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Ottawa, le 23 avril 1996
1996-033

Notes pour une allocution du ministre des Finances du Canada, Paul Martin, devant le Comité de développement

Washington, D.C.
23 avril 1996

Le texte prononcé fait foi


Permettez-moi tout d'abord de saisir l'occasion de féliciter le président Wolfensohn pour les importants changements qu'il a entrepris à la Banque mondiale depuis qu'il est entré en fonction il y a moins d'un an. Je suis convaincu que sa détermination et son enthousiasme permettront de produire les transformations nécessaires pour faire de la Banque une organisation plus efficace et plus responsable à l'avenir.

Suivi du sommet de Halifax

Je suis d'autant plus heureux que ce processus de transformation soit bien engagé que les défis qui nous attendent sont nombreux et de taille.

Lors de la réunion du Comité du développement à l'automne, j'ai parlé du suivi du sommet de Halifax et du réexamen du rôle des institutions financières internationales. Les institutions de Bretton-Woods se sont montrées très favorable au sommet de Halifax, et ont souscrit à certaines réformes importantes. Cette volonté a reçu un appui général à l'extérieur du G-7 et, en conséquence, nous avons pu faire des progrès importants sur un certain nombre de fronts.

Mais il nous faut maintenant aller plus loin. Je crois que nous en sommes tous venus à comprendre que les institutions financières internationales doivent être équipées de façon à pouvoir répondre avec plus de souplesse aux nouveaux défis. Les besoins des pays bénéficiaires sont également en train de changer et l'aide qu'ils reçoivent doit être mieux adaptée aux besoins de plus en plus variés.

Le Canada et les autres grands actionnaires doivent opérer dans un climat de restructuration financière. Les Canadiens en sont déjà venus à comprendre qu'en une période de restriction financière, nous devons faire plus avec moins. Cela s'applique à l'interne, mais est tout aussi vrai pour les institutions multilatérales. Tout comme les institutions nationales, les institutions multilatérales doivent apprendre à opérer plus efficacement si elles veulent répondre aux besoins de leurs clients dans un monde où les ressources des donateurs se font plus rares. Chaque organisation doit se concentrer sur ce qu'elle fait le mieux, et le faire avec une relative assurance que le secteur privé et les ONG deviennent des partenaires de plus en plus importants et sûrs.

Si les ressources sont rares, les besoins des pays en développement ne peuvent être satisfaits que si nous travaillons tous ensemble, en équipe. Cela suppose une amélioration de la coopération et de la coordination, non seulement entre les fournisseurs de l'aide internationale, mais également entre ceux-ci et leurs partenaires emprunteurs. Si nous voulons relever les défis du développement au cours du 21e-siècle, nous devons cesser de travailler chacun dans son coin. Le Canada a toujours été favorable à cette approche multilatérale, et continue de croire que nous devons avoir pour objectif la constitution d'un système multilatéral coopératif et équitable.

Le Groupe de travail sur les banques multilatérales de développement

Toute réforme efficace nécessite un plan, et nous en avons un. Je salue les efforts du Groupe de travail sur les banques multilatérales de développement (BMD), qui a fait des progrès importants en matière de réforme multilatérale. L'examen global équilibré qu'il a fait des opérations des BMD a permis d'avancer un certain nombre de suggestions constructives pour améliorer la mise en oeuvre des politiques. Je voudrais souligner trois éléments clés du rapport, qui, je crois, méritent une attention particulière-:

