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Ottawa, le 16 novembre 2001
2001-105

La mondialisation, le terrorisme et l’économie mondiale

Discours de l’honorable Paul Martin, ministre des Finances, à un déjeuner organisé par le Reinventing Bretton Woods Committee et le Conference Board du Canada

Ottawa (Ontario)
Le texte prononcé fait foi.

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Permettez-moi d’abord de vous dire tout le plaisir que j’éprouve à être en votre compagnie aujourd’hui. Je voudrais aussi exprimer ma gratitude au Conference Board du Canada, ainsi qu’au Reinventing Bretton Woods Committee, qui parrainent conjointement ce déjeuner aujourd’hui. Les travaux menés dans le but de réinventer les accords de Bretton Woods – ou, si vous préférez, la quête de mécanismes internationaux renforcés pour favoriser la croissance et la prospérité – revêtent une importance plus cruciale que jamais, depuis les terribles événements du 11 septembre.

Il est certain que ce jour tragique marquera les activités qui se dérouleront plus tard aujourd’hui et au cours de la fin de semaine où le Canada est l’hôte de la réunion du G-20 ainsi que de celles du Comité monétaire et financier international (CMFI) du Fonds monétaire international (FMI), et du Comité du développement du FMI et de la Banque mondiale. Ce sont autant de tribunes qui établissent des liens entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud, les riches et les pauvres.

Aussi me permettrez-vous de dire à quel point je suis fier que le Canada ait pu, dans une situation si difficile et à si bref préavis, faire que toutes ces réunions puissent se dérouler. Je suis redevable à la ville d’Ottawa et à son maire d’avoir pris les mesures qui s’imposaient afin que les réunions se déroulent avec efficacité et en toute sécurité. Le maire Chiarelli est avec nous aujourd’hui. Je le remercie en notre nom à tous.

Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales qui participent aux réunions de cette fin de semaine doivent composer avec une situation ardue et exigeante. Cela étant dit, qu’espérons-nous accomplir lors des réunions des deux prochains jours? Nous avons trois objectifs.

D’abord, examiner les répercussions économiques des attentats du 11 septembre, à la lumière de l’ampleur mondiale du ralentissement qui s’était amorcé avant même les terribles attentats perpétrés contre le Pentagone et le World Trade Center.

Ensuite, convenir d’un plan d’action international pour combattre le financement du terrorisme.

Et enfin, commencer le processus pour nous assurer que la mondialisation profite à tous, et surtout aux plus pauvres du globe.

De toute évidence, les attaques du 11 septembre représentent un geste de barbarie qui a plongé toute la planète dans un état de stupeur et ensuite de colère – un acte subit de violence qui, sans le moindre avertissement, a rendu quelque 10 000 enfants orphelins de père ou de mère, et a détruit l’illusion que nous, en Amérique du Nord, nous étions, à toutes fins pratiques, à l’abri de toute attaque de l’extérieur.

Cependant, nous avons été témoins d’une détermination à toute épreuve, qui a été plus forte encore que le choc subi au départ. Le monde s’est uni par la vertu d’un engagement exceptionnel et indéfectible, celui d’éradiquer la menace terroriste. L’agression physique dont nous avons été victimes a conduit à une coalition de nations, mais aussi de convictions et de forces, que rien ne saurait abattre.

Pour chacun de nous, les événements du 11 septembre représentent d’abord et avant tout une terrible tragédie humaine. Toutefois, l’intention criminelle des terroristes n’était pas simplement de détruire des vies, mais aussi notre façon de vivre. Les terroristes n’ont pas choisi leurs cibles au hasard. Le World Trade Center était situé en plein cœur du quartier financier international. C’était le symbole de la réussite et de la confiance. C’est pour cela qu’il a été pris pour cible. Les terroristes voulaient entraver l’activité économique, paralyser les relations financières, créer de nouvelles barrières entre les économies, les nations et les peuples.

Notre réponse doit être plus directe et plus déterminée encore. Nous devons empêcher quiconque se livre à des activités terroristes et haineuses d’obtenir quelque avantage que ce soit, dans quelque mesure que ce soit et sur quelque front que ce soit, autant économique que militaire.

Pour les grands pays industrialisés, le ralentissement économique actuel est très préoccupant. Mais pour les pays en développement et les économies de marché émergentes, les conséquences de ce ralentissement pourraient bien être désastreuses. Des emplois pourraient être supprimés, non temporairement, mais de façon définitive. Les revenus ne risquent pas simplement de diminuer; ils pourraient même disparaître complètement.

