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le 13 juin 2005

Notes d’allocution de l’honorable Ralph Goodale, c.p., député ministre des Finances devant la chambre de commerce de Halifax

Halifax, Nouvelle-Écosse

Cette version Web du discours, affichée le 16 juin, a été ajustée pour tenir compte du texte effectivement prononcé par le ministre.


Bonjour à tous. Je vous remercie et vous offre les salutations et les bons vœux du gouvernement du Canada.

Je suis rentré hier soir après une rencontre des ministres des Finances du G-7, à Londres, en Angleterre, au cours de laquelle nous nous sommes penchés sur l’annulation de la dette mondiale. Je suis heureux d’annoncer que nous avons réussi, mais c’est toujours bon de revenir chez soi au Canada.

Permettez-moi toutefois de mentionner qu’il est intéressant de comparer ce que j’ai entendu au sujet du Canada au cours de ce voyage et ce que nous entendons depuis plusieurs semaines à Ottawa. C’est le jour et la nuit!

Vous connaissez tous la rengaine – on prétend que le gouvernement du Canada dilapide les deniers publics comme de soi-disant matelots ivres, que nos récents engagements en matière d’investissement dans les études postsecondaires, le logement abordable et la protection de l’environnement coûteront la somme astronomique – selon leurs dires – de 26 milliards de dollars, ce qui éliminera toute possibilité d’excédent pendant des années, que les taxes et impôts augmenteront, que les taux d’intérêt monteront en flèche, que les gens perdront leur emploi et leur maison et que le ciel nous tombera sur la tête.

C’est exactement ce que vous entendrez si vous écoutez la période de questions quotidienne à la Chambre des communes. Et malgré tout le respect que je dois à ces gens, tout cela n’est qu’un tissu de mensonges!

Dans la réalité, cette somme imaginaire de 26 milliards de dollars en dépenses soi-disant éhontées se situerait davantage aux alentours de 9 milliards de dollars répartis sur environ cinq ans ou plus, et elle serait destinée spécifiquement à des priorités économiques et sociales absolues – tout particulièrement celles des provinces et des municipalités – la plupart reliées à la croissance de la productivité.

En outre, le premier ministre et moi-même n’avons laissé planer aucun doute : pas question pour le Canada de retourner à l’ère des déficits. Les Canadiennes et les Canadiens ont trimé trop dur et pendant trop longtemps (depuis 1993) pour que notre réussite aux plans économique et financier nous échappe. Nous continuerons donc à vivre selon nos moyens. Nous équilibrerons notre situation financière. Nous présenterons des budgets excédentaires et nous continuerons de réduire la dette fédérale. Point à la ligne. Point final!

Je dois vraiment préciser au sujet des membres de l’Opposition officielle qui se font les porte-parole du désastre économique et qui sèment la peur à la Chambre des communes : lorsque leurs prédécesseurs étaient au pouvoir, ils ont cumulé des déficits de 40 milliards de dollars par année et un ratio des dépenses au PIB qui a atteint 18,5 % et qui n’a jamais été inférieur à 15 %. Par contre, nous avons éliminé les déficits fédéraux annuels et les dépenses actuelles du gouvernement oscillent constamment aux alentours de 12 % du PIB.

Ce que j’ai entendu du Canada à Londres n’a rien à voir avec les mauvais calculs mathématiques et les critiques sournoises dont nous sommes la cible à la Chambre des communes. Au sein du G-7, le Canada est perçu comme l’un des pays les plus prospères du monde, un pays dont le bilan financier n’a pas d’égal, dont la performance actuelle et les perspectives à long terme font l’envie de plus d’un. Nous sommes perçus, à juste titre, comme une nation dotée d’un plan prospectif et ciblé qui vise à continuer d’améliorer la qualité de vie de ses citoyens. L’exercice est efficace!

