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Le 14 juin 2003
Toronto, Ontario

Déclaration de l’honorable John Manley, vice-premier ministre et ministre des Finances, devant la chambre de commerce indo-canadienne

Le texte prononcé fait foi


Je vous remercie de cette charmante présentation, Madame Merchant.

M. [Kris] Krishnan, distingués invités, Mesdames et Messieurs.

Je suis très heureux d’être à Toronto aujourd’hui, une ville récemment confrontée à de gigantesques défis et qui les a relevés avec professionnalisme et détermination, particulièrement grâce aux travailleurs de la santé dont le dévouement mérite d’être souligné. Je suis très heureux de voir des centaines d’entre vous ici ce soir, au centre-ville de Toronto, en vue de passer une bonne soirée ensemble. La communauté indo-canadienne réunie ici ce soir donne l’exemple en montrant au monde que Toronto est sécuritaire et disposée à accueillir les conventions, les touristes de même que les amis et la famille dans cette magnifique ville.

En ma qualité de vice-premier ministre et ministre des Finances, je profite de l’occasion pour souligner les nombreuses contributions de votre communauté et de votre pays d’origine à la société canadienne. J’aimerais également profiter de ce moment pour féliciter en particulier les membres de votre communauté auxquels nous rendons hommage ce soir. Au nom du gouvernement du Canada, je salue également vos réalisations.

À titre personnel, je suis très heureux de venir vous parler de mon attachement profond à l’Inde, et des merveilleux souvenirs que je conserve de mon séjour dans ce pays en janvier de l’an dernier.

Mon intérêt pour l’Inde, qui est profondément ancré et de longue date, n’a toutefois pas commencé avec ce séjour. En fait, comment ne pas être fasciné par l’Inde? Un pays de plus d’un milliard d’habitants, où sont parlées quelque 17 langues officielles, et qui s’étend sur tout un sous-continent. Un pays qui abrite de nombreuses cultures si riches en histoire, malgré sa jeunesse relative à bien des égards. Un pays au passé fascinant et à l’avenir plein de promesses. Une telle destination ne peut que susciter l’enthousiasme et l’exaltation. Malheureusement, il a fallu plus de temps pour m’y rendre que je ne l’aurais espéré. Le refroidissement des relations indo-canadiennes qui a suivi les essais nucléaires de 1998 n’est pas étranger à cette situation.

À ma nomination au poste de ministre des Affaires étrangères le 17 octobre 2000, j’ai établi que la revitalisation des liens entre l’Inde et le Canada devait constituer une priorité immédiate pour notre gouvernement. Le 20 mars 2001, cet engagement s’est concrétisé quand j’ai annoncé notre rengagement formel à l’égard de l’Inde. Il s’agissait là d’une étape importante et positive pour un certain nombre de raisons. Évidemment, d’abord et avant tout, elle a pavé la voie au rétablissement des liens officiels entre nos deux grands pays.

Ce geste comportait toutefois une autre conséquence qui, je peux l’avouer aujourd’hui - en toute honnêteté et égocentrisme - était la plus importante dans mon esprit. Voyez-vous, en annonçant le rengagement à l’égard de l’Inde, le gouvernement préparait également le terrain pour ma première visite dans ce pays, un voyage que j’ai fait en compagnie de mon épouse Judith, en janvier de l’an dernier. Il s’agissait d’une visite menée pour des raisons professionnelles, et à ce titre, elle a été couronnée d’un très grand succès. Mais au-delà des motivations professionnelles, ce séjour a été très marquant du point de vue personnel.

La visite a été, comme le sont souvent les rencontres officielles, trop brève et trop remplie d’activités - à Amritsar, à Delhi, à Agra, à Mumbai et à Chennai. Je peux vous garantir que tous ces arrêts ont été mémorables. Partout, l’accueil du peuple indien a été chaleureux et il m’a semblé qu’à chaque détour, un élément nouveau venait susciter la réflexion, l’émotion ou, tout simplement, l’émerveillement.

Le Taj Mahal est probablement le plus beau site que nous ayons vu pendant notre voyage. Je ne suis pas le premier, et je ne serai sûrement pas le dernier, à déclarer que le Taj a dépassé mes attentes. Judith et moi sommes demeurés littéralement sans voix devant sa grande beauté.

À Delhi, j’ai visité le magnifique temple Birla. Judith et moi avons non seulement été impressionnés par ce temple hindou, mais nous avons également eu le privilège de recevoir la bénédiction du pandit - un geste dont j’attends beaucoup de bien dans les mois à venir!

La visite du Temple d’or à Amritsar a cependant été l’expérience la plus émouvante de notre voyage. À de nombreux égards, elle a donné le ton au reste de notre séjour en Inde.

