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Le discours du budget 2005
Le ministre des Finances
l’honorable Ralph Goodale, C.P., M.P.
Le mercredi 23 février 2005
Le texte prononcé fait foi.
Monsieur le Président, j’aimerais d’abord remercier tous ceux et
celles qui ont contribué à la préparation du budget fédéral de 2005, que
ce soient les multiples organisations et groupes professionnels qui ont soumis
des présentations ou des Canadiennes et des Canadiens de tous les coins du
pays qui nous ont transmis leurs lettres et leurs idées.
Leur contribution, leurs conseils et leurs préoccupations ont aidé à
façonner le budget que je dépose aujourd’hui. Je veux aussi remercier tous
les députés de cette chambre de leurs avis et de leurs points de vue. J’aimerais
particulièrement souligner la forte représentation d’un certain nombre de
comités du caucus du gouvernement et la contribution des critiques de l’Opposition
en matière de finances, notamment les députés de Medicine Hat, de
Saint-Hyacinthe-Bagot et de Winnipeg-Nord.
La capacité de faire changer les choses
Les événements récents ont rappelé à tous à quel point le monde dans
lequel nous vivons est de plus en plus interrelié. Il y a deux mois à peine,
le peuple ukrainien a déclenché une « révolution orange »
pacifique mais profonde. Il a manifesté pour obtenir des réformes
démocratiques, pour ensuite exercer son droit de vote à l’occasion d’élections
vraiment libres le 26 décembre.
Un de nos anciens premiers ministres, le très honorable John Turner,
dirigeait une équipe de plus de 500 Canadiens bénévoles qui ont aidé à ce
que tout se déroule dans la justice et le respect des lois. Nous tous, y
compris des milliers de Canadiens d’origine ukrainienne, sommes fiers du
rôle que le Canada a pu jouer à un point tournant dans l’histoire de ce
grand pays qui est si loin de nous.
Malheureusement, le jour même où les Ukrainiens prenaient part à ce
scrutin, la tragédie du tsunami en Asie du Sud n’a pas tardé à assombrir
cette date mémorable pour la démocratie.
Ce jour-là, un témoin oculaire s’est exprimé ainsi : « la
mer s’est levée et a envahi la terre ».
Au fil des heures et des jours, le nombre de victimes a augmenté, les
dommages se sont accrus et c’est avec douleur que nous avons constaté toute
l’ampleur de cette tragédie.
Les Canadiens n’ont pas tardé à réagir en faisant preuve d’une
générosité remarquable. Leurs actions ont été le reflet du caractère de
notre pays. De jeunes enfants ont fait du porte à porte dans leur quartier.
Des citoyens de toutes les provinces et de tous les territoires ont fait des
dons, grands et petits, pour venir en aide à des gens qu’ils ne
connaissaient pas, dans des pays qu’ils ne visiteront peut-être jamais.
Les organismes d’aide aux sinistrés et différents groupes religieux ont
mobilisé des ressources et traduit de nobles intentions en secours concrets
sur le terrain. Nous félicitons tous les bénévoles de chacun de ces
organismes qui, en faisant tant de bien à l’étranger, ont fait honneur aux
valeurs que nous chérissons.
Le budget d’aujourd’hui confirme, comme promis, la contribution totale
de 425 millions de dollars du Canada pour l’aide aux sinistrés du
tsunami, comme les Canadiens sont en droit de s’y attendre.
Au cours des deux premiers mois de l’année, le Canada a également
appuyé la tenue d’élections dans des conditions difficiles en Irak et
auprès des Palestiniens. Nous avons poursuivi nos missions humanitaires,
notamment en Haïti et en Afrique. Nous avons aidé à maintenir la paix
en Afghanistan et au Kosovo. Nous avons accordé aux pays les plus pauvres de
la planète un allégement plus généreux de leur dette et les ressources
nécessaires pour enrayer la polio.
De tels gestes contribuent à faire changer les choses. Ils permettent de
cristalliser les valeurs canadiennes à l’échelle mondiale.
Tous ces faits de l’actualité internationale des dernières semaines nous
rappellent non seulement que, dans ce monde, nous sommes tous liés les uns aux
autres, mais aussi que nous avons des responsabilités envers le reste du
monde. De toute évidence, le Canada a un rôle spécial à jouer et une
contribution unique à faire. mais nous savons aussi que nous pouvons
jouer ce rôle à l’étranger seulement si notre situation intérieure est
solide et sûre.
C’est pourquoi, l’été dernier, nous avons lancé un programme
ambitieux axé sur l’avenir du Canada afin de poursuivre nos succès
financiers sans précédent, d’investir dans nos gens, de bâtir une
économie plus productive et plus viable sur le plan de l’environnement, et d’affermir
le rôle du Canada sur la scène internationale.
La mise en œuvre de ce programme a été soigneusement échelonnée sur les
cinq prochaines années, sachant (et cela, les Canadiens le comprennent
parfaitement) que l’ensemble de nos ambitions ne peuvent pas être pleinement
satisfaites en une seule année. Or, chaque fois que l’occasion se
présentera, les Canadiens s’attendront à ce que nous prenions des mesures
importantes pour respecter nos engagements. Et c’est exactement ce que fait
ce budget!
Par souci d’intégralité et de transparence, et puisque bon nombre des
obligations de programmes les plus récentes et les plus importantes (comme
celles enchâssées dans les ententes fédérales-provinciales-territoriales)
se traduisent par des engagements sur cinq ans ou plus, le cadre de ce budget
couvre en fait cinq années, plutôt que deux, comme c’est habituellement le
cas.
Une saine gestion financière
Pour respecter nos engagements, nous devons d’abord exercer sans relâche
une saine gestion financière et chercher à présenter des budgets
équilibrés ou excédentaires, année après année.
Il ne s’agit pas seulement d’une saine gestion économique, mais
aussi du gros bon sens. Cette approche engendre la rigueur nécessaire pour
vivre selon nos moyens, au lieu de dépenser comme bon nous semble. Elle fait
en sorte que les décisions d’aujourd’hui ne deviendront pas les dettes de
nos enfants.
Dans cet esprit, je suis heureux d’annoncer que, pour l’exercice
2004-2005, le Canada enregistrera son huitième budget équilibré de suite. Il
s’agit de la plus longue série d’excédents successifs depuis le début de
la Confédération. Et nous prévoyons qu’elle va se poursuivre.
Pour maintenir l’équilibre budgétaire, nous allons continuer de
prévoir une réserve pour éventualités de 3 milliards de dollars par
année. Nous allons aussi intégrer une mesure de prudence économique
supplémentaire transparente à notre planification budgétaire.
