domaine.

Nouveaux Accords d'emprunt

Même en renforçant la surveillance internationale, des mécanismes de sauvetage appropriés s'imposent pour faire face aux grandes crises financières dès qu'elles surgissent. À ce propos, le Canada a présidé le groupe de travail du G-10, qui avait été chargé d'élaborer une proposition visant de nouveaux mécanismes de financement pour le doublement des ressources dont le FMI dispose actuellement aux termes des Accords généraux d'emprunt.

La présence de nouveaux participants ayant les moyens de soutenir le système financier international est un facteur clé. En outre, de tels mécanismes devront :

  •  donner aux marchés l'assurance que le Fonds est en mesure d'intervenir à l'échelle requise pour résorber des crises financières;
  • faire en sorte que les nouveaux pays participants aient des droits et des obligations qui correspondent à la place qu'ils occupent au sein de l'économie mondiale.

Je suis convaincu que les discussions qui se déroulent entre les pays du G-10 et d'éventuels nouveaux participants peuvent donner des résultats positifs dans les mois à venir.

Onzième révision générale des quotes-parts

Le Fonds doit également disposer de ressources suffisantes pour mener ses opérations de crédit courantes, d'où l'importance de poursuivre les discussions sur l'ampleur d'une augmentation des quotes-parts dans le cadre de cette révision générale.

Il est essentiel de tout mettre en oeuvre pour mieux faire correspondre les quotes-parts des membres avec la position relative qu'ils occupent au sein de l'économie mondiale. Ce faisant, le Fonds se trouverait dans une meilleure position car il pourrait accéder au plus grand bassin possible de ressources utilisables. Ce rajustement permettrait en outre aux pays dont l'économie a connu une croissance plus rapide depuis la dernière révision de participer au processus décisionnel du Fonds à un degré correspondant davantage à leur situation économique.

Les pays des Caraïbes qui font partie du groupe de pays que je représente comptent sur l'aboutissement opportun et satisfaisant de la onzième révision des quotes-parts. Selon eux, cela devrait permettre d'éviter une réduction hâtive du poids des suffrages des pays en développement, en particulier des petits pays. Ils pensent que, pour ce faire, il faut établir un juste milieu entre l'augmentation sélective des quotes-parts et l'augmentation équiproportionnelle de celles-ci, et apporter des rajustements appropriés au niveau des suffrages de base au sein du système.

Allocation de droits de tirage spéciaux (DTS)

Le rôle des droits de tirage spéciaux compte tenu des changements qui s'opèrent dans le système financier international est une question qui retient toujours notre intérêt à tous, même s'il n'existe pas de consensus manifeste sur la façon de procéder en faveur d'une nouvelle allocation. C'est d'ailleurs ce qui a amené le Comité intérimaire, l'an dernier, à demander que des spécialistes de l'extérieur et des décideurs, venant de toutes les régions du monde se réunissent pour échanger leurs points de vue sur la question. J'aimerais remercier le Fonds pour avoir répondu à l'appel en organisant le séminaire, récemment, sur l'avenir des DTS. J'espère qu'en nous appuyant sur cet enrichissant échange de points de vue, nous parviendrons à nous entendre sur cette épineuse question.

Je crois savoir que l'élargissement du rôle des DTS ne jouit pas d'un grand appui. Je répéterais toutefois que pour le Canada, il y aurait intérêt à instaurer une nouvelle allocation qui assurerait le traitement équitable des membres nouveaux n'ayant pas participé aux allocations de DTS antérieures. J'ajouterais que les pays des Caraïbes que je représente sont d'avis qu'il convient de redoubler d'effort pour renouveler l'allocation de DTS.

Coopération en matière de réglementation

Au Sommet économique de l'an dernier, les chefs de gouvernement du G-7 ont fait de la coopération en matière de réglementation et de surveillance le futur centre d'intérêt. Les efforts concertés du Comité de Bâle sur la surveillance bancaire et de l'Organisation internationale des commissions de valeurs sont encourageants, et c'est avec grand intérêt que j'attends la publication de leurs rapports.

Problèmes propres aux pays à faible revenu

Je vais maintenant parler des problèmes propres aux pays à faible revenu, en particulier, à ceux dont le fardeau de la dette est insoutenable. À cet égard, deux questions sous-jacentes doivent être abordées. La première concerne l'élaboration d'une stratégie visant à venir en aide aux pays pauvres les plus lourdement endettés et la seconde est de savoir le rôle que doit jouer le FMI dans une telle stratégie.

