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Ottawa, le 29 avril 2001
2001-043

Déclaration préparée à l’intention du Comité monétaire et financier international du Fonds monétaire international

L’honorable Paul Martin, 
Ministre des Finances du Canada

Washington, D.C.

Le texte prononcé fait foi.


Le rapport préparé par le directeur général pour la rencontre, intitulé The IMF in the Process of Change, constitue une juste description du rôle du Fonds monétaire international (FMI) et de la place qu'il occupe au sein de l'économie mondiale. Il souligne le fait que l'évolution de l'économie mondiale, notamment en ce qui concerne l'intégration des marchés financiers, ait changé le contexte dans lequel le FMI exerce ses activités – changements auxquels a dû réagir le FMI et d'autres institutions internationales. À mon avis, le rapport illustre bien les progrès du FMI en ce qui a trait à ces défis. Mais le titre du rapport peut également être interprété comme faisant allusion aux perspectives économiques à court terme. Et de ce point de vue, il ne fait aucun doute que le contexte économique et financier dans lequel nous devons poursuivre les refontes institutionnelles est devenu beaucoup moins favorable, ce qui accentue la difficulté de gérer le processus de changement.

Contexte économique mondial

La rapidité et la portée du ralentissement économique mondial ont surpris un grand nombre de prévisionnistes, et les prévisions de croissance mondiale ont été révisées à la baisse en conséquence. Le repli s'est généralisé à l'échelle de la plupart des économies et des régions du monde et, dorénavant, les décideurs doivent faire preuve de vigilance pour veiller à ce que le repli ne devienne pas autogénéré. La politique monétaire a habituellement été rapidement adaptée, puisque les taux d'intérêt ont été abaissés dans un certain nombre d'économies industrialisées. Pendant ce temps, la très bonne situation financière de diverses économies a permis des réductions d'impôt dans le cadre de réformes fiscales à long terme, et ces mesures visent à appuyer une reprise de la croissance mondiale.

Aux États-Unis, l'expansion économique constituera un facteur déterminant de la forme que prendra le redressement mondial. À cet égard, la rapidité et la portée de la diminution des taux par le Conseil d’administration de la Réserve fédérale sont accueillies avec faveur. Toutefois, le déficit toujours important de la balance commerciale américaine demeure une préoccupation.

Pour la première fois en 10 ans, la croissance dans les pays de la zone euro devrait dépasser celle des États-Unis. En l'absence de signes importants de ralentissement économique et en raison d’un taux d'inflation supérieur à la cible qu’elle a établie, la Banque centrale européenne n'a pas modifié les taux d'intérêt à court terme depuis le début de l'année. Toutefois, compte tenu des facteurs néfastes qui peuvent influer sur l'économie mondiale, une diminution des taux pourrait se révéler utile à court terme. En outre, les longs délais entre la baisse des taux d'intérêt et son incidence sur les activités laissent supposer que le fait de trop tarder à effectuer une diminution pourrait se révéler coûteux.

Les autorités japonaises devront se consacrer à une tâche particulièrement ardue compte tenu des faiblesses structurelles de leur économie. Nous nous réjouissons de l'annonce récente de nouvelles politiques monétaires visant à assouplir les conditions monétaires et d'un plan économique tenant compte des faiblesses du secteur financier et de celles des grandes entreprises. Toutefois, le nouveau plan économique du gouvernement ne contient pas beaucoup de détails sur les propositions ni de calendrier précis. Les problèmes du secteur financier au Japon s'accumulent depuis longtemps, et leur résolution nécessitera des efforts soutenus.

La détérioration du contexte économique externe ainsi que l'affaiblissement de l'économie intérieure et l'instabilité politique interne assombrissent les perspectives d'un grand nombre de marchés émergents par rapport à la situation qui régnait il y a à peine quelques mois. Beaucoup d'économies sont bien placées pour résister à un ralentissement mondial, ayant adopté des régimes de change plus souples et mis en œuvre des mesures de réforme structurelle clés. Néanmoins, l'incertitude continue dans les marchés de titres d'emprunt émergents a contribué à l'augmentation des coûts d'emprunt pour certains marchés émergents clés. Par conséquent, des progrès doivent encore être réalisés pour renforcer les systèmes financiers intérieurs et mettre en œuvre des politiques macroéconomiques prudentes.