  1. Les BMD doivent viser davantage les résultats. La réduction de la pauvreté doit rester l'objectif ultime des BMD. Mais il n'y a pas de pratique commune, aujourd'hui, consistant à déterminer les répercussions des opérations des BMD, en particulier sur les pauvres. En une époque de restriction des ressources, tous les donateurs doivent veiller à ce que les fonds soient utilisés de façon efficace, de façon aussi efficiente que possible au développement. Des méthodologies d'évaluation commune, en particulier l'utilisation d'indicateurs uniformes sur les effets des opérations sur le développement, sont nécessaires pour évaluer la mesure dans laquelle les BMD atteignent leur but de réduction de la pauvreté et de développement viable à long terme. Un travail considérable a déjà été accompli; il s'agit maintenant d'adopter une approche commune, et de veiller à ce que les conclusions soient largement diffusées. Je suis heureux de constater que les institutions elles-mêmes ont entrepris de relever ce défi en mettant sur pied leur propre groupe d'étude de l'évaluation.
  1. La coopération et la coordination ne peuvent être qu'utiles à l'amélioration des résultats. Premièrement, il faut partager l'information de façon plus systématique. Les BMD doivent collaborer autant que possible sur les plans de la collecte des données et des analyses économiques nationales; elles doivent tout particulièrement veiller à se donner des objectifs en matière de réduction de la pauvreté. Le principal instrument d'amélioration de la coordination consiste dans le processus de la stratégie d'aide aux pays (SAP); le pays hôte devrait prendre l'initiative de réunir les intéressés pour des discussions sur la SAP afin de créer un plus fort sentiment de solidarité dans le processus, et aussi d'améliorer la cohésion des politiques.

    Une coordination efficace entre les IFI est cruciale pour les emprunteurs. Mes collègues des Caraïbes membres de notre circonscription sont conscients du rôle important et productif que jouent la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement et la Banque de développement des Caraïbes dans leurs régions respectives. Nous réservons donc un accueil favorable à la recommandation du Rapport du Groupe de travail qui vise à pousser davantage cette relation coopérative des IFI tout en reconnaissant le rôle distinct que joue chacune de ces institutions.

    Les examens des dépenses publiques (EDP) sont un autre secteur clé de collaboration pour les donateurs. La Banque et le Fonds collaborent déjà sur ce plan; l'ensemble des BMD devraient suivre leur exemple. Les besoins de développement étant ce qu'ils sont, nous ne pouvons nous permettre de gaspiller les ressources. Les dépenses improductives, telles que les dépenses militaires excessives, devraient être une cible particulière des EDP. Pour favoriser la réduction de ces dépenses, les programmes de prêt des BMD devraient être liés de plus en plus étroitement à l'efficacité des dépenses publiques.

  2. Il faut que les besoins du développement du secteur privé soient mieux intégrés dans la politique et le travail concret des BMD à titre d'objectifs intermédiaires clés. La réduction de la pauvreté et le développement du secteur privé ne doivent pas être considérés comme des objectifs contradictoires. Le monde est en train de changer, et la plupart des pays reconnaissent maintenant le rôle essentiel joué par le marché, non seulement dans la croissance économique, mais également dans l'amélioration du niveau de vie et dans la création d'emplois. À cet égard, le développement du secteur privé peut entraîner un meilleur partage des retombées de la croissance, sous la forme de la création d'emplois et de l'élargissement des services de base.

Les BMD peuvent très concrètement aider les gouvernements à créer un milieu favorable au développement du secteur privé. On m'a dit à plusieurs reprises que l'un des principaux obstacles auxquels se heurtent les entreprises dans un certain nombre de pays est l'absence d'uniformité et de prévisibilité dans le cadre de réglementation; personne ne peut prendre le risque d'investir lorsque les règles changent en tout temps. Des efforts sincères doivent également être déployés pour combattre la corruption et égaliser les chances entre tous les investisseurs. Les BMD peuvent contribuer en aidant à créer un système fiscal équitable et transparent et en veillant au bon fonctionnement et à la bonne supervision du système bancaire. Ce genre de mesures sera essentiel pour aider les pays en voie de développement à gagner un accès sur les marchés de capitaux nécessaires pour soutenir le développement à long terme.

Pour que ne soient pas perdues les occasions de changement créées par le Groupe de travail, nous devons sérieusement examiner la façon de donner suite à ses recommandations. C'est une chose qui sera discutée lors de la séance restreinte d'aujourd'hui; permettez-moi de faire quelques suggestions préliminaires.