Car il ne faut jamais oublier que ce sont les pauvres qui subissent au premier chef les conséquences à long terme engendrées par le terrorisme. C’est pourquoi nous devons tous nous consacrer à la question de la sécurité économique, de la même manière que nous l’avons fait au chapitre de la sécurité physique. D’ailleurs, il y a lieu de demeurer optimiste.

Premièrement, grâce à de saines politiques économiques et financières, la plupart des pays industrialisés sont plus à même de faire face aux perturbations économiques qu’ils ne l’ont été depuis bien des années, et même bien des décennies.

Deuxièmement, les banques centrales ont pris rapidement des mesures pour maintenir la liquidité des marchés et baisser les taux d’intérêt.

Et troisièmement, le FMI, la Banque mondiale et d’autres institutions internationales sont prêtes à fournir des ressources pour aider ceux qui en ont le plus besoin.

Cependant, ceci étant dit, pour transformer ces motifs d’optimisme en une reprise économique généralisée, il faudra que les nations s’unissent et adoptent une approche coordonnée, ce qui représente un effort de plus grande envergure encore que celui déployé jusqu’ici. L’heure n’est pas au défaitisme, ni à l’optimisme béat. Notre campagne en faveur de la sécurité économique doit passer par une adaptation rapide et constante aux réalités nouvelles.

L’un des objectifs visés par les terroristes est de faire en sorte que les gouvernements transforment leurs frontières en barrières – bref, qu’ils mettent en place des murs derrière lesquels les peuples vivront dans la peur et les économies stagneront. Toutefois, battre en retraite et renoncer à l’intégration économique mondiale seraient une grave erreur. Cela reviendrait à concéder la victoire aux criminels. Nous ne pouvons pas permettre un tel résultat. Pendant des décennies, les nations, petites et grandes, riches et pauvres, ont travaillé énergiquement afin de permettre des échanges plus ouverts et ordonnés de biens et de services sur l’ensemble de la planète. Pourquoi? Parce qu’il s’agit d’une condition cruciale au développement de nos économies et au bien-être de nos citoyens. Nous sommes des nations souveraines, mais bien des liens nous unissent; nos destinées sont liées et nos économies sont interdépendantes.

La frontière entre le Canada et les États-Unis illustre parfaitement ce point. La valeur des échanges quotidiens entre nos deux pays s’élève à quelque 2 milliards de dollars. Des millions de familles, des deux côtés de la frontière, gagnent leur vie grâce à ces échanges commerciaux. Ainsi, l’idée de ralentir les échanges commerciaux à la frontière afin de mettre nos pays à l’abri du risque est non seulement une erreur, mais elle n’est même pas une option.

C’est la raison pour laquelle les gouvernements du Canada et des États-Unis doivent rendre la frontière à la fois plus ouverte et plus sécuritaire, grâce aux nouvelles technologies et, surtout, à des approches innovatrices. Il n’est pas question ici simplement de vouloir que les choses reviennent à la normale. Il faut réaliser qu’à l’époque du stockage dit « juste à temps », ce qui était normal ne suffit plus. À l’échelle mondiale, il importe de faire d’entrée de jeu une mise en garde : il est indéniable que la sécurité des gens doit être notre priorité, mais nous ne devons pas permettre pour autant que la sécurité à la frontière devienne la nouvelle barrière non tarifaire.

Le deuxième objectif des réunions de la fin de semaine a trait à une tâche bien précise, celle d’éliminer le financement du terrorisme. Il existe actuellement un consensus presque universel sur la nécessité de soustraire aux terroristes les fonds leur servant à financer leurs actes de violence. Sans argent, les terroristes ne peuvent acheter d’armes. Sans argent, ils ne peuvent alimenter leur cause.

Ce qui nous amène à conclure que la lutte concertée contre le terrorisme doit avoir pour corollaire une lutte d’envergure égale contre son financement, ce qui englobe tant les réseaux financiers officiels que les terroristes utilisent directement que les réseaux informels dont ils se servent de façon plus discrète. Toutefois, cette lutte suppose par sa nature même un haut degré de coordination entre nations souveraines. Nous devons adopter à la fois une approche commune et des moyens harmonisés. Les États doivent prendre des mesures à l’échelon national, ainsi que l’a fait le Canada en adoptant des mesures législatives antiterroristes complètes. Mais les États doivent aussi définir leurs mesures en tenant compte des pratiques en vigueur à l’échelle internationale. Sinon, les terroristes se contenteront tout simplement de transférer leurs fonds vers des territoires plus accommodants.

