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Le 17 janvier 2005

Allocution d’ouverture prononcée par M. Paul Boothe, représentant du Canada au G-7, au nom de l’honorable Ralph Goodale, ministre des Finances du Canada, à la réunion de la Commission pour l’Afrique, Le Cap, Afrique du Sud

Le texte prononcé fait foi


Bonjour. Permettez-moi d’abord de vous transmettre mes salutations et les souhaits du Canada, et de vous faire part de ma déception de ne pouvoir être des vôtres ce matin. Cependant, j’ai participé hier à une discussion très fructueuse avec le ministre des Finances de l’Afrique du Sud, M. Manuel, et avec le chancelier de l’Échiquier du Royaume-Uni, M. Brown, et j’ai partagé avec eux quelques-uns de mes points de vue.

Je suis heureux de pouvoir m’adresser à vous par l’entremise de mon représentant personnel, M. Paul Boothe, qui est aussi le représentant du Canada auprès du G-7.

Au cours des dernières semaines, le monde a été témoin d’une tragédie inimaginable dans les pays de l’océan Indien. Nous avons également été à même de constater une réponse sans précédent aux besoins humanitaires et de reconstruction des pays victimes du tsunami de décembre. Comme beaucoup d’autres, les Canadiens se sont engagés massivement.

Ce débordement de compassion à l’échelle mondiale permet de grands espoirs dans le monde. Pourtant, comme bien des gens l’ont souligné, nous ne devons pas faire en sorte que les éléments tragiques de cette catastrophe nous fassent oublier les difficultés auxquelles les peuples africains étaient confrontés bien avant le 26 décembre — des problèmes dont les effets se feront sentir encore longtemps.

Je vous encourage tous à unir vos efforts pour surmonter ces difficultés, en les transformant en débouchés qui garantiront un avenir meilleur pour ce continent. Aujourd’hui, nous voulons entendre votre point de vue au sujet des priorités et des solutions concernant l’Afrique.

Bâtir sur nos réalisations

Bon nombre d’entre vous représentent le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), l’une des plus importantes mesures appliquées par l’Afrique pour prendre en main son propre développement. Ce nouveau partenariat s’est approprié la notion de gouvernance, et il en a reconnu l’importance fondamentale dans chaque pays car, sans elle, il serait impossible de faire progresser le développement.

À l’été de 2002, à Kananaskis, au Canada, les représentants du G-8 ont répondu à l’appel du NEPAD en signant le Plan d’action du G-8 pour l’Afrique. Les progrès réalisés au sujet de ce plan pendant l’année du sommet du G-8 au Canada doivent se poursuivre à Gleneagles, et bien au-delà.

La Commission pour l’Afrique tente de souligner à nouveau la place de l’Afrique dans le programme international et de profiter de l’élan donné par le NEPAD et le Plan d’action pour l’Afrique.

Le Canada collaborera avec vous, et notre participation aux travaux de la Commission n’en n’est qu’un exemple. J’aimerais partager avec vous ce que j’ai appris jusqu’à maintenant. En août 2004, je me suis rendu en Afrique du Sud, au Mali, en Tanzanie et au Nigéria, et j’ai rencontré des chefs politiques de l’Afrique, dont quelques-uns d’entre vous, de même que des chefs d’entreprise, des entrepreneurs locaux, des membres de la société civile, des donateurs et des universitaires.

L’automne dernier, j’ai parcouru le Canada pour consulter les représentants des organisations non gouvernementales canadiennes et des entrepreneurs actifs en Afrique.

Le développement du secteur privé et son lien avec la réduction de la pauvreté

Depuis mon arrivée à la Commission, je me pose les mêmes questions que se posaient le premier ministre Paul Martin et l’ancien président du Mexique, Ernesto Zedillo, dans leur récent rapport :

  • Comment pouvons-nous faire éclore l’esprit d’entreprise qu’on retrouve de façon si évidente partout en Afrique?
  • Comment pouvons-nous faire fonctionner les marchés au profit des pauvres?
  • Comment pouvons-nous permettre à l’Afrique d’être concurrentielle à l’échelle mondiale?

Commençons donc par la question qui a été le plus souvent invoquée : l’absence d’infrastructures publiques de grande qualité. À l’occasion des consultations que j’ai menées en Afrique, la question des transports est celle qui a été soulevée le plus fréquemment, tout comme les contraintes dans le domaine des communications, de l’énergie et de l’approvisionnement en eau. Ensemble, ces éléments constituent l’assise d’une économie moderne animée d’un esprit d’entreprise vigoureux et dirigée par des citoyens jouissant d’une grande liberté d’action.

En deuxième lieu, de nombreux intervenants ont souligné la nécessité de stimuler la réussite des entreprises indigènes et des exploitations agricoles familiales – grâce au développement des moyens de production, à la technologie et à l’accès aux capitaux – et d’améliorer la préparation des produits en vue de l’exportation.

Ces questions me touchent beaucoup, en partie parce que j’ai grandi en Saskatchewan, le cœur de l’agriculture au Canada, et également parce qu’il s’agit de thèmes abordés dans le rapport Martin-Zedillo.

Nous devons mettre en lumière le rôle important des microentreprises ainsi que des petites et moyennes entreprises en Afrique. Une approche plus globale, qui permettrait d’obtenir en même temps, plutôt que séparément, du financement, des services non financiers et un contexte d’exploitation favorable aux entreprises, pourrait représenter la solution.

Nous devons également souligner le rôle important que jouent les femmes à titre de dirigeantes de microentreprises, ainsi que l’incidence de la démarche choisie au chapitre de l’équité entre les sexes.

