Banque du Canada

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Publications et recherches

Périodiques

Revue de la Banque du Canada

Printemps 2006

Printemps 2006

Doit-on s'inquiéter des déséquilibres mondiaux?
Bruce Little et Robert Lafrance

La poursuite de cibles d'inflation : résumé du colloque tenu à la Banque du Canada les 28 et 29 avril 2005
Robert Amano et Raphael Solomon

Tendances en matière de paiement de détail et résultats d'un sondage mené auprès du public
Varya Taylor

L'évolution du cadre de distribution des titres de dette du gouvernement canadien
Marc Pellerin

Voir aussi : Tableaux A1, A2 et les Notes relatives aux tableaux

Revue intégrale (PDF, 1,25 Mo)

Couverture : Bons de la Crise

David Bergeron, conservateur, Musée de la monnaie

La Grande Dépression est une période sombre de l'histoire de l'économie canadienne. Si les opinions divergent quant à ses causes, les historiens s'entendent à peu près tous pour dire que le Mardi noir, ce jour d'octobre 1929 où les marchés boursiers se sont effondrés, est à l'origine du vent de panique qui a balayé la plupart des économies du globe. Aux prises avec la déflation, le recul des marchés et la hausse du chômage, le Canada, en particulier, est durement touché. Il faudra attendre le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale pour que la crise ne commence à se résorber.

La chute du cours des produits de base pendant la dépression engendre la déflation : les prix à la consommation dégringolent et le chômage explose. En 1933, plus du tiers de la population active est sans travail et un Canadien sur cinq dépend de l'aide des gouvernements. Les revenus diminuent pratiquement de moitié. La chute vertigineuse des prix a des répercussions sur la production de monnaie. Ainsi, la frappe de pièces de plus grande valeur par la Monnaie royale canadienne est considérablement réduite, tout comme l'impression des billets de banque du gouvernement et des banques à charte.

Même si de nombreux organismes privés et oeuvres de charité viennent au secours des sans-emploi, la majorité de l'aide financière provient des administrations municipales. Partout au Canada, villes et villages émettent des bons grâce auxquels les chômeurs peuvent se procurer des biens de première nécessité comme la nourriture, le combustible, les vêtements, le logement, ou encore acquitter des impôts. Bien souvent, ces coupons sont uniquement échangeables contre des produits précis ou applicables à l'achat de marchandises. Les bons de la Crise reproduits en couverture reflètent l'éventail de produits et de services qu'ils permettent d'acquérir ainsi que la valeur relativement modeste de ces bouts de papier, soit à peine quelques cents, quelques dollars tout au plus.

Les municipalités mettent sur pied des projets de travaux publics où, en plus de toucher une rémunération versée sous forme de coupons, les chômeurs retrouvent un peu de fierté et d'estime de soi. Si la mesure est profitable pour ces derniers, la situation est toute autre pour les municipalités, qui n'arrivent pas à faire leurs frais. Certaines d'entre elles émettront donc des bons destinés essentiellement au paiement des impôts fonciers et autres services municipaux, comme des coupons d'eau.

La vie des bons de la Crise fut de courte durée. En raison de leur caractère honteux, qui rappelait durement la misère dans laquelle beaucoup de Canadiens vivaient dans les années 1930, la plupart des coupons ont été détruits. Nombre d'entre eux n'existent plus qu'en quelques exemplaires, que l'on peut voir seulement dans les collections institutionnelles.

Les bons de la Crise illustrés en couverture font partie de la Collection nationale de monnaies de la Banque du Canada.