Banque du Canada

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Publications et recherches

Périodiques

Revue de la Banque du Canada

Été 2001

Été 2001

Le caractère évolutif de l'incidence des chocs énergétiques sur l'activité économique et sur l'inflation
Gerald Stuber

Innovation et concurrence au sein des marchés boursiers canadiens
Serge Boisvert et Charles Gaa

L'analyse des agrégats monétaires
Dinah Maclean

Voir aussi : Tableaux A1, A2 et les Notes relatives aux tableaux

Couverture : L'argent indien

Les marchands de l'Amérique du Nord coloniale avaient pour habitude d'offrir divers objets aux autochtones en échange de leurs fourrures, entre autres des billes de laiton ou de verre, des couvertures, des couteaux, des fusils de même que de nombreux articles d'usage commun. Les parures en argent (aussi appelées « argent indien »), dont quelques spécimens sont reproduits en page couverture, comptaient parmi les articles les plus convoités.

Entre la fin du XVIIe siècle et le début du XIXe, une grande quantité de bijoux en argent fabriqués en Amérique et en Europe étaient utilisés comme monnaie, surtout par les marchands de fourrure le long de la côte Est, autour des Grands Lacs et sur les rives du Mississippi. À partir de pièces en circulation, telle la pièce coloniale espagnole de 8 réaux, les orfèvres de centres comme Albany, Buffalo, Détroit, Montréal et Québec fabriquaient des parures de tailles et de formes diverses. Le dessin de ces objets s'inspirait parfois des symboles culturels des peuples autochtones. Ainsi certains animaux, comme la tortue, étaient rattachés aux mythes sur la création, tandis que les broches ou hausse-cols en forme de lune ou de croissant symbolisaient la puissance. D'autres motifs encore étaient d'origine européenne, comme les coeurs couronnés et les formes dérivées de l'emblème maçonnique; ils ont tout de même été acceptés rapidement et, dans certains cas, intégrés à la culture ambiante.

Les peintures de l'époque attestent de la popularité de ce moyen d'échange. Les membres des Premières nations y sont souvent représentés couverts d'argent indien, qui prend la forme d'ornements de nez ou de chevelure, de bandeaux, de boucles d'oreilles, de brassards, de bracelets, de colliers et de bagues. Certains historiens estiment que cette popularité tient à la valeur de l'argent comme symbole de prestige; d'autres l'attribuent à la croyance, répandue chez certaines tribus, que le pouvoir réfléchissant de ce métal pouvait conjurer les mauvais esprits et augmenter la puissance des forces naturelles positives telles que le soleil.

La valeur d'échange de l'argent indien variait selon la taille de l'article et la qualité de sa confection. Selon sir William Johnson, qui fut surintendant britannique des affaires indiennes dans la colonie de New York, au milieu du XVIIIe siècle, un brassard de bonne qualité ou un grand ornement de tête valait trois peaux de castor, alors qu'une grande croix ne valait qu'un castor, et une broche, un raton laveur.

Les objets reproduits sur la page couverture mesurent entre 1 po et 2,5 po de largeur. Ils font partie de la Collection nationale de monnaies de la Banque du Canada.

Photographie : James Zagon, Ottawa