Nos collègues du G-7 ont de bonnes raisons de manifester leur positivisme au sujet du Canada :

  • Nous avons déposé un huitième budget excédentaire de suite et nous sommes le seul pays du G-7 à avoir affiché un excédent au cours des trois dernières années.
  • Nous avons réduit la dette fédérale de plus de 60 milliards de dollars et nous maintenons le cap pour ramener le ratio de la dette au PIB à 25 % au cours de la prochaine décennie.
  • Nous avons créé 2,7 millions d’emplois en termes nets depuis 1997, ce qui représente le meilleur résultat au chapitre de la participation de la main-d’œuvre et de la croissance de l’emploi au sein du G-7.
  • Nous avons enregistré la meilleure croissance du niveau de vie parmi les pays du G-7, le revenu par habitant ayant augmenté davantage au cours des sept dernières années que pendant les 17 précédentes.

Cela dit, pouvons-nous faire mieux? Oui, nous le pouvons et nous le ferons. Serons-nous confrontés à des défis? Certainement. Et nous devrons les relever sans broncher!

Défis mondiaux, solutions canadiennes

Chaque pays industrialisé est confronté à sa part de risque et de problèmes éventuels. Dans le cas des Américains, il s’agit de la croissance de leur budget et de l’augmentation de leur déficit commercial, ce qui pourrait menacer leur (et notre) stabilité financière à long terme. Le déficit fédéral des États-Unis dépasse la dette fédérale totale du Canada! L’Europe et le Japon sont aux prises avec des rigidités structurelles, une croissance léthargique et de piètres résultats au plan de l’emploi. En Chine, le problème se situe plutôt au niveau du taux de change fixe. Chez nous, au Canada, nous sommes confrontés au vieillissement de la population et à une concurrence internationale qui ne cesse de s’intensifier.

Et c’est ce sur quoi je veux insister aujourd’hui. Pour relever ce double défi, nous devons appliquer la même discipline et le même engagement qui nous ont permis d’éliminer le déficit fédéral – et de devenir un chef de file mondial pour la croissance de la productivité.

Mettons tout de suite les choses au clair : l’amélioration de la productivité des travailleurs canadiens n’est pas synonyme de baisses de salaires, d’allongement des heures de travail ou de compressions des effectifs. En obligeant les gens à travailler davantage pour moins, on n’en tire aucune augmentation de la productivité. Ce genre de course à la catastrophe ne nous intéresse pas!

Ce que nous voulons, c’est rendre notre économie vigoureuse, lui donner les moyens de croître et de créer des emplois rémunérateurs et satisfaisants pour les Canadiens d’un bout à l’autre du pays. Il faudra également que les gouvernements, les entreprises, les syndicats et les milieux universitaires collaborent intelligemment dans un effort national pour doter notre pays de l’économie la plus novatrice, la plus efficiente et la plus compétitive, sans exception.

Et j’ajouterai sans détour qu’il ne s’agit pas simplement d’un objectif facultatif abstrait qu’il serait « agréable » d’atteindre à un moment donné. Nous devons accroître la capacité de production de notre économie si nous voulons continuer de bénéficier des avantages qu’offre l’une des sociétés les plus compatissantes et les plus équitables du monde, et bâtir une économie encore meilleure pour la prochaine génération de Canadiens, et même au-delà.

Nous avons progressé dans ce domaine. Depuis 1997, lorsque nous avons équilibré la situation financière du pays pour la première fois – la productivité canadienne a augmenté de 1,7 %, ce qui constitue le deuxième meilleur taux de croissance des pays du G-7. Mais à notre avis, Mesdames et Messieurs, le second rang ne nous suffit pas. Pourquoi? Parce que notre compétitivité au sein de l’économie mondiale n’est pas statique.

D’importants nouveaux acteurs, notamment la Chine et l’Inde, font leur apparition et sont dotés de la volonté et des outils, de la technologie et des personnes qu’il faut pour concurrencer les meilleurs au monde. Ensemble, ces deux pays comptent pour plus du tiers de la population mondiale et grâce à la croissance d’une nouvelle classe moyenne massive, ils se transforment en énormes marchés de consommation, comme jamais le monde n’en a connus auparavant.

