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Ottawa, le 5 mars, 2001
2001-025

Allocution de l’honorable Paul Martin, ministre des Finances du Canada, à l’occasion d’un déjeuner offert par la British Columbia Technology Industries Association

Vancouver (Colombie-Britannique)
le 5 mars 2001

Le texte prononcé fait foi.


Je remercie la B.C. Technology Industries Association de m'avoir généreusement invité à entreprendre le processus de consultation qui nous mènera au prochain budget.

D'abord, il ne fait nul doute que nous vivons une période d'incertitude économique. Les États-Unis sont en plein milieu d'un ralentissement, et il reste à voir combien de temps et dans quelle mesure ce ralentissement se poursuivra, mais le Canada sera assurément touché. Cela dit, ce n'est pas la première fois que nous sommes confrontés à des soubresauts économiques depuis que nous sommes au pouvoir. Nous avons dû absorber d'importants chocs économiques provenant de l'étranger deux fois dans les sept dernières années – la crise du peso mexicain de 1994, et la crise asiatique d'il y a deux ans, que vous vous rappelez très bien en Colombie-Britannique

La situation actuelle nous préoccupe-t-elle? Bien entendu. Nous n'avons cependant jamais été, depuis des décennies, en aussi bonne position qu’aujourd’hui pour relever des défis économiques. Notre compte courant est en position excédentaire, le revenu disponible est à la hausse, notre productivité est croissante, notre inflation est faible et notre dette baisse. Nous sommes les premiers du G-7 au chapitre de la création d'emplois depuis quatre ans, et on nous prédit cette année la plus grande croissance économique du G-7. De plus, les mesures de stimulation de l'économie que nous appliquons depuis janvier commencent tout juste à se faire sentir. Ces mesures incluent les réductions d'impôt les plus importantes de notre histoire – des réductions qui, par habitant, sont six fois plus importantes que celles que propose le président Bush pour cette année.

Ce qu'il faut retenir, c'est que nous avons fait – et que nous continuerons de faire – le nécessaire pour neutraliser l'effet du ralentissement de l'économie américaine. Nous ne devons surtout pas répéter les erreurs d'administrations antérieures.

Ainsi, dans la mesure où les ressources le permettront, nous devons continuer de réduire le fardeau fiscal des familles et des entrepreneurs canadiens. De plus, nous devons veiller à ce que notre ratio d’endettement continue de baisser. Bref, nous ne devons pas gaspiller les avantages pour lesquels les Canadiens et les Canadiennes ont travaillé si fort dans les sept dernières années.

Cela dit, même s'il est crucial de réduire la dette et les impôts, force est d'admettre qu'il ne s'agit là que d'un point de départ. Il reste d'autres problèmes à régler, et c'est là-dessus que j'aimerais consacrer mes observations d'aujourd'hui. La mondialisation, d'une part, et la cascade des nouvelles technologies, d'autre part, sont les secteurs déterminants de notre époque. La façon dont nous réagirons, maintenant et dans la prochaine décennie, aux pressions et aux possibilités du nouveau contexte qu'elles créent, déterminera la qualité de vie et le niveau de réalisation, non seulement de nos enfants, mais de ceux de générations à venir de Canadiens.

C'est la raison pour laquelle j'estime que les consultations d'aujourd'hui sont si importantes. Pourquoi? Parce que la première chose à faire consiste à considérer ce nouveau contexte sous un angle nouveau et à le remettre en question avec de nouvelles idées.

Un pays n'est pas un bilan financier. Les citoyens ne sont pas de simples actionnaires d'une entreprise colossale appelée Canada. Ils doivent éprouver un sentiment d'appartenance, sentir qu'ils ont leur mot à dire dans les décisions qui les touchent. Ils doivent savoir que nous sommes prêts à renverser la sagesse traditionnelle, à tester de nouvelles idées et à avancer de nouvelles hypothèses.

Par exemple, discutons de l'effet de la mondialisation sur la notion que nous avons de la citoyenneté. Déterminons comment une société moderne peut être à la fois compétitive et généreuse. Voyons comment l'excellence peut constituer notre norme et l'équité, notre objectif. Parlons des possibilités et des moyens de les élargir; de l'innovation et des façons de la favoriser; de l'assurance-maladie et de la manière de la renforcer; de l'environnement et de la façon de le protéger; de la pauvreté des enfants et des moyens de l'éliminer.

Établissons quel est l'équilibre à atteindre entre la réduction des impôts et la prestation des services de base. N'oublions toutefois pas de tenir compte de l'évolution du rôle que doit jouer le gouvernement. Voyons comment nous pouvons aider le jeune ingénieur en informatique à parfaire ses compétences, sans oublier de déterminer comment nous pouvons aider la mère célibataire ou le travailleur d'usine mis à pied à retrouver un emploi rémunéré. Bref, profitons de ces consultations pour déterminer le genre de société à laquelle nous aspirons et le type d'économique que nous voulons créer. Nous ne pouvons pas – et nous ne devons pas – accepter que des écarts plus grands – de revenu et de possibilités – soient une conséquence inévitable de la croissance économique. Nous ne pouvons simplement pas nous permettre de tracer une ligne entre ceux qui ont accès à de meilleurs emplois et ceux qui n'y ont pas accès; entre ceux qui ont accès à la technologie et ceux qui n'y ont pas accès.

