Banque du Canada

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Publications et recherches

Périodiques

Revue de la Banque du Canada

Printemps 2003

Printemps 2003

La Banque du Canada : vers une plus grande transparence
John Chant

Cibles d'inflation et planification à moyen terme : quelques règles empiriques simples
David Longworth

Résumé du colloque : Ajustement des prix et politique monétaire
Robert Amano et Don Coletti

La mise à jour de l'indice des prix des produits de base de la Banque du Canada
Todd Hirsch

Voir aussi : Tableaux A1, A2 et les Notes relatives aux tableaux

Couverture : Jetons de commerçants anglais du XVIIe siècle

Autrefois, lorsque les gouvernements n'étaient pas en mesure de fournir de la monnaie en quantité suffisante à leurs citoyens, les commerçants prenaient souvent les choses en main. Dans le Canada d'avant la Confédération, la pénurie de monnaie entraîna la création de divers substituts, par exemple des cartes à jouer en Nouvelle-France ou encore des boutons de soldat à Montréal. En Angleterre, les commerçants et les artisans émettaient des jetons quand le gouvernement ne pouvait pas fournir de pièces de petite valeur.

Vers 1500, les guildes de commerçants et les compagnies anglaises commencèrent à produire des jetons afin de créer de la monnaie pour les achats inférieurs à un penny. Faits de plomb, les premiers jetons étaient petits et marqués de motifs simples, souvent de simples lignes ou, à l'occasion, de quelques lettres. Des sources de l'époque rapportent qu'en 1600, il y en avait plus de 3 000 sortes en circulation à Londres, malgré les lois interdisant cette pratique.

Au début du XVIIe siècle, le gouvernement britannique essaya de s'attaquer au problème en émettant des pièces d'un farthing en cuivre, soit un quart de penny. L'initiative fut un échec, et ce pour plusieurs raisons : les pièces étaient massivement contrefaites, elles n'étaient pas distribuées uniformément dans tout le pays et leur poids était variable. La production de jetons privés se poursuivit donc jusqu'à la fin de la guerre civile en 1649. Avec la mort de Charles Ier et la suppression apparente de la prérogative royale concernant la frappe de la monnaie, les commerçants et les corporations municipales de toute l'Angleterre devinrent encore plus audacieux. Ils émirent une multitude de jetons comparables à ceux qui sont illustrés en couverture, dont des farthings, des demi-pennies et des pennies. Faits de laiton ou de cuivre, ils portaient la mention de leur valeur, une variété de dessins et même le nom des commerçants et de leur commerce. Presque tous les métiers étaient représentés : tenanciers de cafés, taverniers, poissonniers, chapeliers, gantiers, apothicaires, transporteurs, selliers, passeurs, épiciers, fromagers, bouchers, boulangers, accastilleurs, cordonniers, serruriers, potiers et libraires.

Avec la restauration de la monarchie en 1660, d'autres lois prohibant l'émission de jetons privés furent adoptées, mais elles ne connurent guère de succès. Conscientes du problème causé par la pénurie de menue monnaie, les autorités ne poursuivaient pas les contrevenants : ces derniers étaient habituellement libérés après avoir promis de ne pas récidiver. Toutefois, en 1672, le gouvernement commença à émettre ses propres pièces d'un farthing et d'un demi-penny. Une fois les pièces appropriées en circulation, le gouvernement reprit les poursuites contre les contrevenants et, en 1674, l'émission de jetons par des commerçants avait pratiquement cessé.

Les jetons reproduits en couverture font partie de la Collection nationale de monnaies.

Photographie : Gord Carter, Ottawa.