Par conséquent, l’un des points clés à l’ordre du jour du G-20 cette fin de semaine aura trait à l’établissement d’un plan d’action pour faire front commun et mener une lutte coordonnée au financement du terrorisme.

Premièrement, nous demanderons à tous les pays membres de mettre en œuvre, sans délai, toutes les résolutions et conventions pertinentes des Nations Unies, de sorte qu’ils puissent geler immédiatement les avoirs des terroristes et repérer les tentatives de transferts internationaux de ces avoirs.

Deuxièmement, nous demanderons aux pays du G-20 de se conformer le plus rapidement possible aux normes internationales en matière de lutte contre le financement du terrorisme, et d’intensifier leurs efforts dans le but d’échanger l’information entre eux.

Troisièmement, nous leur demanderons de mettre l’accent sur la coopération avec les autres pays de leur région pour que tous les pays, sans exception, prennent part à la lutte contre quiconque veut financer la terreur.

Enfin quatrièmement, les pays du G-20, qui sont à même de le faire, devraient fournir une aide financière et offrir des services de formation aux pays qui ne disposent pas des ressources ou des compétences requises, en vue de les aider à prendre des mesures efficaces pour contrer le financement du terrorisme.

Ce dernier point tient compte du fait que repérer les réseaux de financement du terrorisme représente un défi de taille pour les pays les plus puissants du globe. On peut donc imaginer l’ampleur de la tâche pour les pays plus pauvres et de plus petite taille, s’ils ne peuvent pas compter sur aucune aide technique et financière. Le Canada a apporté une telle contribution par le passé. Ainsi, la semaine dernière, avait lieu l’inauguration du Centre d’assistance technique pour la région des Caraïbes (CARTAC), auquel le Canada a fourni une aide de 8 millions de dollars conformément à un engagement pris plus tôt cette année. Nous entendons faire davantage à mesure que des besoins nouveaux se présentent.

J’aborderai maintenant le troisième point dont nous discuterons lors de nos réunions, c’est-à-dire faire en sorte que la mondialisation fonctionne – en d’autres termes, revoir le mode d’organisation de l’économie mondiale, et saisir le caractère d’urgence entourant la réforme de l’architecture économique internationale.

La mondialisation n’est pas la source de tous les maux qui affligent la planète. Toutefois, si elle n’est pas assortie d’un processus de développement, elle n’est pas non plus une panacée entraînant automatiquement une amélioration de l’existence de quiconque ouvre ses frontières aux échanges monétaires et commerciaux.

La croissance économique est une condition préalable à l’allégement de la pauvreté; à cet égard, la mondialisation peut avoir des effets bénéfiques énormes. Mais en fin de compte, le Canada estime que la mondialisation sera telle que nous la façonnerons. Le choix nous appartient. Essentiellement, tout dépend de la manière dont nous déciderons de nous gouverner en tant que collectivité internationale. Il semble y avoir unanimité sur les objectifs visés en bout de ligne – faire que la mondialisation fonctionne et trouver des solutions mondiales aux problèmes mondiaux et nationaux. Par contre, il n’y a pas d’unanimité sur la meilleure manière de les atteindre.

Selon certains, il faut continuer d’intervenir au cas par cas et aborder les problèmes uniquement lorsqu’ils surgissent. Nous avons soutenu pour notre part qu’au XXIe siècle, cela ne suffisait plus. À ce chapitre, le Canada préconise plutôt l’élaboration de nouvelles structures et de nouveaux mécanismes grâce auxquels l’économie mondiale serait plus en mesure de servir les intérêts des peuples du monde, de tous les peuples du monde. Nous pensons qu’il faut miser sur des lois, des structures et des approches formant un cadre plus coordonné, qui soit tout aussi efficace dans des contextes bilatéraux, régionaux et multilatéraux.

Il faut d’ailleurs préciser que des progrès sont accomplis à cet égard. Rappelons-nous par exemple la crise asiatique survenue en 1997. Cette crise est survenue en raison de l’incapacité démontrée par les mécanismes de réglementation et de surveillance mis en place dans certains pays, de s’adapter à la réalité moderne des flux de capitaux internationaux, qui représentent désormais la règle. Étant donné l’absence de mécanismes transparents de réglementation et de reddition de compte, l’incertitude s’est transformée en volatilité, qui à son tour a rapidement dégénéré en panique. Du coup, les importantes rentrées de capitaux se sont inversées en sorties de capitaux tout aussi massives, ce qui a eu un effet dévastateur sur le niveau de vie de millions de gens.