En outre, certains facteurs sont présents à l’intérieur de nos frontières – notamment le vieillissement de la population et le ralentissement de la croissance de notre population active – ce qui fait qu’il est non seulement souhaitable, mais impératif de planifier et d’insister sur les mesures à prendre pour garantir un avenir prospère.

En fait, le pays est confronté à une bombe à retardement au plan démographique. Au moment où les membres de la génération du baby-boom commenceront à partir à la retraite en grand nombre au cours des cinq à 10 prochaines années, les autres participants de la population active appuieront une population d’aînés en croissance. On s’en remettra de plus en plus aux soins de santé, aux pensions et à d’autres programmes sociaux, et que les cotisants seront moins nombreux.

Pour raffermir, ou même simplement pour maintenir notre position parmi les économies les plus performantes au monde, nous devons relever le défi de la croissance au XXIsiècle. Et en bout de ligne, cela se résume à accroître notre productivité.

Mais comment procéder?

Nous devons investir dans les secteurs à la base de la croissance de la productivité au sein de l’économie : notre capital physique, notre capital humain et l’innovation. J’aborderai chacun de ces éléments de façon plus détaillée dans quelques instants.

Mais tout d’abord, nous devons, à titre de gouvernement, mettre en place le contexte économique et financier qui permettra aux entreprises de prospérer et d’effectuer les investissements nécessaires pour accroître la capacité de production de leurs employés.

Impôts justes et concurrentiels

L’un des moyens clés qui permettront d’accroître notre productivité consiste à mettre en place un régime fiscal juste, efficient et concurrentiel. Depuis qu’il a atteint l’équilibre budgétaire en 1997, le gouvernement fédéral a réduit les impôts à chaque budget, à un point tel que nous avons conféré au Canada un avantage modeste, mais important, au chapitre du taux de l’impôt des sociétés par rapport à celui des États-Unis.

En 2000, nous avons instauré un plan quinquennal permettant des réductions des impôts de 100 milliards de dollars qui sont maintenant bien en place. Il s’agit des réductions d’impôt les plus importantes de l’histoire canadienne. Et nous continuons de donner des avantages réels à chaque année à des millions de Canadiens et à des petites et grandes entreprises.

Le budget de 2005 se fonde sur ces efforts pour proposer de nouvelles mesures fiscales de 13 milliards de dollars s’adressant aux entreprises et aux particuliers au cours des cinq prochaines années, notamment un meilleur alignement de la déduction pour amortissement sur la « durée de vie utile » des biens, le relèvement du plafond de cotisation à un REER pour le porter à 22 000 $ par année, tout en éliminant des restrictions relatives au contenu étranger, et la hausse de l’exemption de base de l’impôt sur le revenu des particuliers pour la porter à 10 000 $. Cette dernière mesure permettra à près de 860 000 contribuables, dont un quart de million sont des aînés, de ne plus payer d’impôt.

Et je tiens absolument à préciser que le gouvernement ne cesse de progresser par rapport aux réductions de l’impôt des entreprises qu’il a annoncées dans le budget de 2005, quoique dans des mesures législatives distinctes. Nous proposons d’éliminer la surtaxe du déficit en 2008 et de réduire le taux général d’imposition des sociétés pour le faire passer de 21 % à 19 % d’ici 2010. Cette mesure neutralisera l’effet des nouvelles réductions d’impôt aux États-Unis et nous permettra de conserver notre avantage fiscal par rapport aux Américains – un avantage qui nous aide à obtenir de nouveaux investissements et de nouveaux emplois au Canada.

