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Le 25 février 2005

Notes d’allocution de l’honorable Ralph Goodale, c.p., député, ministre des Finances devant le Empire Club of Canada et le Canadian Club of Toronto

Toronto (Ontario)

Le texte prononcé fait foi


Mesdames et Messieurs, je vous remercie de m’avoir invité ici aujourd’hui. Bon après-midi et sincères salutations de la part du gouvernement du Canada.

Je suis très reconnaissant au Canadian Club et au Empire Club de me donner l’occasion de m’exprimer. Depuis à peu près une quarantaine d’heures, j’ai donné des entrevues sans arrêt – je dois en avoir donné environ 35 jusqu’ici – le tout pêle-mêle avec divers membres des médias pour parler du budget. Je suis en fait heureux de me trouver dans une pièce et de parler à de vraies personnes plutôt que de profiter des merveilles de la technologie. Quand je dis cela, je ne veux nullement manquer de respect aux journalistes. J’ai une très grande estime pour ce qu’ils font, et j’ai même déjà été un des leurs.

À mes débuts à Regina, quand je fréquentais encore l’université, j’étais rédacteur aux actualités pour la CBC, et je me souviens avoir travaillé aux actualités du matin, alors que le lecteur de nouvelles et moi-même étions les seuls dans tout l’immeuble. Je me souviens qu’à cette époque, je tapais allègrement sur une vieille machine Underwood; c’était bien avant l’ère technologique. Je tapais souvent les lettres dans le mauvais ordre, et je me rappelle que très souvent, je tapais le O à la place du U. Un jour, alors que je rédigeais une nouvelle plutôt longue au sujet de l’Union soviétique, j’ai écrit « Onion soviétique » environ trois fois dans une nouvelle de 60 secondes. J’ai mis le tout ensemble et l’ai remis au lecteur à peu près 30 secondes avant le début du bulletin. Quand je suis retourné à mon bureau, je me suis rendu compte de l’erreur. Je me suis demandé si je devais avertir le lecteur, mais j’ai pensé que l’erreur était tellement évidente que ce n’était pas nécessaire. J’ai écouté le bulletin, et trois fois en l’espace de 60 secondes, l’annonceur a clairement prononcé « Onion soviétique ». Après le bulletin, je lui ai demandé pourquoi il avait fait cela. Il m’a dit : « Mon garçon, » – j’étais très jeune à l’époque – « Mon garçon, je ne suis pas payé pour écrire les actualités, ni pour les modifier. On me paie pour les lire. Et je les ai lues exactement comme tu les as écrites. » Quelque 35 années ont passé, et je cherche encore un journaliste, un seul, qui lira exactement ce que j’ai écrit.

Je sais que ce n’est pas facile, avec un discours du budget qui a duré 75 minutes. J’aimerais seulement vous résumer aujourd’hui ce que nous avons cherché à accomplir avec le budget fédéral de 2005.

Je visais trois principaux objectifs. D'abord, je voulais établir sans la moindre équivoque que la performance de notre économie demeure remarquable – comparativement aux autres pays ou par rapport à quelque point de repère international que ce soit – et que notre assise financière est très solide. Pourquoi est-ce si important? Tout simplement parce qu’une économie vigoureuse et une démarche budgétaire disciplinée donnent aux Canadiennes et aux Canadiens les moyens de réaliser tout ce qu’ils désirent.

Il y a 12 ou 15 ans, notre pays éprouvait des problèmes financiers très graves. Nous étions enfermés dans un cercle vicieux engendré par des déficits à répétition, une dette croissante, des impôts et des taux d'intérêt élevés, une croissance économique lente, parfois même nulle, la disparition d'emplois et des programmes sociaux en grand péril. Les Canadiens ont alors jugé qu'il fallait changer les choses, et ils ont demandé qu'un nouveau plan soit mis en oeuvre.

Entre 1993 et 1997, nous avons mis fin à la hausse de la dette publique, qui, en un quart de siècle, avait atteint des niveaux records. Nous avons rétabli l'équilibre budgétaire. Nous avons même commencé à dégager des excédents, et nous avons placé en permanence la dette publique sur une trajectoire descendante. Il a fallu prendre des décisions ardues, et parfois controversées, pour y arriver, mais les Canadiens ont généralement donné leur appui à ces mesures nécessaires.

Considérons les résultats que nous avons obtenus au bout de huit ou neuf ans. Nous avons déposé un huitième budget équilibré de suite, et nous prévoyons faire de même lors des cinq prochaines années; le ratio de la dette est en voie d'être ramené à 25 %, alors qu'il se situait à 68 %. Nous avons une cote de crédit triple A. Nous nous classons en tête de peloton au chapitre de la création d'emploi et de la croissance du niveau de vie, et nous sommes le seul pays du G-7 à dégager des excédents. Enfin, aucun gouvernement du Canada n'a obtenu d'aussi bons résultats financiers depuis 1867.

