Banque du Canada

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Publications et recherches

Périodiques

Revue de la Banque du Canada

Printemps 2005

Printemps 2005

Le processus de croissance à long terme de la Chine et ses retombées sur le Canada
Michael Francis, François Painchaud et Sylvie Morin

Frontières, monnaies communes, commerce et bien-être : que pouvons-nous déduire de l'observation des faits?
John F. Helliwell et Lawrence L. Schembri

Résumé du colloque Le Canada dans l'économie mondiale
Lawrence L. Schembri

La communication, outil crucial pour la mise en oeuvre de la politique monétaire
Allocution prononcée par Paul Jenkins premier sous-gouverneur de la Banque du Canada

Voir aussi : Tableaux A1, A2 et les Notes relatives aux tableaux

Revue intégrale (PDF, 484 ko)

Couverture : Moule à pièces de monnaie marocain

David Bergeron, conservateur, Musée de la monnaie

Le coulage des pièces de monnaie débuta en Chine au VIIe siècle avant J.-C. Des moules faits d'argile et d'autres matériaux servaient à la fabrication de petites pièces de bronze en forme de bêche ou de couteau. Au VIIIe siècle avant J.-C., la plupart des pays occidentaux avaient commencé à frapper des pièces de monnaie à l'aide de coins gravés, mais la Chine et les nations voisines de l'Extrême-Orient n'adoptèrent cette pratique qu'à la fin du XIXe siècle. Parmi les pays qui recouraient à la frappe depuis des centaines d'années, certains se tournèrent vers le coulage afin de produire de grandes quantités de menue monnaie. L'un de ces pays fut le Maroc.

Pour remédier à la pénurie de pièces d'argent au Maroc, le sultan alaouite Slimane (1792-1822) décida de faire couler des pièces de bronze appelées fals (falus au singulier). Le poids et les dimensions de ces pièces variaient en fonction d'une échelle de conversion fixe; par exemple, 24 fals équivalaient à un dirhem en argent, l'unité monétaire de base. Au fil des ans, la taille des pièces fut réduite, à mesure que la monnaie marocaine se dépréciait sous l'effet de l'inflation.

Chaque moule se composait de deux parties, l'une portait le sceau de Salomon et l'autre, la date d'émission inscrite en chiffres arabes, selon le calendrier de l'Hégire (le calendrier musulman). Une fois les deux parties attachées, le métal en fusion était versé dans un orifice sur le dessus du moule. Après le remplissage, on attendait que le moulage refroidisse, puis on le retirait du moule et on en détachait les pièces individuelles. Le moule représenté sur la page couverture est fait de bronze et il est de la taille d'une main d'adulte.

Il est difficile de savoir à quand exactement remonte ce moule, car il manque la moitié marquée de la date. Heureusement, d'autres indices permettent de restreindre l'étendue de la datation. Le diamètre d'un falus émis à l'époque de Slimane était habituellement de 22,5 mm. Celui des pièces produites à partir de ce moule est d'environ 16,5 mm, ce qui correspond à la taille d'un falus datant du règne du sultan Abderrahmane (1822-1859).

Selon certaines sources, Slimane aurait choisi d'orner le falus marocain du sceau du roi Salomon, en forme d'étoile, afin de réfuter la croyance musulmane selon laquelle les pièces fabriquées en métal vil, et non en or, étaient ignobles et répugnantes. Dans la mythologie antique et médiévale, ce sceau était censé posséder de grands pouvoirs magiques. Son motif, composé de deux peaux de bêtes assemblées par un rivet central, symbolise les quatre éléments naturels — le feu, l'eau, l'air et la terre — et l'oeil de Dieu qui voit tout, représenté par le point surélevé au centre. Le sultan ne pouvait trouver mieux pour favoriser la circulation de pièces faites de métal vil.

Ce moule en bronze du Maroc fait partie de la Collection nationale de monnaies de la Banque du Canada.

Photographie : Gord Carter, Ottawa.