Banque du Canada

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Publications et recherches

Périodiques

Revue de la Banque du Canada

Été 2005

Changements survenus dans les propriétés d'indicateur des agrégats monétaires au sens étroit
Tracy Chan, Ramdane Djoudad et Jackson Loi

L'incidence des décisions inattendues de politique monétaire sur le marché des titres à revenu fixe
Jason Andreou

Les dernières tendances en matière de placement et de gestion du risque dans le secteur canadien des régimes de retraite à prestations déterminées.
Eric Tuer et Elizabeth Woodman

Voir aussi : Tableaux A1, A2 et les Notes relatives aux tableaux

Revue intégrale (PDF, 256 ko)

Couverture : La monnaie d'échange matrimoniale en Afrique

Sophie Drakich, conservatrice, Musée de la monnaie

Dans les sociétés africaines traditionnelles, il était fréquent que des répliques d'objets courants comme des outils, des armes et des bijoux servent de monnaie. Les quatre objets reproduits en couverture étaient des monnaies durables — en métal — qui formaient un moyen de thésaurisation symbolisant le rang sociopolitique de leurs propriétaires. Ils avaient aussi pour vocation très particulière de constituer la monnaie dotale.

La monnaie dotale, au sens de « prix de la fiancée », était au cœur d'une pratique matrimoniale qui demeure encore répandue en Afrique. Avant le mariage, le prétendant et les membres de sa famille devaient remettre aux parents de la future épouse une forte somme d'argent ou des biens précieux tels des cauris, du bétail ou de la monnaie de métal, cela afin de les dédommager de la perte des services économiques que leur rendait leur fille et de celle d'éventuels enfants. À son tour, la famille de la mariée dotait la jeune femme, versait parfois au mari une dot en gage ou l'offrait au couple lui-même.

Les monnaies d'échange matrimoniales illustrées en couverture proviennent de l'Ouest de l'Afrique centrale (Congo et République démocratique du Congo) et sont généralement en fer ou en cuivre, métaux que les peuples africains précoloniaux associaient à la fertilité. Le fer de lance tout en longueur était une monnaie de lame, baptisée liganda, utilisée par les Turumbu et les Lokele. Sa lame est formée de deux minces feuilles de fer fondu et est ciselée, sur les bords, de fines lignes parallèles. La taille des lames allait de 50 à 200 cm; celle qui figure en couverture mesure 173 cm. La lame en forme de houe dont se servaient les Ngbaka était faite en fer forgé. Dotée d'un manche cylindrique, elle est surmontée d'un épi et se termine sur les côtés par des ailettes. Elle offre un bel exemple de ce qu'était un instrument monétaire modelé d'après un outil agricole.

Employée par les Kwele, la monnaie en forme d'ancre, ou mandjong, trahit quant à elle l'influence des colons européens. Durant la période précoloniale, son dessin s'inspirait des arbalètes locales, mais par la suite ce patron fut adapté pour imiter les ancres des navires marchands européens qui accostèrent au début du XXe siècle.

Il arrivait que les femmes portent leur dot. Les bracelets de cuivre, ou konga, dont étaient parées les chevilles des riches Ekonda étaient si lourds (7 kg) qu'il fallait les rembourrer de fibres végétales pour protéger la peau de leur détentrice. Comme les autres monnaies d'échange matrimoniales de la page couverture, ces bracelets témoignent du savoir-faire et du sens esthétique de leurs concepteurs, qui ont su en faire de véritables œuvres d'art.

Ces monnaies de métal à finalité matrimoniale font partie de la Collection nationale de monnaies de la Banque du Canada.

Photographie : Gord Carter, Ottawa.