Si cette mesure supplémentaire de prudence n’est pas requise au cours d’une
année donnée pour préserver l’équilibre budgétaire, elle sera investie
dans les programmes et les services que les Canadiens considèrent comme leurs
priorités. Si la réserve pour éventualités n’est pas requise pour traiter
les imprévus, elle servira à rembourser la dette.
La réduction de la dette n’est pas quelque chose que nous faisons pour
plaire aux économistes. Nous le faisons dans l’intérêt des Canadiens. La
réduction de la dette, de façon raisonnable et mesurée, diminue beaucoup le
fardeau des générations futures. Elle permet d’économiser
des milliards de dollars en frais de service de la dette. Elle rend
possibles une cote de crédit triple A, l’abaissement des taux d’intérêt
et le relèvement du niveau de vie. Elle permet au Canada de se préparer à
surmonter les pressions inévitables engendrées par le vieillissement de la
population.
Par dessus tout, c’est ce que la grande majorité des Canadiens
considèrent comme étant la bonne chose à faire.
C’est pourquoi, depuis le rétablissement de l’équilibre budgétaire en
1997-1998, nous avons réduit la dette fédérale de plus de 60 milliards
de dollars, ce qui s’est traduit par des économies supérieures à
3 milliards de dollars par année pour les Canadiens. Il ne s’agit pas d’économies
dégagées pendant un ou deux ans. Il s’agit d’argent sonnant que nous
épargnons année après année.
Il n’est jamais facile de respecter l’engagement à exercer une saine
gestion financière, et la tâche n’est jamais terminée. Ce n’est pas une
chose que l’on peut faire une seule fois, ou seulement pendant un certain
temps, pour ensuite la mettre de côté. Un tel engagement exige l’application
uniforme et constante d’une discipline rigoureuse et de la vigilance, tant
lorsqu’il s’agit d’équilibrer les comptes de l’ensemble du
gouvernement que lorsqu’il faut déterminer la façon d’assurer la
prestation des programmes et des services.
Dans cette optique, le gouvernement du Canada a mis sur pied le Comité d’examen
des dépenses du Cabinet. Ce comité a pour objectif de s’assurer que chaque
dollar dépensé soit un dollar bien dépensé, en tenant compte des besoins d’aujourd’hui
et de demain, au lieu de s’en tenir aux habitudes d’autrefois.
Sous la direction habile de mon collègue, le ministre du Revenu national,
le Comité a scruté chaque poste de dépenses du gouvernement. Son but
consistait à trouver 12 milliards de dollars de dépenses existantes pour
des priorités peu élevées et les réaffecter à des priorités plus
importantes au cours des cinq prochaines années. Je suis heureux d’annoncer
aujourd’hui que le Comité a déjà recensé près de 11 milliards de
dollars de ces économies, lesquelles sont intégrées au présent budget.
Cette somme sera entièrement réinvestie dans des programmes et des services
fédéraux fondamentaux qui comptent vraiment pour les Canadiens.
De plus, bien que tous les ministères aient participé à cet effort, et je
les remercie tous, permettez-moi de souligner la contribution des employés du
ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux à cet exercice
du Comité d’examen des dépenses. Ils ont été à la hauteur des attentes
et ont contribué de façon exceptionnelle au succès de cette démarche. J’applaudis
leur esprit novateur et leur professionnalisme.
L’examen des dépenses a porté ses fruits. Nous devons maintenant
faire en sorte qu’il soit intégré au cœur même et à la culture du
gouvernement. Pour que ce travail soit bien fait, il doit l’être de façon
soutenue. Nous ferons donc de l’examen des dépenses un volet permanent et
sans cesse renouvelé d’une saine gouvernance.
Prévisions économiques et financières
Faisons maintenant un survol de l’économie canadienne.
À l’aube de 2005, le Canada se retrouve dans une position enviable, fort
d’une situation économique que les autres pays industrialisés du Groupe des
Sept (G-7) ne peuvent que lui envier. À l’échelle du G-7, depuis qu’il a
équilibré son budget en 1997, le Canada a réussi à obtenir le ratio de la
dette au PIB le moins élevé, le meilleur taux de création d’emplois et la
plus forte hausse du niveau de vie. En outre, selon l’Organisation de
coopération et de développement économiques, le Canada est le seul pays du
G-7 où un excédent budgétaire est prévu en 2005 et en 2006.
Cette performance et ces réalisations nous montrent que nous sommes sur la
bonne voie et que nous appliquons les bonnes politiques. mais notre
objectif n’est pas de mériter le droit de nous vanter en termes de
statistiques. Notre objectif consiste à utiliser les fruits de notre réussite
pour préparer les réalisations de demain, à employer les dividendes de notre
force économique et financière pour continuer à bâtir une société de
premier plan où tous jouissent d’une qualité de vie enviable.
Voilà l’essentiel de l’engagement que nous avons pris envers les
Canadiens lors de l’élection de juin 2004.
En 2004, notre économie a poursuivi son expansion vigoureuse. Pour établir
les projections économiques du gouvernement pour les prochaines années, nous
avons à nouveau consulté des économistes et des prévisionnistes chevronnés
du secteur privé. D’après nos consultations, le taux moyen de croissance
réelle pour 2005, selon le secteur privé, s’établit à 2,9 %.
Pour 2006, l’an prochain, la moyenne des prévisions du secteur privé
fait état d’une croissance de 3,1 %.
Grâce à cette croissance prévue et à notre engagement ferme de
présenter des budgets équilibrés ou excédentaires, le Canada continuera de
bénéficier d’une situation financière favorable.
La poursuite de nos succès économiques est certes encourageante. mais
ce succès a également engendré des défis qui lui sont propres, y compris la
forte appréciation du dollar canadien. Jusqu’ici, les entreprises
canadiennes se sont remarquablement bien adaptées à la hausse de notre
monnaie. Il ne fait toutefois aucun doute que d’autres ajustements seront
nécessaires, surtout en raison de la rapidité avec laquelle les taux de
change ont évolué.
Le Canada est une nation commerçante, et 85 % de nos exportations sont
acheminées vers les États-Unis.
Les deux boulets que sont le déficit budgétaire et le déficit de la
balance courante aux État-Unis demeurent le principal risque qui pèse sur nos
prévisions économiques et financières à moyen terme. La situation aux
États-Unis pourrait entraîner une hausse des taux d’intérêt, ralentir l’expansion
de l’économie des États-Unis et déprécier davantage le dollar américain.