Pour ce qui est de la réponse générale des institutions, il faut envisager qu'elles remettent aux gouverneurs un rapport final dans un délai raisonnable (disons deux ans), et un rapport provisoire dans un an. Je sais que le Comité du développement n'est pas responsable des banques de développement régional, mais je crois que les chefs de ces institutions pourraient être invités à faire rapport aux gouverneurs à titre exceptionnel.

Chaque institution devrait établir des plans d'action pour donner suite à chaque recommandation; les réponses pourraient être discutés par son conseil d'administration au fur et à mesure que les questions pertinentes se poseront. La Banque mondiale, par exemple, pourrait faire un rapport provisoire sur les efforts qu'elle déploie pour collaborer à l'élaboration d'une méthodologie d'évaluation commune lorsque son rapport annuel sur l'évaluation des opérations sera examiné.

La dette multilatérale

La dette multilatérale est une autre question sur laquelle il est essentiel que les institutions agissent de concert. Parmi les actionnaires de la Banque, mais aussi parmi le public et les ONG, on s'inquiète de plus en plus du problème de l'endettement excessif d'un certain nombre, peu important mais trop élevé, de pays parmi les plus pauvres, notamment envers les institutions multilatérales. Lorsque cette question a été discutée l'automne dernier, nous avons demandé à la Banque et au Fonds de nous fournir une stratégie et des recommandations précises; je suis heureux de voir que les propositions concrètes ont été déposées pour les discussions d'aujourd'hui.

Le Canada, et les pays du groupe que le Canada représente, est conscient de la difficulté qu'un certain nombre de pays parmi les plus pauvres ont à gérer le fardeau de leur dette, et des entraves que cela pose à leurs possibilités de développement à long terme. Il faut adopter une approche globale du problème de la dette totale de ces pays; le cadre général qui nous est soumis aujourd'hui constitue un bon point de départ. Cela étant, je crois qu'il peut être sensiblement amélioré dans les secteurs suivants-:

  1. Le financement d'une initiative de la dette multilatérale. Hier, lors des travaux du Comité provisoire, j'ai souligné combien je suis favorable à l'autosuffisance de la facilité d'ajustement structurel renforcée. J'ai également indiqué clairement ma crainte qu'il ne faut pas compter sur l'apport de nouvelles ressources bilatérales substantielles. Les contraintes financières se font sentir non seulement sur les programmes intérieurs, mais également sur les budgets de l'aide extérieure, et je sais que le Canada n'est pas le seul dans ce cas. Avec l'augmentation de la demande et la réduction des moyens, les donateurs bilatéraux ne peuvent tout simplement pas offrir des niveaux sans cesse améliorés de réduction de la dette, de même qu'ils ne peuvent soutenir le fardeau de la réduction de la dette bilatérale de pair avec des contributions bilatérales aux nouveaux mécanismes multilatéraux. Par conséquent, nous devons étudier toutes les options raisonnables de déploiement des ressources multilatérales disponibles.

    Les conséquences ne seront pas les mêmes pour toutes les institutions. Au FMI, par exemple, il faudra, pour rendre la FASR définitivement autosuffisante, utiliser une partie des réserves d'or. Comme je l'ai dit à plusieurs reprises, c'est la source de financement la plus simple et la plus directe, et qui ne nuit en rien à la santé financière de l'institution. Qui plus est, je n'ai encore jamais vu de solution de rechange valable.

  2. Le calendrier de la prestation de l'aide multilatérale. Parallèlement au problème de financement et au besoin de trouver des ressources multilatérales supplémentaires, il faut fixer des échéanciers plus réalistes pour la prestation de l'aide multilatérale exceptionnelle. Je suis conscient qu'il faut que les bénéficiaires aient apporté la preuve de leur détermination à faire des réformes, mais je crois que cette détermination serait renforcée si l'aide peut être reçue plus rapidement.
  1. Il y a un risque de s'enliser dans des discussions sans fin, sans action concrète. Si une orientation précise et uniforme n'est pas donnée aux discussions qui se dérouleront sur des tribunes multiples et dans des directions variées, il sera impossible de s'entendre en temps opportun sur une initiative multilatérale de la dette. Nous avons la possibilité aujourd'hui de capitaliser sur le cadre analytique proposé et de faire avancer cet important débat.

