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Ottawa, le 12 avril 2003
2003-025

Déclaration préparée à l’intention du Comité du développement de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international

L’honorable John Manley,
vice-premier ministre et ministre des Finances du Canada

Washington, D.C.

Le texte prononcé fait foi


Introduction

L’incertitude géopolitique et économique croissante à laquelle le monde est actuellement confronté a été le principal point de mire de nos discussions hier au sein du Comité monétaire et financier international. Cette incertitude présente des difficultés particulières pour les pays en développement les plus pauvres qui travaillent en vue de réaliser les objectifs de développement du millénaire. Notre défi consiste à nous acquitter de notre engagement de réalisation des objectifs de Monterrey et de Johannesburg, et à collaborer dans le cadre d’un partenariat avec les pays en développement afin de trouver des façons d’établir un fondement plus solide pour la réduction de la pauvreté et la croissance économique dans l’avenir. Un élément clé de notre approche doit consister à aider les pays pauvres à participer plus activement à l’activité économique mondiale.

Collaborer pour soutenir la croissance et la réduction de la pauvreté

La capacité de croissance économique, de même que l’investissement social opportun, constituent les principaux moteurs de la réduction de la pauvreté. L’actuel ralentissement de l’économie mondiale ne fait que réaffirmer la nécessité d’axer nos efforts sur l’élimination des entraves à la croissance et la stimulation de la compétitivité dans les pays en développement. La tâche est colossale – les taux de croissance du produit intérieur brut de bon nombre des pays les plus pauvres, surtout en Afrique, devront doubler si ces pays veulent réaliser leurs objectifs de développement du millénaire. En outre, pour les petites économies des Caraïbes de notre groupe de pays, le ralentissement actuel de l’économie mondiale, la volatilité des prix du pétrole, la chute des investissements et la paralysie du secteur du tourisme menacent d’effacer les progrès déjà réalisés au chapitre de la réduction de la pauvreté et de la réforme. À Monterrey, à Johannesburg et au sein de ce comité, nous avons tous reconnu que la réalisation des objectifs de développement du millénaire requiert des partenariats plus solides – les uns avec les autres, avec des institutions internationales et avec la société civile. De plus, nos partenariats doivent refléter nos responsabilités mutuelles et notre obligation de rendre compte de nos actes.

Dans un grand nombre de pays en développement, la faiblesse de la gouvernance a été l’un des obstacles les plus fondamentaux à la réduction de la pauvreté et à la croissance à plus long terme, de même qu’à l’efficacité de l’aide au développement. En réalité, au cœur des discussions de Monterrey et du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NPDA) réside l’engagement ferme qu’ont pris les pays en développement d’améliorer leur cadre de gouvernance. Des institutions d’État efficaces, transparentes et responsables, des cadres réglementaires stricts, un investissement notable dans le capital matériel et humain, ainsi que l’enchâssement de la règle de droit sont essentiels pour une croissance soutenue. Cependant, une étude récente menée par le Département de l’évaluation des opérations de la Banque mondiale au sujet de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’évaluation des politiques et des institutions nationales de 2002 de l’Association internationale de développement (AID) indiquent qu’il reste d’importantes lacunes au chapitre de la gouvernance dans bon nombre de pays en développement. À mesure que les cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté deviennent le principal énoncé des stratégies nationales de développement, il est essentiel qu'ils accordent une importance beaucoup plus grande au renforcement des institutions, à l’élimination de la corruption et à la création d’un contexte plus propice à l’investissement et au développement du secteur privé.

Les pays industrialisés doivent également accepter une plus grande part de responsabilité dans le développement. Nous avons reconnu à Monterrey qu’un recours accru, sur le plan du volume comme sur celui de l’efficacité, aux ressources financières de l’extérieur est nécessaire pour placer les pays en développement sur la voie de la réduction de la pauvreté, du développement et de la croissance durable. Le Canada a réagi en augmentant de 8 % son budget annuel d’aide au développement, tandis que l’Irlande, comme l’a rappelé Taoiseach Bertie Ahern dans l’exposé qu’il présentait récemment à la Banque mondiale, a pris l’engagement d’atteindre d’ici 2007 la cible fixée par les Nations Unies au chapitre de l’aide publique au développement, qui correspond à 0,7 % du revenu national brut.