Chacun de ces facteurs pourrait avoir des conséquences négatives pour le
Canada.
Lorsque nous envisageons l’avenir, nous devons être conscients de ces
risques, sans qu’ils nous paralysent. Nous devons plutôt prévoir en
conséquence et préserver la solidité de notre force financière pour mieux
affronter ces risques, s’ils devaient se concrétiser.
Respecter nos engagements
Par conséquent, grâce à des budgets systématiquement équilibrés, à
une dette résolument en baisse, à des taux d’inflation et d’intérêt
moins élevés et stables, à une cote de crédit triple A, aux meilleurs
résultats financiers depuis 1867 et à la performance financière la plus
éclatante du G-7, le gouvernement tiendra parole.
Pour les soins de santé et la péréquation. Pour les villes et les
collectivités. Pour les enfants et les aînés. Les personnes handicapées et
leurs aidants naturels. Les Autochtones. L’environnement. Les Forces
canadiennes et la place du Canada dans le monde. Le gouvernement tiendra
parole.
Les soins de santé et la péréquation
Nous n’avons pas tardé à le faire. En septembre dernier, nous avons
conclu avec les premiers ministres des provinces et des territoires du Canada
une entente unanime, à long terme, de 41 milliards de dollars sur les
soins de santé, qui prévoit une contribution fédérale prévisible et
croissante pour instaurer des changements concrets et réellement modifier les
choses.
Grâce à cette entente, les transferts fédéraux en espèces aux provinces
et aux territoires pour la santé vont augmenter, passant de
16,3 milliards de dollars cette année à 19,6 milliards l’an
prochain. Par la suite, les transferts en espèces vont progresser de 6 %
par année, pour s’établir à 30,5 milliards de dollars en 2013-2014.
Nous avons donc atteint et dépassé chacun des objectifs financiers
établis par la Commission Romanow sur l’avenir des soins de santé au
Canada, et nous avons entièrement respecté les engagements que nous avons
pris à l’endroit des Canadiens, l’été dernier, sur la santé.
En disposant de ressources financières du fédéral plus importantes que
jamais et, comme il a été convenu, en rendant compte régulièrement aux
citoyens des progrès réalisés, nous pouvons maintenant nous concentrer
pleinement sur l’amélioration de notre système de soins de santé en
réduisant les temps d’attente, en augmentant le nombre de professionnels de
la santé et en se procurant plus d’équipement, en améliorant les soins
primaires et les soins à domicile, en stimulant la recherche et l’innovation
et en améliorant l’état de santé et le bien-être du public.
L’entente sur les soins de santé aborde également les défis uniques que
soulève la prestation des soins de santé dans le Nord et prend des mesures
importantes pour améliorer l’état de santé des Autochtones.
De plus, en octobre dernier, nous avons instauré un nouveau cadre pour
la péréquation et la formule de financement des territoires, qui prévoit l’injection
de 33 milliards de dollars de plus sur 10 ans, grâce à des moyens
financiers et à un niveau de prévisibilité plus importants que jamais et
avec l’aide d’un groupe d’experts chargé de fournir des conseils sur la
répartition des crédits entre les provinces.
Ensemble, l’engagement visant les soins de santé et celui au titre de la
péréquation, nous permettront de verser près de 75 milliards de dollars
de plus aux provinces et aux territoires au cours des 10 prochaines
années. mais ce n’est là qu’une partie de notre engagement.
Les villes et les collectivités
Ce sont dans les villes et les collectivités du Canada que la plupart des
Canadiens vivent, travaillent, élèvent leurs enfants et veulent prendre leur
retraite dans la dignité et la sécurité. Elles sont des générateurs de
croissance, de création d’emplois et d’innovations et des foyers pour les
arts, la culture et l’apprentissage.
Les municipalités constituent surtout le palier de gouvernement le plus
près des Canadiens. Elles traitent de questions fondamentales qui touchent la
vie des gens chaque jour. Cela étant, le premier ministre a proposé un
nouveau pacte pour les villes et les collectivités fondé sur un ensemble de
principes : assurer un nouveau soutien financier fiable à long terme,
garantir l’équité entre les régions et entre les collectivités de toutes
tailles, respecter les compétences des provinces, fixer des objectifs communs,
et communiquer les résultats aux Canadiens.
Dans le budget de mars 2004, nous avons franchi une étape importante
en accordant un remboursement intégral aux municipalités pour la taxe sur les
produits et services (TPS), soit un investissement fédéral de
7 milliards de dollars sur 10 ans dans les administrations
locales. mais ce n’était là qu’un début, et nous nous sommes
engagés à faire plus. Avec ce budget, nous tenons parole.
À compter de 2005-2006, le gouvernement du Canada partagera avec les
municipalités une portion des revenus tirés de la taxe d’accise fédérale
sur l’essence pour contribuer au financement des infrastructures locales
viables sur le plan écologique.
Notre engagement consistait à transférer un total de 5 milliards de
dollars sur cinq ans en versant d’abord 1 cent par litre d’essence, soit
400 millions de dollars au cours de la prochaine année. Nous ferons mieux
encore en versant d’abord non pas 400 millions, mais bien
600 millions de dollars, et ce montant augmentera, comme prévu, pour
atteindre 2 milliards de dollars, ou 5 cents par litre d’essence, en
2009-2010, et se maintiendra indéfiniment à ce niveau par la suite!
Pour s’assurer que de nouveaux avantages puissent atteindre littéralement
la porte de chaque famille canadienne, nous voulons que le remboursement de la
TPS et le partage de revenus tirés de la taxe sur l’essence soient
effectivement un soutien qui va en augmentant. Nous voulons que ce soutien s’ajoute
à celui que les administrations provinciales et municipales pourraient
prévoir, et non le remplacer.
De son côté, le gouvernement du Canada ne verra pas les nouveaux
transferts de revenus comme un remplacement aux trois programmes d’infrastructure
existants. Ils s’y ajouteront.
Par conséquent, à mesure que nos programmes d’infrastructure municipale
et rurale, stratégique et frontalière viendront à échéance, comme prévu
au cours des prochaines années, nous avons fermement l’intention de les
renouveler et de les prolonger. Ceci s’applique aussi aux initiatives en
matière de logement.
Le nouveau pacte est une reconnaissance du rôle clé que jouent les
municipalités dans la vie nationale et une intention de faire en sorte qu’elles
aient voix au chapitre des politiques nationales. Et c’est exactement le
genre de nouvelle relation que le gouvernement est en train d’établir.