Grâce à ces résultats économiques et financiers, nous avons pu réinvestir dans les priorités économiques et sociales des Canadiens. Nous avons réduit le fardeau fiscal. Nous avons contribué à la création d'un million d'emplois nets depuis 2000, de deux millions depuis 1997 et de trois millions depuis 1993. Nous avons aussi su faire face à des événements imprévus et graves, comme les attentats du 11 septembre, le SRAS, la maladie de la vache folle et le tsunami qui a dévasté l'Asie, sans pour autant revenir à l'ère des déficits, malgré les dépenses qui en ont découlé.

Le secret d’une telle capacité d’adaptation, d’une telle liberté d’action, c’est une planification financière prudente. D’abord, lorsque nous évaluons les perspectives économiques du pays, nous ne consultons pas seulement nos propres économistes. Nous ne faisons pas non plus simplement appel à un ou deux de nos économistes préférés, de l’extérieur du gouvernement, pour qu’ils nous disent ce que nous voulons entendre. Nous consultons régulièrement 15 ou 20  des meilleurs analystes économiques du secteur privé canadien. Leurs prévisions sont étudiées par quatre cabinets de modélisation économétrique, toujours du secteur privé. Et nous utilisons la moyenne des résultats des experts externes pour établir le cadre de planification budgétaire.

Ensuite, nous évitons d’occuper la totalité de l’espace budgétaire avec des initiatives de dépenses ou des réductions d’impôt. Nous nous laissons une marge de manœuvre explicite chaque année pour pouvoir composer avec des chocs financiers imprévus. Cette marge de manœuvre destinée à maintenir l’équilibre budgétaire dépassera les 25 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Si ces fonds ne sont pas utilisés, 15 milliards de dollars, soit 3 milliards par année, serviront à rembourser une partie de la dette publique. Le reste pourra être consacré aux programmes et services prioritaires, s’il n’y a pas de risque de déficit.

Si je mentionne tout ceci dès le départ, c’est pour souligner le plus clairement possible que tous les éléments de base de l’approche financière de notre gouvernement sont bien présents dans ce budget, et qu’ils le seront encore pour les cinq prochaines années. Nous allons continuer de suivre les règles et d’adopter les pratiques prudentes qui nous ont donné de si bons résultats de 1993 à 2005.

À partir des conseils les plus éclairés que peut fournir le secteur privé, nous prévoyons que la croissance économique annuelle se maintiendra autour de 3 % au cours des prochaines années. Il existe toutefois certains risques. Nous sommes un pays qui fait beaucoup de commerce. Au total, 80 % de nos exportations sont destinées aux États-Unis. Les deux boulets que sont le déficit de la balance courante et le déficit budgétaire aux États-Unis pourraient entraîner une hausse des taux d’intérêt, un ralentissement de la croissance ou une perte de valeur encore plus marquée du dollar américain. Or, chacun de ces facteurs pourrait avoir des effets négatifs sur le Canada. Nous devons donc demeurer prudents et vigilants, et c’est ce que nous faisons.

Mon deuxième grand objectif budgétaire était de respecter les promesses faites aux citoyens durant la campagne électorale de l’été 2004, ou même de les dépasser. Notre budget nous a permis de tenir nos engagements. Nous avons négocié de nouveaux accords avec tous les premiers ministres des provinces et des territoires en vue de fournir des fonds additionnels, en particulier pour les soins de santé. Les dispositions législatives nécessaires ont été déposées au Parlement, et leur examen est en bonne voie. Le budget prévoit le versement des sommes promises par l'intermédiaire du Transfert canadien en matière de santé et du Programme de péréquation. Ces fonds additionnels atteindront 75 milliards de dollars sur 10 ans.

Dans le but d’aider les villes et les collectivités, nous avions promis de partager jusqu’à la moitié des revenus tirés de la taxe fédérale sur l’essence avec les administrations locales, et il s’agit de l’une des mesures contenues dans le budget. Au cours de la prochaine année, les revenus ainsi partagés vont s'élever à 600 millions de dollars, et ce montant va augmenter de façon graduelle pour atteindre 2 milliards par année à titre de transfert fédéral pour les villes et les collectivités. Il s'agit de transferts permanents qui ne se substituent pas mais, au contraire, s'ajoutent aux programmes fédéraux de travaux d'infrastructure.