De plus, reconnaissant l’importance de l’allégement de la dette pour le développement et la réduction de la pauvreté, le Canada a récemment affecté une somme additionnelle de 75 millions de dollars au Fonds fiduciaire en faveur des PPTE – soit l’une des premières contributions de donateurs visant à compléter le financement du fonds. Aux termes de son initiative d’allégement de la dette, le Canada a mis en place un moratoire sur le service de la dette pour les PPTE admissibles, et il offre une annulation totale de la dette une fois que tous les objectifs de l’initiative ont été atteints. L’Irlande appuie l’allégement total de la dette financé par des donateurs bilatéraux pour les PPTE. Nous estimons que l’allégement de la dette offert en supplément de l’Initiative en faveur des PPTE ne doit pas être compris dans le calcul de l’aide d’appoint. De plus, nous croyons que des efforts plus intenses doivent être déployés afin de convaincre tous les créanciers de participer à l’Initiative en faveur des PPTE.

Parallèlement, les donateurs bilatéraux et multilatéraux ont eux-mêmes encore beaucoup de travail à accomplir pour harmoniser et simplifier leurs processus et leurs procédures à l’appui des stratégies des pays en développement visant à accroître l’efficacité de l’aide, à réduire les coûts des opérations et à favoriser la propriété locale. Dans cette optique, nous soutenons les travaux continus des banques multilatérales de développement qui visent à accroître la coordination, et nous nous réjouissons de la décision de la Banque mondiale de modifier ses pratiques afin de canaliser une plus grande part de ses ressources par l’entremise de mécanismes coordonnés au niveau des pays en développement. Le Canada appuie fortement les résultats du Forum de haut niveau sur l’harmonisation, tenu récemment à Rome, qui incluent des principes pour des pratiques exemplaires mis au point par le Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques.

Le Canada accélérera la cadence de ses efforts d’harmonisation. L’Irlande, avec d’autres donateurs, donnera suite aux engagements qu’elle a pris au Forum de haut niveau de Rome en participant à l’initiative d’harmonisation des pratiques de la Zambie. Nous avons bon espoir que les institutions multilatérales, les donateurs et les pays en développement mettront de plus en plus l’accent sur les cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté et appliqueront des processus stratégiques conjoints comme les approches sectorielles au niveau national.

Notre capacité à prouver l’efficacité de l’aide sera cruciale afin de mobiliser des ressources bilatérales additionnelles au titre de l’aide au développement. L’une des leçons les plus importantes de notre expérience collective de l’aide au développement nous a appris que l’aide est la plus efficace quand elle cible les pays qui appliquent de saines politiques sociales et économiques. Le Canada soutient donc fortement le mécanisme d’attribution fondée sur le rendement de l’AID et il estime que d’autres institutions bilatérales et multilatérales doivent créer un lien beaucoup plus fort entre l’application de saines politiques sur le terrain et le volume de l’aide accordée.

Le fait d’avoir une meilleure idée des résultats de nos efforts d’aide au développement nous permet aussi de prouver l’efficacité de cette aide. Le groupe de pays, qui réunit le Canada, l’Irlande et des pays des Caraïbes, se réjouit des efforts récents de la Banque mondiale et d’autres banques multilatérales de développement qui, en étroite collaboration avec les Nations Unies, visent à renforcer la mesure et la surveillance des résultats du développement. Nous applaudissons également à l’initiative récente de la Banque qui consiste à nous remettre des rapports périodiques de surveillance au sujet des mesures adoptées par des pays en développement et par des pays industrialisés afin de réaliser les objectifs de développement du millénaire. Nous nous attendons toutefois à ce que la Banque continue de coordonner ces travaux en étroite collaboration avec ceux des organismes des Nations Unies chargés de diriger les efforts internationaux de surveillance des progrès réalisés à l’égard des objectifs de développement du millénaire.

Le commerce doit être un élément clé de la croissance et de la réduction de la pauvreté

Pour que les pays en développement puissent participer équitablement au système du commerce mondial, l’un des facteurs les plus cruciaux consiste à améliorer leurs perspectives de croissance économique. Il est clair que l’aide au développement ne permettra pas à elle seule d’aider les pays en développement à échapper à la pauvreté et à réaliser les objectifs de développement du millénaire. La réduction des entraves au commerce pourrait toutefois stimuler la croissance économique dans les pays en développement et assurer une réduction durable de la pauvreté.