Troisièmement, le rôle des entreprises étrangères revenait constamment dans les réponses des Africains que j’ai rencontrés. Il convient d’attirer la participation et les investissements de ces entreprises, à des conditions qui sont à la fois économiquement viables pour elles et raisonnablement profitables pour l’Afrique. Nous devons tirer parti de l’importance croissante qu’on accorde aux enjeux sociaux et environnementaux, dans le contexte des affaires internationales, pour exploiter le potentiel des entreprises du secteur privé de s’engager davantage en Afrique. Au-delà des « obstacles au commerce », les entreprises doivent amorcer des projets de développement communautaire et aider à bâtir des économies locales viables. Tout comme la société canadienne Nexen, certaines entreprises jouent déjà un rôle en ce sens.

Les donateurs doivent faire davantage sur le plan des structures de la politique publique mondiale (comme le programme de Doha), mais d’ici là, les mesures d’aide à l’Afrique pour lui permettre de mettre en valeur sa capacité de préparation à l’exportation, y compris l’accès au capital et aux compétences, constituent un autre élément d’action fondamental.

Deux fardeaux importants

Nous pouvons avoir foi en l’avenir. Toutefois, bien qu’il existe de nombreuses façons de promouvoir le développement du secteur privé, nous devons d’abord surmonter deux grands obstacles.

Tout d’abord, le fardeau de la dette.

Des préoccupations au sujet du niveau élevé de la dette ont été soulevées à presque chacune de mes rencontres en Afrique. Des ressources beaucoup trop importantes sont détournées vers le service de la dette alors qu’elles pourraient être affectées à l’investissement public pour favoriser une croissance économique et un développement social plus vigoureux, de même qu’une meilleure qualité de vie.

Même si les pays pauvres très endettés (PPTE) ont pu réduire le fardeau de leur dette des deux tiers, huit des pays qui ont terminé le processus des PPTE ont toujours d’importantes obligations au titre du service de la dette. Cela ne suffit pas.

Beaucoup d’Africains nous ont dit que, bien qu’ils aient pris de lourdes décisions pour assurer la réforme de leur économie, ni le processus des PPTE en particulier, ni les efforts des donateurs de façon plus générale, n’ont été à la hauteur.

Je conviens qu’il faudra faire davantage.

Nous devons utiliser la proposition du chancelier Brown au sujet de la dette et faire en sorte que le Fonds monétaire international participe à toute nouvelle initiative.

Ce qui compte le plus, c’est de respecter quelques principes fondamentaux, notamment l’additionnalité, l’équité, l’intégrité financière des institutions financières internationales et les stimulants appropriés. Cette question sera sans doute débattue de façon détaillée à l’occasion du sommet de Gleneagles. Le Canada est un chef de file dans le domaine de l’allégement de la dette, et il le demeurera.

Je suis heureux de vous dire que, pour reconnaître le fait que Madagascar vient de terminer le processus des PPTE, j’annonce aujourd’hui l’annulation de la dette de ce pays envers le Canada, qui s’élève à 21 millions de dollars. Nous félicitons Madagascar.

Un deuxième problème fondamental est celui du fardeau de la maladie.

Outre sa valeur intrinsèque, la question de l’amélioration de la santé et de la lutte contre les maladies transmissibles a de très fortes incidences économiques.

Des estimations mondiales révèlent en effet que des investissements accrus dans la santé se traduisent par un accroissement des ressources de plusieurs milliards de dollars par année dans les pays à faible revenu.

Au cours de toutes les consultations auxquelles j’ai participé en Afrique et au Canada, la crise continue de la santé en Afrique, plus particulièrement l’épidémie de VIH/SIDA, a été reconnue comme une priorité immédiate. Par conséquent, nous devons étudier la proposition du chancelier Brown en vue de combattre le VIH/SIDA.

La pénurie de main-d’œuvre qualifiée et les problèmes de capacité ont également été mentionnés à bon nombre de reprises; on ne peut qu’établir un lien évident avec la maladie.

Les sociétés privées savent très bien qu’une question comme la lutte au VIH/SIDA ne constitue pas uniquement une obligation morale, mais qu’elle a aussi beaucoup d’incidences sur le plan des affaires.

Je crois que nous devrions envisager une vaste solution à la crise des maladies infectieuses en Afrique. Le rendement de l’investissement dans ce domaine est énorme, et il peut également permettre de valoriser le potentiel des systèmes de santé.

Des efforts ciblés axés sur l’aide directe, comme la facilité internationale de financement de l’immunisation, méritent que l’on y regarde de plus près.

Compte tenu des besoins immédiats en santé, je crois qu’il est opportun d’annoncer une importante initiative canadienne.

Nous devons mener à terme l’éradication de la poliomyélite, une maladie qui frappe beaucoup plus durement l’Afrique que les autres continents.

J’annonce aujourd’hui que le Canada financera le déficit immédiat de l’Initiative mondiale d’éradication de la poliomyélite en fournissant 42 millions de dollars canadiens pour aider à éliminer définitivement cette maladie invalidante. Nous espérons de tout cœur que, dans l’avenir, aucun enfant ne sera plus paralysé par la polio.

Conclusion

En terminant, permettez-moi de réitérer l’engagement du Canada envers l’Afrique, ainsi que l’importance du processus de la Commission pour l’Afrique afin de remplir cet engagement.

Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de partager avec vous certaines de mes pensées. Je vous souhaite une discussion très fructueuse et j’ai bien hâte d’entendre les réactions des délégués canadiens au moment où nous poursuivons nos travaux en vue du rapport final de la Commission Blair pour l’Afrique.


Dernière mise à jour :  2005-01-25 Haut

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