Pour le mieux-être des enfants, le dernier budget prévoit l'affectation de 5 milliards de dollars sur cinq ans à une nouvelle initiative nationale d'apprentissage et de garde des jeunes enfants, conformément à l'engagement que nous avions pris. Cette initiative reposera sur des principes comme la qualité, l’universalité et l’accessibilité des services, ainsi que le développement des enfants. Nous avons aussi indiqué que nous sommes prêts à collaborer à long terme avec nos partenaires provinciaux et territoriaux.

Nous avons aussi pensé aux aînés, aux personnes handicapées et aux aidants naturels, toujours en vue de respecter nos engagements. Entre autres, le budget prévoit 2,7 milliards de dollars de plus pour le Supplément de revenu garanti, et il double le crédit d’impôt accordé aux aidants naturels.

Pour répondre aux immenses besoins des peuples autochtones, nous avons promis de mettre en place un processus favorisant la concertation des dirigeants autochtones, du premier ministre du Canada, de ses homologues provinciaux ainsi que des ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux. Le but de ce processus est la mise en place d’un plan d’action national qui obtienne l’adhésion de tous et qui englobe la santé, l’éducation et le logement des Autochtones, leur développement économique, leurs revendications territoriales ainsi que la reddition de comptes. Ce processus a fait de nets progrès au cours de la dernière année. Il y aura d’autres rencontres au printemps et à l’été, qui aboutiront à une rencontre officielle de tous les premiers ministres avec les dirigeants autochtones à l’automne. Entre-temps, le budget comporte des investissements de 1,4 milliard de dollars pour améliorer la santé, l’éducation, le logement et les services aux enfants autochtones.

Sur ce point et sur bien d’autres, je suis heureux de pouvoir dire que les mesures que nous avons prises dans le budget reflètent parfaitement nos promesses de l’été dernier.

J’en viens maintenant à mon troisième objectif budgétaire. Il était de décrire les perspectives d’avenir du Canada, c’est-à-dire ce que nous voulons réaliser et comment nous allons nous y prendre au cours des cinq prochaines années, en nous appuyant sur une productivité accrue, sur un environnement plus durable ainsi que sur l’influence et le respect dont jouit le Canada sur la scène internationale.

La productivité est toujours un enjeu important, mais il l’est plus que jamais si on tient compte de la hausse de la valeur de notre dollar et des grands changements démographiques qui se produiront, dans quelques années seulement, lorsque les membres de la génération du baby-boom commenceront à prendre leur retraite. Le budget de 2005 contient des mesures qui permettront de compter sur une main-d’œuvre plus ouverte, notamment aux Autochtones, aux immigrants, aux personnes handicapées et aux jeunes pères et mères de famille qui veulent poursuivre leur carrière mais aussi prendre soin de leur jeune famille. Le budget prévoit aussi des investissements pour appuyer l’alphabétisation et l’acquisition de compétences en milieu de travail. Nous n’avons pas négligé non plus notre programme d’innovation, qui a déjà donné de très bons résultats pour promouvoir les études supérieures, les sciences et le développement de technologies nouvelles, surtout dans les établissements d'enseignement postsecondaire.

Nous faisons des investissements importants pour que notre infrastructure publique soit de première qualité. Nous encourageons des échanges commerciaux plus ouverts à l’intérieur et à l’extérieur du Canada, ainsi que des régimes de réglementation mieux adaptés, notamment en matière de services financiers et de valeurs mobilières.

Nous réduisons aussi le fardeau fiscal. L’impôt sur le revenu des particuliers diminuera par suite de la hausse du montant de revenu que les particuliers peuvent gagner sans payer d’impôt. Cette seule mesure se traduira par une réduction d’impôt de plus de 7 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. En outre, près de 900 000 particuliers à faible revenu, dont un quart de million d’aînés environ, cesseront d’avoir à payer de l’impôt. Pour les particuliers ayant un revenu plus élevé, le plafond des cotisations à un régime enregistré d’épargne-retraite est haussé, et nous éliminons les restrictions relatives aux investissements en biens étrangers.

Du côté des sociétés, nous allons éliminer la surtaxe instaurée en 1987 et nous allons abaisser graduellement de deux points le taux général de l’impôt des sociétés, pour maintenir notre avantage concurrentiel sur les États-Unis et pour conserver les emplois et les investissements au Canada. Nous allons aussi améliorer le régime de déduction pour amortissement année après année pour qu’il tienne mieux compte de la durée de vie utile des immobilisations.