Le mois dernier, à Regina, j’ai eu le privilège de rencontrer des élus
municipaux de partout au pays dans le cadre de mes consultations
prébudgétaires officielles. Ces rencontres doivent faire partie de façon
définitive de la préparation du budget fédéral, et elles le seront
dorénavant.
Les enfants
Il n’est pas d’engagements plus importants que ceux que nous prenons à
l’égard de nos enfants. En leur permettant de prendre un bon départ dès
les premières années de la vie, nous pouvons leur donner des chances égales
de réussite, leur inspirer confiance, leur inculquer les compétences dont ils
auront besoin dans la vie, stimuler leur ambition et leur permettre de se
dépasser.
L’été dernier, nous nous sommes engagés à travailler avec les
provinces et les territoires pour jeter les bases d’une initiative nationale
sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants qui soit de qualité, d’universalité
inclusive, accessible et axée sur le développement.
Le budget d’aujourd’hui nous permet de respecter notre engagement.
D’autres éléments importants, comme la Prestation fiscale canadienne
pour enfants, le programme d’aide préscolaire et le Cadre multilatéral de
2003, sont déjà en place, et je suis heureux de confirmer que nous fournirons
5 milliards de dollars sur cinq ans pour mettre en place une initiative
nationale sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants. Et nous sommes
conscients, tout comme nos partenaires provinciaux et territoriaux, que le
soutien fédéral devra se poursuivre au-delà de ces premières années.
De ces 5 milliards de dollars, 100 millions seront consacrés aux
défis particuliers que doivent relever les Premières nations sur les
réserves.
Les aînés
Autant le Canada reconnaît l’importance d’investir dans ses plus jeunes
citoyens, autant il est conscient de l’énorme dette que nous avons envers
nos aînés. Les membres de leur génération ont survécu à la Dépression,
ils sont allés à la guerre pour assurer notre liberté, et ils ont bâti le
Canada d’aujourd’hui.
Pour combler leurs besoins changeants, ce budget prévoit des
investissements importants dans toute la gamme de programmes destinés aux
aînés – des soins de santé à la sécurité du revenu, et de l’épargne-retraite
au soutien des aidants naturels. Notre but est de rehausser la qualité de vie
de tous les aînés, et surtout ceux dont les ressources sont les plus
limitées.
Le Supplément de revenu garanti (SRG) procure aux aînés à faible revenu
une prestation entièrement indexée qui garantit un revenu de base tout au
long de la retraite.
L’été dernier, nous nous sommes engagés à hausser les prestations du
SRG au cours des cinq prochaines années. Non seulement respectons-nous notre
engagement aujourd’hui, mais nous ferons encore mieux.
Nous allons investir 2,7 milliards de dollars, et les améliorations
promises seront entièrement en place dans moins de deux ans, plutôt que d’ici
cinq ans. C’est ainsi que 1,6 million d’aînés, dont la nette
majorité sont des femmes, vont en bénéficier. Le montant maximal du SRG sera
haussé de plus de 400 $ par année pour un aîné célibataire et de
près de 700 $ pour un couple.
Nous allons aussi augmenter notre soutien à un mécanisme des plus
efficaces, le programme Nouveaux Horizons, en doublant son budget pour le
porter à 25 millions de dollars par année d’ici 2007-2008. Le budget
prévoit également 13 millions de dollars sur cinq ans pour mettre sur
pied le nouveau Secrétariat national des aînés, qui nous permettra de
concentrer nos efforts pour relever les défis auxquels les aînés sont
confrontés.
Les aidants naturels et les personnes handicapées
De nos jours, beaucoup de familles d’un bout à l’autre du Canada ont de
la difficulté à prendre soin d’un parent âgé ou d’un enfant adulte
handicapé. Pour ces familles, les heures ne se comptent plus, leurs
responsabilités sont lourdes, les exigences sont omniprésentes et les coûts
sont élevés.
Dans le budget de 2004, nous avons permis aux aidants naturels d’obtenir
un remboursement pouvant atteindre 5 000 $ pour les frais médicaux et les
dépenses liées à une incapacité. Le budget d’aujourd’hui va plus loin.
Je suis heureux d’annoncer que nous allons doubler ce montant, pour le porter
à 10 000 $ dès l’année d’imposition en cours.
Je tiens également à souligner la parution récente du rapport du Comité
consultatif technique sur les mesures fiscales visant les personnes
handicapées. Dirigé de main de maître par Sherri Torjman, du Caledon
Institute of Social Policy, et Robert Brown, ex-président de l’Institut
Canadien des Comptables Agréés, le Comité a fourni des conseils bien
éclairés et réfléchis.
Je suis heureux d’annoncer aujourd’hui que nous allons donner suite à
presque toutes les recommandations du Comité afin d’aider les personnes
handicapées à être plus autonomes et d’éliminer les obstacles à leur
participation plus entière à la collectivité canadienne.
Par exemple, à compter de cette année, le montant de la Prestation pour
enfants handicapés passera de moins de 1 700 $ à 2 000 $. Grâce à
cette mesure et à d’autres améliorations du régime fiscal proposées dans
le rapport du Comité, le montant du soutien fédéral pour les familles à
revenu faible et modeste ayant des enfants avec une déficience sera cinq fois
plus élevé qu’il ne l’était au début de la décennie.
Les Autochtones
Pendant trop longtemps et à trop d’égards, les peuples autochtones du
Canada, les premiers habitants du pays, ont été les derniers à pouvoir
exploiter les possibilités qu’offre ce pays. Le gouvernement du Canada s’engage
à bâtir une nouvelle relation, une relation reposant sur le partenariat et le
respect, et fondée sur l’autonomie économique.
Nous poursuivons énergiquement cet objectif par l’entremise de la Table
ronde Canada-Autochtones. De concert avec les dirigeants autochtones et les
gouvernements provinciaux et territoriaux, les ministres fédéraux examinent
des façons de réaliser des progrès dans des domaines importants comme la
santé, l’apprentissage permanent, le logement, les débouchés économiques,
le règlement des revendications territoriales et la reddition de comptes.
Cette démarche, qui a débuté le printemps dernier par une réunion à
Ottawa de dirigeants fédéraux et autochtones de partout au pays, se terminera
par une rencontre des premiers ministres qui se tiendra à l’automne de 2005.
Nous comptons sur les résultats de cette réunion pour en arriver à combler
les écarts inacceptables entre les Autochtones et les autres Canadiens.
Cependant, deux dossiers précis pourraient bien retenir l’attention au
cours des prochains mois.