Suite à cette crise, le Canada et d’autres intervenants ont déployé plus d’énergie encore à promouvoir l’élaboration de règles nouvelles dans le but d’assurer le bon fonctionnement des marchés. C’est ainsi qu’ont été prises des mesures financières coordonnées aux échelons nationaux et internationaux, qui mettaient l’accent sur une transparence accrue, sur une surveillance renforcée ainsi que sur des normes et sur des pratiques communes. De nouvelles règles et une nouvelle architecture ont été mises en place, notamment le Forum sur la stabilité financière, un CMFI renouvelé, et bien sûr le G-20.

De toute évidence, il y a eu des progrès. Mais il faut accomplir bien plus encore. Ainsi, le ralentissement récent souligne le besoin d’un meilleur cadre pour résoudre les questions telles que le rééchelonnement de la dette des États souverains. Nous avons besoin de nouvelles règles qui permettent à la communauté internationale de trouver rapidement des solutions aux problèmes liés à la dette et avec aussi peu de perturbations sociales que possible. Il y a trois ans, le Canada a suggéré que le fait de sanctionner à l’échelle internationale la suspension, ou si l’on préfère, le moratoire, des remboursements de la dette pourrait représenter un élément essentiel d’un cadre amélioré. Il y a eu une certaine résistance au départ, mais l’opinion est en train de se rallier.

Le temps est maintenant venu d’abandonner les discussions générales et de reconnaître que des moratoires officiels peuvent jouer à l’échelle internationale le même rôle que la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies au Canada et le chapitre 11 aux États-Unis. Il faut maintenant se pencher sur les mécanismes pouvant servir à les mettre en œuvre. Ce qui nous fait obstacle, c’est que les règles et les structures que nous avons établies pour gérer l’économie mondiale n’ont pu suivre le rythme du changement.

Il aurait peut-être été envisageable de se contenter de solutions de fortune avant le 11 septembre; ce n’est plus possible aujourd’hui. La lutte contre le terrorisme diffère de tout ce que nous avons connu jusqu’ici. Ce combat se livrera sur de nombreux fronts, dans de nombreux pays. Il impliquera non seulement des moyens militaires, mais également des contrôles bancaires, des actions policières et des opérations de renseignement. Plus que tout, il exigera des partenariats un degré de coopération internationale supérieur à tout ce que nous avons connu jusqu’ici.

Il est indéniable que lorsque, le 12 septembre au matin, nous avons ouvert les yeux sur notre monde, nous avons constaté qu’il était plus vulnérable que nous ne l’avions cru jusqu’alors. Ceux qui, jusqu’à ce moment, avaient eu l’impression de prêcher dans le désert ont entendu une multitude de voix se joindre à la leur : le temps était venu pour les nations du monde de prendre des mesures concertées, car aucun pays à lui seul, peu importe sa puissance, ne saurait apporter à ses citoyens et à leur famille une protection comparable à celle qu’il obtiendrait en joignant ses forces à celles des autres pays.

Si cette règle vaut pour la lutte au terrorisme, elle vaut également pour l’établissement de structures aptes à garantir le fonctionnement efficace des marchés internationaux, de manière que les crises ne détruisent pas le gagne-pain des gens. Dans ce même ordre d’idée, si les événements du 11 septembre nous amènent à adopter une approche fondée sur des règles pour assurer une efficience accrue des marchés internationaux, ainsi que nous l’avons fait à l’échelon national, ils devraient également nous aider à comprendre qu’il faut améliorer le fonctionnement des marchés internationaux, comme nous l’avons fait dans le cas des marchés nationaux.

Pour que la mondialisation porte vraiment fruit, cependant, nous ne pouvons nous cantonner à la gestion des crises financières. Il suffit pour s’en rendre compte d’en discuter avec les ministres des Finances des économies en développement. Ils saisissent l’importance de renforcer le système financier international. Ils savent qu’ils pourront ainsi miser sur des perspectives économiques à long terme pleines de promesses. Mais en même temps, ils doivent résoudre chaque jour des problèmes plus immédiats et plus fondamentaux – la maladie, le manque de logements, d’hôpitaux ou d’écoles, les systèmes d’égouts et de distribution d’eau potable inadéquats. Le message qu’ils transmettent aux pays industrialisés est le suivant : aidez-nous à relever ces défis, et nous vous aiderons à relever ceux qui sont rattachés au bon fonctionnement des marchés.