En ce qui concerne l’environnement et le développement durable, nos investissements atteindront au moins 7,5 milliards de dollars. Dans le but de mieux relever les défis liés au changement climatique, nous prenons toute une série de mesures : de nouveaux mécanismes reposant sur les conditions du marché pour canaliser les forces de la concurrence dans le secteur privé, de nouvelles mesures fiscales, des incitatifs à l’intention des consommateurs et des entreprises, de nouveaux investissements axés sur l’innovation, ainsi qu’un élargissement de la portée des mesures prévues par la réglementation et des mesures volontaires.

Permettez-moi de vous donner quelques exemples. Nous créons le Fonds éco-net dans le but d’investir dans de nouveaux domaines prometteurs, comme le captage et le stockage du carbone, le charbon épuré et l’établissement possible d’un réseau d’électricité pancanadien, tout en appuyant la liquidité du marché des échanges de droits d’émission au niveau national. Nous quadruplons nos investissements dans l’énergie éolienne, ainsi que dans l’amélioration du rendement énergétique des maisons, et nous accélérons la déduction pour amortissement, à un taux de 50 %, pour certains investissements environnementaux.

Mais les investissements environnementaux contenus dans notre budget ne se bornent pas au changement climatique. Il y a d’importants investissements destinés à assainir les friches industrielles, à préserver l’intégrité de nos parcs nationaux et à proroger le Plan d'action des Grands Lacs. Les groupes environnementaux ont déclaré que, tout compte fait, ce budget était probablement le plus écologique de notre histoire.

Pour que le Canada continue d’être respecté et de jouer un rôle important et influent sur la scène internationale, notre gouvernement a entamé un examen en profondeur de sa politique internationale. Cette tâche devrait être achevée d’ici quelques semaines. Dans l’intervalle, le budget prévoit certaines mesures importantes pour nous permettre d’aller de l’avant dès maintenant.

Dans les cinq prochaines années, nous fournirons aux Forces canadiennes 13 milliards de dollars, selon la comptabilité de caisse, pour accroître les effectifs des forces régulières et des réserves, pour améliorer les infrastructures et la viabilité opérationnelle, et pour acheter de l’équipement. Il s’agit de la contribution la plus importante des 20 dernières années au chapitre du financement de la défense.

De plus, 1,2 milliard de dollars additionnels sont investis pour la sécurité aérienne, maritime et frontalière ainsi que pour la protection civile.

Nous réservons 3,4 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour accroître l’aide internationale. Cela permettra entre autres au Canada de jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale dans la lutte contre le sida, le paludisme, la tuberculose et la polio.

Nous avons encore tous à l’esprit les manifestations de compassion et de générosité à la suite de la dévastation causée par le tsunami en Asie du Sud. L’aide offerte par les Canadiens et par les gouvernements du monde entier était absolument nécessaire et pertinente, afin de fournir tout le soutien possible dans les circonstances. Mais il faut songer aussi à la situation qui prévaut en Afrique. Ce continent a été à peu près épargné par le tsunami, mais les Africains meurent du sida, du paludisme, de la tuberculose et de la polio à un rythme tel que le nombre de décès chaque mois équivaut au bilan total du tsunami. C’est pour cette raison que nous voulons orienter davantage notre aide vers ce continent.

Par ce budget, nous continuons d’exercer un leadership dans le but de réduire l’écrasant fardeau de la dette de certains des pays les plus pauvres du globe. Le Canada a toujours joué un rôle de premier plan dans ce domaine, et nous entendons bien continuer de le faire. Ce sont de telles raisons qui ont amené des personnes aussi différentes que la vedette rock Bono et le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, à déclarer que ce dont le monde a vraiment besoin en cette période, c'est de « davantage de Canada ». Nous allons poursuivre nos efforts en ce sens, car le Canada a un rôle important à jouer dans les dossiers internationaux.

Notre dernier budget est donc axé sur un certain nombre d’objectifs clés. Nous voulons bâtir une économie canadienne compétitive, productive et adaptée au XXIsiècle, c’est-à-dire une économie axée sur le savoir et sur la technologie, comptant sur des travailleurs hautement qualifiés et préconisant l’excellence en toutes choses.

Nous voulons aussi avoir une société bienveillante et ouverte à tous, une société où les progrès se mesurent à l’aune de l’équité et de l’égalité des chances.

Nous voulons un pays propre, écologique, qui tire fierté de son patrimoine naturel si incroyablement riche et qui le préserve avec le plus grand soin.

Enfin, nous voulons être un peuple sûr de lui, respecté et digne de confiance; nous voulons servir de modèle à tous les citoyens du monde.

Voilà les objectifs du budget de 2005. J’espère que les mesures qu’il contient nous aideront à atteindre ces objectifs dans l’avenir.

Je vous remercie.


Dernière mise à jour :  2005-08-04 Haut

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