Avant d’entrer dans le bâtiment principal du temple, nous avons visité la salle Lungar où sont préparés chaque jour des repas pour des milliers de personnes, dont de nombreux pèlerins qui visitent ce lieu saint. Dans le cadre de notre visite du temple, j’ai pu voir les écritures originales des gourous, dans des livres saints disposés un peu partout dans le bâtiment. Ce fut une expérience mémorable et quelle que soit votre religion, il est impossible selon moi de ne pas ressortir ému de cet endroit.

Le dernier moment que j’aimerais partager avec vous est toutefois celui qui m’a le plus marqué à titre personnel. Comme certains d’entre vous le savent peut-être, le père de Judith est né à Chennai, et son grand-père était contremaître à la fonderie de l’endroit. Nous avons donc pris le temps de visiter la maison où mon beau-père est né. Judith n’a pu retenir ses larmes, et j’ai aussi été très ému en visitant l’école du quartier et en déambulant dans les rues où jouait son père quand il était enfant. La visite d’une grande ville industrielle comme Chennai, qui compte quelque quatre millions d’habitants, avec toute l’énergie et la vitalité que comporte un tel endroit, constitue déjà une expérience marquante en soi. Mais voir cette ville et réaliser qu’un membre de votre propre famille y a vu le jour vous fait prendre conscience de vos racines. C’est ce que Judith et moi y avons vécu. Une expérience tout simplement incroyable.

Ma fille, Becky, vit en ce moment même une expérience semblable. Elle s’apprête à entrer en troisième année de médecine vétérinaire à l’Université de Guelph, et avec une collègue étudiante, elle voyage présentement en Inde pour deux mois et s’est portée volontaire pour travailler dans différentes cliniques vétérinaires. Elle a déjà fait un stage au National Camel Institute à Rajasthan et a travaillé dans une clinique vétérinaire à Mumbai. Elle soigne maintenant des éléphants à Kerala. Je sais que cette expérience changera ma fille et c’est pourquoi sa mère et moi avons appuyé sa décision d’y aller avec enthousiasme. Nous savons combien notre visite en Inde nous a nous-mêmes changés.

J’ai choisi aujourd’hui de commencer en vous livrant ces quelques réflexions personnelles sur l’Inde non seulement en raison de mon attachement véritable pour ce pays mais également pour illustrer mon propos. Ce que je veux dire, c’est que les rapports entre le Canada et l’Inde ont été transformés, il y a longtemps de cela, au-delà des considérations officielles et de protocole qui caractérisent les relations entre deux États. J’estime que les rapports entre les deux pays se situent à un niveau beaucoup plus humain, et beaucoup plus personnel. Évidemment, ce ne sont pas mes liens et mon expérience qui me font dire cela, mais plutôt les vôtres. Environ un million de Canadiens d’origine indienne vivent ici aujourd’hui. Autrement dit, un Canadien sur 30 est d’origine indienne.

Au fil des ans, ce n’est un secret pour personne, les relations entre les gouvernements de l’Inde et du Canada ont connu des hauts et des bas. J’ai bien précisé que je parlais des relations officielles entre les gouvernements. Je ne parle pas ici des dizaines de milliers de familles et d’amis indiens qui ont parcouru des milliers de kilomètres pour refaire leur vie ici. Des dizaines de milliers d’Indiens venus au Canada - et des milliers d’autres qui continuent de venir. Aujourd’hui, l’Inde vient tout juste derrière la Chine pour ce qui est du nombre d’immigrants qu’elle fournit au Canada.

Ce qui me frappe le plus dans cette statistique, c’est qu’elle survient à un moment de très forte croissance économique en Inde. Au cours de la dernière décennie, l’Inde a connu une croissance annuelle moyenne de plus de 6 %. En fait, dans un grand nombre des États les plus peuplés, ce chiffre dépasse les 8 %. En outre, cette croissance a eu des conséquences réelles et de portée générale pour le peuple indien. Les taux de pauvreté diminuent à un point tel que l’indice de développement humain du Programme de développement des Nations Unies est passé de faible à moyen. Le sous-continent demeure évidemment confronté à de nombreux défis, mais l’Inde s’y attaque avec une énergie nouvelle, une assiduité accrue et une imagination renouvelée. C’est cette énergie, cette assiduité et cette imagination que les immigrants indiens ont apportées avec eux au Canada.

Aujourd’hui, la réussite économique de l’Inde a été, je suis fier de l’affirmer, exportée en sol canadien. Les Canadiens d’origine indienne occupent non seulement nos salles de cours, mais également nos conseils d’administration. Dans de nombreux domaines, les réalisations de la collectivité indo-canadienne sont de plus en plus impressionnantes et évidentes. Elles peuvent être observées dans le domaine de l’industrie, dans les médias, dans les administrations publiques aux échelons provincial et fédéral, et aujourd’hui, à la table du Cabinet à Ottawa. Et même dans l’industrie du divertissement. J’ai récemment dîné avec mon nouvel ami Deepa Mehta à Ottawa, au domicile du haut-commissionnaire Tripathi. J’ai bien aimé le film Bollywood Hollywood. L’avez-vous vu? Je vous encourage à le voir, c’est très divertissant.

