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Ottawa, le 12 avril 2003
2003-024

Déclaration préparée à l’intention du Comité monétaire et financier international du Fonds monétaire international

L’honorable John Manley,
vice-premier ministre et ministre des Finances du Canada

Washington, D.C.

Le texte prononcé fait foi


Introduction

Nous nous réunissons à une période cruciale, une période où le monde est aux prises avec une grande instabilité économique et géopolitique. Les discussions d’aujourd’hui au Comité monétaire et financier international nous donnent l’occasion de nous attaquer aux défis économiques mondiaux actuels. Nous avons réalisé des progrès dans un certain nombre de secteurs clés, notamment l’amélioration de la surveillance, le renforcement de la prévention et du règlement des crises, et l’atténuation des obstacles à la croissance dans les pays à faible revenu. Il reste toutefois fort à faire.

L’économie mondiale : perspectives liées aux risques et défis stratégiques

Au cours des derniers mois, les perspectives mondiales ont été assombries par l’incertitude, liée dans un grand nombre de cas à la situation en Irak. Sur le plan économique, les craintes les plus vives au sujet des conséquences de la guerre ne se sont pas matérialisées. Le prix du pétrole est revenu aux niveaux de l’avant-guerre. Les marchés boursiers, même s’ils demeurent instables, n’ont pas été aussi faibles que certains le craignaient. Cependant, comme le précise le Fonds monétaire international (FMI) dans ses prévisions, il règne actuellement un climat de précarité, et la balance des risques est clairement négative. Il subsiste des risques liés à la fin de la guerre en Irak et à la possibilité d’autres activités terroristes.

Essentiellement, il faut dire que bon nombre des risques liés aux perspectives ainsi que le degré d’incertitude qui existaient avant les événements ayant mené à la guerre demeurent.

  • Au cours des dernières années, l’économie mondiale a été stimulée dans une large mesure par les dépenses de consommation aux États-Unis. Le dynamisme du secteur américain des ménages semble maintenant s’estomper. Parallèlement, rien n’indique que les investissements des entreprises veuillent reprendre de la vigueur afin de combler le vide.
  • Compte tenu de ce qui précède, il est plus important que jamais pour l’économie mondiale que la croissance en Europe et au Japon soit encore plus forte. Celle-ci demeure malheureusement décevante aux deux endroits.

Nous sommes donc à un point où un défi considérable se pose pour les décideurs. Il est crucial que les politiques macroéconomiques des pays industrialisés appuient l’expansion économique. Les politiques monétaires et budgétaires doivent être orientées vers la durabilité. Les politiques structurelles qui permettront d’accroître les possibilités de croissance et la marge de manœuvre des économies doivent quant à elles constituer un élément clé de nos prochaines stratégies économiques.

Au Canada, nous avons pris l’engagement de veiller à ce que les facteurs fondamentaux de l’économie soient en place. La performance vigoureuse de l’économie canadienne, qui contraste avec le ralentissement mondial, en fait foi.

Le gouvernement est désormais reconnu pour sa discipline budgétaire. À la fin de 2001-2002, il avait affiché cinq excédents budgétaires consécutifs, ce qui a permis de réduire progressivement la dette fédérale. La réussite observée sur le plan budgétaire, jumelée à un faible taux d’inflation soutenu, a eu un important rôle à jouer pour aider l’économie canadienne à éviter la récession en 2001 et rebondir vigoureusement en 2002, malgré le ralentissement économique mondial. Elle a permis aux politiques monétaires et budgétaires de soutenir l’économie au moment opportun au moyen de réductions des impôts et des taux d’intérêt. Le gouvernement fédéral a mis en œuvre en 2001 la réduction d’impôt la plus importante de l’histoire du pays, et la Banque du Canada a pu réduire les taux d’intérêt dès que l’économie a montré des signes d’essoufflement.

Le gouvernement s’est engagé à maintenir la discipline budgétaire en continuant de préconiser une approche prudente en matière de planification budgétaire. Compte tenu de l’engagement d’équilibre budgétaire prévu dans le dernier budget fédéral, qui comprend l’exercice venant de prendre fin ainsi que les deux suivants, le ratio de la dette au produit intérieur brut (PIB) devrait diminuer pour s’établir à 40 % d’ici 2004-2005. Cela permettra au Canada d’atténuer davantage sa vulnérabilité aux chocs et de jouir d’une plus grande marge de manœuvre stratégique.

En Irlande, la croissance du PIB a ralenti l’an dernier pour atteindre le niveau plus soutenable de 4 à 5 %, traduisant principalement le ralentissement mondial. Même si les perspectives pour 2003 sont assombries par la précarité géopolitique ambiante, l’économie devrait croître d’environ 3 %, sauf si le retour à la normale est retardé. Dans ce contexte, le gouvernement a prévu au budget un investissement important et soutenu dans l’infrastructure pour cette année, et un très léger déficit budgétaire. Dans le cadre d’un nouveau partenariat social, le pays envisage une hausse modérée des salaires pour la période qui s’annonce.