Ce principe, celui de l'égalité des chances, doit être le principal impératif de notre époque. Pour réaliser cet objectif, un second principe découle du premier, et c'est le message que je tenais à vous communiquer aujourd'hui : le Canada doit être le siège de l'économie du savoir.

Les nouvelles technologies créent de nouvelles industries. Les nouvelles industries débouchent sur de nouveaux marchés – des marchés mondiaux –, et les marchés mondiaux se traduisent par de nouvelles règles. La première règle, c'est qu'il ne faut jamais être deuxième. Celui qui prend l'initiative a le privilège d'exploiter de nouveaux créneaux; il a une longueur d'avance et il établit la norme que ses rivaux devront surpasser.

Peu de gens sont aussi bien placés que vous pour comprendre que le changement technologique et la mondialisation représentent une transformation profonde de l'organisation de la société, de la façon dont les particuliers et les pays doivent se préparer pour connaître le succès, de la manière dont les économies fonctionnent et dont les emplois sont créés.

Malgré la volatilité du secteur de l'Internet, la portée et les répercussions du changement technologique demeureront à l'origine de la croissance économique dans tous les secteurs : l'information et la biotechnologie d'aujourd'hui, la nanotechnologie et la science génomique de demain. C'est dans ce changement technologique que réside la « véritable » nouvelle économie – non dans les tendances spéculatives à court terme, mais dans le changement à long terme et dans le flux révolutionnaire de nouvelles technologies.

Comment pouvons-nous aider les Canadiens et les Canadiennes à saisir les possibilités de l’époque actuelle? Pour être à la fine pointe de la technologie, comment allons-nous concilier les deux impératifs que sont l'égalité des chances pour tous et la nécessité d’être toujours à l’avant-garde? Autrement dit, comment veiller à ce que nous disposions d'un système d'enseignement incomparable et d'un milieu de recherche-développement qui, non seulement favorise l'innovation, mais la reconnaît comme moteur de croissance économique?

Dans les dernières années, nous avons instauré des régimes enregistrés d'épargne-études améliorés pour aider les parents à épargner en prévision des études de leurs enfants. Nous avons octroyé des fonds pour permettre aux personnes déjà sur le marché du travail de parfaire leurs compétences. Nous avons accru l'aide aux diplômés qui ont de la difficulté à rembourser leurs prêts pour études. Cela ne doit toutefois constituer que le début d'un effort national massif déployé en réponse aux priorités de la révolution du savoir. L'éducation n'est pas qu'une étape de la vie; elle dure toute la vie. L'éducation commence par le développement de la petite enfance, car les soins qui sont dispensés à nos enfants dans leurs premières années sont essentiels pour faire en sorte qu'ils soient prêts à apprendre quand ils commencent l'école. Il ne suffit plus d'investir dans un système qui enseigne les rudiments de base de la lecture, de l'écriture et de l'arithmétique, mais également de l'informatique, du calcul et de la communication. L'éducation doit se traduire par un apprentissage permanent qui donne accès à des débouchés à long terme, par des programmes de formation sur place et des programmes d'encadrement qui surpassent les normes actuelles.

La recherche pure débouche sur des idées et elle repousse les frontières de la connaissance. La recherche appliquée transforme ces idées en nouveaux produits, services et technologies. C'est la raison pour laquelle nous avons accru sensiblement le financement public de la recherche pure, et c'est aussi pourquoi nous avons créé l'un des régimes fiscaux les plus attrayants au monde sur le plan de la recherche-développement dans le secteur privé. Nous devons tout simplement faire davantage de recherche, pure et appliquée, et faire mieux dans ces deux domaines.

Comment faire pour confier à nos collèges, à nos universités et à nos hôpitaux de recherche un rôle encore plus grand dans la création de réseaux et de grappes qui relieront nos plus brillants chercheurs et nos entrepreneurs les plus dynamiques? Comment pouvons-nous permettre aux Canadiens de financer leurs idées et de les mettre sur le marché, ici-même au pays? Comment pouvons-nous convaincre nos caisses de retraite de ne pas négliger les nouvelles entreprises riches en idées, mais faibles en infrastructure? Nous devons nous poser ces questions. En fait, nous devons aller plus loin. Notre tâche consiste à déterminer ensemble comment progresser dans la réalisation de ces étapes.