Onzième reconstitution des ressources de l'IDA

S'il est vrai que beaucoup de pays en voie de développement connaissent une forte croissance et ont de plus en plus facilement accès aux capitaux privés, nous ne devons pas oublier que plus de trois-milliards de personnes continuent de vivre dans une extrême pauvreté. Le Canada et le groupe de pays qu'il représente ont toujours été très favorables à l'excellent travail accompli par l'IDA pour aider les pays les plus pauvres. Je suis heureux d'annoncer qu'en plus de notre contribution au Fonds Intérimaire, le Canada prendra une part de 3,75 pour cent au titre de IDA-11. L'aide de l'IDA sera essentielle aux pays les plus pauvres en améliorant leur accès aux ressources éducatives et sanitaires ainsi que les services d'adduction et d'évacuation des eaux et en offrant des possibilités d'emploi plus égales. Le Canada et l'Irlande se réjouissent d'avoir participé à la conclusion positive de la Onzième reconstitution de l'IDA dans des circonstances difficiles, permettant ainsi à l'IDA d'aller de l'avant maintenant et répondre aux besoins des pauvres au cours des trois prochaines années.

Réforme de la Banque

Comme je l'ai déjà dit, j'ai été impressionné par le dynamisme du président Wolfensohn et par sa détermination à faire des changements à la Banque mondiale. Il n'est pas facile de procéder à des réformes dans une organisation aussi vaste et complexe. Il a fait beaucoup en peu de temps. Ses efforts pour faire de la Banque une institution davantage axée sur la clientèle devraient permettre l'apparition d'un véritable partenariat entre la Banque et les pays membres emprunteurs. La délégation de pouvoirs aux bureaux est, je crois, une étape positive sur la voie du renforcement de l'intégration des agents de la Banque sur le terrain. Les opérations de la Banque seront également améliorées par la volonté du président d'entamer un dialogue ouvert et constructif avec les ONG.

La présence d'une équipe de direction forte et dynamique est essentielle à la réussite des efforts de réforme de la Banque. L'existence d'un esprit d'équipe véritable et de coopération entre le personnel et la direction est indispensable à la production de résultats durables.

Pour ce qui est des secteurs précis, je salue l'accent particulier qui est mis sur le développement du secteur privé, une priorité que j'ai déjà soulignée. La Banque peut jouer un rôle, non seulement en favorisant les prêts d'investissement au secteur privé, mais également en fournissant des conseils de principe. En aidant à améliorer les cadres réglementaires et les pratiques bancaires, elle contribuerait à accélérer les flux de capitaux et à mettre les pays emprunteurs sur la voie du développement viable.

En ce sens, les mesures prises récemment pour encourager le resserrement de la collaboration avec le groupe de la Banque mondiale sur les questions relatives au secteur privé est un pas dans la bonne direction. De même que la décision d'inviter des spécialistes du secteur privé à la Banque pour enrichir d'un point de vue plus concret la conception des opérations. Je souhaiterais que cet échange se fasse également dans l'autre sens de façon à ce que le personnel de la banque puisse obtenir une expérience directe du secteur privé.

Conclusion

Les choses évoluent nettement dans le sens d'un changement sensible du système multilatéral. À la Banque, ce mouvement a un champion en la personne du président Wolfensohn. En tant que gouverneurs, nous devons veiller à ce que les efforts déployés se traduisent par de meilleurs résultats sur le terrain. Beaucoup peut être accompli si nous combinons nos efforts et continuons sur cette lancée pour relever les défis du développement au cours du 21e-siècle.


Dernière mise à jour :  2004-03-21 Haut

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