Performance et perspectives économiques des pays représentés

Canada

Bien que les incertitudes économiques découlant du ralentissement de l'économie mondiale posent un certain nombre de défis pour le Canada, l'économie canadienne est mieux placée pour réagir, en raison de la mise en œuvre d'un cadre stratégique cohérent sur le plan économique et financier. L'élimination du déficit, la baisse du ratio de la dette au produit intérieur brut (PIB), les réformes structurelles et le faible taux d'inflation ont soutenu la forte performance économique des dernières années.

L'économie canadienne a connu une forte croissance en 2000, s’appuyant sur la robuste performance affichée au cours de la deuxième moitié des années 1990. Bien qu’elle ait été moins soutenue vers la fin de 2000, la croissance de l'économie a continué durant 22 trimestres consécutifs, soit la plus longue période de croissance ininterrompue depuis le milieu des années 1960. Durant cette période, le taux de croissance moyen a dépassé 4 % par année.

Cette performance exceptionnelle a profité aux Canadiens, qui ont connu des hausses importantes en matière d'emplois et de revenus. En 2000, l'emploi a connu une forte croissance pour la quatrième année consécutive, plus de 300 000 emplois ayant été créés. À cet égard, le Canada a été à la tête des pays du Groupe des Sept (G-7) durant les quatre dernières années. Le taux de chômage a diminué, passant de près de 10 % à la fin de 1996 à un taux moyen de 6,8 % en 2000, son plus bas niveau en 24 ans.

Aussi, les investissements des entreprises ont grimpé en flèche au cours des quatre dernières années, connaissant une croissance annuelle moyenne de 17 %. Ont été déterminants dans cette hausse les investissements dans les produits des technologies de l'information et de la communication, qui ont augmenté de près de 30 % par année, en moyenne, durant cette période.

La balance commerciale courante du Canada est passée en situation excédentaire. Cela s’explique en raison d’une compétitivité accrue, reflet du renforcement de la croissance de la productivité et du faible taux d'inflation, et d’une amélioration des termes de l’échange. Cette amélioration de la balance commerciale du Canada a diminué l'endettement extérieur net du pays, pour le porter à quelque 23 % du PIB, son plus bas niveau depuis les années 1950.

Bien que l’économie fonctionne presque à plein régime, les tensions inflationnistes au pays demeurent faibles. Comme dans d’autres pays, le taux d’inflation cité dans les manchettes a connu une hausse, surtout en raison de l’important renchérissement de l’énergie. Toutefois, l’inflation sous-jacente (qui exclut les fluctuations des prix de la nourriture et de l’énergie) est demeurée stable, c’est-à-dire près du point milieu de la fourchette cible de maîtrise de l’inflation de 1 à 3 %.

Notre récente performance économique a donc été très encourageante.

Cela dit, il est évident que les événements survenus à l’étranger ont contribué à accroître l’incertitude au sujet de nos perspectives économiques à court terme. Étant donné son ouverture au commerce – les exportations canadiennes, dont plus de 85 % sont destinées aux États-Unis, représentent environ 40 % du PIB – et ses liens financiers avec le reste du monde, le Canada est de plus en plus touché par les événements qui surviennent au sein de l’économie mondiale. Ainsi, on s’attend à ce que l’essoufflement de l’économie mondiale entraîne un ralentissement de la croissance économique au Canada cette année.

De toute évidence, nous ne sommes pas à l’abri des événements qui surviennent à l’étranger et, bien que ces événements influent sur notre performance économique, celle-ci est également fonction des politiques que nous mettons en place. À cet égard, les données économiques et stratégiques fondamentales sous-jacentes du Canada sont plus favorables aujourd’hui qu’elles ne l’ont été depuis plus de 25 ans. En conséquence, d’après la plupart des prévisionnistes, le Canada aura sans doute à faire face à un ralentissement de sa croissance, mais enregistrera quand même de bons résultats par rapport à de nombreux autres pays.