Par exemple, à l'heure actuelle, nous ne sommes pas dans les cinq premiers aux examens internationaux de mathématiques et de sciences. Comment pouvons-nous accéder à ce groupe et ensuite progresser à l'intérieur de celui-ci? Comment faire en sorte que tous nos jeunes, et non seulement les plus fortunés, connaissent l'informatique et l'Internet avant de terminer leurs études primaires? Comment pouvons-nous doubler la formation professionnelle que reçoivent les Canadiens? À l'heure actuelle, nous sommes seizièmes en recherche-développement parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques. Que faut-il faire pour se retrouver dans les cinq premiers d'ici 2010? Nous devons réussir à mieux transposer sur le marché les résultats de la recherche-développement dans nos universités. Comment obtenir des résultats, en matière de commercialisation, aussi bons que les écoles américaines comparables? Comment faire en sorte que les idées canadiennes soient exploitées au Canada? Comment pouvons-nous nous classer dans les trois premiers pays industrialisés pour ce qui est du niveau des nouveaux capitaux de risque? Nous devons nous poser ces questions.

À ce moment-ci, je soupçonne que deux pensées vous traversent l'esprit. Certains de vous se disent probablement : « Nous payons ce gars-là assez cher! Pourquoi ne trouve-t-il pas lui-même les réponses à ces questions? » D'autres se disent : « Il semble vouloir notre opinion. Ottawa veut toujours connaître notre opinion, mais n'écoute jamais. » Permettez-moi de vous de dire que cela a peut-être déjà été le cas, mais que ce n'est plus vrai. Ce n'est en effet pas une coïncidence si je suis venu ici pour lancer ce nouveau processus de consultation.

Notre plus récent budget portait en grande partie sur l'économie du savoir, et je peux vous affirmer qu'un grand nombre des mesures adoptées – de la réduction de l'impôt sur les gains en capital aux reports libres d'impôt, en passant par les options d'achat d'actions – étaient le résultat direct des représentations de votre association.

Un autre facteur entre en ligne de compte. Tout comme l'économie du savoir transforme le fonctionnement de l'industrie, elle modifie aussi le fonctionnement du gouvernement. Aujourd'hui, le gouvernement fédéral ne peut plus, s'il a déjà été en mesure de le faire, diriger l'économie à distance à partir d'Ottawa. De par sa nature, l'innovation est caractérisée par l'esprit d'entreprise, la décentralisation et une grande dépendance vis-à-vis un vaste ensemble de réseaux qui s'étendent dans les collectivités de partout au pays. Cela signifie qu'il faut écouter les gens en se rendant où ils vivent, où ils travaillent et où ils construisent. C'est pourquoi la Colombie-Britannique et, par le fait même, cette association, sont si importantes.

Qu'il s'agisse de logiciels, de piles à combustible, de films ou de nouveaux médias, la Colombie-Britannique s'épanouit au sein de l'économie du savoir. Il existe plus de 7 300 entreprises de haute technologie dans cette province; bon nombre d'entre elles sont le résultat direct de la présence des universités de calibre international de la Colombie-Britannique.

Vous pouvez donc me croire quand je vous dis que je suis venu ici pour écouter et apprendre. En fait, il est temps pour moi de vous laisser la parole, mais permettez-moi d'abord de résumer comme suit.

Sans aucun doute, même si nous vivons une période d'incertitude en raison de l'état de l'économie des États-Unis, nous en sortirons. À ce moment-là, nous ne devrons pas perdre de vue nos aspirations pour l'avenir.

J'estime que le moment est venu pour le Canada de fixer la norme à laquelle se compareront les autres pays au sein de la nouvelle économie. Le moment est venu de donner aux jeunes entrepreneurs les ressources dont ils ont besoin pour réaliser leurs rêves. Le moment est également venu de donner à chaque enfant un bon départ et un enseignement de première classe. De donner à chaque travailleur les compétences et les outils dont il a besoin pour réussir. Bref, j’estime que le moment est venu de nous tourner entièrement vers l’évolution de la définition de la citoyenneté ainsi que celle de la nature de l'économie.

Enfin, comme vous le savez tous, nous en sommes aux premières étapes de la transformation économique la plus profonde de notre époque. La révolution de l'information était son entrée en matière, mais il reste de nombreux autres chapitres à écrire. J'estime que le Canada a la capacité d'écrire ces chapitres. De bâtir une économie qui attire le talent comme l'aimant attire le métal. D'être un meneur mondial et de dicter son rythme. Et d’établir à partir du germe de cette révolution une prospérité encore plus grande. De bâtir un pays dans lequel les gens se sentent privilégiés, parce qu'ils ne pourraient jamais réaliser autant ailleurs.

Pour ce faire, nous devons débattre les vrais enjeux et veiller à ce que les questions que nous posons correspondent aux véritables défis que nous devons relever. Autrement dit, que nous nous branchions sur les perspectives de l'avenir, plutôt que sur celles du passé. C'est la raison pour laquelle je vous sais gré de m'avoir permis de lancer cette discussion aujourd'hui même avec vous.

Je vous remercie.


Dernière mise à jour :  2003-02-25 Haut

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