Les petites et moyennes entreprises qui font actuellement la force de l’économie indienne ont le même effet au Canada, et un grand nombre d’entre elles sont dirigées par des membres de la collectivité indo-canadienne. Bon nombre de ces réussites, à n’en pas douter, sont attribuables à certains d’entre vous, particulièrement aux récipiendaires auxquels nous rendrons hommage ce soir et à ceux des années passées. Ce faisant, nous devons également souligner le rôle de la chambre de commerce indo-canadienne dans le bon fonctionnement des relations canado-indiennes, que ce soit en participant aux missions commerciales comme celle dirigée par Pierre Pettigrew l’an dernier, en émettant des commentaires lors des réunions de Focus India organisées par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international ou en représentant ses membres sur des questions chères à votre groupe d’affaires.

En fait, nous tous ici présents aujourd’hui partageons tous une grande réussite, aux nombreuses facettes. Si vous êtes venus de l’Inde, vous arrivez de l’une des sources d’énergie économique les plus rapides au monde. Ma rencontre avec Ratan Tata et la famille Ambani lors de mon séjour à Mumbai en est un excellent exemple. Ce sont des familles impressionnantes, très dévouées et à l’esprit d’entreprise très développé.

Et vous arrivez dans un pays qui mise précisément sur le même type d’énergie que j’ai eu le loisir de constater à Mumbai. Même en plein ralentissement mondial, la croissance de l’économie canadienne se poursuit. Le produit intérieur brut réel du Canada a augmenté de 2,4 % pendant le premier trimestre de 2003. Le Fonds monétaire international et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoient tous deux que le Canada, avec les États-Unis, mènera les pays du G-7 au chapitre de la croissance cette année et l’an prochain. Notre économie a continué à créer des emplois, soit près de 600 000 depuis le début de 2002, ce qui permet de rétrécir davantage l’écart des taux de chômage qui existent entre le Canada et les États-Unis.

De plus, notre gouvernement maintient un excédent budgétaire, au moment où un grand nombre d’administrations continuent de s’endetter. En fait, l’OCDE s’attend à ce que le Canada soit le seul pays du G-7 à afficher un excédent budgétaire. Elle prévoit aussi que le fardeau de la dette au Canada sera le deuxième moins élevé du G-7 l’an prochain et qu’il sera, pour la première fois en 15 ans, égal à celui des États-Unis.

Depuis qu’il a rétabli l’équilibre budgétaire il y a six ans, notre gouvernement a réduit la dette fédérale de plus de 47 milliards de dollars. Il fut un temps où le fardeau de cette dette pesait lourdement sur notre gouvernement. Sur chaque dollar payé par les contribuables, jusqu’à 36 cents devaient être consacrés au service de la dette. Après avoir assaini les finances publiques, nous avons pu accorder aux contribuables un allégement fiscal fort nécessaire. Nous avons instauré en 2000 le plan de réduction de l’impôt sur le revenu des particuliers et de l’impôt des sociétés le plus important de l’histoire du pays, d’une valeur de plus de 100 milliards de dollars sur cinq ans. Une fois mises en oeuvre, ces allégements d’impôt réduiront de 27 % l’impôt fédéral moyen sur le revenu pour une famille avec des enfants. Sur les plans financier et économique, le Canada a franchi une importante étape de son programme. Nous y sommes parvenus ensemble par la force de notre travail, et c’est ensemble que nous allons en récolter les fruits.

Mesdames et Messieurs, la réussite canadienne ne se limite toutefois pas à ces simples chiffres. Outre son caractère économique, elle comporte un volet social. Elle a un visage humain. À mon avis, cette réussite se lit dans les visages des personnes ici présentes. Nous avons tous, autant que nous sommes, immigré dans ce pays. Nous avons apporté nos outils, nos talents et notre détermination, et nous faisons de notre mieux, pour notre famille comme pour nous-mêmes. Par la même occasion, nous faisons également ce qu’il y a de mieux pour notre pays. Tout au long de son histoire, le Canada a accueilli des millions de personnes des quatre coins de la planète, et il est devenu leur terre d’adoption. En échange de cette générosité, le Canada a été remboursé au centuple.

Je vous ai dit plus tôt que mon voyage en Inde avait été mon premier. Je n’y suis pas retourné, mais vous pouvez être certains que je le ferai. Non seulement en raison de la grandeur et de l’histoire du pays - même si ces deux éléments suffiraient. J’y retournerai plutôt pour les gens. Pour leur accueil, leur énergie et leur enthousiasme pour l’avenir. Bon nombre des mêmes qualités que j’observe ici aujourd’hui.

Je vous remercie beaucoup.


Dernière mise à jour :  2004-03-17 Haut

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