Les Caraïbes font face à de grandes difficultés. Les perspectives économiques de la région reposant grandement sur le tourisme et l’activité économique mondiale, la guerre en Irak pourrait avoir un effet particulièrement déstabilisant sur la région. Dans les circonstances, les gouvernements des Caraïbes s’efforcent d’accroître la compétitivité et de renforcer les finances publiques en réorientant les dépenses et en accroissant la perception des recettes. Jumelés à une amélioration rapide de l’activité économique mondiale et de la vigueur du secteur du tourisme, ces efforts permettront aux Caraïbes de s’appuyer sur la croissance économique observée dans la dernière partie de 2002.

Pour les économies des marchés émergents en général, l’importance de sains facteurs fondamentaux est manifeste. Plusieurs pays font face à de graves difficultés reliées à la croissance et au niveau de vie résultant en partie de leur trop grande vulnérabilité financière aux chocs extérieurs. Dans presque tous les cas, ces difficultés découlent de faibles facteurs fondamentaux de l’économie, comme une situation financière affaiblie, un régime de taux de change inadéquat ou un secteur financier vulnérable. Cette situation contraste grandement avec celle des marchés émergents qui ont travaillé à mettre en place de saines politiques et qui continuent ainsi de jouir d’une forte croissance économique ainsi que de l’accès aux marchés de capitaux.

Dans tous les pays, l’application d’un cadre de régie vigoureux est fondamentale afin de composer avec les périodes d’instabilité économique mondiale. Des institutions d’État efficaces, transparentes et responsables, des cadres réglementaires stricts et l’observation de la règle de droit sont les facteurs clés de la réduction de la pauvreté et de la croissance à long terme.

Le renforcement de la prévention et du règlement des crises

La prévention et le règlement des crises sont des éléments clés de la stabilité et de la croissance à long terme. Des progrès notables ont été réalisés au titre de la mise au point de mesures visant à aider les pays à prévenir les crises financières et à absorber les chocs éventuels.

Prévention des crises et surveillance par le FMI

Dans le cadre de son rôle de surveillance, le Fonds aide les pays à mettre en place des cadres stratégiques dynamiques, qui sont à la base d’une croissance soutenue. Les travaux conjoints du Fonds et de la Banque mondiale, notamment les rapports sur l’observation des normes et codes et le Programme d’évaluation du secteur financier, ont déjà contribué à accroître l’efficacité de la surveillance exercée par le FMI au moyen de meilleures évaluations des facteurs de vulnérabilité du secteur financier. Ils ont également permis d’accroître la transparence.

La surveillance doit toutefois être renforcée en rendant l’analyse plus incisive et davantage adaptée à la situation du pays concerné. Il faut des évaluations mieux focalisées et plus réalistes des principaux facteurs de vulnérabilité des pays ainsi qu’un plan plus clair des réformes à mettre en œuvre. L’analyse plus poussée doit également être appuyée par une plus grande franchise dans le cadre des discussions du conseil d’administration, afin de veiller à ce que la pression exercée par les pairs en faveur de l’adoption de saines politiques ne se transforme pas en protection par les pairs des politiques en vigueur. Enfin, le Fonds et ses membres doivent rendre publiques la plus grande quantité d’informations possible, conformément à la nécessité de procéder à des évaluations réalistes.

Règlement des crises financières

Les événements de la dernière année sont également venus mettre en lumière l’importance d’un cadre clair et prévisible de restructuration de la dette des pays souverains. Les travaux menés par le Fonds afin de mettre au point un mécanisme de restructuration de la dette des pays souverains ont permis de mieux comprendre un éventail de questions complexes auxquelles il faut répondre dans le cadre de tout exercice de refinancement de la dette.

Nous sommes également très encouragés par les progrès qui ont été réalisés afin de favoriser l’inclusion de clauses pour imprévus dans les contrats obligataires des pays souverains, sous le signe de la collaboration entre les secteurs public et privé. L’initiative prise récemment par le Mexique, qui consiste à inclure des clauses d’action collective dans ses contrats obligataires émis en vertu de la loi de New York, constitue une étape importante. Nous encourageons d’autres pays à suivre cet exemple. La mise au point d’un « code de bonne conduite » pourrait constituer un complément utile à cette initiative ainsi qu’à d’autres éléments du cadre de gestion des crises.

Cependant, l’adoption d’une politique adéquate sur les limites d’accès constitue le pivot d’un tel cadre. Des plafonds clairs doivent être établis au titre du financement public afin d’harmoniser les incitatifs visant les pays souverains emprunteurs et ceux visant leurs créanciers du secteur privé ainsi que de veiller à ce que des négociations constructives sur la restructuration de la dette interviennent tôt dans le processus. De grands progrès ont été réalisés afin d’établir les critères et les modalités d’accès à un financement exceptionnel, mais ces critères doivent être rendus opérationnels.

