D’après une histoire vraie et inventée -- Daniel Brière et Evelyne de la Chenelière jouent au Studio dans Henri & Margaux

23 septembre 2004

«Henri, je pense que tu ne devrais plus aller au théâtre, ça te fait trop de peine. » – Margaux

Ottawa -- Henri & Margaux, c’est simple, les deux auteurs l’ont écrit en toutes lettres sur les affiches et les annonces : c’est une « pièce sur le couple conçue et interprétée par un couple, Daniel Brière et Evelyne de la Chenelière ». On pourrait poursuivre en disant que c’est une pièce intime et ludique, à la fois tendre et comique, dans laquelle se côtoient et s’entremêlent la fiction et la réalité, les demi-mensonges et les demi-vérités. Une pièce légère et énigmatique où les spectateurs sont amenés à jouer avec les auteurs-interprètes qui leur jettent ici et là des clins d’œil complices, des indices autobiographiques faussés, des faits véridiques voilés. Bref, c’est une pièce dans une pièce où tout n’est que reflet, illusion, duplicité, effet miroir, c’est-à-dire théâtre ! Comme dit Henri à Margaux lors d’une conversation houleuse : « Il y a du vrai là-dedans. Tu misais tout sur le “succès de notre couple”. Le pire c’est quand tu t’es donnée la mission de m’écrire des rôles parce que t’étais tannée que le TNM m’engage comme faire-valoir. »

Mais qui est sur scène ?
Margaux (ou Evelyne ?) entre en scène et embrasse goulûment Henri (à moins que ce ne soit Daniel ?) avant de dire : « Oui, mais est-ce que tu trouves ça plus agréable quand il y a du monde qui nous regarde ? » Puis à tour de rôle ils s’adressent au public en lui révélant quelques bribes de leur biographie. On apprend qu’Henri célèbre ses quarante ans, qu’il a déjà été acteur, qu’il est maintenant ébéniste et qu’il a une mémoire d’éléphant. Margaux, quant à elle, n’a pas encore trente ans, elle a déjà écrit des pièces, elle enseigne maintenant le français et elle a lu plusieurs fois le roman La Vie devant soi. Ils ont des enfants, ils ne sont pas mariés (Henri attend une réponse de Margaux depuis des années). Ils s’aiment et, comme tout couple, ils parlent de tout : de leur ancienne carrière dans le milieu du théâtre, de leurs frustrations, de leurs craintes existentielles mais aussi de leurs espoirs.

« C’est tellement épais Les Cerises, je n’ai jamais compris pourquoi ça a marché ! » dit à un certain moment Margaux (subtile allusion à la pièce Des fraises en janvier d’Evelyne la dramaturge). Bien que le texte abonde en références autobiographiques de ce genre, nul besoin d’aller vérifier l’authenticité des propos auprès des auteurs pour goûter au charme de la pièce. Car ce qu’il y a de particulier dans ce jeu de réalité/fiction, c’est qu’il révèle une façon d’apprivoiser le théâtre : celui qui se fait dans l’intimité et celui qui se joue devant public. Constituée de flash-back et de dialogues fondés sur l’intime et la spontanéité, la pièce, dont le jeu ironique du mensonge et de la vérité est un véritable atout, est autant une réflexion sur les hauts et les bas de la vie à deux qu’un exercice sur les ambiguïtés de tout acteur sur scène et les méandres de la création. 

Daniel et Evelyne
Comédien et metteur en scène, Daniel Brière est membre cofondateur du Groupement forestier du théâtre (Oreille, tigre et bruit, Matroni et moi) et codirecteur artistique du Nouveau Théâtre Expérimental où il joue régulièrement (Henri & Margaux, Durocher le milliardaire). Il a également joué au Théâtre du Nouveau Monde (Dom Juan, Les oranges sont vertes) et au Théâtre Denise-Pelletier (Rhinocéros). À la télévision, on l’a vu entre autres dans Cauchemar d’amour, Annie et ses hommes, Caméra Café et Un gars, une fille. Au cinéma, mentionnons ses performances dans Le Déclin de l’empire américain de Denys Arcand, La Moitié gauche du frigo de Philippe Falardeau et Gaz Bar Blues de Luc Bélanger. Il a mis en scène une dizaine de spectacles de théâtre et d’humour dont récemment la pièce Tavernes d’Alexis Martin.

Evelyne de la Chenelière, auteure et comédienne, a écrit plusieurs pièces de théâtre dont Des fraises en janvier, produite à Montréal par le Théâtre d’Aujourd’hui et reprise à la Compagnie Jean Duceppe. On a pu voir sa pièce Au bout du fil au Théâtre de Quat’Sous. Elle a participé comme auteure au spectacle d’ouverture de la présente saison d’Espace Go, Les Hommes aiment-ils le sexe, vraiment, autant qu’ils le disent ? On verra sous peu sa création L’Héritage de Darwin produite par Le Clou à la Maison Théâtre. Son lieu de prédilection demeure le Nouveau Théâtre Expérimental, où elle a participé comme comédienne à plusieurs productions et où elle a créé deux spectacles : Henri & Margaux, conçu avec Daniel Brière, et Aphrodite en 04, conçu avec Jean-Pierre Ronfard. Le Nouveau Théâtre Expérimental présentera en novembre prochain un spectacle qu’elle conçoit une fois de plus avec Daniel Brière : Nicht retour, Mademoiselle.

Billets 30 $ (16 $ étudiant) en vente à la Billetterie du CNA, chez Ticketmaster au (613) 755-1111 ou via le réseau Internet au www.nac-cna.ca.

Le texte de Henri & Margaux est publié dans Théâtre d’Evelyne de la Chenelière (Fides, 2003) et peut être commandé à La Librairie du soleil au (613) 241-6999 ou au (819) 595-2414.

« Il est assez rare que l’on rencontre au théâtre une réflexion sur le couple aussi ludique, pertinente et empreinte de fraîcheur que celle proposée par Evelyne de la Chenelière et Daniel Brière. » – Solange Lévesque, Le Devoir

« Avec finesse, drôlerie et intelligence, la création du NTE joue sur la frontière poreuse entre la fiction et l’autobiographie, l’impudeur et le jeu, l’intimité et la distance, l’amour et le théâtre. C’est dans cette ambiguïté ludique que se love avec délectation Henri & Margaux. » – Marie Labrecque, Voir

Le Théâtre français du Centre national des Arts tient à remercier : Le Droit, Week-end Outaouais et la Première Chaîne de Radio-Canada.

Renseignements :
Guy Warin, agent de communication
Théâtre français, Centre national des Arts
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