L’un d’eux est le processus accéléré et recentré de guérison
destiné aux victimes d’abus subis dans les pensionnats autochtones. L’autre
est l’effort de transformation en faveur de l’apprentissage et de l’acquisition
de connaissances par les jeunes Autochtones, non pas en les détournant de
leurs traditions ou des sages conseils de leurs aînés, mais plutôt en
associant fièrement cet héritage à une solide éducation ancrée dans le XXIe
siècle.
C’est pourquoi nous augmentons notre appui à la Fondation autochtone de
guérison et à la Fondation nationale des réalisations autochtones pour
investir sans délai dans ces priorités essentielles.
Nous allons investir aussi immédiatement dans l’apprentissage des jeunes
enfants, dans l’éducation spéciale, dans les services aux enfants et aux
familles sur les réserves et dans l’amélioration du logement afin de
stimuler l’entreprise autochtone et les emplois dans le secteur du logement
sous une direction et un contrôle plus efficaces de la part des Autochtones.
Nous fournirons également une aide financière pour continuer à
refaçonner la relation du Canada avec la collectivité des Métis et pour
mettre sur pied le Secrétariat des Inuit promis par le premier ministre.
Accroître la productivité
La capacité d’un pays à prospérer repose sur deux ingrédients
essentiels : l’expansion constante de la main-d’œuvre et l’accroissement
continu de la productivité. À ce titre, le Canada doit relever des défis
particuliers.
Notre population vieillit. Les baby-boomers partiront bientôt à la
retraite, et la génération de travailleurs et de contribuables qui les suivra
sera beaucoup moins nombreuse. Nous ne pouvons plus compter sur la croissance
automatique de la population active.
Et malgré l’augmentation de notre productivité, nous ne pouvons pas nous
reposer sur nos lauriers, surtout avec l’appréciation récente de notre
dollar.
Voici donc ce qui nous attend. Nous devons viser la main-d’œuvre la
plus inclusive qui soit, afin d’atténuer l’incidence du changement
démographique. Nous devons inciter la population active à acquérir le plus
de connaissances et de compétences possible, de manière à vaincre la
concurrence de l’étranger et à s’adapter à une ère en pleine
évolution.
Nous devons développer et mettre à profit les fruits de la science et de
la technologie, ainsi que les machines et le matériel les plus modernes qui
soient.
Nous avons besoin de systèmes réglementaires efficaces, d’une
infrastructure publique de grande qualité et d’un régime fiscal
concurrentiel.
Tous ces éléments sont au cœur de notre réussite au sein de l’économie
mondiale, et ils nous indiquent la voie à suivre.
Pour ce qui est du caractère inclusif de la main-d’œuvre, j’ai déjà
souligné l’importance cruciale des Canadiens autochtones. Un nombre
croissant de jeunes Autochtones compétents et confiants pourraient contribuer,
de façon importante, à la productivité future de notre pays.
De même, pour des raisons de productivité et d’équilibre social, le
Canada doit intéresser et maintenir en poste des immigrants compétents
et veiller à ce qu’ils puissent réaliser leur plein potentiel dans notre
société.
Dans cet esprit, nos deux plus récents budgets prévoyaient des
investissements importants pour appuyer la formation linguistique et faire
progresser la reconnaissance des titres de compétence obtenus à l’étranger.
Nous ajoutons à cela en investissant 75 millions de dollars sur cinq ans,
aux termes de l’accord sur les soins de santé, afin d’accélérer l’intégration
des professionnels de la santé formés à l’étranger.
Dans les trois dernières années, le Canada a accueilli en moyenne 220 000 immigrants par année, un niveau entièrement conforme à nos politiques et à
nos engagements dans ces domaines. Nous savons, toutefois, que ces arrivées
massives imposent un lourd fardeau aux services d’établissement et d’intégration
des immigrants partout au pays. Afin d’alléger ce fardeau, nous investirons
300 millions de plus dans les cinq prochaines années.
L’intégration de la main-d’œuvre est également facilitée par le
succès de l’initiative sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants,
grâce à laquelle les jeunes parents ont l’assurance que leurs enfants
obtiennent les soins de qualité et le développement qu’ils veulent et
auxquels ils s’attendent.
Pour ce qui est des compétences, nous allons engager un montant
supplémentaire de 125 millions de dollars sur trois ans pour accroître l’efficacité
de la Stratégie des compétences en milieu de travail. De plus, nous allons
augmenter le soutien accordé aux initiatives nationales d’alphabétisation.
Afin de bâtir une économie productive qui permettra de multiplier les
débouchés, de créer de bons emplois bien payés et d’améliorer la
qualité de vie de tous les Canadiens, à la fois dans les secteurs urbains et
ruraux du Canada, nous devons continuer à investir dans les nouvelles idées
et dans l’innovation, et les gens qui les produisent.
Pour ce faire, nous avons investi plus de 11 milliards de dollars dans
les huit dernières années et créé un milieu de recherche de classe mondiale
au Canada, y compris des universités qui figurent parmi les meilleures au
monde et qui peuvent compter sur des facultés de premier plan et sur du
matériel de pointe.
Nous avons également misé sur la commercialisation, et nous avons élargi
l’accès au capital de risque, si essentiel pour que les Canadiens puissent
récolter les résultats de la recherche effectuée au Canada.
Pour soutenir l’impulsion créée par nos investissements dans la science,
mettre au point les technologies habilitantes de l’avenir et conserver notre
avance sur le plan de la recherche financée par le secteur public parmi les
pays du G-7, ce budget prévoit un montant supplémentaire de 1 milliard
de dollars.
Nous allons augmenter notamment le financement de nos conseils
subventionnaires et celui des coûts indirects de la recherche dans les
établissements d’enseignement postsecondaire.
Une partie de la solution au défi de la productivité consiste aussi à
investir dans l’infrastructure publique, y compris dans nos villes et aux
principaux postes frontaliers, comme celui de Windsor-Detroit, qui constitue
probablement la plaque tournante la plus importante du commerce transfrontalier
au monde, et dans les nouveaux points d’entrée névralgiques des échanges
commerciaux comme ceux qui longent la côte du Pacifique.
Pour accroître la productivité, nous devons aussi maintenir notre
ferme engagement de saine gestion financière, d’ouverture du commerce
intérieur et extérieur, et d’amélioration des systèmes réglementaires
(comme ceux qui régissent les services financiers). Le régime actuel de
réglementation des valeurs mobilières, tous en conviennent, est coûteux et
lourd. Notre gouvernement s’est engagé à collaborer avec les provinces, les
territoires et le secteur privé pour établir un système plus simple et moins
fragmenté.