Et c’est exactement ce à quoi se résument nos propositions. Il ne s’agit pas d’avantages fiscaux pour les bien nantis. Il s’agit de croissance de l’économie et d’emplois bien rémunérés pour les Canadiennes et Canadiens – des emplois au Canada – des emplois pour l’avenir – des emplois qui ont de l’avenir.

Raffermir l’union économique

Certains s’arrêteraient ici, prétextant que les mesures fiscales à elles seules garantiront une meilleure productivité de l’économie canadienne. Mais la fiscalité ne représente qu’un élément du tout. Nous devons également encourager l’investissement en bâtissant une union économique canadienne plus vigoureuse, en réduisant les tracasseries administratives et en favorisant la concurrence.

Par exemple, nous continuons d’appuyer fermement l’établissement d’un organisme national de réglementation des valeurs mobilières. Remarquez que j’ai bien dit « national » et pas seulement « fédéral ». Je crois sincèrement que notre structure actuelle, avec son système morcelé et coûteux qui compte de nombreux organismes de réglementation provinciaux et territoriaux, est dépassé. En cette ère de capitaux d’envergure mondiale, les marchés des capitaux provinciaux ne sont tout simplement plus à la hauteur.

Bien que les provinces et les territoires aient déployé certains efforts pour mieux coordonner leur situation, leurs initiatives sont insuffisantes pour doter le Canada d’un régime de réglementation des valeurs mobilières de catégorie mondiale. Mes collaborateurs ont amorcé le dialogue avec leurs homologues des provinces afin de trouver une façon raisonnable d’effecteur de meilleurs progrès dans le cadre de cet enjeu important, du moins parmi les instances disposées à aller de l’avant.

Pour donner un élan aux marchés financiers, le budget de 2005 a instauré plusieurs autres initiatives, dont la réduction du chevauchement entre des organismes fédéraux tels le Bureau du surintendant des institutions financières et la Société d’assurance-dépôts du Canada, les consultations au sujet de mesures visant à assouplir l’accès des banques étrangères au marché canadien et l’amélioration de la protection des consommateurs, l’élimination de la règle concernant les biens étrangers, et l’accroissement de la transparence au chapitre de la gouvernance générale des banques.

Nous devons continuer à réduire les obstacles nationaux et internationaux au titre des mouvements de capitaux parce que nous pouvons avoir confiance dans la vigueur et la compétence du secteur des services financiers canadiens et dans l’attrait du Canada comme destination pour les investisseurs. Le Canada gagnera la course pour les capitaux à l’échelle mondiale.

Et nous poursuivons notre recherche de moyens pour réduire le fardeau de la réglementation pour toutes les entreprises canadiennes. Mon collègue et président du Conseil du Trésor, Reg Alcock, préside une nouvelle initiative de renouveau de la réglementation appelée Réglementation intelligente. Il s’agit d’un effort de collaboration de tous les ministères et organismes fédéraux chargés de la réglementation, des provinces et des territoires, des collectivités autochtones et des municipalités – en vue d’une meilleure réglementation pour protéger la santé, la sécurité, l’environnement et les intérêts sociaux des Canadiens, et aussi leur bien-être économique. Dans la mesure du possible, il vise à réduire ou à éliminer les restrictions réglementaires inutiles ou désuètes qui nuisent à la croissance de l’économie.

Notre objectif consiste à créer une union économique vigoureuse au Canada et à mettre un terme aux obstacles traditionnels qui ont freiné le libre mouvement des biens et des services au pays. Pour atteindre cet objectif, le premier ministre a annoncé le mois dernier la nomination de mon collègue du Cabinet et député d’Ottawa-Vanier, Mauril Bélanger, au poste de ministre d’État pour la promotion du commerce intérieur.

Investissements dans la productivité

La responsabilité financière, l’équilibre budgétaire, la réduction de la dette, un meilleur régime fiscal et une union économique plus vigoureuse engendrent un contexte favorable à l’investissement du secteur privé. Le gouvernement du Canada doit également investir dans les domaines où il occupe une place qui lui permettra de faire changer les choses.