S’attaquer aux obstacles à la croissance dans les pays à faible revenu

Accroître les débouchés commerciaux

Pour un grand nombre de pays en développement, l’accroissement des débouchés commerciaux est l’un des facteurs les plus importants pour appuyer une croissance économique soutenue. Le lancement du Programme de Doha pour le développement a reconnu ce fait : les pays en développement ont beaucoup à gagner d’une meilleure intégration du système de commerce international. Tous les pays industrialisés doivent maintenant déterminer la meilleure façon de saisir l’occasion fournie par le Programme de Doha afin d’élargir l’accès des pays en développement aux marchés, surtout en vue de libéraliser le commerce agricole, d’accroître l’accès aux exportations de textiles et de vêtements ainsi que d’éliminer la progressivité des droits tarifaires sur les exportations de produits transformés des pays en développement.

L’accès aux marchés n’est toutefois pas qu’une question de rapports Nord-Sud. Plus de 70 % des droits versés par les pays en développement le sont à d’autres pays en développement, et les droits tarifaires sur les échanges commerciaux du Sud au Sud sont près de quatre fois plus élevés que les droits exigés pour le commerce du Sud au Nord. Les perspectives de réduction de la pauvreté et de croissance à long terme dans les pays en développement seraient donc grandement améliorées si la ronde de négociations de Doha devait aboutir à une réduction de ces facteurs de distorsion sur le commerce.

Enfin, les pays en développement ont cerné l’importance du renforcement de la capacité commerciale. Nous invitons instamment les institutions financières internationales, de concert avec l’Organisation mondiale du commerce, à mieux coordonner leurs efforts afin de veiller à ce que la question de l’aide technique liée au commerce soit plus efficacement intégrée aux cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté, aux programmes bénéficiant de l’appui du Fonds et aux stratégies propres à chaque pays mises en œuvre par la banque multilatérale de développement.

L’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE)

La réduction de la dette demeure un élément clé de notre stratégie visant à favoriser la réduction de la pauvreté et la croissance à long terme des pays en développement. Dans ce contexte, nous appuyons fortement l’Initiative améliorée en faveur des PPTE et la participation continue du FMI et de la Banque aux efforts d’allégement de la dette. Afin que les programmes d’allégement de la dette soient exécutés comme promis, nous devons rapidement donner suite à un certain nombre d’engagements laissés en suspens.

Premièrement, les donateurs doivent compléter le financement du Fonds fiduciaire en faveur des PPTE. Le Canada vient de verser une contribution de 75 millions de dollars, qui représente sa part du manque à gagner estimatif. De façon à atténuer les coûts administratifs, ces sommes ne seront pas réservées, mais seront disponibles immédiatement pour des opérations d’allégement de la dette. Nous nous attendons à ce que d’autres pays s’acquittent rapidement de leurs engagements pris le 24 octobre dernier à la réunion technique des donateurs.

Deuxièmement, l’allégement de la dette prévu par les donateurs, qui s’ajoute à l’Initiative en faveur des PPTE, ne doit pas être compris dans le calcul de l’aide d’appoint. Procéder autrement serait contraire à l’objectif consistant à offrir cet allégement additionnel et mènerait à un partage inéquitable de la dette entre créanciers.

Troisièmement, de plus grands efforts sont nécessaires afin d’encourager les pays qui ne sont pas membres du Club de Paris et les créanciers commerciaux à participer à l’Initiative en faveur des PPTE. Un trop grand nombre de créanciers ont choisi de ne pas offrir d’allégement de la dette, ce qui signifie qu’un grand nombre de pays pauvres ne profitent pas des mesures d’allégement dont ils ont besoin pour échapper de façon durable aux problèmes d’endettement.

Enfin, de nombreux PPTE souffrent d’une faible capacité de gestion de la dette. Nous plaidons en faveur de la prestation d’une aide technique accrue dans ce secteur clé, de manière à améliorer les perspectives de soutenabilité de la dette. Les centres d’assistance technique régionaux en Afrique du FMI constituent un important nouvel instrument à cet égard, et le Canada est heureux d’y contribuer 2,5 millions de dollars.

Conclusion

En raison de l’incertitude qui règne actuellement à l’échelle mondiale, les pays en développement et les pays industrialisés traversent une période intense et difficile. Nous avons toutefois beaucoup appris sur la façon de collaborer de manière constructive afin de relever ces défis. Nous avons également pris conscience de l’importance de l’application de saines politiques économiques afin de surmonter les périodes difficiles sur le plan économique. 


Dernière mise à jour :  2004-03-17 Haut

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