Parmi les facteurs importants qui sous-tendent ces prévisions, mentionnons les stimulants budgétaires pour 2001 annoncés dans le budget de 2000. De même, dans l’Énoncé économique et mise à jour budgétaire d’octobre 2000, nous avons présenté des réductions d’impôt qui allaient plus loin que ce qui avait été annoncé et qui ont pu entrer en vigueur plus rapidement, c’est-à-dire le 1er janvier 2001. Les administrations provinciales ont elles aussi réduit leurs impôts. Prises ensemble, les réductions d’impôt fédérales et provinciales représentent 2,3 % du PIB en 2001. Elles arrivent à point nommé pour stimuler l’économie canadienne. Ces mesures contribueront également à accroître la compétitivité du Canada et à favoriser l’innovation et l’esprit d’entreprise. Une fois que les réductions d’impôt seront toutes entrées en vigueur, le taux d’impôt sur les bénéfices des sociétés au Canada sera inférieur à celui des États-Unis. Par ailleurs, le taux d’inclusion des gains en capital a été réduit, ce qui rend le taux d’imposition moyen sur les gains en capital au Canada inférieur à celui en vigueur aux États-Unis. De même, le Canada a adopté des mesures plus favorables que les États-Unis en ce qui concerne les options d’achat d’actions.

Le Canada est en bonne position pour relever les défis de la mondialisation du XXIe siècle : main-d’œuvre qualifiée, investissements vigoureux dans les secteurs de la nouvelle économie, fardeau fiscal allégé et mesures visant à favoriser l’esprit d’entreprise et l’innovation. Parallèlement, il reconnaît que pour poursuivre son expansion et assurer la hausse constante du niveau de vie des Canadiens et des Canadiennes, il faut des politiques macroéconomiques et structurelles ayant une orientation à moyen et à long terme. Le Canada est déterminé à continuer de réduire sa dette, de juguler l’inflation et d’exercer un contrôle sur les dépenses, tout en investissant dans les secteurs prioritaires.

Irlande

La performance remarquable de l’économie irlandaise s’est poursuivie en 2000, le PIB réel du pays ayant augmenté de près de 11 %. Au cours des quatre dernières années, la croissance réelle a frôlé 10 %. Cette croissance a fait passer le taux de chômage à moins de 4 %, ce qui a été accompagné d’une montée en flèche du taux d’activité et de la migration intérieure.

La forte croissance a donné lieu à des hausses réelles des services publics, à la réforme du régime fiscal visant la promotion des incitatifs au travail et à un important excédent budgétaire. En 2000, celui-ci a atteint 4,6 % du PIB, alors que le ratio de la dette au PIB est passé à 39 % et semble vouloir maintenir cette tendance à la baisse. Toutefois, cette période prolongée de forte croissance, ajoutée aux pénuries de main-d’œuvre, aux contraintes imposées par l’infrastructure, à la faiblesse de l’euro sur les marchés des changes et au renchérissement marqué du carburant et de l’énergie, a contribué à une hausse importante de l’inflation, les prix à la consommation ayant augmenté en moyenne de 5,6 % en 2000.

Bien qu’un ralentissement important de l’économie soit prévu en 2001, l’économie de l’Irlande continuera de croître à un rythme beaucoup plus rapide que celle de pratiquement tous les autres pays industrialisés. Une croissance réelle du PIB de plus de 6 % est en effet envisagée. Ce ralentissement sera en grande partie attribuable à la situation économique mondiale moins favorable, en général, et aux reculs enregistrés dans les secteurs de la haute technologie à l’échelle mondiale, en particulier. Il reflétera également les contraintes internes de plus en plus importantes auxquelles le pays doit faire face. Il s’agit toutefois d’un pas en avant sur la voie de la croissance durable. Quant à l’emploi, il continuera d’augmenter, alors que le chômage diminuera encore davantage. On s’attend à ce que l’excédent budgétaire enregistre un léger recul, pour s’établir à 4,3 % du PIB. Le dénouement de certains événements qui ont fait grimper l’inflation en 2000 et le ralentissement de la croissance devraient contribuer à faire baisser le taux d’inflation, pour l’établir à environ 4,5 % en moyenne.

Les perspectives économiques demeurent très favorables. L’économie reste très concurrentielle, et l’adhésion à la zone euro devrait assurer une stabilité monétaire à l’Irlande. Pour ce qui est de la situation budgétaire et de l’endettement, le pays est dans une excellente position et, malgré la baisse du ratio de dépendance, des sommes considérables s’accumulent tous les ans dans le fonds de pension national.