Dans ce contexte, à l’égard des provinces de l’Atlantique et en plus des nouvelles sommes versées par le gouvernement fédéral pour la santé, la péréquation et les ententes sur les ressources énergétiques extracôtières – je suis heureux de souligner que le budget prévoit également des investissements dans la Garde côtière, dans la lutte contre la surpêche de la part des étrangers, dans le Plan d’action pour les océans, dans le Fonds de dotation pour le saumon de l’Atlantique, dans la santé des animaux aquatiques et dans la diversification de la côte Est. Toutes ces mesures ont pour but d’accroître la productivité.

Et au-delà des priorités régionales, au cours des derniers mois, le gouvernement du Canada a également effectué des investissements importants dans trois facteurs de productivité nationaux que j’ai mentionnés plus tôt :

  • Premièrement, le capital physique, qui englobe la technologie de même que l’infrastructure.
  • Deuxièmement, le capital humain, tout particulièrement la formation et les études supérieures.
  • Troisièmement, l’innovation pour élaborer de nouveaux produits et services afin de permettre au Canada de maintenir une longueur d’avance sur ses concurrents mondiaux.

Capital physique

Depuis le milieu des années 1990, le gouvernement du Canada a investi plus de 12 milliards de dollars dans des programmes visant à reconstruire et à revitaliser l’infrastructure publique du Canada. De concert avec nos partenaires des provinces et des municipalités, nous avons remis en état des routes et des autoroutes, nous avons amélioré la qualité de l’eau potable, nous avons raffermi les systèmes de gestion des déchets, nous avons amélioré les programmes d’économie et d’efficacité énergétique, nous avons élargi le parc de logements décents à prix abordable, et nous avons construit des installations communautaires, notamment des stades, des bibliothèques et des centres culturels.

La valeur totale de tous ces travaux au cours de la dernière décennie – stimulée et accrue par nos programmes d’infrastructure fédéraux – dépasse les 30 milliards de dollars à l’échelle nationale. Grâce à ces investissements, nos collectivités deviennent plus attrayantes comme lieux de résidence, de travail et d’investissement, ce qui accroît du même coup leur productivité et leur compétitivité.

À l’heure actuelle, trois programmes d’infrastructure fédéraux sont en place : un programme régulier de travaux municipaux et ruraux locaux; un programme pour des projets davantage stratégiques et importantes aux plans régional et national; et un troisième pour les postes frontaliers pour promouvoir le commerce et la sécurité entre le Canada et les États-Unis.

Chacun de ces programmes a un mandat qui prendra bientôt fin, mais nous les renouvellerons lorsqu’ils arriveront à échéance, afin de les maintenir en place.

En outre, pour satisfaire les besoins en capital physique des administrations locales, les municipalités touchent maintenant le remboursement intégral de la TPS payée sur les achats municipaux – un gain de quelque 600 millions de dollars par année pour les collectivités du pays tout entier.

Et en outre, le budget de 2005 donne suite à notre engagement de partager une partie des revenus tirés de la taxe fédérale sur l’essence avec les municipalités canadiennes. Cette mesure permettra de dégager 5 milliards de dollars sur cinq ans pour l’infrastructure municipale durable et respectueuse de l’environnement, et 2 milliards de dollars par année pour un soutien permanent par la suite. Pour lancer ce processus cette année, le gouvernement du Canada prévoit une somme supplémentaire de 800 millions de dollars destinée aux administrations municipales pour leur permettre de satisfaire leurs besoins urgents en transport en commun.

Capital humain

Le matériel représente un élément clé de l’accroissement de la productivité, mais le volet humain est encore plus crucial. Une main-d’œuvre ambitieuse, motivée et très bien formée, au sein de laquelle chaque participant a la chance de réaliser ses rêves et d’atteindre ses objectifs, constitue le meilleur moyen de bâtir une économie nationale vigoureuse et productive.