Je commencerai par exprimer ma reconnaissance au personnel du FMI et de la Banque mondiale, pour les travaux qu'il a menés au cours des derniers mois afin de dresser un cadre d'analyse des plus utiles pour traiter de cette question. Toutefois, je crains que les discussions amorcées sur la proposition ne s'enlisent et que nous ne perdions l'élan acquis ces derniers mois. Pour le moment, il est manifeste que pour un nombre restreint mais important de pays à faible revenu, la dette constitue un problème grave. Nous convenons tous de la nécessité d'adopter une approche globale pour apporter une solution réelle aux problèmes des pays pauvres les plus lourdement endettés, et nous reconnaissons qu'un traitement approprié de la dette multilatérale constitue le chaînon manquant de cette stratégie. Je crois également que l'on souhaite vraiment aborder cette question. Notre travail consiste aujourd'hui à donner une orientation claire favorisant une solution durable au problème.

Je déclarerai sans plus tarder mon appui pour le cadre de base établi par le Fonds et la Banque. La proposition rallie les banques commerciales, les créanciers bilatéraux officiels et les institutions multilatérales, et elle dépeint une approche globale qui permet de croire en l'accomplissement de réels progrès. De plus, je trouve encourageant le lien évident entre l'octroi d'une aide multilatérale exceptionnelle et la nécessité d'améliorer la prestation des services sociaux ainsi que la qualité des dépenses publiques. Pour progresser sur le front de la dette, il faut également réduire les dépenses inutiles, en particulier aux dépenses militaires excessives. Cela étant dit, il faudra à mon avis renforcer considérablement un certain nombre d'éléments de ce cadre de base.

Il n'y a aucun doute que les pays donateurs ont contribué, et continuent de contribuer, énormément à l'allégement de la dette. Pour l'instant, l'important est que les institutions financières internationales fassent une utilisation meilleure et plus créatrice de leurs propres ressources pour que ce cadre global fonctionne. L'instauration d'un mécanisme de répartition des frais de fonctionnement, exigeant que les créanciers bilatéraux procèdent en pratique à la radiation des créances qui leur sont dues et contribuent à un fonds fiduciaire de la dette multilatérale avant que les institutions multilatérales ne prennent des mesures d'allégement de la dette est une solution chimérique.

En outre, conformément à la proposition formulée, une aide multilatérale exceptionnelle ne serait offerte que tardivement dans le cadre du processus. Bien qu'il soit impératif de suivre de près l'exécution des engagements en matière de réforme, je crois fermement qu'il faille apporter une aide multilatérale le plus tôt possible pour sortir les pays dont la dette est insoutenable de leur trajectoire. Par exemple, le dossier de suivi triennal établi pour un traitement final du stock de la dette selon les Conditions de Naples s'impose à mes yeux comme une preuve acceptable du rendement, s'il est assorti d'engagements prospectifs, en particulier au chapitre de la qualité des dépenses publiques.

Ce qui m'amène à la deuxième question, soit le rôle que le FMI doit jouer dans une telle stratégie. Le Fonds doit à tout le moins continuer de pouvoir financer une Facilité d'ajustement structurel renforcée (FASR) de façon suffisante. De toute évidence, la FASR, qui constitue le seul mécanisme d'aide à des conditions de faveur du FMI, demeure un instrument essentiel à la résolution des problèmes propres aux pays les plus pauvres.

Le désaccord concernant le rôle du FMI gravite autour de la question du financement d'une telle initiative. Comme nous le savons tous, les budgets d'aide des pays donateurs sont aujourd'hui soumis à la nécessité de réduire les dépenses. Il est donc manifeste que l'affectation de ressources bilatérales à la FASR occasionnerait des coûts d'opportunité élevés, compte tenu des autres possibilités d'utilisation auxquelles elles se prêtent aux fins du développement.

Pour ma part, j'aimerais rappeler que les réserves d'or du FMI constituent la principale source viable de financement provisoire de la FASR. Ma position sur ce point est bien connue et je ne connais pas encore quelles sont les autres sources de financement viables préconisées par ceux qui s'opposent à cette proposition. J'ajouterais que certains actionnaires trouvent rassurant le fait que la FASR sera probablement suffisamment financée pendant encore plusieurs années. Malheureusement, le problème de la dette de certains des pays les plus pauvres ne sera toutefois par résolu à moins qu'une stratégie viable ne soit instaurée. Par ailleurs, il est vrai que les ressources existantes dureront encore quelques années. Nous ne devons pas perdre de vue que plus nous remettons notre décision à plus tard concernant la FASR, plus nous limitons nos options de financement.

Il est donc selon moi essentiel que la question soit réglée promptement pour que nous puissions aller de l'avant et adopter une approche globale afin de résoudre non seulement le problème de la dette multilatérale, mais aussi le problème généralisé de la dette des pays pauvres les plus lourdement endettés.


Dernière mise à jour :  2004-03-21 Haut

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