Les pays des Caraïbes

La performance économique des pays des Caraïbes s’est améliorée au cours de 2000, bien qu’il reste toujours des facteurs de risque à surveiller. La croissance réelle a été de faible à moyenne, ce qui reflète une production accrue dans les secteurs du tourisme et de l’agriculture. Les taux d’intérêt ont baissé dans certaines îles, alors que les réserves internationales nettes ont augmenté. Le chômage demeure élevé, bien qu’il ait diminué. Certaines îles ont réussi à réaliser des progrès au chapitre de l’assainissement des finances publiques et à contenir leur dette publique élevée. D’autres, par contre, qui tentent encore de se relever à la suite d’une série d’ouragans dévastateurs, ont d’importantes difficultés à surmonter. Les économies plus petites s’adaptent à la perte imminente de marchés préférentiels en se tournant vers la prestation de services financiers à l’échelle internationale. Pour y arriver, elles devront assurer une meilleure réglementation de leur secteur financier et renforcer leur capacité de surveillance, tout en faisant preuve d’une vigilance constante afin de préserver l’intégrité et la réputation des centres financiers émergents de la région.

Nous sommes donc encouragés par les efforts concertés, déployés avec célérité, des pays des Caraïbes afin d’améliorer le contrôle et la surveillance du secteur financier de la région. De plus, ces économies se sont montrées déterminées à lutter contre le blanchiment d’argent en déployant des efforts constants pour moderniser leur législation sur le recyclage des produits de la criminalité. Le travail des organismes d’application de la loi est facilité par l’adoption de mesures législatives plus musclées qui criminalisent le blanchiment d’argent, la création de groupes de travail et de services de renseignements financiers chargés de lutter contre le blanchiment d’argent, la coopération avec le Groupe d’action financière des Caraïbes et le Groupe d’action financière sur le blanchiment de capitaux (GAFI), ainsi que la conclusion d’ententes avec des pays ayant une plus grande expérience de l’interdiction. Comme l’a souligné récemment le Premier ministre de la Barbade, tous les pays doivent s’engager à appliquer une politique de tolérance zéro à l’égard du blanchiment d’argent. C’est l’attitude qui prévaut à l’échelle des Caraïbes, bien que les différentes îles soient rendues à différentes étapes de la mise en œuvre d’une telle politique.

Le rôle du Fonds

Le Fonds a un rôle clé à jouer pour aider les pays à surmonter les crises économiques à court terme. Mais comme le laisse entendre le directeur général dans son rapport, le Fonds doit aussi réagir aux changements qui se produisent dans le « climat » économique en raison de la mondialisation.

Ce n’est pas la première fois que la collectivité internationale doit relever ce défi. En fait, les accords de Bretton Woods ont été conçus il y a plus de 50 ans afin de jeter les assises de l’intégration économique en réaction aux restrictions commerciales, à l’instabilité financière et à la stagnation mondiale qui régnaient dans les années 1930. S’en est dégagé un consensus international à l’égard de l’importance du commerce, de la stabilité financière et du développement qui a marqué l’arrivée d’une période sans précédent de croissance et de développement. Cette période fût synonyme de prospérité pour plusieurs et d’espoir pour beaucoup, beaucoup d’autres.

Même si ce système a fonctionné remarquablement bien, les architectes des accords de Bretton Woods ne pouvaient prévoir les développements qui sont survenus au cours des dernières décennies, à savoir l’importance que prendrait le commerce non seulement des produits, mais des services et des idées, et l’augmentation massive que les flux de capitaux privés connaîtraient. Ces développements posent des enjeux de taille qu’il faut absolument relever pour remplir la promesse enchâssée dans les accords de Bretton Woods.

Le FMI, la Banque mondiale et toutes les autres institutions de coopération internationale doivent intensifier leurs efforts pour lutter contre la pauvreté et garantir que les avantages de la mondialisation seront répartis à plus grande échelle. C’est aussi une responsabilité qui incombe à chacun des pays. Pour profiter de leur participation au marché mondial, ceux-ci doivent mettre en place une solide structure de saine gouvernance. Or, bon nombre des pays à faible revenu ne sont pas en mesure de tirer pleinement profit du système commercial mondial.

La plus grande ouverture des pays est l’une des pierres angulaires du développement. C’est pourquoi le Canada s’est activement porté en faveur d’une nouvelle ronde de négociations commerciales multilatérales et demeure déterminé à collaborer à cet égard. Cependant, l’accès aux marchés a peu de valeur lorsque le commerce international des produits clés est perturbé par des subventions massives contre lesquelles les pays plus pauvres ne peuvent tout simplement pas concurrencer. La collectivité internationale ne peut plus tolérer les pratiques qui entravent le processus de développement économique et qui réclament les rares recettes fiscales qu’il faudrait utiliser à des fins plus productives.