Le Canada possède l’une des meilleures fiches parmi tous les grands pays au plan de l’éducation. Au sein des pays du G-7, nous comptons sur le pourcentage le plus élevé de personnes ayant une formation postsecondaire et nos étudiants du secondaire occupent en moyenne le deuxième rang au chapitre des notes en mathématiques et en sciences au sein des pays du G-7. Nous devons continuer de profiter de cet avantage. Nous le ferons.

Le budget de 2005 s’appuie sur notre engagement en matière d’apprentissage continu en investissant 5 milliards de dollars dans un régime national d’apprentissage et de garde de jeunes enfants pour faire en sorte que tous nos enfants connaissent le meilleur départ possible dans la vie.

Des services de garde de grande qualité, d’accès universel, abordables et qui favorisent le développement, contribuent à la productivité, et ce, de deux façons : ils donnent aux parents la tranquillité d’esprit dont ils ont besoin pour poursuivre leurs objectifs de carrière sans compromettre l’avenir de leurs enfants et ces enfants obtiendront les services d’apprentissage qui leur permettront de s’engager et de devenir des personnes compétentes et productives. Il ne s’agit pas uniquement de mon point de vue personnel, c’est l’opinion des principaux experts du secteur de l’économie, y compris du gouverneur de la Banque du Canada.

Nous avons également engagé des fonds fédéraux supplémentaires pour appuyer davantage l’accès des étudiants aux études supérieures, aux programmes de formation de la main-d’œuvre, aux services de perfectionnement sur le marché du travail, et à l’alphabétisation.

Dans une société du savoir axée sur la technologie, à forte intensité de compétences et très concurrentielle, nous réussirons en accroissant la qualité de nos ressources intellectuelles. Il s’agit probablement du facteur le plus important de notre productivité et il nécessitera des investissements permanents.

L’inclusion constitue une autre préoccupation fondamentale.

Comme je l’ai mentionné plus tôt, le taux de croissance de notre main-d’œuvre ralentit en raison des retraites naturelles, ce qui signifie que nous devons tirer le maximum des segments démographiques démontrant une croissance plus rapide. Par conséquent, le Canada s’en remettra de plus en plus aux nouveaux immigrants et aux jeunes Autochtones canadiens pour satisfaire les besoins futurs de notre marché du travail.

Mais ces deux groupes en particulier n’ont pas bénéficié du genre de soutien requis pour tirer complètement avantage des débouchés qu’offre notre économie. Cela doit changer. Selon les économistes, si les Autochtones canadiens et les nouveaux immigrants enregistraient les mêmes taux d’emploi que le reste de la population active nationale, l’écart entre le Canada et les États-Unis au chapitre de la qualité de vie se rétrécirait dans une proportion d’environ 10 %.

Ce printemps, nous avons entrepris la mise à niveau des programmes du gouvernement du Canada au chapitre du traitement des demandes d’immigration, de l’établissement et de l’intégration des immigrants, de même que de la reconnaissance de leurs antécédents. Nous avons également accru notre soutien pour l’enseignement et la formation des Autochtones (entre autres enjeux); et à l’automne, une rencontre officielle des premiers ministres donnera l’occasion au premier ministre, à tous les premiers ministres provinciaux et à toutes les organisations autochtones nationales de s’engager relativement à ces travaux cruciaux.

Innovation

Et enfin, l’innovation. Cet élément est essentiel pour nous permettre d’atteindre notre objectif d’une économie très productive. La conversion efficace de nouvelles idées brillantes en technologies et produits nouveaux exige des installations de tout premier ordre, accompagnées de bien du talent, de nombreuses heures et, par-dessus tout, des sommes nécessaires pour faire passer les projets de la table à dessin au marché.

