Le Groupe de travail indépendant chargé de la
fonction de contrôleur a défini la modernisation de
la fonction de contrôleur comme un ensemble de principes
fondés sur une philosophie. Cette philosophie est
explicite. La gérance des ressources publiques ne peut
plus relever du domaine des spécialistes fonctionnels,
elle doit devenir une fonction de gestion. Les gestionnaires
devraient être en mesure de s'acquitter de leurs
responsabilités en matière de gérance sans recourir à des politiques axées sur le
commandement et le contrôle. Par conséquent, un
nouveau partenariat, fondé sur un engagement mutuel
à l'égard d'un processus
décisionnel intégré de gestion, devrait
exister entre les spécialistes fonctionnels et les
gestionnaires des programmes.À partir de cette philosophie, le Groupe
d'étude a dérivé quatre principes,
aussi appelés les quatre piliers de la modernisation de la
fonction de contrôleur. Du fait qu'il comporte des
notions de rigidité et de séparation, le choix du
terme « pilier » n'est pas heureux puisque les
quatre éléments devraient plutôt donner
l'idée de systèmes et modes dynamiques de
gestion. Dans une organisation pleinement efficace, chacun des
éléments fonctionnerait de manière autonome
et tous bénéficieraient d'un rapport mutuel
dynamique avec les autres.
Le Groupe de travail a proposé que les quatre
éléments soient considérés comme des
critères préalables essentiels d'un processus
décisionnel intégré. Le gestionnaire
moderne, qu'il soit aux premières lignes ou à
la table du comité exécutif, doit être en
mesure de prendre des décisions qui fait appel à
l'information intégrée financière et
non financière, à la gestion saine des risques, aux options d'assouplissement de la prestation
en tenant compte des contrôles appropriés et aux
valeurs et règles d'éthique sûres de la
fonction publique.
Information intégrée financière et non financière sur le rendement : La question de
la mesure du rendement et de la reddition de comptes à cet
égard n'est pas une moindre affaire pour les
gouvernements. À travers le monde, différentes
administrations oeuvrent à
l'amélioration de la qualité de
l'information sur le rendement offerte à leurs
citoyens. La modernisation de la fonction de contrôleur
assimile cet engagement à l'égard du
rendement et va plus loin. La modernisation de la fonction de
contrôleur tient pour acquis que les ministères
peuvent non seulement rendre des comptes à
l'égard du rendement de leurs programmes mais
qu'ils peuvent également, de manière
relativement systématique, établir un lien entre
les ressources engagées et les résultats atteints.
Il est normal que les parlementaires veuillent connaître
les coûts engagés pour produire certains
résultats. Toutefois, les gestionnaires doivent
également savoir ce qu'il pourrait en coûter
pour produire un résultat. Pourquoi? Parce qu'il y a
d'autres moyens d'y arriver, à des coûts
variés, et parce que le fait d'établir une
concordance entre les ressources et les résultats permet
de faire des choix mieux informés et de choisir le moyen
le plus rentable de procéder.
Gestion saine des risques : Le risque
et les coûts doivent occuper une place importante dans les
analyses des options parce que le niveau de risques qu'un
gestionnaire est disposé à gérer influe sur
le coût réel de l'atteinte du résultat.
Lorsqu'il fait un choix, le gestionnaire se fie, dans une
certaine mesure, à son instinct pour évaluer les
risques. Cependant, cela n'est pas suffisant. Toute
organisation performante est tributaire de la capacité de
ses gestionnaires d'examiner systématiquement le
contexte de risque dans lequel ils doivent fonctionner, la
tolérance de l'organisation face au risque et les
conseils et la marge de manoeuvre que l'organisation
est disposée à fournir à ses
gestionnaires.
Contrôle approprié : Face à la
diminution des ressources et à l'augmentation des
demandes à l'égard d'un engagement
public et de la reddition de comptes, les gestionnaires modernes
doivent continuellement chercher des moyens innovateurs
d'obtenir des résultats pour les Canadiens et les
Canadiennes. Pour ce faire, les gestionnaires doivent pouvoir
fonctionner à l'aide d'un cadre
approprié de contrôle interne intégré
et fondé sur des principes, au lieu d'une multitude
de politiques complexes. Encore une fois, il faut tenir compte de
la question de la gestion des risques pour établir un
contrôle approprié parce que la portée du
contrôle est tributaire du niveau de tolérance
à l'égard des risques. Si la tolérance
est nulle, alors le cadre de contrôle devra être
rigide et exhaustif.
Valeurs et éthique : En dernier lieu, toutes
décisions prises par un gestionnaire de la fonction
publique du Canada doivent être fondées sur les
valeurs de la fonction publique et de son ministère. Il ne
s'agit pas d'une question hypothétique. Les
normes d'éthique de la fonction publique du Canada
sont parmi les plus élevées au monde. Tous les
jours, les fonctionnaires sont appelés à faire des
choix difficiles. Leurs ministères doivent leur fournir
des conseils et des outils pour appliquer les valeurs de la
fonction publique dans les décisions difficiles
qu'ils doivent prendre quotidiennement.
Aucun des quatre piliers n'est nouveau, et pris
séparément chacun de ces piliers ne
« modernise » pas la fonction de contrôleur.
C'est la reconnaissance de leur interdépendance et
la gestion de leur rapport mutuel qui transforment et modernisent
la fonction de contrôleur.
Responsabilité et droit : Les gestionnaires
devraient considérer les piliers en deux volets : comme
une responsabilité personnelle et comme un droit
professionnel. En premier lieu, il incombe à chaque
gestionnaire de veiller à ce que leurs pratiques de
gestion témoignent des quatre principes. Les gestionnaires
doivent tenter de prendre des décisions qui font appel
à la gestion des risques, à un contrôle
approprié, aux ressources et résultats et aux
valeurs et aux normes d'éthique de la fonction
publique. Toutefois, ils sont également en droit de
s'attendre à ce que leurs ministères leur
offrent un cadre intégré et un programme pour la
gestion des risques, des systèmes qui établissent
la concordance entre l'information financière et non financière sur le rendement de manière
opportune et accessible, des cadres de contrôle
intégrés et des conseils pratiques sur
l'application des normes d'éthique et des
valeurs dans les décisions prises au quotidien. En retour,
les organisations modernes et efficaces ont pour obligation de
fournir à leurs gestionnaires un environnement qui
favorise la pratique des principes de modernisation de la
fonction de contrôleur.
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