Le Fonds peut faciliter les choses à cet égard. Néanmoins, son rôle premier demeure la promotion de la stabilité financière internationale, car c’est le moyen le plus efficace de poursuivre son objectif, c’est-à-dire faire en sorte que la mondialisation profite à tous. Cependant, comme en témoignent les récents événements, la gestion des crises qui affligent de plus en plus les économies de marché émergentes lui pose de grands défis.

Renforcer les travaux du secteur financier et la surveillance de ce dernier

De ces crises, nous avons tiré des leçons sur les sources éventuelles de vulnérabilité financière associées à des régimes de taux de change fixe, à des secteurs financiers chancelants, à des marchés financiers ouverts et à une mauvaise gestion. Il est à juste titre permis de penser que la leçon la plus importante est la reconnaissance que la surveillance du secteur financier doit être une priorité du nouveau département des marchés financiers du Fonds et une composante essentielle de notre cadre visant à éviter les crises financières.

Intensifier la surveillance du secteur financier est utile pour définir les risques. Or, pour réduire le risque de crises financières, il faut que les pays soient disposés à renforcer leurs mécanismes de réglementation et de surveillance du secteur financier. Les efforts déployés par le Fonds et d’autres organismes d’établissement de normes au chapitre de l’élaboration et de la diffusion de normes et de codes de bonnes pratiques sur divers sujets est une étape importante dans cette voie. Beaucoup de travail a déjà été fait pour ce qui est de définir les normes et les codes clés.

Le défi consiste maintenant à en favoriser l’adoption. Le Fonds a un rôle clé à jouer dans l’évaluation de l’observation au moyen de ses rapports sur l’observation des normes et codes (RONC) et du Programme d’évaluation du secteur financier (PESF), programme conjoint du FMI et de la Banque mondiale. Nombre de pays ont déjà fait l’objet d’une évaluation, mais il reste encore beaucoup plus à faire. Une aide technique des institutions financières internationales (IFI) de même que le dialogue permanent à la tribune notamment des pays du Groupe-des-Vingt (G-20) peuvent contribuer à ces efforts. Les normes et les codes qui ne sont pas mis en œuvre sont peu utiles, et les pays seront réticents à les mettre en application s’ils n’ont pas eu l’occasion de participer au processus d’élaboration.

Le rôle du secteur privé dans la résolution et la prévention des crises financières

Bien sûr, les normes et les codes ainsi que la surveillance du secteur financier sont des outils importants dans la prévention des crises financières, mais nous ne devrions pas nous permettre de nous endormir dans une fausse sécurité — les mesures prises pour réduire le risque de crises financières ne permettront pas d’éliminer le risque. Il est primordial de déterminer si nous avons les moyens nécessaires pour faire face à ces crises de façon efficace tout en respectant le mandat du Fonds et la nécessité absolue de garantir que nous ne perturbons pas les incitations du marché. Le Canada appuie le Fonds dans ses efforts en vue de dresser un cadre transparent pour faire participer le secteur privé à la résolution et à la prévention des crises financières.

Des progrès remarquables ont déjà été accomplis à cet égard. Le cadre opérationnel du FMI, approuvé en avril 2000, reconnaît que les ressources du Fonds sont limitées et que l’accès extraordinaire devrait être exceptionnel, que la clarté est essentielle pour guider les attentes du marché et que le secteur public devrait, dans toute la mesure du possible, s’appuyer sur des solutions de marché et des démarches volontaires.

Toutefois, comme il en a été convenu à Prague, certains aspects opérationnels du cadre méritent d’être approfondis. Ainsi, j’encourage le Fonds à accélérer ses travaux en vue d’améliorer sa capacité d’évaluer la possibilité pour un pays de regagner l’accès au marché en pleine crise et le traitement relatif des créanciers du Club de Paris et du secteur privé.

La possibilité d’une suspension ou d’un sursis inéluctable de paiement dans des cas extrêmes est un autre élément important du cadre approuvé dans le communiqué du Comité monétaire et financier international (CMFI) de septembre 2000. Il faudrait aussi poursuivre les travaux sur les questions opérationnelles associées à cet important outil pour la résolution de crises. De fait, les sursis viennent compléter d’autres initiatives visant à promouvoir la restructuration rapide des créances privées, par exemple, les clauses d’action collective et la création de conseils de créanciers.