Le gouvernement du Canada s’engage à assurer le leadership du Canada dans des travaux de recherche primaires à financement public. Et ce n’est pas seulement en théorie. Nous avons consacré des fonds publics de 11 milliards de dollars à la recherche-développement (R-D) depuis que le Canada a déposé son premier budget équilibré en 1997. En effet, ces efforts ont fait passer le Canada de la sixième à la première place parmi les pays du G-7 au titre de la R-D à financement public. Nous ne perdrons pas cet avantage chèrement acquis.

Nous avons davantage raffermi nos efforts dans le budget de 2005 par un engagement supplémentaire de 1 milliard de dollars pour appuyer nos trois conseils subventionnaires fédéraux et compenser les frais indirects de la recherche à financement fédéral dans les universités et les hôpitaux d’enseignement du Canada.

Nous avons également réservé 300 millions de dollars pour renouveler le Fonds d’innovation de l’Atlantique afin de faire progresser la recherche universitaire, la commercialisation et les sociétés novatrices de la région, et 100 millions de dollars pour la deuxième phase des groupes technologiques de l’Atlantique, qui relèvent du Conseil national de recherches du Canada.

Toutefois, la recherche à financement public ne suffira pas si nous voulons vraiment progresser au cours des prochaines années. Le secteur privé a un rôle crucial à jouer dans ce domaine. Malgré l’accès à l’un des régimes fiscaux les plus généreux pour la recherche-développement, bon nombre de secteurs de notre économie n’investissent manifestement pas de façon suffisamment dynamique dans l’innovation. Cela doit changer!

La recherche-développement financée par l’État ne parviendra pas à elle seule à atteindre le niveau de spécialisation scientifique et technologique – et la commercialisation innovatrice – dont notre économie a vraiment besoin – si nous voulons devenir des champions mondiaux dans le domaine de la compétitivité et de la productivité.

C’est là l’un des principaux écarts entre le Canada et les États-Unis. Nous avons une longueur d’avance pour ce qui est de l’innovation dans le secteur public. Mais ils sont bien en avant de nous pour l’innovation dans le secteur privé. Il est temps que les entreprises canadiennes passent à l’action et investissent les capitaux nécessaires pour stimuler la recherche-développement. Les outils sont en place et l’heure est venue.

Mesdames et Messieurs, les Canadiennes et les Canadiens sont plutôt fiers de notre civilité, de notre politesse et de notre modestie. Nous ne sommes pas un peuple qui utilise à outrance les tambours et les trompettes. Mais nos véritables ambitions sont loin d’être modestes.

Ce que nous avons fait de ce pays jusqu’à présent fait l’envie d’une grande partie de l’humanité. Nous sommes le modèle le plus efficace de la diversité, de la tolérance et de la cohésion. Et nous entretenons des liens serrés comme pays et comme peuple, non pas parce que nous « devons » le faire, mais parce que nous « voulons » le faire.

Nous savons que l’établissement d’une nation – à la mode canadienne – est un processus sans fin. Le Canada est aujourd’hui – et sera toujours – un précieux « ouvrage en devenir ». Et nous voulons le bâtir de manière appropriée.

Une société inclusive et compatissante dans laquelle l’équité et l’égalité des chances sont des mesures de notre progrès. Des programmes sociaux vigoureux et efficaces. Un pays propre et écologique fier de son riche patrimoine naturel qu’il préserve avec grand soin. Un pays confiant et respecté, bien conscient de son rôle à l’échelle mondiale – pacifiste et gardien de la paix; promoteur de la liberté, de la démocratie et des droits de la personne; défenseur de l’allégement des dettes et de l’aide aux plus démunis.

Et par-dessus tout – une force habilitante – qui rend possible nos ambitions – une économie concurrentielle vigoureuse et innovatrice mue pas son génie et excellente à tous les égards – une économie dans laquelle la croissance et la productivité du Canada battent la mesure pour le reste du monde! Voilà notre défi pour le XXIe siècle.

Je vous remercie.


Dernière mise à jour :  2005-06-16 Haut

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