Permettez-moi maintenant de parler de la fiscalité dans l’optique d’une
plus grande productivité.
Nous avons réduit les impôts chaque année depuis l’atteinte de l’équilibre
budgétaire en 1997. Nous avons rétabli l’indexation intégrale de l’impôt
sur le revenu, abaissé les taux d’imposition et haussé le montant que les
Canadiens peuvent gagner à l’abri de l’impôt. Dans l’ensemble, pour une
famille avec deux enfants dont le revenu se situe à 60 000 $, nos mesures
vont entraîner en 2005, une économie d’impôt de près de 2 000 $,
soit plus de 35 %.
J’annonce aujourd’hui une série de nouvelles mesures d’allégement
fiscal pour les contribuables, surtout les Canadiens à revenu faible et
modeste, comme la Chambre l’a particulièrement recommandé l’automne
dernier.
D’abord, pour hausser le montant du revenu que les Canadiens peuvent
gagner en franchise d’impôt, nous allons augmenter progressivement, à
compter de 2006, le « montant personnel de base » jusqu’à 10
000 $ d’ici 2009. Une fois entièrement mise en œuvre, cette mesure
permettra à plus de 860 000 contribuables canadiens aux revenus les plus
faibles, dont près de 250 000 sont des aînés, de ne plus payer d’impôt.
Ensuite, pour aider les Canadiennes et les Canadiens à épargner en
prévision de leur retraite, nous allons relever les plafonds de cotisation aux
régimes de pension agréés et aux régimes enregistrés d’épargne-retraite
(REER) à 22 000 $ d’ici 2009 et 2010, respectivement. Cette mesure
profitera surtout aux entrepreneurs, aux travailleurs autonomes et aux
propriétaires de petite entreprise.
À l’heure actuelle, les REER et les régimes de pension sont assujettis
à un plafond de 30 % applicable aux placements en biens étrangers. Afin
d’élargir l’horizon d’investissement des Canadiens, de diversifier leurs
placements et de solidifier l’assise de leur avenir financier, nous
abolissons dès maintenant ce plafond.
Pour soutenir la croissance qui entraîne notre économie et nous permet de
satisfaire les besoins de notre société, nous avons aussi besoin d’un
régime concurrentiel d’imposition des sociétés pour attirer ici les
investissements qui stimulent la croissance et créent de bons emplois bien
payés pour les travailleurs canadiens.
Ces dernières années, nous avons procuré aux entreprises canadiennes un
avantage modeste, quoique stratégique, sur le plan des taux d’imposition en
comparaison de ceux des États-Unis. Pendant cette période, le secteur privé
au Canada a créé plus d’un million d’emplois. Des réductions
récentes des impôts aux États-Unis feront toutefois diminuer graduellement
notre avantage.
Pour le maintenir, le gouvernement propose dans ce budget de réduire
de 2 points de pourcentage le taux législatif de l’impôt des sociétés et
de le ramener de 21 % à 19 % d’ici 2010. Nous proposons également
l’élimination de la surtaxe des sociétés qui avait été instaurée en
1987 pour réduire le déficit. Ces mesures aideront toutes les sociétés
canadiennes, surtout les petites et moyennes entreprises.
Nous allons continuer de collaborer avec des associations d’affaires,
comme la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, pour
déterminer la façon de créer un environnement qui favorisera une plus forte
productivité, y compris l’augmentation constante du nombre de femmes
entrepreneurs.
Les dirigeants d’entreprises canadiennes nous ont aussi fait observer que
les taux d’amortissement prévus dans le régime fiscal doivent être revus
pour mieux refléter la durée de vie utile du matériel. Nous sommes d’accord.
En nous appuyant sur les mesures budgétaires de l’an dernier, nous
annonçons d’autres rajustements de la déduction pour amortissement
accordée pour certains biens. Des taux d’amortissement appropriés
inciteront les sociétés à investir davantage, ce qui stimulera la
productivité et la compétitivité de notre économie.
Même si la « durée de vie utile » est le critère courant de
détermination des taux d’amortissement, ce budget fait une exception
environnementale à la règle.
Nous allons inciter les sociétés à investir dans du matériel de
production d’énergie efficiente et renouvelable. En particulier, nous
porterons de 30 % à 50 % le taux auquel une déduction pour
amortissement de ces technologies environnementales peut être demandée pour
du matériel acheté dans les sept prochaines années, et nous allons allonger
la liste des biens admissibles.
Un Canada plus vert et plus viable
Il s’agit là d’un exemple modeste, mais important, de politique
économique au service d’objectifs environnementaux. mais nous devons en
faire davantage!
Les Canadiens veulent que nous fassions la preuve que les saines politiques
économiques vont de pair avec les saines politiques environnementales. Ils ne
veulent pas choisir l’un au détriment de l’autre. Ils veulent les deux, et
ils n’attendent rien de moins de leurs dirigeants politiques.
Notre grand défi, et notre nette responsabilité première, consiste à
faire preuve, sur le plan de la protection et de l’amélioration de l’environnement,
de la même lucidité, d’une détermination comparable et de la même
volonté de fer qui nous ont permis d’assainir les finances publiques. Les
Canadiens ne veulent pas hypothéquer l’avenir de leurs enfants, et ils ne
veulent pas laisser en héritage une lourde dette environnementale à la
prochaine génération.
Le changement climatique représente un défi multidimensionnel. Nous devons
donc mettre à profit tout l’éventail des instruments stratégiques dont
nous disposons. C’est précisément ce que nous faisons dans ce budget.
Nous instaurons de nouveaux mécanismes de marchés, proposons de nouvelles
mesures fiscales, créons des mesures incitatives pour les entreprises et les
consommateurs, stimulons l’innovation, et proposons des mesures
réglementaires et volontaires.
Ce sont les outils dont nous disposons, et nous allons tous les utiliser.
Forts du succès de notre examen des dépenses, nous annonçons également,
dans ce budget, un examen de tous les programmes existants en matière de
changement climatique, pour réévaluer et rediriger les fonds vers les mesures
les plus efficaces.
Dans l’ensemble, nous consacrerons au minimum 4 milliards de dollars
sur cinq ans au changement climatique, sans compter nos engagements à l’égard
d’une infrastructure publique écologique.
Plus particulièrement, nous créons le Fonds éco-net, qui misera sur les
forces du marché et les effets de la concurrence pour financer les projets
écologiques les plus économiques pour réduire les émissions de gaz à effet
de serre.