Conditionnalité

En l’absence d’un cadre efficace pour régir la participation du secteur privé, des pressions continueront d’être exercées pour amener le FMI à concéder l’accès extraordinaire à ses ressources afin d’éviter la perturbation financière, économique et sociale en cas de manquement ou d’un niveau d’ajustement inacceptable. Comme l’a récemment expliqué le directeur général, le problème est que, contrairement aux banques centrales, le Fonds n’est pas un bailleur de fonds de dernier ressort – il n’a d’ailleurs pas les ressources pour le faire et ne peut fournir de liquidités sur de bonnes garanties pour contenir un danger moral. Ce que le Fonds peut faire par contre, c’est d’offrir ses ressources limitées sous réserve de la mise en œuvre de diverses mesures stratégiques.

En principe, ces conditions visent à garantir que les ressources du Fonds sont utilisées avec efficacité pour appuyer la croissance économique et favoriser un rapide regain de confiance à l’égard du marché. Cependant, la mise en œuvre au cours des dernières années de la « conditionnalité » s’est attirée des critiques à l’effet qu’elle est trop élargie, c’est-à-dire que le programme du Fonds a dépassé la gestion macro-économique traditionnelle pour inclure des questions structurelles ou d’efficacité et s’aventurer dans des domaines qui ne s’inscrivent pas dans l’expertise traditionnelle du Fonds.

L’évolution de la conditionnalité a été, dans bien des cas, adéquate, témoignant de l’évolution de l’économie mondiale et des besoins d’ajustement des pays membres du FMI. Des mesures plus précises et structurelles semblaient s’imposer en raison des diverses situations économiques des membres, y compris des pays à faible revenu et de ceux en transition, et des lacunes au chapitre de la gouvernance et du secteur financier. On a néanmoins prétendu qu’en raison de la portée élargie de la conditionnalité, l’élément de prise en charge des programmes a été miné, et la crédibilité et l’efficacité du Fonds, amoindrie, et ce à un moment déterminant.

Le directeur général a accordé une grande priorité aux initiatives visant à rationaliser et à recentrer la conditionnalité ainsi qu’à renforcer la prise en charge à l’échelle nationale. Nous saluons les progrès réalisés dans cette étude. Il faudrait viser à rendre le Fonds plus efficace dans la réalisation de son mandat. L’avantage comparatif du Fonds se trouve dans la promotion de la stabilité financière internationale. Conformément au mandat qui lui est conféré, le Fonds devrait accroître l’efficacité de la conditionnalité en mettant davantage l’accent sur les facteurs qui sont pertinents pour la stabilité financière et macro-économique d’un pays.

Bien que les réformes structurelles qui sont essentielles à la réussite d’un programme ne sont pas du ressort du Fonds, le FMI devrait collaborer avec la Banque mondiale et les autres IFI qui, elles, ont un avantage comparatif dans la conception et la surveillance de mesures de ce genre. Une démarche de collaboration avec les autres institutions s’impose aussi relativement aux problèmes de gouvernance qu’il faut absolument régler pour garantir la réussite des programmes du Fonds. La participation du Fonds à ce chapitre est centrée sur les aspects économiques de la gouvernance, lesquels risquent d’avoir des répercussions macro-économiques considérables. Son approche devrait s’appuyer sur des initiatives qui favorisent une gouvernance judicieuse parmi les pays membres et sur des mesures précises pour faire face aux cas particuliers de mauvaise gouvernance et de corruption.

Il faudrait que l’objectif général soit d’accroître le sentiment d’appartenance pour permettre au Fonds d’être aussi efficace qu’il le peut et qu’il le doit dans la promotion de la stabilité financière internationale, facteur incontournable pour que tous les pays puissent bénéficier des avantages de la mondialisation.

Lutter contre les abus financiers et le blanchiment d’argent

Le risque de crises financières n’est pas le seul problème engendré par la mondialisation des marchés financiers. Étant donné que ces derniers sont davantage intégrés et que les instruments financiers et les intervenants sur la scène financière sont plus diversifiés, les possibilités d’abus du système financier international se sont multipliées. Le FMI a un rôle à jouer à l’égard des problèmes de ce genre, par exemple le blanchiment de capitaux, qui menacent les systèmes financiers de ses membres et de façon plus générale l’intégrité du système financier international.

