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Célébrer nos succès; faire face à notre avenir

Par John Hobday, C. M.
Conseil des Arts du Canada

Le 28 mars 2007, le Conseil des Arts du Canada célébrera son 50e anniversaire. C’est en effet à la même date, qu’en 1957, le Parlement entérinait la Loi sur le Conseil des Arts du Canada, créant ainsi un organisme national autonome ayant pour mandat « de favoriser et de promouvoir l’étude et la diffusion des arts ainsi que la production d’oeuvres d’art ».

Bien que cet important anniversaire ne soit que dans trois ans, nous avons déjà commencé à planifier des activités de célébration pour souligner non seulement les réalisations du Conseil, mais aussi celles des dizaines de milliers d’artistes et d’organismes artistiques canadiens pour qui le Conseil a fait une différence au fil des ans. Cela nous a entraînés à réfléchir à notre passé et à envisager notre avenir dans un Canada maintenant totalement différent de ce qu’il était en 1957.

Lors de la réunion inaugurale du Conseil, le président de l’époque, l’honorable Brooke Claxton prédisait : « le Conseil des Arts ne sera pas jugé d’après ses paroles mais d’après ses actes. Il faudra un certain temps […] avant que la culture de nos champs d’activité se traduise par l’abondance de leurs récoltes. »

Même le plus objectif des observateurs de l’histoire du Conseil des Arts conclurait que cette récolte a été en effet très abondante. Depuis cinquante ans, le Canada a connu une remarquable transformation tant politique, sociale, culturelle qu’économique. L’extraordinaire engagement des Canadiens envers les arts, non seulement comme artistes, mais aussi comme publics représente une part importante de cette transformation.

Peu importe où ils habitent, les Canadiens se voient proposer une vaste gamme d’expériences artistiques depuis le Théâtre Rising Tide, à Trinity Bay (Terre-Neuve), au Festival international de conte du Yukon ou de la Galerie d’art de Kamloops aux Violons du Roy, orchestre de chambre de Québec. Plus que jamais, ils ont aussi l’occasion de lire des livres canadiens, de voir des films canadiens, d’écouter de la musique canadienne, de regarder des pièces canadiennes et d’admirer les œuvres d’artistes visualistes canadiens.


Les écrivains, musiciens, peintres, sculpteurs, danseurs, comédiens, cinéastes et artistes des multimédias canadiens sont connus et respectés au pays comme à l’étranger. Alors que les préoccupations des années 60 concernant la domination de la culture canadienne par les Américains sur la culture canadienne sont toujours pertinentes, nous savons maintenant que nos artistes peuvent réellement se mesurer aux meilleurs artistes de la scène internationale, remporter d’innombrables prix internationaux et, dans le cas des écrivains, voir leurs œuvres traduites dans des dizaines de langues.

Et l’on peut en dire autant des organismes artistiques canadiens. En 1957-1958, soit la première année d’activité du Conseil, 28 organismes en tout – principalement des orchestres et des compagnies de théâtre ou de ballet – ont reçu des subventions. En 1977, ces organismes étaient au nombre de 488. Les compagnies de théâtre et de musique formaient la tête d’un peloton que suivaient des galeries d’art, des compagnies de danse contemporaine, de film et de vidéo, ainsi que des éditeurs. En 2002-2003, soit la dernière année financière du Conseil, plus de 2000 organismes artistiques ainsi que 2279 artistes ont reçu de l’aide du Conseil.

Il ne faut pas croire pour autant que, de nos jours, le Conseil des Arts soit moins sélectif quant aux récipiendaires de subventions : au contraire, ses critères sont maintenant plus rigoureux qu’auparavant. Ces chiffres ne font en fait que traduire la croissance et la diversification du milieu artistique. Désormais, les artistes et les organismes artistiques professionnels ne sont plus regroupés uniquement à Montréal et à Toronto; ils pratiquent maintenant dans des centaines de collectivités d’un bout à l’autre du pays. Désormais, leurs œuvres ne se limitent plus à véhiculer l’héritage européen du Canada; elles reflètent aussi nos nombreuses cultures autochtones de même que les cultures asiatiques, africaines, moyen-orientales et latino-américaines qui font toutes partie intégrante de la mosaïque canadienne contemporaine.

Depuis cinquante ans, notre communauté artistique a acquis un degré d’expertise et de subtilité qui va bien au-delà de la seule production de grandes œuvres d’art. Outre la composante artistique, les organismes artistiques se préoccupent maintenant de marketing, de développement des publics, de rayonnement communautaire, de régie interne et de gestion financière qui sont devenus des volets essentiels à leurs activités. Les exigences qui leur sont imposées sont plus complexes que jamais et, pourtant, le financement privé comme public est trop souvent insuffisant pour remédier à l’augmentation des coûts, ce qui crée une instabilité financière et laisse présager un avenir incertain.

Qu’est-ce que cela signifie pour le second demi-siècle du Conseil des Arts? Cela signifie avant toute chose que l’augmentation du soutien financier en arts par tous les paliers de gouvernement et du secteur privé constitue un réel besoin. Bien que le gouvernement fédéral doive montrer la voie, il est aussi essentiel d’obtenir davantage de financement des gouvernements provinciaux, territoriaux et municipaux, ainsi que des sociétés, des fondations, des entreprises locales et des mécènes. L’accroissement du soutien financier aux arts permettra aux organismes non seulement de survivre, mais aussi de prospérer.

Le véritable défi du Conseil des Arts consiste à savoir comment fournir le type le plus approprié de soutien aux organismes existants, tout en assumant son rôle traditionnel d’incubateur d’artistes de la relève comme de nouveaux talents. L’existence d’un secteur artistique prospère, plein de vie et dynamique est important pour les artistes, les publics ainsi que pour tous les citoyens, puisqu’il attire le tourisme et les travailleurs du savoir, génère d’autres retombées économiques et fait de nos communautés de meilleurs endroits où vivre.

Nous savons que le Conseil des Arts ne peut y arriver seul. Depuis six mois, nous travaillons activement à renforcer nos liens avec des organismes publics de soutien financier aux arts, qu’ils soient provinciaux, territoriaux et municipaux, ou encore, du secteur privé. Nous échangeons aussi avec des artistes, des gestionnaires des arts et des organismes de services aux arts sur la pertinence ou non de nos programmes actuels par rapport à leurs besoins et, s’ils ne le sont pas, sur les modifications à apporter.

En dépit des défis auxquels nous devons toujours faire face, nous envisageons un avenir prometteur et prospère, tant pour le Conseil des Arts que pour les communautés à qui nous nous adressons. Les chefs de file de la communauté ainsi qu’un nombre de plus en plus élevé de Canadiens reconnaissent que les arts sont aussi importants à leur qualité de vie que les parcs, les bibliothèques et les installations de loisirs, et que le soutien public constitue une partie essentielle de cette équation. C’est à nous qu’il appartient maintenant de veiller à ce que le soutien financier que nous recevons soit utilisé le plus judicieusement possible pour renforcer l’infrastructure artistique actuelle et créer un milieu dynamique qui favorise l’excellence, la croissance et la réalisation artistiques, et collabore au mieux-être de tous les Canadiens.

Publié avec la permission du Hill Times