Le fait est qu’aucun pays ne peut réaliser son potentiel économique s’il ne répond pas aux besoins élémentaires de sa population. C’est cette perspective qui est au cœur du consensus de Montréal établi à l’occasion de la réunion du G-20 tenue l’an dernier. Il faut maintenant se demander si le 11 septembre sera le catalyseur de cette cause, ou au contraire un obstacle aux efforts en ce sens. Pour le Canada, la réponse est claire : nous devons plus que jamais relever le défi de la mondialisation. Pour des milliards de personnes, le véritable danger n’est pas que la mondialisation réussisse, mais au contraire qu’elle échoue. Nous devons plus que jamais relever le défi de la mondialisation, réitérer notre engagement de renforcer l’économie mondiale et resserrer les liens qui nous unissent et font de nous une véritable communauté des nations.

Mais ce sera loin d’être facile. Nombreux sont ceux qui seront poussés par un instinct naturel à se replier sur eux-mêmes – à chercher la sécurité par l’isolement –, à faire preuve de moins d’ouverture qu’ils ne le feraient autrement.

Mais ces instincts sont autodestructeurs. Nos intérêts sont trop interreliés pour qu’il soit possible de rompre soudain toutes les attaches. L’idée qu’un monde moins ouvert et moins interdépendant serait plus sécuritaire relève de l’illusion. Une telle démarche ne serait pas une victoire sur le terrorisme. Cela reviendrait à céder aux forces qui tentent de nous diviser. Oui, nous devons protéger nos intérêts. Mais nous devons le faire en renforçant des normes et non pas des murs.

Qu’est-ce que cela veut dire au juste?

Cela veut certainement dire mettre fin au terrorisme et traduire les terroristes en justice.

Mais cela voudrait dire également libérer les plus pauvres de la dette qui les écrase.

Cela voudrait dire aider la prochaine génération d’enfants africains à profiter de soins de santé adéquats et à recevoir une éducation décente.

Cela voudrait dire que les énormes subventions à l’agriculture octroyées par ceux qui disposent de gros moyens, faussant ainsi les marchés et fermant la porte aux importations, sont incompatibles avec un monde fondé sur les règles et l’équité.

Cela voudrait dire veiller à ce que la nouvelle ronde de négociations commerciales multilatérales qui vient d’être amorcée fasse honneur à son nom de «  Programme de développement de Doha ».

Dans le cadre des réunions qui se tiendront au cours de la fin de semaine, nous devons exprimer un message ferme : les économies ne peuvent pas rompre les liens qui les unissent. Au contraire, nous devons encore les renforcer. Les mécanismes internationaux et multilatéraux ne doivent pas être mis de côté. Au contraire, nous devons nous en prévaloir plus que jamais.

En allant de l’avant avec les réunions de cette fin de semaine, nous envoyons un message clair et sans équivoque aux terroristes, un message simple et direct : nous ne serons réduits ni au silence ni à l’impuissance. Nous allons poursuivre nos efforts, tous ensemble, petits pays et grands, afin de rendre la collectivité mondiale plus sécuritaire et plus prospère que jamais pour toutes et tous.

Au lendemain du 11 septembre, un nouveau consensus se dégage, et je pense qu’une nouvelle volonté politique est en voie d’émerger. Notre objectif doit être désormais de travailler sans relâche afin de matérialiser cette volonté. Finis les petits pas; nous devons maintenant faire de grandes enjambées.

Il s’agit d’une démarche audacieuse, mais qui n’est pas sans précédent. Le même phénomène s’est produit au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale : une génération entière a décidé qu’il fallait changer le monde. Elle y est parvenue de façon éclatante. Grâce aux travaux de reconstruction de l’après-guerre et à l’établissement des institutions issues des accords de Bretton Woods.

Eh bien! le temps est maintenant venu de suivre leur exemple. Que le souvenir de cette grande génération nous inspire à nouveau, nous aide à voir par delà les idées reçues, à nous arracher à l’inertie, à vaincre le désespoir et à faire renaître une espérance profonde et durable.


Dernière mise à jour :  2003-02-25 Haut

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