Je salue donc le fait que le Conseil d’administration du FMI ait récemment reconnu que les 40 recommandations du GAFI constituaient le véhicule approprié pour combattre adéquatement le blanchiment de capitaux et ait convenu d’intégrer les recommandations pertinentes du GAFI aux travaux du Fonds. Le Conseil a aussi réclamé une plus grande collaboration avec le GAFI et les groupes de travail régionaux de lutte contre le blanchiment de capitaux, et c’est là une étape importante dans le cadre de ce processus. Je salue également le fait que le Conseil ait prié tous les gouvernements, spécialement ceux qui sont responsables de grands marchés financiers, d’instaurer les mesures nécessaires pour combattre le blanchiment de capitaux.

En collaborant à la lutte contre les abus financiers, force nous est d’admettre que les pays plus petits dont les ressources et la capacité administrative sont limitées ont besoin d’aide pour se conformer aux normes internationales. Le rôle des IFI et des autres pays à ce chapitre est important. De son côté, le Canada a dernièrement annoncé qu’il verserait une contribution de 8 millions de dollars en vue de la création du Caribbean Regional Technical Assistance Centre et une autre de 5 millions de dollars par année dans le cadre d’un programme visant à renforcer les secteurs financiers des pays des Caraïbes et d’ailleurs.

Rôle du G-20

Au cours des 50 dernières années, le FMI s’est trouvé au centre des questions économiques et financières internationales. Il a hors de tout doute prouvé son importance; les changements en cours contribueront à garantir qu’il sera en mesure d’aider les pays qui en sont membres à relever les enjeux de la mondialisation. Or, ces enjeux sont tellement intenses que les gouvernements nationaux doivent, eux aussi, participer activement à la recherche de solutions.

Notre expérience du G-20 a démontré la puissance des réseaux de gouvernements qui conjuguent directement leurs efforts en vue de dégager un consensus sur les orientations stratégiques qui peuvent être soumises aux institutions internationales. Cette façon de procéder contribue à garantir que le programme d’action international est établi par les gouvernements et qu’il favorise la reddition de comptes. À longue échéance, le plan de travail du Groupe a pour objet de compléter les institutions du Bretton Woods. Il s’appuie sur le principe voulant que les expériences pratiques des pays qui en sont membres peuvent servir à mieux évaluer les projets de politique. Le but est de s’appuyer sur les leçons apprises en relevant les nombreux défis découlant d’une plus grande intégration économique et de s’entendre sur les mesures à prendre pour garantir que tous bénéficient des avantages de la mondialisation. Voilà l’objectif qui se doit d’être commun à toutes les institutions internationales de coopération.

Conclusion

La mondialisation présente non seulement des défis, mais aussi des possibilités. Pour s’assurer que tous les pays relèvent ces défis et saisissent les occasions, il faut trouver des solutions communes à des problèmes communs. Les divers pays, peu en importe la taille, ne peuvent y arriver chacun de leur côté. La collaboration internationale est incontournable. Il faut des institutions internationales solides et efficaces pour dresser un cadre institutionnel en vue de cette coopération.

Voilà pourquoi il est primordial que les institutions agissent à l’égard de ces enjeux dans l’environnement dans lequel elles évoluent. En ce qui concerne le Fonds, il doit s’appuyer sur les leçons tirées des crises qui ont secoué les marchés émergents pour mieux surveiller et superviser le secteur financier.

Ces efforts permettront de réduire le risque de crises. Mais, qu’on ne s’y méprenne pas, des crises, il y en aura. Nous devons donc aussi voir à ce que le Fonds soit en mesure de résorber les crises d’une manière qui respecte son mandat original et la répartition efficace des capitaux. C’est la raison pour laquelle il importe que la conditionnalité du Fonds appuie l’objectif général de stabilité financière et renforce la prise en charge par les pays. Cela met aussi en lumière la nécessité d’ajouter aux méthodes de règlement des crises du FMI un cadre efficace pour promouvoir la restructuration ordonnée et rapide des créances du secteur privé.

De toute évidence, aucune institution ne peut à elle seule garantir que tous les pays profiteront des avantages qu’offre la mondialisation. Voilà pourquoi il est tout aussi important que nos institutions demeurent centrées sur ce qu’elles sont en mesure de faire. Et c’est pourquoi aussi le FMI, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce et les autres organisations internationales doivent éviter le chevauchement et collaborer efficacement.


Dernière mise à jour :  2003-02-25 Haut

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