Ce fonds nous permettra d’investir dans des projets environnementaux de
qualité, d’établir un marché qui favorise la négociation intérieure de
crédits pour la réduction d’émissions, et d’exercer un effet catalyseur
sur le développement et l’application de la technologie.
Le Fonds éco-net sera doté d’un capital initial de 1 milliard de
dollars.
Bon nombre de projets relatifs au changement climatique seront réalisés
plus efficacement au moyen d’investissements propres à certains projets de
la part du gouvernement du Canada, et des administrations provinciales et
territoriales. Afin de faciliter ce processus, nous allons créer un Fonds du
partenariat. Avec une dotation initiale de 250 millions de dollars, ce
fonds pourrait éventuellement dépasser les 2 milliards, selon le
calendrier des projets et l’ampleur de la réduction d’émissions qu’ils
entraînent.
Le jumelage du Fonds éco-net et du Fonds du partenariat permettra de
réaliser des projets de grande envergure qui entraîneront de grandes
réductions des émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, il suffit de
mentionner les systèmes de captage, de collecte et de stockage de dioxyde de
carbone, la technologie fondée sur le charbon épuré, l’utilisation à
grande échelle des déchets de sites d’enfouissement aux fins de la
production d’électricité, et l’amélioration du réseau d’interconnexion
est-ouest.
Sur le plan des mesures fiscales, comme je l’ai déjà dit, nous avons
instauré une exception environnementale aux règles de l’amortissement, de
manière à réduire les émissions de gaz à effet de serre en accordant un
traitement préférentiel au matériel de production d’électricité plus
respectueux de l’environnement.
Nous allons aussi continuer de chercher d’autres moyens de mettre le
régime fiscal au service des objectifs environnementaux.
Dans le cadre des efforts que nous déployons pour favoriser l’adoption de
méthodes plus écologiques de production de l’électricité, nous
quadruplons le programme Encouragement à la production d’énergie éolienne.
Celui-ci créera assez d’énergie, sans aucune émission, pour alimenter
un million de résidences canadiennes.
Nous instaurons aussi un nouveau programme Encouragement à la production d’énergie
renouvelable, afin de favoriser l’utilisation d’autres sources d’énergie
renouvelable, comme les petites installations hydroélectriques, la biomasse et
les gaz d’enfouissement.
En outre, pour inciter les Canadiennes et les Canadiens à contribuer à une
économie plus verte, je suis heureux d’annoncer que nous quadruplons notre
programme ÉnerGuide pour la modernisation des maisons et des logements.
Notre objectif consiste à accroître les économies d’énergie dans quelque
500 000 résidences de plus partout au pays.
La lutte contre le changement climatique offre de remarquables possibilités
d’innovation, de développement de nouvelles technologies, et de création d’emplois.
Ce budget consacre 200 millions de dollars sur cinq ans à une stratégie
scientifique et technologique relative à l’énergie durable, de sorte qu’en
matière de technologies de l’environnement, le Canada soit le berceau de la
prochaine génération des meilleures idées et innovations.
Afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, nous devons aussi
conclure des accords volontaires et, s’il le faut, adopter une
réglementation des plus efficaces et appropriées. Le Canada conclura des
arrangements dans le secteur du transport et avec les plus grands émetteurs
industriels au pays.
À la grandeur de notre vaste territoire nordique, où la production et la
consommation d’énergie sont profondément ancrées dans notre mode de vie,
tous les Canadiens, le gouvernement, l’industrie et les citoyens, doivent
avoir la conviction que la conservation, l’efficacité et l’innovation
énergétiques (y compris l’utilisation accrue des carburants renouvelables
et de remplacement) sont des traits distincts d’une société intelligente du
XXIe siècle, et ils doivent en faire la preuve.
Aucun simple décret ne permettra de régler le problème du changement
climatique. Il n’existe pas de solution à court terme. Pour lutter contre le
changement climatique, notre gouvernement utilisera tous les moyens dont il
dispose. Nous allons respecter nos engagements pour produire des résultats
viables et à long terme, tout en maintenant la vigueur et la croissance
de l’économie.
Nos responsabilités en matière d’environnement ne se limitent toutefois
pas au dossier du changement climatique. Voilà pourquoi ce budget accorde
1 milliard de dollars de plus à d’autres priorités environnementales.
Cela commence par l’édification de collectivités fortes et viables sur
le plan de l’environnement. Dans cette optique, j’annonce l’ajout de
volets à notre nouveau pacte pour les villes et les collectivités.
D’abord, au moins la moitié des nouveaux revenus tirés de la taxe sur l’essence
sera affectée à l’infrastructure durable.
Ensuite, en plus des revenus de la taxe sur l’essence, nous accordons un
nouveau soutien d’une valeur de 300 millions de dollars aux Fonds
municipaux verts afin de permettre l’avancement d’un plus grand nombre de
projets environnementaux à l’échelle locale.
Enfin, la moitié des nouvelles sommes acheminées par l’entremise des
Fonds municipaux verts seront consacrées à l’assainissement des friches
industrielles.
Au-delà de nos villes et de nos collectivités, nous devons également
adopter des mesures visant à préserver le patrimoine naturel incomparable qui
nous a été légué par nos parents et nos grands-parents, et que nous sommes
déterminés à protéger pour nos enfants.
Pour ce faire, ce budget soutient un certain nombre d’initiatives. Nous
allons lancer la première étape du Plan d’action pour les océans. Nous
allons augmenter les investissements dans nos parcs nationaux. Nous allons
hausser le financement du Plan d’action des Grands Lacs. Nous allons
contribuer à la lutte contre les espèces envahissantes. Et nous allons
renforcer l’action de l’Administration du rétablissement agricole des
Prairies, en sa qualité d’expert en matière d’environnement et d’agriculture.
Le Canada dans le monde
Monsieur le Président, notre pays a été fondé sur certaines valeurs et
convictions de base : le sens de l’équité et de la justice, l’esprit
de partage, la compassion, la tolérance et l’inclusion, l’ouverture d’esprit
et la générosité. Ces valeurs ont façonné notre caractère en tant que
pays, et elles ont défini la place que nous occupons dans le monde.
Aujourd’hui, une nouvelle génération de jeunes Canadiens héritent de
ces valeurs et en font le rayonnement à l’étranger. Les jeunes de cette
génération sont fiers d’être Canadiens, mais ils se considèrent
aussi comme des citoyens du monde et ils sont pleinement conscients de la
responsabilité qui leur incombe à l’étranger. Une partie de cette
responsabilité est illustrée par les efforts mondiaux d’amélioration de l’environnement, mais
elle ne s’arrête pas là.