Nous devons veiller à ce que le cycle de Doha soit véritablement un « cycle en faveur du développement ». Nous devons accomplir de réels progrès sur le plan de l’accès aux marchés pour un vaste éventail de produits. Dans ce contexte, le Canada a éliminé, le 1er janvier 2003, les droits tarifaires et les contingents sur presque toutes les importations des pays les moins avancés. L’élargissement de l’accès aux marchés doit toutefois aller de pair avec l’élimination des subventions qui ont un effet de distorsion sur le commerce. Les coûts directs des subventions agricoles, en particulier, éclipsent les transferts d’aide des pays industrialisés aux pays en développement. Il y a toutefois pire : ils ont un effet de distorsion sur les marchés agricoles dans les pays industrialisés et dans les pays en développement. Au-delà de l’agriculture, nous devons améliorer les mesures disciplinaires relatives au recours aux subventions et aux mesures compensatoires et antidumping afin de ne pas nuire à l’accès aux marchés. Ces problèmes ne sont toutefois pas qu’une question de rapports Nord-Sud. Les pays en développement eux-mêmes maintiennent fréquemment des entraves importantes au commerce régional et aux échanges Sud-Sud, qui devraient constituer un catalyseur important de l’éventuelle croissance de ces pays.

Ces mesures ne peuvent toutefois pas garantir à elles seules que les pays en développement réussiront à profiter des bienfaits de marchés plus ouverts. De nombreux pays en développement, surtout les plus pauvres, n’ont pas la capacité de participer efficacement aux négociations commerciales multilatérales et de profiter de la libéralisation des marchés. De concert avec d’autres organisations bilatérales et multilatérales, la Banque mondiale a un important rôle à jouer dans la prestation d’une aide technique au chapitre du renforcement des capacités et de l’infrastructure du commerce. Dans le cadre du NPDA, le Canada collabore avec des organisations multilatérales et des pays d’Afrique en vue d’accroître la capacité commerciale africaine et de renforcer le rôle de l’Afrique dans le cadre des négociations commerciales multilatérales. Nous nous réjouissons de l’accent accru que met la Banque sur l’analyse des politiques et la recherche sur le commerce. La Banque doit toutefois veiller, en intégrant les préoccupations relatives au commerce aux stratégies d’aide par pays et en visant avec les pays en développement à mettre davantage l’accent sur le commerce dans les cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté, à ce que ces travaux se traduisent en mesures concrètes et en résultats tangibles dans les pays en développement. En particulier, nous invitons instamment la Banque à adopter d’autres mesures afin de s’attaquer au renforcement de la capacité commerciale, y compris en améliorant le suivi des études diagnostiques sur l’intégration du commerce menées dans le contexte du Cadre intégré pour l'assistance technique liée au commerce en faveur des pays les moins avancés.

La reconstruction après la guerre en Irak

La stabilité sociale et économique est un élément clé de la stabilité politique à long terme. Il est important que la collectivité internationale commence rapidement à planifier la tâche importante qui consiste à aider le peuple irakien à reconstruire son économie et sa société. Les institutions internationales ont un rôle important à jouer dans ce processus et nous encourageons leur participation.

Mieux faire entendre les pays en développement au sein des institutions financières internationales

Avant de conclure, j’aimerais parler brièvement de l’objectif consistant à faire entendre les pays en développement au sein des institutions de Bretton Woods. Nous reconnaissons depuis longtemps que le succès des politiques de développement repose sur la participation active des pays qui en bénéficient. Une participation plus active des pays en développement aux travaux de la Banque et du Fonds permettrait d’améliorer l’élaboration des politiques et de renforcer, chez les pays en développement, le sentiment d’appartenance par rapport aux politiques proposées par les institutions.

La Banque et le Fonds peuvent adopter des mesures immédiates afin de mieux faire entendre la voix des pays en développement. En nous appuyant sur les propositions d’administrateurs africains, nous invitons la Banque et le Fonds à affecter les ressources financières et l’aide technique de manière à permettre aux bureaux des administrateurs des pays en développement, et aux fonctionnaires en poste dans les capitales qu’ils représentent, d’analyser les principaux enjeux cernés par la Banque ou le Fonds, et de s’y attaquer. À moyen et à long terme, les membres de la Banque et du Fonds devront réfléchir à un certain nombre de propositions plus complexes qui pourraient élargir la représentation des pays en développement au sein des conseils d’administration des deux institutions.

Conclusion

Dans le climat économique mondial difficile qui règne actuellement, le défi consistant à favoriser la croissance économique et la réduction de la pauvreté dans les pays en développement est immense. La réunion de Monterrey a toutefois permis de réaffirmer notre mandat et d’accroître les ressources dont nous aurons besoin pour nous attaquer au problème de la pauvreté mondiale. Il ne s’agit pas d’un projet à court terme. Nous devons nous mettre à la tâche dès aujourd’hui, tirer des leçons du passé, et reconnaître que l’application de saines politiques économiques et sociales et du cadre de gouvernance qui s’impose constitue le fondement de la prospérité à long terme. 


Dernière mise à jour :  2004-03-17 Haut

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