Dans un monde de plus en plus incertain, les Canadiens sont conscients du
rôle qu’ils ont à jouer et de la part de responsabilité qu’ils doivent
assumer.
Les militaires canadiens sont reconnus et admirés depuis longtemps pour
leur capacité de répondre aux crises internationales et de promouvoir la paix
sur la scène mondiale. Notre responsabilité consiste nous assurer que leurs
capacités correspondent aux exigences accrues d’une nouvelle ère. Ce rôle
international évolue de concert avec notre nouvelle politique de sécurité
nationale annoncée en avril dernier, et l’examen complet de la
politique internationale que nous devons présenter sous peu.
Nous avons hâte d’annoncer les résultats de cet examen. Entre-temps,
nous passerons à l’action dans plusieurs secteurs clés.
L’été dernier, le gouvernement s’est engagé à hausser l’effectif
de ses forces régulières de 5 000 membres, et celui de ses réserves de 3 000
membres, une première étape importante vers la mise en œuvre d’une
nouvelle politique de la défense.
Je suis heureux de confirmer aujourd’hui que le gouvernement s’acquitte
de cet engagement dans ce budget. En fait, nous irons encore beaucoup plus
loin.
Dans les cinq prochaines années, nous fournirons à nos forces armées
près de 13 milliards de dollars selon la comptabilité de caisse, l’augmentation
la plus importante des 20 dernières années au chapitre du financement de la
défense pour :
- les nouveaux membres de la force régulière et de ses nouvelles
réserves;
- la durabilité opérationnelle;
- l’achat de matériel et d’équipement neufs avant et après les
examens des politiques.
Cet investissement important dans nos forces armées signifie que nous
serons mieux en mesure de nous acquitter de nos responsabilités à l’étranger,
et de protéger nos citoyens au pays.
Or, il n’existe pas de rôle plus fondamental ni plus important pour un
gouvernement que celui qui consiste à protéger ses citoyens. Dans les trois
dernières années, notre gouvernement a investi plus de 8 milliards de
dollars dans la sûreté et la sécurité des Canadiens.
Dans ce budget, nous consacrons 1,2 milliard de dollars de plus à des
mesures relatives à la sécurité aérienne et maritime, aux questions
frontalières, aux services de police, à la protection civile et à la
capacité d’intervention.
Certains événements comme le tsunami sont imprévisibles, et leurs
conséquences sont immédiates. D’autres problèmes sont à plus long terme,
ils sont plus profondément ancrés, et leurs causes ainsi que leurs
conséquences se mesurent sur plusieurs générations. La pauvreté en est un
bon exemple.
Les Nations Unies ont établi un programme ambitieux qui consiste à
réduire de moitié la pauvreté à l’échelle mondiale d’ici 2015. Pour
que cet objectif soit atteint, le Canada s’est engagé, en 2002, à doubler
son enveloppe de l’aide internationale d’ici 10 ans.
Jusqu’ici, nous avons progressé en ce sens une année à la fois. Je suis
heureux de confirmer aujourd’hui un engagement pluriannuel conforme à notre
promesse de 3,4 milliards de dollars sur cinq ans à l’égard de l’aide
internationale.
Il n’existe pas de besoins plus criants qu’en Afrique. À tous les
égards, ce continent est en crise. Il est confronté à d’énormes
difficultés économiques ainsi qu’à des problèmes de santé dont l’ampleur
défie toute commune mesure. Chaque mois en Afrique, le SIDA et le paludisme
font plus de 260 000 victimes, l’équivalent du tsunami.
Le Canada a pris l’initiative de mettre l’Afrique au cœur de l’ordre
du jour mondial, quand il a organisé le Sommet du G-8 à Kananaskis, en
Alberta, en 2002. Depuis, nous sommes demeurés étroitement associés à ce
continent. J’ai le grand honneur de représenter les Canadiens au sein de la
Commission pour l’Afrique, une initiative récente du Royaume-Uni qui repose
sur les bases de l’effort canadien.
Pour illustrer notre engagement envers les personnes qui ont le plus besoin
de notre aide, nous adoptons dans ce budget des mesures applicables à deux
volets importants.
D’abord, nous versons 342 millions de dollars pour accélérer la
lutte contre les maladies les plus dévastatrices de l’Afrique : le
SIDA, la tuberculose, le paludisme et la polio.
Ensuite, nous renouvelons le leadership canadien sur la scène
internationale en matière d’allégement de la dette. Grâce à des
initiatives multilatérales et bilatérales, nous avons allégé le fardeau de
la dette de pays pauvres qui ont de la difficulté à se relever – tout
récemment Madagascar, l’Éthiopie, le Ghana et le Sénégal. Dans ce budget,
nous consacrons 172 millions de dollars à une nouvelle initiative
canadienne d’allégement de la dette et 34 millions aux pays les plus
lourdement endettés.
Conclusion
Monsieur le Président, derrière tous les mots et les chiffres du budget se
profilent des décisions traduisant les orientations qui ont été établies et
les engagements qui ont été pris. Ensemble, ces décisions contribuent à
éclairer les pistes que nous suivons en tant que collectivité nationale.
Dans l’optique plus vaste de notre histoire, chaque génération a été
confrontée à des défis imposants et elle a vécu des moments déterminants.
Qu’il s’agisse de la création de notre pays, de la construction du chemin
de fer, des guerres mondiales, des grandes politiques sociales de l’après-guerre,
ou de l’élimination de nos jours de notre déficit, les Canadiennes et les
Canadiens ont toujours su relever les défis qui se présentaient à eux.
Aujourd’hui, nous allons bâtir sur les fondations du passé – et dans l’intérêt
de ceux et celles qui nous succéderont – non pas en faisant des
promesses, mais plutôt en tenant nos promesses. En respectant nos
engagements.
Et en fixant notre regard sur l’avenir, sur le cap que nous
voulons maintenir et sur le pays que nous voulons bâtir.
Une économie compétitive et productive pour le XXIe siècle,
fondée sur les connaissances et axée sur la technologie, les compétences et
l’excellence pure et simple.
Une société inclusive et bienveillante au sein de laquelle le souci d’équité
et l’égalité des chances constituent la mesure de nos progrès.
Un pays dont l’environnement est propre, un pays qui chérit son
patrimoine naturel d’une extraordinaire richesse, et le préserve avec le
plus grand soin.
Un peuple confiant, respecté et admiré à travers le monde.
C’est à cette vision qu’est voué ce budget, et c’est à cette cause
que notre gouvernement se consacre.
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